Finale individuelle 25 cavaliers étaient invités à prendre le départ. Malheureusement pour Cassio Rivetti, le comité vétérinaire aura décidé de ne pas laisser repartir l'étalon de 17 ans Vivant vd Heffinck (Fuego du Prelet) alors que Cian O'Connor et Janika Sprunger ont décidé de se retirer de la compétition laissant l'opportunité à des cavaliers plus loin au classement d'y prendre part pour des raisons diverses. La cavalière suisse décidant que sa jument Bonne Chance, du haut de ses 9 ans lui avait tant donné ces dernières semaines qu'il était inutile de lui demander encore les efforts de cette finale sans avoir de chance de remporter une médaille. Rageur, Kevin Staut redresse la barre en signe le premier sans faute du jour. Une fois de plus, Frank Rothenberger aura monté un tour délicat avec comme point d'orgue la ligne rivière (dans la fosse) suivie d'un triple : palanque ? palanque ? une foulée ? oxer. Si seul Ludger Beerbaum et Chiara (Contender) se feront piéger sur la rivière, l'histoire du triple est tout à fait différente. Bertram Allen avec Molly Malone, Daniel Deusser sur Cornet d'Amour, Meredith Michaels-Beerbaum sur Fibonacci, Maikel van der Vleuten sur VDL Groep Verdi, Christian Ahlmann sur Taloubet Z, Ben Maher sur Diva II, Joe Clee sur Utamaro d'Ecaussines, Romain Duguet sur Quorida de Treho, Pénélope Leprévost sur Flora de Mariposa et surtout le leader Sergio Alvarez Moya sur Carlo : tous s'y sont cassé les dents ! Jur Vrieling regrettera sa faute sur l'oxer n°2 avec Zirocco Blue VDL (Mr Blue) qu'il aura été le seul à mettre au sol. Du coup, le classement qui était assez serré s'en trouve complètement chamboulé ! Un seul couple du top 7, deux couples du top 13 ont réussi le parcours sans pénalité ! Une nouvelle fois impressionnant de maitrise, Jeroen Dubbeldam prend cette fois les commandes de l'épreuve car si Zenith (Rash R) semble assez terrorisé à l'idée de rentrer en piste, une fois sur le gazon, la faute semble ne pas pouvoir se produire. De son côté, le numéro un belge Grégory Wathelet aura sorti un tour parfait avec un Conrad de Hus (Con Air) à l'écoute à chaque instant remontant de la 8 ème à la deuxième place alors que Simon Delestre bondit de la 14 ème place à la 4 ème avec le sans-faute de Ryan des Hayettes (Hugo Gesmeray), tout comme Andreas Schou avec Leonardo der Kleine (Leonardo) passant de la 15ème à la 5ème. Les sans-faute auront été récompensés … mais il reste encore une manche ! La seconde manche débute mieux pour Henrik von Eckermann qui signe le sans-faute avec Cantinero (Cento) suivi de Maikel van der Vleuten sur VDL Groep Verdi (Quidam de Revel) puis de Piergiogio Bucci qui n'aura pas manqué de cran pour attaquer l'avant-dernière ligne où les hommes de piste finissaient à peine de reconstruire l'obstacle de palanque qui venait d'être soufflé par le vent alors que le ciel se fait de plus en plus menaçant.
Bertram Allen soigne un peu trop, c'est sans faute pour Molly Malone (Kannan) mais avec un point de temps dépassé.
Kevin Staut signe le premier double sans-faute de cette finale avec Rêveur de Hurtebise (Kashmir van't Schuttershof), montrant une nouvelle fois qu'il peut toujours rebondir.
Le Franco-Suisse Romain Duguet, également auteur d'un parcours incroyable pour une première participation, n'aura manqué que le premier tour de cette finale où sa fantastique Quorida de Treho (Kannan) s'est fait piéger sur le milieu du triple, doublant la mise en fin de parcours. Le duo terminera néanmoins sur une note positive avec un sans-faute sur les obstacles et juste un point de temps dépassé pour cette seconde manche. Sans-faute également pour Meredith Michaels Beerbaum sur Fibonacci (For Feeling) puis pour Christian Ahlmann sur Taloubet Z (Galoubet A), la faute coutera très cher ! La faute arrivera pour Joe Clee lorsqu'Utamaro d'Ecaussines (Diamant de Sémilly) un peu surpris par le triple ?oxer-oxer sur bidet-vertical sur bidet, utilisant le fameux double de bidet le long de l'eau, ralentira tellement sa course qu'il traversera le dernier obstacle de la combinaison en oubliant de sauter. Ce n'était pas le jour des Allemands puisque Ludger Beerbaum faute sur le numéro un avec Chiara (Contender). Jur Vrieling remet les pendules à l'heure avec un sans-faute ponctué néanmoins d'un point de temps dépassé pour Zirroco Blue VDL (ex Qamikase des Forêts ; Mr Blue) . Sans-faute parfait pour Pénélope Leprévost et Flora de Mariposa (For Pleasure) après une reprise un peu forte après la rivière en première manche, qui aura entraîné une faute fatale dans le triple. Andreas Schou réalise un championnat magnifique mais cette fois, il ne peut éviter la barre sur la sortie du triple avec Leonardo der Kleine. Simon Delestre lui soigne son tracé et réussit le double sans-faute avec un Ryan des Hayettes fantastique mais sans s'être soucié du chronomètre et écope d'un point de temps de pénalité qui lui permet néanmoins de rester juste devant sa compatriote pour trois dixièmes de point ! Malgré sa faute en première manche, Sergio Alvarez Moya est toujours sur le podium provisoire avec Carlo (Contender) mais une faute en milieu de parcours les repoussent cette fois derrière Jur Vrieling, les rêves de médaille se sont envolés. Il n'en reste plus que deux. Gregory Wathelet est sous pression, il est à un parcours de réaliser l'un de ses rêves d'enfant. Lui qui a grimpé les échelons pas à pas avec sa seule rage de vaincre est en passe de monter sur le podium d'un grand championnat. Conrad de Hus (Con Air) ne faillit pas, le double sans-faute parfait est là, dans le temps … et la joie du Liégeois aussi ! Il n'en reste qu'un à passer mais Jeroen Dubbeldam ne connaît pas la pression et inspire le respect de tous. A ceux qui l'auront critiqué après son titre Olympique à Sydney alors qu'il n'avait jamais gagné un seul Grand Prix, il avait répondu en remportant le premier Grand Prix de sa carrière à Aix la Chapelle en 2001, en 2014, il signe le doublé : champion du monde par équipe et individuel à Caen … et là, dans un silence admiratif, il signe le doublé un an plus tard, toujours sur Zenith SFN : champion d'Europe par équipe et individuel ! Un seul homme avait réussi à remporter ces trois titres majeurs avant lui : Hans Gunther Winkler . Cette fois, Jeroen Dubbeldam est bel et bien entré dans la légende des sports équestres. «L'an dernier, c'était sa première année à ce niveau et il a remporté deux médailles d'or aux championnat du monde. Après, vous vous demandez comment vous pouvez améliorer cela, mais vous ne pouvez pas. La seule chose que vous pouvez faire, c'est essayer de faire la même chose mais vous ne pouvez pas après une année aussi incroyable que l'an dernier d'autant qu'après les WEG, il a également fait partie de l'équipe victorieuse à la finale par équipe de Barcelone. Après de tels efforts et surtout pour un cheval aussi vert, c'est parfois encore plus dur d'avoir autant de succès mais il a réussi à faire aussi bien. Evidemment, en venant à ces championnats d'Europe, on m'a souvent rappelé que c'était le dernier titre que je n'avais pas encore à mon palmarès. J'éta! is donc très concentré sur ces championnats à Aix, qui est sans doute l'endroit le plus difficile pour un championnat, et vous savez que cela va être d'un très haut niveau avec tant de bons cavaliers et de bons chevaux. Vous pouvez juste rêver que cela devienne réalité. Vous devez être prudent et avoir un peu de chance mais avant tout, vous devez être prêt comme votre cheval et avoir une bonne journée ! Alors oui, ce rêve devient réalité. Pour moi Aix-la-Chapelle est le meilleur concours du monde. Il y a beaucoup de spectateurs ici qui sont très enthousiastes mais parfois ce n'est pas si facile pour nos chevaux. Lors de la Coupe des Nations, je suis passé après Meredith Michaels Beerbaum qui a fait un sans-faute. Le stade a explosé … et mon cheval également. Ce sont des choses qui arrivent, nous avons vu cela également la semaine dernière avec Edward Gal en dressage où son cheval était tellement tendu qu'il avait un peu peur de l'arène. Son cheval n'était plus le même qu'avant et après avoir rencontré un peu le même genre de problème, je peux vraiment comprendre. Je ne demande néanmoins pas au public d'être plus calme la prochaine fois car j'adore cela… mais parfois, il y a ce problème lorsqu'on essaie de trouver le bon éq! uilibre entre l'enthousiasme et la qualité d'homme de cheval. A la fin, tout s'est bien passé car le cheval s'est relaxé une fois en piste et il m'a rendu une nouvelle fois la vie plus simple. Nous avons eu des problèmes de contrôle au début qui se remarquent encore en indoor car c'est un cheval très sensible. Par contre, le fait qu'il sache sauter, qu'il était respectueux et qu'il avait toute la puissance : nous le savions ! Tout le monde a pu le voir. Nous faisions des fautes uniquement parce qu'il se tendait et devenait difficile à contrôler mais avec le temps, il devient plus relax et se montre plus à l'écoute. Nous croyions l'un en l'autre et c'est le plus important. » « Je tiens avant tout à féliciter Jeroen Dubbeldam. Il a été le meilleur toute la semaine, il n'a pas fait une seule barre de la semaine : le meilleur a gagné ! Nous avons fait un programme spécial pour Conrad en fonction de ces championnats pour tenter de l'amener ici à son meilleur niveau. Je dois bien admettre que j'ai senti ces deux derniers mois qu'il s'améliorait encore et encore. Nous avons remporté le Grand Prix de Chantilly et il a encore très bien sauté à Dinard. J'avais un bon feeling et j'espérais pouvoir remporter une médaille même si je savais que tout devrait bien se passer pour cela. Aujourd'hui, cela a été le cas. Je pensais qu'en étant double sans-faute dans cette finale, j'avais des chances de médailles et ça a été le cas aujourd'hui. J'étais très déçu jeudi lorsque la Belgique n'a pas su se qualifier pour la seconde manche de la coupe des nations mais la course individuelle est quelque chose de totalement différent. Je suis resté concentré, je savais que si je faisais quelque chose de bien, j'avais ma chance. C'est la première fois où je dispose d'un cheval qui a suffisamment d'expérience pour jouer sa carte sur un championnat. Les autres fois, j'avais des chevaux assez verts ou c'était des chevaux que j'avais récupérés comme Cadjanine aux JO où j'espérais faire quelque chose de bien mais je n'avais pas de chance pour me battre contre les meilleurs. Ici, j'avais donné de l'expérience l'année passée et je pensais disposer d'un cheval de championnat et il l'a prouvé ici. Je me suis focalisé pour amener le cheval ici au mieux et au plus frais et je pense que ça a payé. Vendredi, lorsque la faute est arrivée, il fallait avant tout rester concentré sur mon parcours et continuer. Ensuite, le chemin est encore long … même si avec le recul, je prends vraiment la faute pour moi où j'aurais dû me rasseoir un peu plus car le cheval sautait vraiment bien. Presque trop bien sur l'entrée du triple puis il y a eu cette faute mais aujourd'hui, j'ai eu un sentiment sur lui comme jamais. Tout était en place, il sautait à merveille et je pense qu'il a vraiment fait un premier tour fantastique. Lors du second tour, je n'ai pas monté comme je voulais car je savais que je devais être sans faute, je sais que j'ai fait pas mal de petites erreurs de précision mais Conrad a vraiment bien sauté, il m'a beaucoup aidé car à ce moment-là, tu espères que la chance sera un peu de ton côt&eacu! te; et il a fait ça super. La médaille aujourd'hui, c'est déjà un beau titre ! J'ai juste été battu par le meilleur. Je trouve que le chef de piste a fait un bon travail car c'était gros et difficile mais à la fois, on n'a vu aucun cheval faire de gros scores, ce qui a fait que justement les scores étaient si proches au final. On n'avait pas le droit à l'erreur, il fallait rester concentré du début à la fin. Depuis quelques mois, j'ai l'opportunité de m'entrainer avec Rolf-Goran Bengtsson qui m'a beaucoup aidé. Il a l'expérience des championnats, il a été présent à la détente aujourd'hui pour moi. Ce sont plein de petits détails qui ont joué en cette fin de semaine.Encore aujourd'hui, il était présent au paddock pour apporter sa petite touche et sa façon de faire et c'est clair que ça m'a beaucoup aidé. J'aime beaucoup travailler avec lui car c'est quelqu'un de très ouvert et qui n'est pas là pour me dire qu'il faut faire si ou ça, on discute beaucoup, on travaille vraiment ensemble.
Cela fait longtemps que j'avais envie de travailler avec quelqu'un mais il y avait toujours ce petit truc qui ne passait pas parce que c'était soit des concurrents, soit des gens qui n'avaient pas le temps, soit des gens qui ne sont pas abordables financièrement car c'est aussi important pour moi. Ici, c'est grâce à ma meilleure amie, Anne-Catherine Nicaise, qui a tout arrangé. Au début, j'étais un peu hésitant car c'était loin et elle m'a dit d'y aller une fois et depuis j'essaie d'y aller un maximum, il vient également chez moi et lorsque nous sommes au concours, il est avec moi. Cela fait longtemps que je cherchais une telle collaboration. C'est un tout qui a joué en ma faveur aujourd'hui avec un cheval qui est en forme, un peu la chance et j'ai aussi senti que j'avais la confiance du propriétaire qui ne me met aucune pression, qui me laisse faire le programme que je veux. L'ensemble de toutes ces choses fait que l'on peut arriver à un résultat pareil. Maintenant, vous pouvez toujours faire tout ça, si vous n'avez pas un cheval exceptionnel, le résultat n'arrivera pas, alors je veux vraiment remercier Xavier Marie et le Haras de Hus pour la confiance qu'ils m'accordent car ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de monter un cheval comme cela. Après, il est certain qu'il y a toujours une idée commerciale derrière notre collaboration, il faut rester sur l'objectif de départ mais on ne va pas trop penser à cela aujourd'hui, on va déjà savourer cette médaille. Le propriétaire m'a envoyé un message en me disant qu'il était très heureux et qu'il me remerciait pour tout le travail que l'on avait fait… Pour le reste, nous allons attendre de voir les offres venir et nous déciderons en fonction de celles-ci.» Aujourd'hui, cela a été du grand sport. Je n'espérais plus rien … mais je pensais quand même que si je réalisais un double sans-faute, je ne serai sans doute pas loin du top 3 et je suis vraiment heureux aujourd'hui de mon résultat même si nous avons été malchanceux vendredi dans la dernière compétition par équipe. Aujourd'hui, si on regarde le classement final, nous sommes trois Français parmi les 10 premiers et nous n'avons pas de médaille ! Ryan a fait une saison fantastique. Il était déjà triple sans-faute dans le Grand Prix ici en début d'année, il a juste fait une petite touchette lors de la coupe des nations et la barre est tombée, c'est le jeu. Maintenant, je pense que j'aurais aussi bien vécu cette finale en partant devant et sans avoir à faire cette remontée. Je pense que cela revient au même, la pression est toujours là et pour faire un résultat, il faut aligner le double sans-faute. Que tu sois à 5, 8 ou 9 points sur le podium, c'est trois double sans-faute dans la finale !Finalement, ce qui est le plus dur à gérer c'est l'attente du début de la compétition, l'entre deux manches … une fois qu'on est à cheval, c'est un peu plus agréable, vous maîtrisez mieux. Mais passer le temps entre deux manches avec de longs moments d'attente où il faut réussir à ne pas trop cogiter et à ne pas se faire trop polluer par l'avis des autres, c'est compliqué. Il faut rester dans le coup sans pour autant se mettre trop de pression. Il faut réussir à évacuer la frustration de vendredi soir, se dire que c'est passé si on veut pouvoir rebondir. Il faut réussir à se remobiliser. Ce n'est pas agréable de se lever le matin avec le sentiment d'un gros raté mais c'est le jeu. Il y a tellement de stress que je ne peux pas vraiment d! ire que j'ai eu du plaisir en montant si ce n'est en passant la ligne de la seconde épreuve en se disant « ça y est, je suis double sans-faute ». Après la première manche, non, car tu sais que tout est à refaire car si tu fais deux fautes en deuxième manche, c'est fini.
Ryan a une action tellement particulière que je ne soucie pas de ce que les autres font. Je ne veux pas me polluer avec l'avis des autres. Lorsque je marche la piste, j'essaie d'imprimer ce qu'il me faut pour lui mais je ne regarde pas les autres, je le connais et je ne commence pas à me dire « les autres font 6 foulées, je veux en faire 7 … » Non, je connais mon cheval, j'ai fait des contrats de foulées que je suis le seul à avoir fait aujourd'hui. Je savais par exemple que pour le triple en première manche, il fallait que je rentre en huit foulées en le fermant un peu et certainement pas en sept en le laissant un peu ouvert. Chaque cavalier doit savoir ce qui est le meilleur pour son cheval. J'ai réussi à adapter au mieux les contraintes des parcours à Ryan tout au long de ce championnat et même la faute que nous faisons vendredi, je ne changerais rien à mon ! contrat de foulée. Le sentiment que j'ai eu vendredi était super. J'avais fait 7 foulées pour rentrer dans le triple et je n'y changerais rien si je devais le refaire aujourd'hui. La barre est tombée, c'est le sport. Jeroen Dubbeldam a été magnifique toute la semaine. Je pense qu'il ne faut pas oublier qu'ils étaient aussi double sans-faute dans le Grand Prix d'Aix la Chapelle fin mai. Nous, c'est vrai que nous préférons sauter plus souvent au haut niveau alors que lui a un système de fonctionnement différent. Lorsque j'ai vu sauter Jeroen Dubbeldam et Zenith à Ommen il y a trois semaines, je n'aurais pas dit qu'il allait gagner les championnats d'Europe… mais Jeroen le connait parfaitement et il ne fait des tours que pour préparer une échéance et il y arrive parfaitement. »