Jérôme Guery : petit à petit, devenir quelqu'un ! (6/7)
Sixième et avant dernier volet de notre rencontre avec Jérôme Guéry, cavalier belge.
Concernant la formation des jeunes chevaux, vous n'êtes jamais très actif dans le cycle classique alors que vous en avez toujours formé vers le haut niveau. Quel est pour vous le chemin idéal ?
« Pour moi, en effet, le chemin idéal ne passe pas par le cycle classique. Ce que nous cherchons, c'est avoir des chevaux de haut niveau. Il ne faut donc quand même pas les user trop à 4 et 5 ans. Notre mode de fonctionnement, je ne sais pas si c'est l'idéal mais en tout cas, c'est le nôtre. A quatre ans, on ne fait quasiment pas de concours.
On fait juste le débourrage, on leur montre quelques pistes, on regarde à ce qu'ils connaissent la marche avant, la marche arrière et qu'ils soient braves sur la barre. On essaie de faire un entrainement en les chargeant dans le camion un lundi pour les amener sur une piste où il y a eu un concours le veille. Il n'y a pas de performance sportive à quatre ans. Par contre, c'est important pour nous de déjà décider si on continue ou non avec ces chevaux. Il y a des quatre ans qu'on a vendus car ils ne montraient pas les aptitudes qu'on espérait. On s'est parfois trompé mais quand on sent qu'ils n'ont pas les aptitudes pour le top niveau, même si ce sont de très bons chevaux, nous ne les conservons pas. A cinq ans, on commence un peu plus la compétition et j'aime bien commencer par une petite tournée dans le sud où ils font quatre semaines de concours d'affilées. Je pense qu'en quatre semaines, les chevaux ont beaucoup plus appris et ont pris plus de maturité que les chevaux qui ont fait tout le cycle. Ça, j'en suis certain ! Tout simplement parce qu'ils sont plus mûrs dans leur tête, tout comme physiquement. Après, ils refont quelques concours en régionaux mais je ne cherche pas à faire plus que cela. Pour moi, la vraie compétition commence avec les chevaux de 6 ans. Simplement parce que dans beaucoup de concours internationaux, on peut commencer à les emmener avec nous. Ils font souvent cela en France et c'est très bien fait. Plus tard, ils vont faire des concours adaptés, sur trois jours, sur les pistes. On ne recherche pas vraiment la performance non plus mais pour moi, c'est la meilleure formation. Le tout est de juste faire un travail suffisant à 4 et 5 ans pour qu'à 6 ans, ils soient prêt à faire les épreuves qui commencent à 1,20-25m et ça, c'est très, très bien. Là, on fait des parcours de 6 ans, 7 ans et puis c'est parti. »
On parle souvent du dressage, qu'est-ce qui est important pour vous ?
« Ce qui est important pour moi, c'est tout simplement que le cheval réponde à mes demandes ! Souvent, quand un cavalier monte sur un nouveau cheval, on l'entend souvent dire qu'un cheval n'est pas dressé. Je pense que c'est mal exprimer les choses. Ce n'est pas que le cheval ne soit pas dressé, c'est qu'il ne comprend pas les instructions du cavalier. On dresse certainement un peu tous à notre manière, même s' il est certain qu'il y a des méthodes qui sont là et qui sont vieilles comme le monde avec des écoles de dressage qui sont présentes depuis des milliers d'années. Ça, c'est la base, c'est certain. Pour moi, le plus important c'est que quand je mets la jambe, le cheval aille de l'avant, quand je mets la main, il ralentisse, qu'il tourne à gauche, à droite et réponde à mes indications. Ça, c'est pour les jeunes chevaux. Ensuite, il y a les assouplissements et les stretchings. Je prends aussi actuellement des cours de dressage et j'approfondis de plus en plus ma technique sur le plat car les parcours sont de plus en plus compliqués. Les chevaux doivent répondre de plus en plus vite aux indications qu'on leur donne. Je pense aussi que le travail sur le plat et le dressage peuvent effacer beaucoup de douleurs que les chevaux ont. En effet, on leur demande beaucoup d'efforts et ils ont souvent des raideurs qu'une bonne préparation physique peut soulager ou éviter. C'est très important d'avoir un cheval bien musclé avec une bonne condition, bien dressé sur le plat avec un corps élastique qui va nous permettre de le garder plus longtemps et en bonne santé. »
Est-ce qu'on pourrait vous voir un jour sur un carré de dressage ?
« Ça ne me dérangerait pas. Je le dis souvent avec humour car j'ai des amis qui sont dans le dressage et souvent on se taquine mais je pense que tout bon cavalier d'obstacle pourrait aller faire une épreuve de dressage de haut niveau mais je ne pense pas qu'un cavalier de haut niveau de dressage pourrait en faire de même sur un parcours d'obstacle… Je n'en dirai pas plus ! (rire)»
Rendez-vous demain pour notre dernier volet !