Depuis sept ans, Scott Brash peut compter sur David Honnet, son bras droit. Groom chevronné et reconnu par ses pairs, le Français prend soin des montures de l’Ecossais, ex-numéro un mondial et encore seul et unique cavalier à avoir réalisé le Grand Chelem Rolex, en 2015. À Aix-la-Chapelle, temple sacré des sports équestres, Hello Jefferson aura toutes ses chances pour tenter de relancer un nouveau cycle. Deuxième l’an dernier, le fils de Cooper vd Heffinck connaît bien cette piste mythique, qu’il pourrait faire sienne dès cette après-midi. Les équipes de Rolex Grand Slam de saut d’obstacles sont parties à la rencontre de David Honnet, un peu plus tôt cette semaine.
Pouvez-vous vous présenter, expliquer quel est votre rôle et à quoi ressemble votre semaine à Aix-la-Chapelle ?
Je m’appelle David Honnet, j’ai trente-cinq ans et je travaille pour Scott Brash depuis sept ans. Avant cela, j’étais le groom de Cameron Hanley. Je suis arrivé ici dimanche dernier, avec les chevaux de Scott. J’ai pris soin d’eux toute la semaine, en espérant obtenir de bons résultats.
Comment s’est déroulé votre voyage jusqu’au CHIO d’Aix-la-Chapelle ?
J’ai pris la route dimanche matin. Nous avons quitté les écuries et pris le ferry. En tout, le trajet a duré dix heures. Tout s’est bien déroulé, mais depuis le Brexit, tout prend plus de temps, avec les papiers et les divers contrôles. Je suis arrivé à Aix assez tard, et les vétérinaires du concours m’ont été d’une grande aide. Les chevaux ont bien voyagé ; ils ont l’habitude. Hello Jefferson (né Jerenmias van het Hulstenhof, ndlr) a parcouru le monde entier, donc il n’a aucun problème avec les transports. Hello Mango (née Keswichtime HV, ndlr) voyage bien également. Elle a été en Espagne en début d’année, donc elle a déjà fait quelques longs trajets. Et Hello Valentino est aussi à l’aise avec les voyages.
Si un cheval n’aime pas voyager, que peut-on faire pour l’aider ?
Y aller par étapes, ne pas passer de longues journées sur la route. Il faut parcourir de petites distances, jamais plus de six-cents kilomètres en une fois. Si possible, je conseillerai de voyager la nuit. C’est toujours plus rapide et agréable. En général, on échappe aux problèmes de circulation et de bouchons. Alors si cela convient à l’organisation, et que la personne en charge de conduire peut accomplir sa tâche la nuit, je recommande vraiment cette option.
Pouvez-vous nous parler des chevaux qui vous accompagnent ? Quels sont leurs caractères ?
Hello Jefferson, qui est en pleine forme, va prendre part au Grand Prix Rolex dimanche. Il avait été très en réussite ici l’an dernier, terminant deuxième (derrière Gerrit Nieberg et son Ben 431, ndlr). Nous espérons donc faire juste un peu mieux cette année ! Le Grand Prix Rolex est toujours une épreuve difficile, mais y prendre part est toujours un moment incroyable.
Hello Valentino a neuf ans et il est ici pour prendre de l’expérience. Il a beaucoup de qualités et de potentiel, mais nous ne lui mettons aucune pression cette année, car il s’agit d’un vrai test et il n’a que neuf ans. Avec un peu de chance, il sera en mesure de gagner le Grand Prix dans les années à venir !
Enfin, Hello Mango a huit ans et elle va devenir une star, c’est certain ! Elle a réalisé un excellent début d’année en Espagne, puis nous lui avons accordé une pause pour tenter de prélever un embryon. Cela n’a pas vraiment fonctionné, mais elle est de retour en pleine forme ! Elle saute bien. Elle n’a que huit ans, mais il s’agit d’une jument d’avenir.
Comment sont les installations à Aix-la-Chapelle, pour vous en tant que grooms, et pour vos chevaux ?
Elles sont parfaites ! Ma première préoccupation lorsque je fais en concours est la sécurité. Ici, tout est parfaitement sécurisé et très confortable pour les chevaux. Je suis venu ici un certain nombre de fois, et il y a toujours des petites améliorations. L’attention portée aux détails pour les chevaux est incroyable. Ce matin, j’ai remarqué qu’il y avait une nouvelle aire de douche et ce sont ces choses-là qui rendent les concours super.
À quel point appréciez-vous vous rendre sur les étapes du Rolex Grand Slam, qui comprennent le CHI de Bois-le-Duc, le CHIO d’Aix-la-Chapelle, les Masters de Spruce Meadows et le CHI de Genève ? Qu’est-ce qui les différencient des autres ?
Les dimanches après-midi à Calgary et Aix-la-Chapelle sont ceux qui procurent les sensations les plus folles. Lorsqu’on est sans faute, c’est incroyable ! Ce n’est qu’une après-midi, mais c’est comme si cela durait une semaine. Il y a tant d’émotions ! C’est vraiment très spécial. Les Grands Prix Rolex de Calgary et Aix ont un format en deux manches avec un barrage. Ils sont vraiment uniques et on vit des sensations fantastiques lors de ces deux après-midis.
Bois-le-Duc et Genève sont aussi deux événements incroyables. Genève est souvent l’un des derniers grands concours de l’année. On a à cœur de finir sur une note positive. Et puis, la finale du Top Ten Rolex IJRC ajoute du prestige au concours.
Rejoindre l’équipe de Scott Brash juste après son Grand Chelem Rolex a dû être très spécial pour vous !
Je me souviens exactement d’où j’étais lorsque Scott a remporté le Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles. Je regardais l’épreuve avec ma copine de l’époque sur le canapé, en espérant le voir gagner. À ce moment-là, je ne m’imaginais pas que je travaillerai pour lui un jour ! L’année après sa victoire à Spruce Meadows, je faisais partie de son équipe. En 2016, lorsqu’il a de nouveau gagné le Grand Prix CP ‘International’ présenté par Rolex, nous regardions l’épreuve depuis la maison avec sa mère. Nous étions fous lorsqu’il a gagné ! Scott et moi sommes tous les deux des personnes calmes, alors il y a rarement des tensions. Nous avons des chevaux vifs, réactifs, donc plus on reste calme, mieux ils se comportent. Ils n’ont pas besoin que nous leur transmettions du stress.
Selon vous, de quelles qualités dispose votre équipe et permettent à Scott de connaître autant de succès ?
Je pense que la chose la plus importante est la confiance. Nous nous faisons confiance et c’est cela qui rend notre équipe si forte. Il faut des qualités et des compétences ; j’en ai certaines, Scott en a certaines, et toutes les personnes qui nous entourent à la maison aussi. Notre équipe se fait confiance et c’est sans doute ce qui fait la différence avec les autres.
Quelle est la chose la plus importante que vous transportez avec vous lorsque Scott est en concours ?
C’est très simple ! Il s’agit de quelque chose qui est commun à tous les grooms et chevaux ; nous leur donnons tous des friandises lorsqu’ils sortent de piste. C’est quelque chose que j’ai toujours dans mon sac. En revanche, il n’y a aucun porte-bonheur ; ils ont juste besoin de leur récompense en sortie de piste.
Quel est l’état d’esprit au sein de la communauté des grooms ? Vous soutenez-vous les uns les autres ?
Oui, c’est une communauté petite et soudée. Évidemment, on ne peut pas être ami avec tout le monde, et il faut avoir un fort caractère pour exercer ce métier, puisqu’il y a des personnalités affirmées, mais une fois que l’on a son groupe de copains, tout le monde s'entraide. Lorsqu’on a trouvé des personnes de confiance, on peut leur demander de l’aide en cas de difficulté, ou des conseils. On peut les questionner sur comment faire telle ou telle chose, ou bien comment réagir face à un problème donné. Je fais ce métier depuis des années. Début 2023, je me souviens que je suis allé prendre des renseignements auprès d’un collègue parce que j’avais à faire à un cheval délicat avec lequel j’avais besoin d’aide. C’est ce qui est si génial avec cette communauté.
Photo à la Une : David Honnet et Hello Jefferson. © Mélina Massias