À peine remise de ses émotions genevoises, Laura Vivière était déjà sur la route, direction Oliva, mardi 12 décembre. Depuis quatre ans, la sympathique jeune femme oeuvre auprès de l’Irlandais Mark McAuley. Dans le Grand Prix de Genève, la soigneuse et son cavalier ont vécu l’un des plus beaux moments de leurs carrières respectives grâce à la géniale et surprenante GRS Lady Amaro. Après un week-end riche en rebondissements, la groom a vécu des émotions fortes et sincères, qu’elle revit dans cet article.
Il y a dix jours, à Genève, Laura Vivière a vécu de véritables montagnes russes émotionnelles. Depuis quatre ans, la jeune femme prend soin des montures de Mark McAuley en compétition. “Je suis arrivée dans le grooming un peu par hasard. J’ai d’abord effectué une formation dans le monde équestre, puis j’ai souhaité m’essayer à autre chose. J’ai exercé le métier de commerciale pendant deux ans, dans une branche qui n’avait rien à voir avec les chevaux. Je me suis aperçue que ce n’était pas mon truc et je suis tombée sur une annonce sur Facebook. Christian Ahlmann recherchait un groom. J’ai fait un essai pendant un week-end, et cela a été une sorte de révélation. Je remercie Caroline Martin, qui m’a donné ma chance et m’a permis de m’occuper à la maison des meilleurs chevaux de Christian alors que je n’avais aucune expérience ! Cela m’a mis le pied à l’étrier”, sourit-elle. “Lorsque Caroline a décidé de partir, je l’ai remplacé en concours. Je suis restée en Allemagne pendant un an et demi, puis j’ai rejoint les écuries d’Eric Lamaze, où j’ai travaillé pour Kara Chad pendant deux ans. De nouvelles expériences se sont offertes à moi ; j’ai pu partir en Floride, j’ai pris part à la tournée à Calgary, nous avons vécu nos premiers Jeux équestres mondiaux ensemble, etc. C’était génial et j’ai vécu de très grandes émotions. Et puis, il y a quatre ans, on m’a appelée pour me proposer de venir travailler pour Mark, à La Tuilière. J’ai pris un peu de temps pour réfléchir et je suis venue. Je ne regrette vraiment pas ma décision ! Nous avons de super conditions de travail, dans une région géniale. Je me suis également rapprochée de ma famille et je pense avoir trouver un bon équilibre ici. Nous avons une super équipe à la maison. Charlotte et Mark sont des gens très bien et à l’écoute. C’est important de trouver une écurie qui partage notre vision des choses, que ce soit pour les chevaux ou tout le reste.” Et la deuxième place de l’attachante GRS Lady Amaro, dimanche 10 décembre, dans le difficile Grand Prix Rolex de Genève est venu récompenser l’investissement et le travail de toute cette belle équipe, Laura Vivière en tête.
Un résultat inattendu
“J’ai la chance que les écuries soient très proches du CHI de Genève. Je suis donc venue en début de semaine afin de préparer mes boxes avant le début du concours. Nous avions également l’obstacle aux couleurs de La Tuilière à emmener afin qu’il puisse être installé sur la piste. Je suis donc venue en amont avec un de mes collègues et nous avons pu nous installer tranquillement. Cela m’a permis d’arriver sereinement et au dernier moment à Genève. Les chevaux ont ainsi été montés le matin à la maison, et ont passé la visite vétérinaire le soir à Palexpo”, retrace Laura.
Le lendemain, le coup d’envoi de la soixante-deuxième édition du CHI de Genève était donné. Première à fouler la piste de Palexpo, GRS Lady Amaro boucle un premier parcours parfait. De retour à l'œuvre dans le Trophée de Genève, l’alezane laisse une barre à terre. Rebelote vendredi en début d’après-midi, dans le Prix des communes genevoises. Si ces deux fautes semblent, sur le papier, anodines, le clan McAuley voit cela d’un autre œil. “Dans la première épreuve qualificative, Lady a commis une faute qu’elle n’a pas l’habitude de faire. J’ai commencé à me poser quelques questions… Le lendemain, elle a de nouveau encaissé une faute à peu près identique dans la seconde qualificative. Là, nous étions assez inquiets, car cela ne lui ressemble pas du tout. Par chance, notre ostéopathe, Nicolas Belin, était sur place. Il l’a suivie tout le week-end et l’a beaucoup aidée. Notre vétérinaire, Thierry Grisard, a fait le déplacement depuis Lyon pour s’assurer que tout aille bien. Nous étions alors qualifiés pour le Grand Prix, mais nous ne voulions pas y prendre part s’il y avait la moindre contre-indication pour Lady. Thierry Grisard l’a soulagée avec de l'acupuncture et cela a porté ses fruits. De mon côté, je l’ai beaucoup massée et lui ai fait faire des petites détentes à la longe. Mark a également adapté son travail, afin de la mettre dans les meilleures conditions possibles. Et tout cela a payé !”, rapporte la groom de la géniale jument irlandaise de dix ans. Alors que rien ne laissait vraiment présager une telle performance, la grande alezane, dont le potentiel s’est révélé ces derniers mois, a encore prouvé tout son talent et sa volonté de fer. “Lorsque que Lady a terminé deuxième place du Grand Prix, c’était un moment très fort en émotions ! C’est vraiment un sacré sentiment, d’autant plus après les aventures des jours précédents. Nous avons tout mis en œuvre pour l’aider. C’est aussi tout cela qui a rendu le moment encore plus beau pour nous !”, se réjouit la Française.
Émue aux larmes à l’issue du premier tour, Laura n’a pas caché son émotion. “J’étais simplement fière de ma jument”, glisse-t-elle sobrement. “Encore une fois, elle a tout donné à son cavalier. Mark a super bien monté, son parcours était propre et semblait tellement facile ! Juste avant le barrage, je me suis dit que nous avions déjà tout gagné. Et puis, avoir une relation comme ça avec Lady, et se dire qu’elle est capable de se donner à deux mille pourcents pour nous n’a pas de prix. Je crois qu’elle est faite pour accomplir de grandes choses. C’est une princesse ! (rires) Elle a réalisé une très bonne saison, sa première à ce niveau, et l’achève sur une très belle note. Elle n’a que dix ans et a fait énormément de sans-faute, dont un dans la première manche de la Global Champions League à Prague, où elle a été l’une des seules à réaliser cette performance, sur un parcours extrêmement difficile (cinq autres couples uniquement ont réussi à le boucle sans la moindre faute, ndlr). À Genève, elle a encore prouvé qu’elle était là et qu’elle veut toujours bien faire. C’est cela qui nous procure tant d’émotions.”
Un travail d’équipe, un soutien sans faille et des conditions de travail optimales
Dans ce week-end plein de rebondissements, Laura a pu compter sur la présence de ses proches. “Je dois notamment un grand, grand merci à Amandine, qui a été mon grand soutien du week-end”, sourit-elle, avant de souligner l’importance de toute l’équipe, trop souvent dans l’ombre, qui entoure les montures de Mark McAuley au quotidien. “Je pense qu’on ne parle pas assez du travail d’équipe qui est fait en dehors des concours. Que ce soient les personnes qui sont tous les jours à la maison, les grooms, dont Leïla, les cavaliers maison, comme Camille ; tous effectuent un travail primordial, sans oublier le maréchal-ferrant, le vétérinaire, l’ostéopathe, qui sont aussi toujours présents pour nos chevaux et jouent un rôle clef. Leur importance est capitale dans des performances comme celle que nous avons vécu à Genève.”
GRS Lady Amaro, qui était accompagnée par la prometteuse Esmeralda de Hus en terres helvètes, ainsi que leur fidèle groom ont aussi bénéficié de conditions d’accueil idéales, permettant, de fait, de maximiser leurs chances de réussite en piste. “Les chevaux étaient très, très bien installés à Genève. C’est le cas chaque année, mais encore plus celle-ci ! Nous avons eu la chance d’avoir de grands boxes, de quatre mètres par trois. C’est quelque chose de super pour nous. En plus, j’ai des chevaux assez grands, mais pas au point de justifier d’avoir un double box. Cette initiative du CHI était vraiment super pour leur confort”, note la groom. “L’ambiance était également excellente. J’ai très bien vécu ce concours et je n’ai connu de stress pour aucune détente au paddock. Si Mark était stressé, cela ne s’est pas vu ! Nous étions dans un très bon état d’esprit. Nous avons aussi l’avantage de toujours prendre le temps de bien faire les choses. Lady est naturellement assez stressée en indoor, donc il est important de rester calme et de lui donner du temps lors de la détente. Mark est très à son écoute et s’adapte à elle. C’est ce qui permet d’arriver à des performances comme celle-ci.”
Et de compléter, concernant l’organisation générale de l’événement : “Je pense que Genève est le meilleur concours de la terre ! Tout est mis en place pour nous aider, dès notre arrivée. Il y a une équipe de bénévoles géniale qui s’affaire partout dans les écuries, toute la journée et est toujours aux petits soins pour nous. Il n’y a qu’à Genève que l’on voit ça. Nous avons de la place, les camions sont garés à l’intérieur, au chaud, les douches pour les chevaux disposent d’eau froide et chaude. C’est un luxe de pouvoir doucher les chevaux à l’eau chaude après les performances qu’ils réalisent à chaque parcours. Nous avions aussi de la glace à disposition pour leurs soins, ce qui était très pratique après les épreuves. Tout le monde est très sympa et la stable manager fait un super boulot.”
Parmi ses nombreux éloges, Laura évoque toutefois le programme bien rempli. “Je ne dirais pas qu’il s’agit de quelque chose de négatif, mais nous avons des horaires à rallonge. C’est aussi le jeu des concours en indoor. Nous commençons tôt et finissons tard et avons de grosses journées. Toutefois, je sais que toutes les équipes du CHI mettent tout en œuvre pour nous apporter le plus de confort possible”, plaide-t-elle. Contrairement à d’autres événements, Genève a, cette année, dégagé ses plages horaires matinales pour les cavaliers, chevaux et grooms disputant le label 5*. Si cela ne dispense pas les soigneurs de se lever aux aurores pour nourrir et prendre soin de leurs amis à quatre jambes, cela leur enlève peut-être un peu de pression et ne les contraint pas à attendre leur cavalier dès 8 heures du matin sur le paddock de détente.
Un pas de plus vers Paris ?
Dans l’ombre de GRS Lady Amaro, star du week-end, Esmeralda de Hus n’a pas démérité. “Nous étions vraiment contents de son sans-faute jeudi. Elle a fait une faute sur le dernier dans l’épreuve majeure du samedi, mais c’était un bon parcours. Il y a quelques mois, personne n’aurait parié sur elle ! Esmeralda est une grande timide et elle se révèle au fur et à mesure. Oslo et Helsinki ont été ses premiers concours majeurs, et elle ne cesse de nous étonner. Elle commence à prendre confiance en elle, et je pense que ma collègue Leïla lui a vraiment donné la chance de pouvoir s’exprimer et gagner en assurance. Je pense qu’Esmeralda a besoin que nous croyions en elle plus qu’elle ne le fait elle-même. Plus nous le ferons, plus elle se donnera”, estime Laura.
À l’inverse, GRS Lady Amaro, que la soigneuse connaît depuis plusieurs années, l’alezane ayant débarqué à La Tuilière il y a deux ans, en provenance des écuries du cousin de Mark McAuley, a une personnalité beaucoup plus affirmée. “Lady est très spéciale. Il faut vraiment la vouvoyer. Elle arrive très bien à se faire comprendre. Elle sait dire les choses ; il faut juste l’écouter. J’ai une connexion très forte avec elle. Je passe beaucoup de temps avec elle en concours et j’ai appris à la connaître. Je pense que notre relation se renforce au fil du temps. Nous avons confiance l’une en l’autre. J’espère qu’elle fera de grandes choses, parce qu’elle le mérite et elle en a envie”, loue Laura. “Esmeralda et Lady ont vraiment deux personnalités différentes. Lady s’impose devant les autres pour se faire entendre, tandis qu’Esmeralda a besoin d’être rassurée. Il faut qu’on lui dise ‘fais toi confiance, tu en es capable’. En revanche, toutes deux s’entendent très bien. Je pense qu’elles se parlent et communiquent entre elles, et l’une donne confiance à l’autre.”
Désormais, et après cette performance de haut vol à Genève, Laura rêve d’autres “belles performances sportives”, mais pas que. “Nous avons quand même dans la tête un rêve olympique. Sera-t-il réalisable ? Je n’en sais rien, mais j’ai envie de le garder dans un coin de ma tête jusqu’au bout. J’ai envie d’y croire, parce que j’estime que nous avons une chance d’y aller”, assure la sympathique groom. En attendant de, peut-être, réaliser un exploit à Versailles, Laura Vivière semble avoir trouvé le parfait équilibre et beaucoup d’épanouissement entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Entre deux voyages à Oliva ou à Genève, elle s’offre le plaisir de sorties en compétition sans prise de tête sur le dos de son fidèle Artiste des Plaines, un hongre qu’elle a fait naître il y a presque quatorze ans et avec lequel elle a tout fait.
Photo à la Une : Laura Vivière et la formidable GRS Lady Amaro à la remise des prix du Grand Prix Rolex de Genève. © Mélina Massias