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“J’espère terminer ma carrière en tant que Jeune Cavalier de la meilleure manière”, Thibault Philippaerts

Interviews vendredi 25 mars 2022 Mélina Massias

Dans la famille Philippaerts, demandez Thibault. Frère des jumeaux Olivier et Nicola, tous deux habitués des 5*, et d’Anthony, le cadet de la fratrie, Thibault fait son bonhomme de chemin vers le haut niveau. Désormais installé chez l’Allemand Marco Kutscher, indissociable partenaire du tempétueux Cornet Obolensky, le jeune homme pourra compter sur un solide piquet de chevaux cette année. À l’aube de sa dernière saison en tant que Jeune Cavalier, le pilote de vingt et un ans espère bien poursuivre son ascension. Médaillé d’or par équipe l’an dernier aux championnats d’Europe de Vilamoura, et soutenu par sa famille avec qui il entretient des liens forts, le jeune Diable Rouge a soif de succès. Entretien.

Vous avez terminé troisième du Grand Prix 4* de Gorla Minore, dimanche 20 mars. Quel est votre sentiment après ce beau résultat, acquis aux rênes de Broadway de Mormoulin (SF, Kannan x For Pleasure) ?

Je suis vraiment heureux. Je n’ai pas exactement eu le barrage que j'espérais dans le Grand Prix. Je voulais faire une foulée de moins dans certaines lignes, mais je me suis retrouvé à en ajouter plutôt qu’à en retirer. Je ne connais pas encore très bien Broadway, que j’ai récupéré en décembre dernier. Malgré tout, il a sauté de façon formidable et je suis ravi de son comportement. Il s’agissait de notre première grosse épreuve ensemble, même si j’avais pris part à deux Grands Prix 3* à Oliva il y a quelques semaines. Pour ma part, mon dernier Grand Prix 4* remontait à quelque temps (à novembre 2019, à Maastricht, où le Belge avait terminé septième sur Krapuul F, ndlr), alors, en fin de compte, je ne peux qu’être satisfait de mon cheval et de moi-même.

Comment avez-vous récupéré Broadway, dont vous avez pris les rênes en décembre, succédant à Edward Levy et Jérôme Guéry ?

Broadway nous a été confié par son propriétaire, Stéphane Saunier.


Thibault et Broadway de Mormoulin à Gorla Minore le week-end passé. © Sassofotografie.it / Equieffe Equestrian Center

Vous avez profité de quelques mois plus calmes après le CHI de Genève, mi-décembre, avant de reprendre la compétition début février. Pourquoi avoir choisi de vous rendre à Oliva pour relancer vos montures ?

J’aime toujours offrir à mes chevaux un début d’année facile en me rendant à Oliva. Je pense qu’il n’y a pas meilleur endroit pour lancer sa saison. Il fait beau, les chevaux peuvent aller à la plage, les épreuves sont bien, tout comme les pistes, les parcours et les écuries. Tout est impeccable et je pense qu’il s’agit du meilleur endroit pour commencer une nouvelle année sur le bon pied.

Vous entamez votre dernier millésime en Jeunes Cavaliers. Quels sont vos plans pour 2022 ?

Pour l’instant, je n’ai pas de plan précis. Je suis actuellement à Arezzo pour deux semaines. J’ai quelques bons chevaux, avec qui j’espère pouvoir participer à de beaux concours. Ensuite, en juillet, il y aura les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers. J’espère pouvoir y participer et obtenir un bon résultat là-bas.

Comment appréhendez-vous votre passage en Séniors ?

C’est assez étrange car cela fait très longtemps que je participe aux circuits Jeunes. L’an prochain, il va y avoir beaucoup de changements. Je serais avec les anciens, mes frères, mon père et tous les autres. Mais, en même temps, je suis vraiment impatient. Avant tout, j’espère terminer ma carrière en tant que Jeune Cavalier de la meilleure manière cette année.

Que vous ont apporté vos années dans les catégories Jeunes ?

Je pense que j’ai eu beaucoup d’opportunités pour évoluer dans des compétitions aux standards élevés. Cela m’a donné de l’expérience. J’ai tout fait sur ce circuit : des épreuves Poneys, Enfants, en passant par les Juniors et les Jeunes Cavaliers. J’ai énormément appris en compétitions et lors des championnats. J’ai participé aux Européens en équipe à sept reprises, alors, chaque année, j’ai découvert de nouvelles choses et gagné en expérience. En tant que cavalier, cela me rend plus fort mentalement.

À huit ans, Derby de Riverland a terminé deuxième du Grand Prix U25 de Valkenswaard, en 2021. © Sportfot

"Si un jour je peux monter ne serait-ce que 2% comme Marco Kutscher, je serais très heureux"

Sur quels chevaux allez-vous pouvoir compter cette saison ? Vous semblez notamment avoir plusieurs bons Selle Français…

J’ai plusieurs bons chevaux. Il y a déjà Broadway, ainsi que Cap du Marais (SF, mère par Landor S), un fils de Kannan de dix ans. Ensuite, j’ai également Derby de Riverland (SF, Kannan x L’Arc de Triomphe), qui saute très bien, et une jument, Aqaba (de Leau, SCSL, Arko III x Burggraaf), qui a déjà participé à quelques Grands Prix 3*. J’ai aussi un bon neuf ans, New Life (van het Hellehof, BWP, Elvis ter Putte x Andiamo), ainsi que des jeunes chevaux prometteurs. Je suis vraiment impatient pour l’année qui arrive avec ces chevaux et j’ai hâte de concourir avec eux. En fait, c’est un peu du hasard que je me retrouve avec trois descendants de Kannan, qui sont tous français. Ces chevaux me conviennent bien et je les apprécie beaucoup. Ils ont chacun leur propre caractère et leur propre personnalité, mais une fois en piste, ils sont tous pareils : ils veulent se battre pour moi et font toujours de leur mieux. C’est ce que je préfère chez eux.

Parmi vos jeunes recrues, pensez-vous que certaines d’entre elles pourront vous permettre d’atteindre le niveau 5* ?

Oui, je l’espère. Mon objectif est de pouvoir, un jour, participer à des épreuves de niveau 5* avec mes frères. D’un autre côté, nous avons une écurie à la maison et nous devons vendre certains chevaux, afin de maintenir notre entreprise à flot. J’ai beaucoup de chance de pouvoir compter sur mon père. Il me permet toujours de monter les meilleurs chevaux et d’avoir de belles opportunités. Parfois, nous en vendons certains, mais nous nous assurons toujours d’en avoir d’autres pour continuer à aller en concours.

Le prometteur New Life. © Sportfot

L’an dernier, vous annonciez poser vos valises chez l’Allemand Marco Kutscher. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Je suis toujours installé là-bas. Je suis très heureux de pouvoir continuer à m’entraîner avec Marco. Il est vraiment formidable et un cavalier incroyable. J’ai énormément appris de lui : à propos des chevaux, de comment les monter, de les comprendre, mais aussi tout un tas d’autres choses. Marco m’aide beaucoup à trouver un moyen de communiquer avec mes montures, afin de mieux les comprendre et les monter. Il a un feeling incroyable avec les chevaux et il essaye de m’enseigner tout son savoir. Je suis vraiment reconnaissant d’avoir cette opportunité de m’entraîner avec lui. Si un jour je peux monter ne serait-ce que 2% comme lui, je serais déjà très heureux.

À quoi ressemble une journée normale pour vous ?

Il n’y a jamais une journée comme les autres, mais j’arrive aux écuries à 7h30, puis je commence à monter à cheval à 8 heures. Ensuite, je fais en sorte de m’occuper de tous mes chevaux. Je suis toujours dans les écuries, du matin jusqu’à 16 ou 17 heures. Je suis toujours occupé avec mes chevaux : à les monter, à prendre soin d’eux, ou à juste les observer. J’essaye de faire de mon mieux pour qu’ils soient heureux.

Comment fonctionne votre système, notamment avec les écuries familiales ?

Nous avons fait un peu d’élevage, mais ce n’est plus vraiment le cas. Cela demande beaucoup de temps et nous sommes très occupés. Alors, nous essayons d’acheter de bons jeunes chevaux, de six, sept, huit ans ou plus. Mon père, ainsi que les personnes qui travaillent avec nous, sont toujours en concours pour essayer de repérer des chevaux, les essayer et les acheter. Ainsi, lorsque nous en vendons certains, nous en avons toujours d’autres aux écuries pour prendre le relais. Cela nous permet d’assurer le futur.

Bien que vous soyez désormais installé chez Marco Kutscher, continuez-vous de travailler en famille ?

Oui, nous allons toujours en concours ensemble, en famille, avec mes frères. Nous essayons toujours de nous entraider du mieux possible. Bien sûr, je suis conscient de la chance que j’ai d’avoir mes frères et mon père pour m’aider sur certaines compétitions. Ils ont l’expérience que je n’ai pas encore et peuvent me prodiguer des conseils. Cela m’aide beaucoup. C’est vraiment chouette de profiter de leur savoir.

L'équipe des Jeunes Cavaliers belges, médaillée d'or collectivement l'an passé à Vilamoura. © Sportfot

Toutes les équipes belges ont été très fortes ces dernières années 

Est-ce parfois difficile de faire partie d’une famille aussi connue que la vôtre ? De se faire un prénom au milieu des Ludo, Nicola et Olivier ?

Cela dépend un peu. Je pense que mes frères et moi sommes vraiment très compétitifs. Lorsque nous nous retrouvons dans la même épreuve, nous voulons toujours nous battre. Mais à la fin, nous travaillons ensemble, comme une grande équipe. Ce qui est le plus important, c’est que nous nous aidons tous les uns les autres. Nous sommes tous derrière la même équipe.

Que vous inspirent les réussites de votre famille, et notamment celles de votre père ?

Mon père a tant gagné dans sa vie ! Il a participé quatre fois aux Jeux olympiques, a remporté des Grands Prix Coupe du monde, etc. Je pense que si ses quatre fils gagnent autant que lui, nous serons très contents. Participer quatre fois aux Jeux olympiques sera difficile, mais peut-être que chacun d’entre nous pourra y aller au moins une fois. Ce serait vraiment bien.

À part votre famille, avez-vous d’autres inspirations, dans le monde des chevaux ou en dehors ?

Il y a tellement de bons cavaliers ! Bien sûr, voir Marco Kutcher travailler avec ses chevaux au quotidien est une grande source d’inspiration. Ensuite, je citerai Marcus Ehning, Scott Brash, Steve Guerdat, Daniel Deusser, ... Il y en a tant ! Lorsque je participe à de beaux concours, j’essaye toujours de regarder les cavaliers monter lors de la détente, en piste, et même lorsqu’ils font travailler leurs chevaux sur le plat. J’essaye d’apprendre de tout le monde.

Cap du Marais. © Sportfot

Quel regard portez-vous sur les équipes belges ? Votre nation a connu de sacrés résultats ces dernières années, avec notamment un titre de champion d’Europe en 2019, ainsi qu’une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo l’an dernier.

Toutes les équipes belges ont été très fortes ces dernières années, que ce soient les Séniors ou les Jeunes. Tout devient de plus en plus compétitif également, et je pense que c’est une bonne chose pour le sport en Belgique. Il y a une émulation positive entre les cavaliers lorsqu’ils essaient de décrocher leur place dans l’équipe pour des championnats. Le collectif a toujours une bonne chance lors des échéances.

En dehors de vos occupations de cavalier, trouvez-vous le temps d’avoir des passe-temps ?

Je ne pratique pas vraiment d’autres sports en dehors de l’équitation, mais lorsque j’ai un peu de temps libre, j’aime bien jouer au football. Il m’arrive aussi de faire un peu de tennis, ou des activités sympas avec des amis. Parfois, il est bien de profiter de moments de détente !

Aqaba de Leau. © Sportfot


Photo à la Une : Thibault Philippaerts et Broadway de Mormoulin à Genève. © Sportfot