“J’espère que nous serons présent pour voir Dynamix de Bélhème en finale des Jeux olympiques”, Frédéric Aimez (2/2)
Dynamix de Bélhème. Voilà un nom à retenir. Sous la selle de Steve Guerdat, cette véritable pépite gravit les échelons, les uns après les autres, sans jamais montrer le moindre défaut. Derrière cette sublime et talentueuse Selle Français, se cache Frédéric Aimez, éleveur installé en Seine-Maritime, qui partage sa passion avec sa fille, Laure. Fille de Snaike de Blondel, renommé Grafton, et de Soudaine du Montet, Dynamix partage quelques gènes avec le champion olympique Nino des Buissonnets. Suivra-t-elle ses traces jusqu’à Paris ? Seul l’avenir le dira. Pour l’heure, la progression et l’aisance de la baie donnent envie de répondre par l’affirmative. Particulièrement intéressant dans son discours, le naisseur de cette véritable perle décrypte son histoire avec générosité et pertinence. Second épisode.
La première partie de cet article est à (re)lire ici.
Au talent inné du Dynamix, s’associe une personnalité en or. “Elle est très facile”, assure avec conviction Frédéric Aimez. “Elle a beaucoup de sang, mais un bon caractère. Toutes les femelles de Soudaine du Montet possèdent cette caractéristique. Soudaine ne ramène pas le mauvais côté que l’on peut parfois trouver chez les descendants de Cornet Obolensky. Tous ses produits ont quelque chose en plus, que l’on repère immédiatement, que ce soit dans le look, le sang, le chic ou la qualité. En plus de la belle souche de Soudaine, je suis sûr que Cornet amène ce petit truc en plus, puisque les poulains de mon autre fille de Cornet, sur la souche de Michel Ruel et avec une mère par Ogano Sitte, l’ont aussi.”
Connu pour son tempérament particulièrement marqué, en témoigne les déboires subis par Marco Kutscher aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008, le gris n’en est pas moins un véritable crack, dans le sport, où il a été sacré champion d’Europe en 2011 avec la Mannschaft, ou à l’élevage. Ses fils et filles inondent les terrains de compétitions, mais ces dernières ne semblent pas (encore) avoir le même statut que leur illustre géniteur dans leur rôle de reproductrice. “En effet, on ne voit pas beaucoup Cornet en père de mère, mais parce que cela ne fait pas très longtemps qu’il est utilisé largement en France. De fait, il y a peu de juments en âge d’être poulinières en France”, souligne justement l’éleveur. “Dès le début de la production de Soudaine, cela me plaisait énormément. La première femelle de mon autre fille de Cornet a deux ans et j’attends avec impatience de voir ce que cela va donner. Pour l’instant, il y a beaucoup de similitudes dans le modèle, le caractère et le look avec la production de Soudaine. Je ne sais pas si j’obtiendrai les mêmes résultats, puisqu’il est déjà exceptionnel d’avoir une jument comme Soudaine. Je suis ravi d’en avoir une dans ma carrière d’éleveur qui ait l’air de très bien produire avec tous les bons étalons que nous choisissons. Cependant, je pense que Cornet est encore mieux en père de mère qu’en père direct. À chaque fois que j’ai utilisé Cornet ou ses fils, j’ai choisi des juments très faciles, avec un tempérament calme, parce qu’il ramène beaucoup de sang, et peut aussi parfois donner un peu de caractère. Jusqu’à maintenant, je suis ravi des produits que j’ai obtenus avec Cornet, ses fils ou ses filles.”
Dynamix, ici âgée de sept ans, et Steve Guerdat à Oliva. © GRANDPRIX.tv.
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L’avenir assuré
En constatant l’immense talent de Dynamix, Frédéric n’a pas perdu de temps et a décidé d’utiliser les atouts de sa protégée à l’élevage. “Au vu des qualités naturelles de Dynamix en liberté, nous avons privilégié la reproduction, en sachant qu’un jour nous ne pourrions plus la garder. Deux embryons de Zirocco Blue (ex Quamikase de Forêts, Mr. Blue x Voltaire, ndlr) ont pris la première année, donnant un mâle et une femelle en 2017. Lorsque Dynamix avait quatre ans, nous avons utilisé Padock du Plessis (Kannan x Adelfos) et avons obtenu une pouliche. À cinq ans, et vu la façon de sauter de la jument, nous avons continué la reproduction, cette fois avec Querlybet Hero (Baloubet du Rouet x Darco) qui nous a donné un mâle”, détaille l’éleveur. “Dynamix transmet un look sympa, beaucoup de sang, et, a priori, beaucoup de qualité sur les barres. Nous avons conservé ses deux femelles. Elles ne sont pas sorties car je ne souhaite pas les vendre. Hizyna de Bélhème, la fille de Zirocco Blue, a déjà eu deux poulains : un mâle par Cooper vd Heffinck (Cartino x Landlord) l’an dernier, et une femelle de Balou Star (Balou du Rouet x Quick Star) cette année. Nous attendons un produit d’Iyna de Bélhème, la fille de Paddock du Plessis, avec Happy Day d’Iscla (Toulon x Kannan) grâce à une porteuse, et nous avons vendu un embryon avec Balou Star en Allemagne. Jaimix de Bélhème, le fils de Querlybet Hero, est au travail et il ressemble beaucoup à Dynamix physiquement. Il nous appartient encore en partie avec un ami. Il montre lui aussi des dispositions, des moyens et un passage de dos phénoménal à l’obstacle, à l’image de sa mère au même âge. Il est toujours entier et est très gentil. Nous avions également fait prélever Hizyblue de Bélhème, l’autre fils de Dynamix avec Zirocco Blue, à trois ans, parce qu’il nous plaisait beaucoup et il nous a déjà donné deux poulains.”
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Au-delà de la descendance déjà étoffée de Dynamix, l’avenir est doublement assuré puisque sa mère continue de faire des étincelles. Pas plus tard qu’il y a quinze jours, l’un de ses fils, Jentleman de Bélhème s’est distingué à Saint-Lô, lors d’une qualificative étalons, en décrochant l’excellente note de 19/20 au saut monté. “C’est un fils de Vagabond de la Pomme (Vigo d’Arsouilles x For Pleasure), que le Groupe France élevage (GFE) nous a acheté en 2021, lorsque nous l’avions présenté à deux ans. Il a un peu de tempérament, mais il était très sympa et gentil étant poulain. S’il est approuvé et que tout va bien, il devrait être utilisé pour la reproduction. Il s’est classé troisième à Saint-Lô. Bien qu’il reste très joueur, il a des moyens. Il se retient un peu et ne se livre pas complètement, mais tout est en bonne voie et je sais que le GFE va le confier au meilleur cavalier possible pour qu’il s’exprime au mieux. Nous sommes confiants”, se projette le Normand, qui a conservé toutes les femelles de Soudaine, à l’exception d’une par Viking d’la Rousserie, vendue alors qu’elle n’était qu’embryon. Ainsi, l’éleveur n’a pas reproduit la même erreur qu’avec Utchan de Bélhème, qui avait commencé à performer à sept ans, et dont il n’avait gardé aucune descendance. “Soudaine a l’air de très bien produire, quel que soit l’étalon utilisé. Nous avons essayé de choisir des mâles combinant belle souche et bonnes performances, à l’exception de Snaike, qui était tout jeune lorsque nous l’avons utilisé. Nous avons notamment une fille d’Old Chap Tame (Carthago x Quidam de Revel), Full Of Stars de Bélhème, qui a l’air de très, très bien produire. Elle attend son quatrième poulain. Nous ne l’avons jamais présentée en compétition car elle sautait comme Dynamix et je ne veux pas m’en séparer non plus. Elle se consacre donc à l’élevage”, ajoute Frédéric.
Steve Guerdat : l’avènement
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“Quand Dynamix avait cinq ans, Juan Ramos et Antoine Charlot nous ont demandé si nous voulions la vendre. L’affaire s’est conclue et ils l’ont achetée. Elle est alors partie en Suisse, mais pas directement chez Steve Guerdat. Elle a d’abord rejoint les écuries des fils de Willi Melliger (regretté cavalier suisse, considéré comme l’un des meilleurs de sa nation, ancien partenaire de l’inoubliable Calvaro V, treize fois médaillé aux championnats d’Europe et double médaillé d’argent aux Jeux olympiques, d’Atlanta en individuel et de Sydney par équipe, ndlr). Lorsqu’ils ont vu les qualités de Dynamix, j’imagine qu’ils ont fait venir Steve pour l’essayer”, explique Frédéric. “Il l’a ensuite achetée en fin d’année de cinq ans, avec un propriétaire qui investit pour lui dans des chevaux de sport et non pas de commerce. À partir de là, tout n’a été que progression constante. Elle ne pouvait pas être beaucoup mieux : le cavalier, son entourage, tout a été fait au mieux jusqu’à aujourd’hui. Désormais, elle est dans le bain du grand sport. En extérieur, tout allait super bien. Elle était un tout petit peu plus tendue au début des indoors il y a quelques temps, mais tout commence à se mettre très bien en place. Nous sommes évidemment ravis qu’elle en soit là et que tout aille bien.”
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En 2024, Dynamix de Bélhème aura onze ans. D’ici là, la belle brune aura l’occasion de peaufiner son palmarès, dès les prochaines semaines, et surtout dès l’an prochain. Patient, minutieux et intelligent, Steve Guerdat n’a sans doute rien fait au hasard avec sa pépite. Si bien qu’il est aisé de les imaginer, tous les deux, défiler du côté de Versailles dans moins de deux ans. Une perspective que Frédéric Aimez, et sa fille Laure, largement impliquée dans l’élevage, n’occultent pas. Loin de là. “Evidemment que nous y pensons”, glisse le Normand. “Nous n’en sommes pas encore là, mais tout se passe au mieux. Steve et son équipe font tout ce qu’il faut. Dynamix progresse et nous rêvons bien sûr de Paris 2024. J’espère que nous serons présent pour la voir en finale des Jeux olympiques.”
Photo à la Une : Dynamix de Bélhème et Steve Guerdat à Dinard. © Mélina Massias