Jérôme Guery : petit à petit, devenir quelqu'un ! (1/7)
Hier, Jérôme Guery a clôturé sa première participation à Aix-la-Chapelle en ayant le privilège de faire partie des quarante participants au Grand Prix pendant que son ancienne monture, Tic-Tac du Seigneur, qui lui a permis de décrocher son premier titre de champion de Belgique, remportait sa première victoire en Coupe du monde à Calgary. Un peu plus tôt dans la semaine, il s'est classé deux fois dans les Grands Prix du CHIO 5* dont une magnifique quatrième place dans le Prix de l'Europe, sans oublier une troisième avec Postar Lozonais et des classements avec sa dernière recrue, Faranka A. À l'aube de ses trente-trois ans, c'était l'occasion de rencontrer le champion de Belgique en titre.
Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ?
Jérôme Guery : « J'avais neuf ans, ma s?oeur montait à cheval et je l'accompagnais le mercredi après-midi pour sa leçon. C'était au cercle équestre Les Falizes à Dinant mais on ne pouvait pas y monter avant dix ans. J'ai donc dû attendre le jour de l'anniversaire de mes dix ans pour prendre ma première leçon d'équitation. Je ne suis donc pas du tout issu du milieu des chevaux mais j'étais passionné depuis tout jeune. »
Après cela, quel cursus avez-vous suivi ? Qu'est-ce qui vous a amené à faire vos premiers concours ?
« Lorsque j'ai débuté à dix ans, j'étais avec tout un groupe de jeunes dans un poney club. J'y allais deux fois par semaine : le mercredi après-midi et le samedi. Ma maman m'accompagnait. Au moment où j'ai débuté, le manège a été repris par Pierre Deschamps. C'était un jeune dynamique et nous étions toute un petit groupe de jeunes équipés de poneys de manège. Au fur et à mesure, j'y passais de plus en plus de temps jusqu'à y planter ma tente dans les prés. Après deux ans passés là-bas, ma maman m'a offert mon premier poney. Je m'en souviens très très bien, c'était une ponette exceptionnelle qui s'appelait Impala. Elle était jeune, je l'ai débourrée, je l'ai amenée en concours puis nous sommes sortis dans les tournois de l'avenir poney. C'était des épreuves d'un certain niveau en national. Par contre, elle était trop jeune que pour pouvoir faire de l'international. Je n'ai donc fait que quelques internationaux en poney mais vraiment très peu.
En selle sur l'étalon SF Popstar Lozonais (Quick Star).
Ensuite, nous nous sommes déplacés à Courrière dans une écurie privée et ma maman a acheté cinq ou six très jeunes chevaux car on lui avait dit que c'était cela qu'il fallait faire. Ils ne coûtaient pas très cher mais finalement, il n'y en avait aucun qui était vraiment bon là-dedans et sur les conseils de Constant Wathelet, le père de Grégory, qui s'occupe aujourd'hui du manège de Courrière, nous les avons tous liquidés. C'est là que nous avons acheté Esbrouffe qui fut la première jument qui m'a amené en internationaux sur des épreuves Juniors.
En parallèle, je montais également pour Michel Raskin qui est un éleveur belge bien connu au studbook sBs. J'allais chez lui en fin de journée et assez rapidement, il y a eu deux chevaux qui sont sortis un peu du lot que j'ai pris aux écuries et là, ma maman m'en a offert un. Elle m'a proposé d'en choisir un des deux. J'ai opté pour Gauloise du Val Tibermont (Caprice de Ste Hermelle) qui était une super jument. Elle était verte et n'avait que cinq ans à l'époque mais elle m'a emmené dans les plus gros concours Jeunes Cavaliers, le championnat de Belgique et quelques Coupe des nations. Je l'ai ensuite vendue et puis j'ai pu racheter un autre cheval qui s'appelait Beverly et qui m'a amené à un niveau encore supérieur.
Cette époque a aussi été celle où ma maman a décidé de changer de vie. Elle avait fait la rencontre de Jean-Pierre Thenet avec qui elle a refait sa vie et qui est son mari aujourd'hui. Il était cavalier et montait en national ainsi que quelques internationaux. Il m'a confié ses chevaux, j'ai repris le flambeau et il m'a entrainé. Grâce à cela, j'avais dix-huit ans lorsque j'ai remporté le championnat de Belgique avec un cheval qui s'appelait Granny du Grand Cortil et qui faisait partie des chevaux qu'il m'avait confié. Nous étions dans l'écurie familiale, à Assesse puis j'ai été repéré par le haras des Hayettes qui m'a proposé une place de cavalier chez eux car ils avaient pas mal de jeunes chevaux.
A l'époque, ils n'étaient pas encore aussi connus qu'aujourd'hui, ils avaient quelques chevaux comme Banboula du Thot chez Olivier Guillon et quelques-uns chez Eugénie Angot. Je me suis donc installé à Falaën et j'ai évolué sur le circuit « jeunes chevaux » en France et en Belgique. Cela m'a donné l'occasion de monter des chevaux comme Mozart des Hayettes, Lady, Quidame, Hugo Gesmeray … et j'en passe. J'en ai vraiment eu des très bons qui étaient jeunes et que j'ai pu former. J'ai appris beaucoup là-bas. J'ai fait de très beaux concours mais après deux ans, sur une mésentente, j'ai préféré me remettre à mon compte.