Jérôme Guery : petit à petit, devenir quelqu'un ! (4/7)
Quatrième volet de notre saga avec Jérôme Guery !
Le fait que votre épouse ai fait des études cela rendait-il plus délicat le fait de choisir de travailler ensemble dans les chevaux ?
« C'est vrai que lorsque j'ai rencontré Patricia, elle était jeune avocate au barreau de Bruxelles. Elle était passionnée de chevaux et elle avait son petit cheval dans un manège à Bruxelles. Je l'ai rencontrée sur un concours où elle faisait des parcours d'un mètre. Je ne pensais pas du tout qu'elle allait venir travailler avec moi dans les chevaux mais alors que nous étions ensemble depuis quelques mois, ça lui devenait insupportable d'être enfermée dans un bureau toute la journée pendant que moi, j'étais dehors avec les chevaux. Elle m'a demandé si ça me conviendrait qu'elle vienne travailler avec moi dans les chevaux. J'étais surpris mais je trouvais ça formidable de se lancer dans cette aventure à deux. Personnellement, je ne lui aurais jamais proposé ça car pour moi, quelqu'un qui a fait six ans d'études (enfin cinq plus un an de spécialisation) pour ensuite tout arrêter pour se lancer dans les chevaux, il fallait vraiment qu'elle soit aussi passionnée que moi. D'autant qu'au début, on n'avait pas d'argent, on a travaillé en étant très solidaire. Nous avons grandi petit à petit ensemble. Nous formons vraiment une équipe même si c'est moi qui fais les concours de haut niveau et me retrouve forcément en haut de l'affiche. Elle, dans notre structure, s'occupe de tout l'administratif qui est une partie très importante. Ensuite, elle travaille beaucoup de jeunes chevaux et moi, je l'assiste en montant dessus de temps en temps quand je suis là. Chacun a bien trouvé sa place et la machine va dans le bon sens. Il nous a fallu un peu de temps pour y arriver d'autant qu'au début, Patricia voulait vraiment monter alors qu'il y avait aussi d'autres choses à faire. La naissance en 2005 de Matthieu, notre premier fils, l'a aussi obligée à lever un peu le pied sur la compétition. Elle a trouvé son équilibre en travaillant plus à la maison. Elle travaille d'ailleurs très bien les chevaux sur le plat. C'est d'ailleurs souvent elle qui sort mes chevaux de tête lorsque je ne suis pas là. Elle a trouvé d'autres plaisirs qu'uniquement la compétition, même si elle en fait encore évidemment. »
Armani van Overis Z (Air Jordan) a été acheté par le haras de Clarbec et évolue désormais sous la selle de Pénélope Leprévost.
Quand avez-vous pris conscience que le commerce et la compétition étaient complémentaires ? Pour vous, est-ce que c'est indissociable ?
« Depuis le début ! Je viens d'une famille de classe moyenne. Ils m'ont offert mon premier poney qui avait coûté 45 000 francs belges, soit 1200 euros aujourd'hui. Assez rapidement, je me suis rendu compte que mes parents faisaient de vrais sacrifices pour moi, pour que je puisse pratiquer ce sport, d'autant qu'il est coûteux.
Quand on le fait en manège, ça va mais dès qu'on veut faire de la compétition avec un petit camion, ça commence à très vite coûter. Lorsque j'ai voulu acheter mon premier cheval, il a d'abord fallu que je vende mon poney. Très rapidement, j'ai donc compris que si je voulais évoluer dans le sport, il fallait que je vende le cheval que j'avais pour en trouver un meilleur. N'étant pas issu d'une famille très aisée, je devais trouver des solutions pour me donner les moyens et pouvoir continuer. Il me fallait donc vendre mes chevaux.
Notre Moinerie (Cumano) a évolué ensuite en coupe des nations sous couleurs suisse avant de rejoindre les écurie de Grupo Prom.
C'est ce que j'ai fait depuis toujours et c'est ce que je fais encore. La principale rentrée d'argent que nous avons ici dans les écuries vient du commerce. Sans commerce, je ne pourrais pas faire le sport au niveau que je pratique actuellement. C'est indissociable pour ma structure, en tout cas actuellement. »
C'est juste une obligation ou il y a du plaisir aussi dans le commerce ?
« En fait, j'ai beaucoup de satisfaction en vendant un cheval car je me dis que mon travail est rémunéré. Le temps que je passe est valorisé et cela me permet de faire vivre la famille. Je n'ai jamais acheté de chevaux chers mais je choisis des très jeunes chevaux ou des chevaux qui ne connaissent rien, qui n'ont pas d'expérience. C'est satisfaisant de se dire que grâce à son travail, on a donné une vraie plus-value au cheval. Evidemment, il y a des chevaux que l'on voit plus difficilement partir que d'autres. Lorsque Waldo est parti, j'étais content car il allait dans une écurie fantastique. En même temps, c'était difficile car nous avions une vraie histoire mais la vente, c'est la continuité de l'histoire. »
Ramiro de Belle Vue (Mozart des Hayettes) évolue actuellement sous la selle de Vincent Lambrecht.