Eugenio Garza Perez n’est peut-être pas le cavalier de saut d’obstacles le plus connu du grand public. Pourtant, le jeune homme de vingt-huit ans ne manque ni d’ambition ni de raison dans les objectifs qu’il se fixe. Avec son brillant Contago, qu’il considère comme le cheval d’une vie, le Mexicain s’apprête à disputer son cinquième grand championnat et ses deuxièmes Jeux olympiques. Retour sur le destin du natif de Monterrey, issu d’une famille aisée et, elle aussi, passionnée par les chevaux.
“Je crois que je dois ma vie aux chevaux”, sourit Eugenio Garza Perez, rencontré au cœur du restaurant du CHIO 5* d’Aix-la-Chapelle, un concours qui lui a plus que réussi ces deux dernières années. Avec Contago, le Mexicain a terminé cinquième du Grand Prix Rolex en 2023 avant de contribuer à la deuxième place de son équipe nationale dans la Coupe des nations en 2024, grâce à un double sans-faute. “J’ai découvert les chevaux grâce à mes parents. Ils montaient tous les deux à cheval et se sont rencontrés par ce biais. Lorsque j’ai commencé à grandir, j’ai voulu passer plus de temps avec ma mère. Elle montait à cheval et en faire de même était un bon moyen d’être à ses côtés. Une chose menant à une autre, voilà où j’en suis aujourd’hui”, reprend Eugenio. “Mes parents étaient tous deux d’excellents compétiteurs au Mexique. Ils n’étaient pas les plus connus sur la scène internationale, les voyages étant encore compliqués à cette période, mais ont évolué jusqu’en Grands Prix avec beaucoup de succès. J’ai été entouré de chevaux toute ma vie. Ils ont toujours fait partie de ma vie, que ce soit en compétition ou simplement par plaisir, dans le ranch familial. Mes grands-parents montaient aussi à cheval.” Pourtant, faire carrière en saut d’obstacles à haut niveau n’a pas toujours été une évidence pour le jeune homme qui vient de fêter ses vingt-huit ans. “Au départ, l’équitation était simplement une passion. Puis nous avons déménagé à Dallas, dans l'État du Texas, lorsque j’avais treize ou quatorze ans. L’idée de devenir professionnel a commencé à mûrir à ce moment-là. Au Mexique, il s’agissait plus d’un passe-temps et d’une façon d’être aux côtés de ma mère. Ce n’est qu’en arrivant à Dallas que tout a pris plus de sens et que cette passion s’est muée en profession.” Progressivement, cette possibilité fait son bonhomme de chemin dans la tête du jeune homme, sans s’imposer comme une décision claire et franche. “Les choses ont commencé à bien aller pour moi à cheval. Je me suis plus investi dans l’aspect sportif et les résultats sont arrivés. Quand les choses se passent comme ça, on commence à rêver. Dix, quinze ans plus tard, je suis ici, à Aix-la-Chapelle”, sourit-il. “Ce que je vis est un rêve. Tout le monde rêve d’en arriver là, mais de là à s’y attendre, c’est difficile.”
Des entraîneurs olympiques
Parmi ses influences, Eugenio cite l’Irlandais Eddie Macken, au départ de deux Jeux olympiques, deux Jeux équestres mondiaux, trois championnats du monde, sept finales de la Coupe du monde, sept Européens et reconnu pour ses qualités de coach, aux côtés duquel il a passé une longue période, le champion olympique de Rio Nick Skelton, qui a eu une influence primordiale dans son couple avec Contago, ainsi que Carlos Augusto “Guga” Myrrha, son entraîneur actuel, qui le suit depuis neuf ans et a vu passer sous sa selle certains des cracks du haras La Silla. “Guga est un atout considérable dans ma carrière. C’est une personne adorable, un super coach et nous avons créé une relation spéciale. Je pense que cela se ressent en piste”, loue le Mexicain. Et de reprendre : “Chaque personne qui a joué un rôle dans ma carrière avait ses spécificités. Certains m’ont plus apporté en tant que cavalier, d’autres sur l’aspect cheval ; je crois qu’il est important d’apprendre de différentes personnes, car ce sont des encyclopédies du sport. Je me sens chanceux d’avoir pu apprendre d’elles. Je m’inspire de tous les athlètes qui réussissent, peu importe le sport. Dans notre discipline, voir des Eddie Macken, Ludger Beerbaum, Steve Guerdat, Martin Fuchs et autres Ben Maher toujours au rendez-vous, année après année, et avoir une telle longévité est impressionnant.”
Eugenio n’occulte pas non plus l’influence de ses parents, sans qui il ne serait pas devenu cavalier professionnel. Son père, en particulier, lui aurait ouvert la voie d’un style quasi irréprochable en selle. Une qualité pour laquelle le Mexicain avait été récompensé à Aix-la-Chapelle, en 2023. “Recevoir ce prix était très significatif pour moi, surtout dans un concours comme celui-là, où il y a pléthore d’excellents cavaliers. Je pense que mon style vient juste de la façon dont on m’a appris à monter. Mon père était aussi très élégant à cheval. Cela vient peut-être de là, je ne sais pas”, s’amuse-t-il.
Après une tentative infructueuse de suivi mental, Eugenio préfère suivre sa propre méthode, qui semble porter ses fruits. “J’ai essayé de travailler avec un coach pendant quelques temps, mais cela n’a pas vraiment fonctionné. J’aime ma façon de faire. J’ai appris à appréhender les grandes journées, les moments qui comptent, comme n’importe quelle autre épreuve. C’est ce qui fonctionne le mieux pour moi. J’essaye de ne pas trop penser à mon état mental et suivre le cours des choses”, justifie le jeune homme, qui sait analyser ses forces et ses faiblesses. “En tant que cavalier, je pense que ma plus grande qualité est que je suis capable d’être très régulier. Lorsque je monte un cheval comme Contago, qui est déjà aguerri, je dois encore travailler sur le fait de ne pas vouloir gagner à tout prix, car cela mène souvent à la défaite. Une deuxième place est préférable à une sept ou huitième. J’ai le sentiment de ne pas avoir connu autant de réussite que j’aurais pu à cause de cette avidité de gagner”, complète l’intéressé.
Une carrière amenée à s’arrêter ?
En parallèle de sa carrière naissante, Eugenio a suivi des études en business, finance et management à l’Université de Miami. Un bagage nécessaire pour la suite. “Mes études ne me serve pas le moins du monde dans ma carrière équestre, mais elles sont l’essence de ce que je ferais plus tard dans la vie. Je ne pense pas que je serais cavalier professionnel pour le restant de mes jours. L’équitation redeviendra une activité secondaire à un moment donné. L’idée a toujours été que je rentre à la maison, au Mexique, afin de poursuivre le travail de mon père et de travailler avec mes frères dans l’entreprise familiale. Mais lorsqu’on a des possibilités comme celles qui sont les miennes aujourd’hui, on veut évidemment en profiter et en tirer le meilleur, moi comme mon père et ma mère. Alors, pour l’instant, je suis concentré sur ma carrière de cavalier”, révèle le Mexicain. Mais l’heure n’est pas encore à un changement de direction professionnelle pour Eugenio, et encore moins à quelques jours de ses deuxièmes Jeux olympiques.
La seconde partie de cet article sera disponible dimanche sur Studforlife.com…
Photo à la Une : Eugenio Garza Perez le poing serré à Aix-la-Chapelle avec Contago, son complice olympique. © Mélina Massias