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“Je veux juste devenir un meilleur homme de cheval”, Lars Kersten (2/2)

Lars Kersten et Hallilea
jeudi 13 avril 2023 Mélina Massias

Depuis un peu moins d’un an, Lars Kersten arpente les terrains des CSI 5* comme s’il avait fait ça toute sa vie. Septième à Rotterdam, quatrième à Oslo, douzième à Valkenswaard et Leipzig, sixième à Bois-le-Duc, cinquième à Wellington. Le jeune homme, qui a fêté son vingt-troisième anniversaire en février, amasse les classements avec une aisance déconcertante. Style impeccable à cheval, le garçon s’est révélé grâce à un certain Emmerton, bouillonnant bai débordant de talent et passé entre les mains de quelques pointures. Encadré par le patriarche de la famille Kersten, ancien cavalier de dressage reconverti en pilote de saut d’obstacle, le Néerlandais suivra cette année le programme de la Young Riders Academy, de quoi parfaire encore son bagage technique déjà bien étoffé et étancher sa soif de progrès. Établi dans un système semble-t-il pérenne, mêlant une part de commerce, un élevage maison des plus réussis et le grand sport, la pépite Oranje incarne le renouveau d’une nation toujours sur le devant de la scène. Dans un entretien en deux épisodes, Lars Kersten revient sur son ascension fulgurante, sa rencontre fondatrice avec Emmerton, son expérience hivernale en Floride, mais aussi sur l’écologie, l’avenir des Coupes des nations et ses prochains objectifs.

Le premier volet de cette interview est à (re)lire ici.

Comme vous, de plus en plus de cavaliers choisissent de partager leur temps entre les Etats-Unis et l’Europe. D’une manière générale, les sports équestres requièrent de plus en plus de déplacements, augmentant inévitablement l’empreinte carbone liée à cette activité. Vous sentez-vous concerné par la cause écologique ?

Oui, bien sûr. Aujourd’hui, on doit penser de plus en plus à ces choses-là. Je crois que le développement du monde est tel que cela concerne tous les sujets, comme le bien-être animal par exemple. L’écologie est un pan supplémentaire auquel, nous, cavaliers, devons penser. C’est très important. Nous devons être conscients de cela et réfléchir à nos actions.

Pensez-vous que les organisateurs de concours sont suffisamment engagés face à ce problème ?

La plupart des concours cherchent constamment à progresser sur ces sujets. Je pense que cela peut encore progresser. Il y a évidemment des points sur lesquels il faut plancher, mais j’ai le sentiment qu’ils essayent vraiment de prendre en main ces questions afin de s’améliorer. 

Lars Kersten et Nestor van de Zuidakker à Wellington. © Sportfot

“Mon père est très attaché aux bases”

En dehors de quelques brefs passages dans les écuries Marcus Ehning, Jos Lansink ou encore Otto Becker, votre père a été votre entraîneur privilégié depuis vos débuts à cheval. Que vous a-t-il inculqué ?

J’ai énormément appris de lui ! En particulier au début, il est très attaché aux bases, au fait de s'asseoir correctement sur un cheval, de les faire travailler dans le bon sens en dressage, de sorte que tout devienne plus simple une fois en piste. Une fois ces bases acquises, on commence à progresser sur d’autres points, à aller plus vite par exemple. Mon père a toujours cherché les problèmes chez le cavalier, pour le faire revenir à l’essentiel et construire à partir de là. Ensuite, il faut faire attention à ce que tous les détails s’alignent et peaufiner des points spécifiques. Il m’a toujours dit de revenir aux bases et de travailler à partir de cela pour permettre au cheval d’être dans la meilleure forme possible. Lars Kersten a été particulièrement influencé par son père dans son équitation et sa jeune carrière. © Sportfot



Son passé de cavalier de dressage doit jouer un rôle dans sa méthode et sa vision des choses…

Oui, je pense que cela vient aussi de là. Il a d’abord été un cavalier de dressage pour un bon moment, puis s’est pleinement concentré sur le saut d’obstacle. Il a toujours accordé beaucoup d’importance au travail sur le plat et toutes ces choses. Je pense que cela est très bénéfique. Plus le niveau augmente, plus on pense aux derniers détails. Travailler avec mon père a toujours bien fonctionné. Même si j’ai parfois dû trouver ma propre façon de faire les choses, je peux toujours compter sur lui.

Diriez-vous qu’il est plus facile de réussir dans ce milieu, notamment à haut niveau, en venant d’une famille impliquée dans le monde des chevaux ?

C’est certain. Je ne dis pas que c’est l'unique option, mais, lorsqu’on regarde les grands noms de notre sport, notamment aux Pays-Bas, beaucoup de cavaliers viennent de familles qui montaient à cheval, à plus ou moins haut niveau. Je pense que cela rend les choses plus aisées, mais il n’est pas impossible de réussir sans historique équestre. Si on le veut vraiment et que l’on travaille dur, c’est possible. Il faut bien sûr une part de chance, pour rencontrer les bonnes personnes et les bons chevaux. Malgré tout, avoir une structure à disposition et des personnes de son entourage qui disposent de connaissances est un grand avantage, par rapport à une jeune personne dont les parents ne sont pas familiers de ce milieu.

Le brillant Emmerton au Winter Equestrian Festival. © Sportfot

“Représenter son pays, faire partie de son équipe nationale est toujours quelque chose de spécial à mes yeux”

En tant que représentant de la jeune génération, que symbolisent les Coupes des nations pour vous ? Leur intérêt vous semble-t-il toujours aussi fort ?

Oui, évidemment ! Lorsque les gens me demandent quel est le plus beau souvent de ma carrière jusqu’à maintenant, je réponds toujours qu’il s’agit de ma première Coupe des nations Séniors, que j’ai disputée à Dublin. Représenter son pays, faire partie de son équipe nationale est toujours quelque chose de spécial à mes yeux. Je suis très fier d’avoir pu porter les couleurs des Pays-Bas. C’était un moment marquant pour moi et j’espère avoir l’opportunité de disputer d’autres belles Coupes des nations cette année. En tout cas, c’est toujours un grand honneur et plaisir de participer à ce genre d’épreuve.

Pourtant, l’avenir de ces compétitions mythiques, et notamment celui du circuit principal de la Fédération équestre internationale (FEI) est soumis à de nombreuses discussions ces dernières semaines, qui pourraient découler sur plusieurs changements. Comment appréhendez-vous cette possibilité ?

C’est une question difficile. Je pense que les gens de chevaux, qui connaissent les spécificités de notre sport, sont très contents du système actuel. Si on demande aux cavaliers ce qu’ils en pensent, la plupart apprécient et comprennent ce format. Mais, comme avec les derniers Jeux olympiques, j’entends que nos instances souhaitent trouver un moyen de rendre notre discipline plus compréhensible pour les spectateurs novices et tenter d’attirer une audience plus importante, notamment à la télévision. Pour les Coupes des nations que nous avons ici en Europe, et toute la série en générale, je préférerais que l’on conserve le fonctionnement actuel. Je trouve que c’est une bonne façon de faire, d’autant que le joker permet de ne pas toujours mettre une immense pression sur les chevaux et de ne pas les forcer à terminer leur parcours en cas de problème. J’aime beaucoup ce système, mais, encore une fois, je comprends que pour les Jeux olympiques l’affaire soit différente et qu’il soit nécessaire de réfléchir à rendre l’événement plus attractif pour quelqu’un qui ne connaît pas le saut d’obstacles.

La généreuse et talentueuse Hallilea. © Sportfot



“Je suis un fan de musique”

En mars dernier, vous avez intégré la promotion 2023 de la Young Riders Academy. Qu’attendez-vous de ce programme ?

Ce pourquoi j’ai postulé : apprendre. Je pense qu’il s’agit d’une super plateforme pour élargir ses connaissances, évidemment sur l’aspect pratique, mais aussi en dehors du simple fait de monter à cheval. Ils offrent de nombreux cours et autres masterclass, liés à l’équitation mais aussi à tout ce qui entoure notre sport. Je veux juste devenir un meilleur cavalier, un meilleur homme de cheval. C’est ce qui m’a attiré dans cette académie.

Lars Kersten, au premier plan, lors des tests d'entrée de la Young Riders Academy. © Fabio Petroni/Young Riders Academy

Quels objectifs nourrissez-vous pour 2023 ?

Comme je l’ai dit, j’aimerais beaucoup courir quelques belles Coupes des nations. Si tout continue sur cette voie, je crois que cela se présente plutôt bien et que ce sera possible. Ce sera mon centre d’attention principal pour la saison estivale. 

Vous qui avez pris part à sept championnats d’Europe Jeunes, de 2013 à 2019 sans interruption, pensez-vous aux grandes échéances à venir ?

Oui, bien sûr, c’est toujours un objectif. Je ne sais pas si cela sera possible cette année, mais je vais tenter d’être aussi proche que possible du peloton de tête. Prendre part à un championnat Sénior est un rêve et quelque chose vers quoi je vais travailler. J’ai également un frère jumeau (Niels, ndlr), qui est aussi dans les chevaux. Il vient tout juste de rentrer à la maison pour gérer à nouveau les écuries. Travailler avec lui aux écuries, gérer le business de la bonne façon et développer notre activité est aussi quelque chose sur lequel je veux me concentrer.

L'équipe batave récompensée d'une médaille d'or lors des championnats d'Europe Jeunes cavaliers de Zuidwole. © Leanjo de Koster/FEI

L’équipe néerlandaise de saut d’obstacles se renouvelle, avec l’apparition de nouveaux visages pour épauler les cadres habituels. La concurrence ne doit en être que plus forte, non ?

Oui, exactement. Je crois que la Hollande a toujours été une nation qui fait émerger de jeunes et talentueux cavaliers. De fait, nous avons toujours de nouveaux noms qui montent. Je crois que ce n’est que positif d’avoir constamment de nouvelles générations qui frappent aux portes du grand sport.

Enfin, en dehors de vos activités équestres, avez-vous d’autres hobbies ?

J’aime beaucoup les autres sports en général. Je regarde beaucoup de football et de Formule 1, seul ou avec mon frère. Je suis également un fan de musique, alors j’en écoute beaucoup. Et c’est à peu près tout !Hallilea, brillante fille de Quamikase des Forêts. © Sportfot

Photo à la Une : Lars Kersten et Hallilea. © Sportfot