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“Je rêve de disputer les Jeux olympiques, mais ma priorité sera toujours de faire les bons choix pour mes chevaux”, Matthew Sampson (2/2)

Matthew Sampson fonde de grands espoirs en Un Secreto, qu'il estime être l'un des meilleurs chevaux qu'il aie jamais monté.
Interviews mercredi 3 décembre 2025 Mélina Massias

Face à ceux de ses pairs, le système et le programme de compétition de Matthew Sampson ont de quoi détonner. Authentique passionné, le Britannique privilégie toujours ses chevaux avant ses propres intérêts sportifs. Daniel, Ebolensky, Fabrice DN ou encore Geneve R, partenaires de quelques-unes de ses plus belles victoires internationales, bénéficient ainsi de longues périodes de repos, le plus souvent passées au pré, entre quelques sorties choisies avec soin. Soixante-dix-huitième mondial, le sympathique trentenaire a participé à son premier grand championnat Sénior cet été, à La Corogne. Pour l’occasion, il avait sellé Medoc de Toxandria, dont son ami Tim Gredley lui avait prêté les rênes cette saison, le temps de se remettre d’une blessure au genou. Cette confiance, Matthew Sampson se l’est aussi vu accorder par la famille Davenport et Angelie von Essen tout au long de la carrière de Daniel, un étalon de dix-sept ans qu’il décrit volontiers comme le cheval de sa vie. Aux commandes de la florissante écurie Maplepark Farms aux côtés de sa fiancée, la Canadienne Kara Chad, le représentant de l’Union Jack poursuit ses rêves, entre haut niveau, formation, élevage et écoute de ses partenaires à quatre jambes. Parti de rien, il savoure avec humilité le chemin parcouru. Dans un entretien à découvrir en deux parties, il revient sur son parcours, évoque ses montures, son système et son amour inconditionnel pour les chevaux.

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

Depuis les Jeux olympiques de Paris, la Grande-Bretagne ne rate rien. La forme de votre nation est remarquable !

Oui, les résultats obtenus par l’équipe sont exceptionnels. Je crois que notre effectif est solide et que de nouveaux visages émergent pour soutenir les piliers que sont Scott Brash et Ben Maher. Donald Whitaker a été incroyable toute l’année, tout comme Adrian Whiteway. Jessica Mendoza aussi a réalisé de super performances aux championnats d’Europe ! Harry Charles, Ben, Scott, Donald, Adrian ou Jessica sont tous d’incroyables coéquipiers. Nous avons aussi la chance d’avoir Di Lampard, notre cheffe d’équipe, et Stanny van Paesschen (conseiller technique de l’escouade britannique de saut d’obstacles, ndlr). En tant que collectif, nous nous unissons tous pour nous entraider. Nous avons hâte de voir ce que l’année prochaine nous réserve !

Matthew Sampson loue les qualités et la grande forme du clan britannique. © Sportfot

En septembre, la Grande-Bretagne a remporté la Coupe des nations du CSIO 5* de Calgary, un endroit cher à votre cœur où vous avez notamment remporté votre premier Grand Prix 5*. Comment avez-vous vécu ce succès, dont vous faisiez partie avec la bouillonnante Ebolensky (Clinton x Heartbreaker) ?

C’était incroyable ! Calgary est un lieu très symbolique pour moi. Y remporter la Coupe des nations a donc été vraiment génial. Encore une fois, l’état d’esprit de l’équipe était très bon. Et j’ai encore manqué de chance ! Initialement, j’avais prévu de monter Daniel (Heartbreaker x Cavalier) dans cette épreuve, mais il n’était pas au meilleur de sa forme. Alors Ebolensky l’a remplacé ! Mon plan était de l’engager dans de petites épreuves. Elle a donc dû se mettre au niveau et je trouve qu’elle a été super (la grise a bouclé deux parcours à huit points, ndlr). Partager ce moment en équipe était génial. Joe Stockdale a été incroyable, Donald, qui partait en dernier, aussi et Ben a produit deux tours parfaits, comme toujours. Ajouter nos noms à ceux de John et Michael Whitaker, Nick Skelton, Geoff Billington ou Harvey Smith sur le trophée est un honneur. 

À Calgary, où il passe la plupart de ses étés et où il a remporté son premier Grand Prix 5*, le Britannique faisait partie de l'équipe victorieuse de la Coupe des nations du CSIO 5* en septembre. © Sportfot

Vous avez fêté dignement cette victoire. Profiter des succès est aussi important, n'est-ce pas ?

Assurément ! J’y pense toujours. Nous travaillons dur et je crois qu’il est important de célébrer ses réussites, pour les fans, pour le public, mais aussi pour les chevaux, qui sentent les émotions positives.

Comment se porte votre bouillonnante Ebolensky, qui aura dix-sept ans en 2026 ?

Elle est en pleine forme ! Elle profite de quelques semaines de tranquillité et j'établirai ensuite un plan pour elle. Elle ne fait pas beaucoup de concours (treize dont neuf de niveau 4 et 5* en 2025, principalement sur des séries d’événements consécutifs, ndlr). Elle a seize ans et est une jument géniale. Elle est très spéciale et l’opposée de DanielOn ne peut pas lui dire quoi faire et elle est différente à monter chaque jour ! Elle est très bondissante et a une énorme personnalité. Je dois vraiment aller dans son sens. Elle m’a beaucoup appris, notamment sur les chevaux sensibles et ayant beaucoup de caractère. Pour l’amener à faire quelque chose, la meilleure stratégie est de la caresser et de lui demander autre chose ! (rires) En piste, elle donne tout. Je plaisante toujours en disant que plus elle rend ma vie compliquée, plus elle se transcende en piste. Lorsqu’elle est plus calme, elle n’est pas complètement à son affaire. À Londres (lors de la victoire du duo dans le Grand Prix secondaire du CSI 5*-W en 2022, ndlr), par exemple, elle ne voulait pas sauter à la détente. J’ai franchi deux obstacles à 1m puis on est entré en piste et Ebolensky été merveilleuse !

Matthew Sampson reconnaît que sa chère et atypique Ebolensky lui a beaucoup appris. © Sportfot

Daniel a sans doute été votre plus fidèle complice ces dernières années. Comme pour Medoc de Toxandria, vous n'êtes pas le seul à le monter, puisqu'il apparaît de temps à autres aux côtés d'Angelie von Essen. Que représente ce cheval à vos yeux ?

Oh, Daniel ! Daniel est le cheval d’une vie pour moi. Il est extraordinaire. Il n'y a pas assez de mots pour dire tout le bien que je pense de lui. Je suis très chanceux que la famille Davenport et Angelie von Essen me laissent le monter. Avec Ebolensky, il est le cheval avec lequel j’ai connu le plus de succès au niveau 5*. Notre système fonctionne bien. Il vit chez la famille Davenport, où il a le même box depuis ses deux ans. Il en a aujourd’hui dix-sept. Je passe le prendre avant les concours et c’est comme si nous partions à l’aventure tous les deux ! Après les compétitions, il retourne chez lui. 

L'étalon Daniel, dix-sept ans, vit à l'année chez ses propriétaires et ne rejoint le sympathique Britannique que pour concourir sur la scène internationale ! © Sportfot

Quid de Fabrice DN (Emilion x Baloubet du Rouet) et Geneve R (Eldorado vd Zeshoek x Caspar, alias Berlin) ? Comment se portent-ils ?

Ils sont tous les deux à la maison. Geneve a eu pas mal de repos. Il occupe aussi une place à part dans mon cœur. Lorsqu’il est arrivé chez moi, il ne refusait catégoriquement de sauter. Il était assez facétieux et avait beaucoup de tempérament. Lorsqu’il a eu le déclic, il a obtenu de super résultats ! J’espère pouvoir le relancer en compétition l’an prochain. Fabrice ne fait pas beaucoup de concours non plus. Il m’a offert ma première victoire en Grand Prix 5* et lui aussi compte beaucoup à mes yeux. Comme Geneve, il a un mental un peu délicat. Tout doit être absolument parfait pour qu’ils aillent en concours. Je m’attache davantage à leur bonheur qu’à les emmener sur des événements. Ils ne sont peut-être pas aussi réguliers que Daniel et Ebolensky en termes de résultats, mais ce sont deux super chevaux. Ils vivent au pré. Tous nos chevaux vivent des vraies vies de chevaux à la maison. C’est ce qu’il y a de mieux pour eux.

Fabrice DN, ici en photo, et Geneve R, deux chevaux chers au cœur de Matthew Sampson, profitent d'un programme allégé et d'une vie au pré. © Sportfot



Daniel, Ebolensky et Fabrice prennent de l’âge. Avez-vous des montures auxquelles ils puissent transmettre le flambeau ?

Oui, nous avons plusieurs jeunes chevaux. J’ai également Un Secreto (Ultra Boy x Arko III), en lequel je fonde beaucoup d’espoirs. Je pense sincèrement qu’il s’agit de l’un des meilleurs chevaux que j’aie jamais eu. Il est encore un peu vert et inexpérimenté, mais, selon moi, il a tous les ingrédients d’un top cheval (l'alezan a notamment terminé quatrième du Grand Prix 4* de Canteleu en mai, ndlr). Lyon était le premier indoor de sa vie, ou presque. Malgré tout, il s'est classé quatrième d’une épreuve à 1,50m. Je suis vraiment impatient de voir ce que l’avenir lui réserve ! J’ai aussi un autre très bon cheval en Clayton (Cicero van Paemel x Thunder van de Zuuthoeve), qui prend neuf ans en 2026. Je pense qu’il s’agit d’un super atout. Ensuite, nous avons beaucoup de chevaux de sept ans. Entre Kara et moi, nous avons six représentants de cette classe d’âge qui semblent très, très prometteurs. Nous pouvons aussi compter sur de bons lots de six, cinq et quatre ans, jusqu’aux poulains de l’année ! Cela nous permet d’avoir toujours un bon effectif et de les aider à révéler leur potentiel.

Encore inexpérimenté, le tout bon Un Secreto pourrait bien livrer tous ses secrets dès l'année prochaine. © Mélina Massias

Comment avez-vous croisé la route d’Un Secreto ?

Je l’ai vu sauter quelques fois avec Nina Fagerström, qui l’a fait naître et élevé. Nous avons parlé de lui et je l’ai essayé. Je l’ai beaucoup aimé, mais nous n’avons pas trouvé de terrain d’entente pour conclure la vente. J’ai continué de le suivre d’un œil et Nina l’a gardé un peu plus longtemps à ses côtés. La situation est devenue plus favorable de mon côté, alors j’ai rappelé Nina qui, par chance, était toujours partante pour le vendre ! Je l’ai acheté durant le Sunshine Tour, en début d’année. C’était le destin ! J’ai toujours été intéressé par Un Secreto, il m’a toujours beaucoup plu et nous avons fini par être réuni. Souvent, le bon cheval finit croise la route du bon cavalier. Un Secreto et moi formons un chouette couple, je trouve. Et Nina était heureuse de me le vendre car nous sommes tous les deux roux ! (rires)

Le destin a fini par réunir le Britannique et cet alezan de dix ans. © Mélina Massias

Quels seront vos objectifs pour l’année prochaine ?

J’aimerais vraiment faire passer le cap du très haut niveau à Un Secreto, et faire progresser Clayton. Ce sont les deux chevaux sur lesquels je concentrerai le plus mon attention. Mes autres montures viendront en concours quand je les sentirai en pleine forme. Si je devais décrire mes chevaux, je dirais qu’ils ont tous plus de cœur que de moyens purs. J’ai conscience de combien ils se donnent pour moi. Alors, j’essaye de ne pas les solliciter trop souvent et de ne pas les faire trop sauter. Je choisis les compétitions qui sont les plus adaptées à leur particularités respectives et qui leur conviennent le mieux. En ce qui concerne Un Secreto, tout lui paraît facile ! Il a juste besoin de gagner en expérience. J’adorerais participer à un autre championnat et je pense que les championnats du monde seront notre objectif ! En parallèle, j’espère continuer à vivre de beaux moments avec nos autres chevaux. Le plus important pour moi est de les garder heureux et performants au niveau qui est le leur. Et c’est beaucoup plus difficile que bien des gens le croient ! Je rêverais de disputer les Jeux olympiques et participer à tous ces grands rendez-vous, mais tout dépend des chevaux que l’on a sous sa selle. Ma priorité sera toujours de faire les bons choix pour mes chevaux avant de penser à mes objectifs personnels. 

Comme Daniel, tous les chevaux des écuries Maplepark Farms bénéficient d'un planning de compétition très spécifique. © Mélina Massias

Vous développez votre propre élevage. Pouvez-vous en dire plus à ce sujet ?

L’élevage est une chouette activité. Nous avons de très bonnes juments, comme Carona (Untouchable 27 x Silverstone, une nièce d’Intertoy, ndlr), avec laquelle Kara a sauté les championnats du monde (de Tryon, en 2018, ndlr) ainsi que pléthore de Grands Prix et Coupes des nations 5*. Elle nous a déjà donné de super jeunes chevaux. Nous comptons aussi sur d’autres juments que nous avons montées par le passé. Ebolensky nous a par exemple offert deux pouliches, qui ont aujourd’hui cinq ans. Nous avons utilisé I’m Special de Muze (Emerald van’t Ruytershof x Nabab de Rêve), un étalon assez facile et franc. Nous nous sommes dit que ce serait un bon croisement avec Ebolensky, qui a quelques particularités. Du reste, nous utilisons beaucoup Daniel dans nos croisements. Nous adorons cette partie de notre métier ! Nous avons un endroit génial où nos chevaux d’élevage vivent et grandissent. Ils commencent désormais à être un peu plus âgés et à aborder les choses sérieuses, ce qui est palpitant. Nous essayons de choisir des étalons qui vont bien convenir à nos juments, mais nous veillons aussi à ne faire reproduire que des juments qui vont apprécier leur vie de poulinière et qui ont des chances de nous donner de bons produits.

Corinna, l'une des juments de neuf ans les plus compétitives de l'année, a été élevée par Kara Chad et Matthew Sampson. © Sportfot

En dehors des chevaux, y’a-t-il d’autres choses que vous aimez faire ?

Passer du temps avec ma famille est ce que je préfère faire lorsque je ne suis pas avec les chevaux. Mais je n’ai pas l’occasion de le faire très souvent. Cela me manque beaucoup. Mon frère et ma sœur ont tous les deux de jeunes enfants et profiter d'eux est un bonheur. Je rends visite à mes parents autant que je le peux. J’aime aussi voir mes amis et jouer au golf. C’est la seule chose qui me détourne vraiment des chevaux, car cela requiert beaucoup de concentration. Tout ce que nous faisons avec Kara tourne autour des chevaux. Où que nous soyons, que ce soit en concours ou en vacances, nous parlons cheval. Le seul moment où nous ne le faisons pas c’est quand nous dormons ! Tout est toujours lié aux chevaux, mais je ne changerai cela pour rien au monde. Ce n’est pas un travail : c’est notre vie.

"Où que nous soyons, que ce soit en concours ou en vacances, Kara et moi parlons cheval", rigole Matthew Sampson. © Sportfot

Photo à la Une : Matthew Sampson fonde de grands espoirs en Un Secreto, qu'il estime être l'un des meilleurs chevaux qu'il aie jamais monté. © Agence Ecary