“Je crois que Comthago VDL apprécie ma façon de monter”, Hessel Hoekstra (2/2)

Au début de l’été 2022, le grand public se familiarisait avec le nom d’Hessel Hoekstra. Aux rênes d’Icoon VDL, neuf ans, le jeune Néerlandais signait une percée très remarquée au plus haut niveau, se classant dans les Grands Prix des CSIO 5* de Rotterdam et Falsterbo, avant d’être nommé réserviste lors des championnats du monde de Herning. Vendu dans la foulée, l’étalon KWPN a désormais un successeur : Comthago VDL. L’exceptionnel fils de Comme Il Faut a permis à son discret cavalier de retrouver les sommets et son équipe nationale cet été. Né au sein d’une famille passionnée mais non-professionnelle, Hessel Hoekstra tutoie ses plus grands rêves en gardant toujours en ligne de mire l’essentiel : ses chevaux. Rencontre.

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S’il a éclos aux rênes d’Icoon VDL en 2022, Hessel Hoekstra a retrouvé le devant de la scène grâce à un autre protégé du haras VDL en 2024. Avec la famille Van de Lageweg, le jeune Néerlandais a débuté une collaboration pleine de promesses il y a désormais quelques années. “Éric Wiefferink, mon patron, travaille avec eux depuis une vingtaine d’années, avec des chevaux de commerce. Le premier cheval qu’ils m’ont confié était un jeune étalon. Cela s’est bien passé et ils m’ont donné un autre cheval à monter, puis un autre, etc. Ce sont de super personnes”, loue Hessel. Installé au sein des écuries Wiefferink, à Wierden, aux Pays-Bas, le cavalier de Comthago VDL peut s’appuyer sur une solide équipe et un bon groupe de chevaux. “La fille d’Éric, par exemple, monte à cheval. Lorsque je suis en concours, les membres de notre équipe montent mes chevaux, notamment les jeunes. Dans mon piquet, j’ai un groupe de chevaux de huit ans qui m’accompagnent parfois, mais pas tous les week-ends. De fait, leur travail est assuré par les cavaliers des écuries et cela fonctionne bien”, détaille Hessel, qui doit aussi composer avec la saison de monte de ses étalons à la belle saison. “Lorsqu’ils sont très demandés à l’élevage, ils font peu de concours en été. En hiver, j’essaye de les faire remonter en puissance et pour l’heure, cela porte ses fruits.” 

L’évidence Comthago

Début 2024, un an et demi après avoir dit au revoir à Icoon VDL, Hessel croise la route du brillant Comthago. Déjà repéré à l’élevage, pour ses qualités de sauteur, son modèle harmonieux et ses origines intéressantes - le bai est un fils de Comme Il Faut, excellent reproducteur, un petit-fils du sire Carthago et de Joyous, alias Joyce I, une Holsteiner ayant évolué au niveau 5* avec Laura Kraut dans les années 2000 -, il débarque en provenance des écuries de Marlon Modolo Zanotelli. Sous la selle du Brésilien, qui avait lui-même succédé à Jur Vrieling, Alex David Gill et Marcel De Boer, Comthago prend de l’expérience en compétition et fait bonne impression sur ses premiers parcours à 1,45 et 1,50m du haut de ses neuf ans. 

“J’ai directement su que Comthago était un très, très bon cheval. Il avait la qualité nécessaire pour faire de belles épreuves, même si on ne peut jamais prédire ces choses-là avant de les avoir vraiment faites. Mais j'ai tout de suite eu un bon sentiment avec lui et une bonne connexion. Je crois qu’il aime bien ma façon de monter, aussi”, développe le Néerlandais, dont le sentiment ne le trahit pas. Dès sa première apparition internationale avec son Holsteiner, il se classe deuxième du Grand Prix U25 d’Amsterdam. S’en suivent quatre sans-faute en cinq Grands Prix de niveau 2 et 3* avant leur premier au niveau 5*. À Rotterdam, les deux complices bouclent deux clear rounds à 1,55 et 1,50m et achèvent l’épreuve reine du CSIO 5* avec une faute et beaucoup de promesses pour l’avenir… qui se concrétisent à Ommen, deux semaines après, avec une victoire dans le Grand Prix 3* à 1,55m. Après de nouveaux classements en Grands Prix 3* à Oliva puis Leeuwarden, puis dans le temps fort du CSI 4*-W de Poznan pour conclure l’année, Hessel et Comthago entame 2025 avec l’ambition de franchir un nouveau cap. Ils figurent en bonne position dans le Grand Prix secondaire du CSI 5*-W d’Amsterdam, puis enchaînent la Coupe des nations et le Grand Prix du CSIO 5* de Rome. S’ils ne signent pas de parcours parfaits en Italie, ils s’offrent la sixième place du Grand Prix du CSIO 5* de Rotterdam, vont à Aix-la-Chapelle et sont sélectionnés pour les championnats d’Europe de La Corogne. 

S’il faudra finalement attendre encore pour voir la paire évoluer en grand championnat, leurs atouts ne font plus aucun doute. “Comthago est un cheval génial. Si je monte bien et que je suis mon plan, en général, il est sans-faute. C’est une excellente qualité ! Je pense qu’un bel avenir l'attend. Il n’a finalement pas tant d’expérience que cela”, analyse Hessel. “Sur son dos, j’ai des sensations uniques. Il donne toujours le meilleur de lui-même dans sa manière de sauter. Parfois, j’ai envie de lui dire qu’il n’a pas besoin de sauter aussi haut, mais il est toujours très enthousiaste à l’idée de franchir des obstacles. Quand on le voit, il dégage quelque chose. Il ne laisse pas indifférent, ni à pied, ni en selle. Je suis très heureux de l’avoir à mes côtés.” Le Néerlandais a également pris plaisir à retrouver son équipe première. “C’est très agréable de faire partie de ce groupe. Tous sont d’excellents cavaliers et de bons amis. Cela rend les choses encore plus chouettes”, savoure celui qui a été médaillé d’argent de son championnat national en 2024 puis quatrième en 2025 avec son fils de Comme Il Faut, saluant au passage le travail de son chef d’équipe, qui a donné une chance à de nouvelles têtes cette saison. 

Des jeunes chevaux prometteurs

Désormais, cap est mis sur de prochaines échéances, en espérant enfin voir Hessel Hoekstra porter la veste de son équipe nationale lors d’un championnat mondial. En attendant, le Néerlandais n’en oublie pas son leitmotiv. “J’essaye de créer une bonne connexion avec mes chevaux, de les comprendre, de savoir ce qu’ils aiment ou non. Ce n’est pas toujours simple, mais cela me semble aussi primordial de très bien connaître ses montures”, plaide-t-il. Sur le vaste sujet du bien-être animal, le Néerlandais est aussi plein de bonnes intentions. “Nos chevaux sont bien traités”, assure-t-il. “Nous essayons aussi de montrer au monde que nous travaillons de la bonne façon avec eux. Ce n’est pas toujours simple de vulgariser cela aux yeux du grand public, mais nous devons continuer en ce sens. Nous avons beaucoup de personnes autour de nous, comme nos grooms, qui veillent au bien-être de nos chevaux.” Si cela ne suffit pas toujours à respecter les besoins fondamentaux des équidés et de garantir une bonne compatibilité entre sport et vie quotidienne, il s’agit tout de même d’un point de départ louable et positif. 

Ses convictions, Hessel tente de les suivre au mieux, et avec tous ses chevaux. Autour de Comthago, il peut compter sur VDL*Helena van Perbeemd (Eldorado vd Zeshoek x Cardento), une jument de treize ans vue jusqu’à 1,55m et dont il monte aussi la fille, Lena van Perbeemd (Amant M, alias Arezzo VDL), neuf ans. Derrière ses deux chevaux de tête, le Batave mise sur un trio de chevaux de neuf ans fort prometteur, composé de Madonna (Apardi x Zivago, alias Zavall), deuxième de la Chasse d’Aix-la-Chapelle et régulièrement sans-faute jusqu’à 1,50m cette année pour sa première saison sur la scène internationale, ainsi que des étalons VDL*Mindset ES (Aganix du Seigneur x Kannan), issu de la souche d’un certain Plot Blue, et Stargos VDL (Stakkato Gold x Conthargos). “Ils n’ont que huit ans, donc ils doivent encore apprendre leur métier, et on doit respecter leur rythme. Il n’est pas envisageable de les engager directement dans de grosses épreuves”, commente leur cavalier. À cet intéressant groupe de chevaux, s’ajoute Saltador Ter Putte, alias New Pleasure VDL (For Pleasure x Diamant de Semilly), un étalon de sept ans dont la mère est une propre sœur de l’excellent reproducteur Elvis Ter Putte. “New Pleasure est un chouette étalon. Avant la finale des Jeunes Chevaux à Aix-la-Chapelle, et hors barrages, il n’avait signé que des sans-faute sur la scène internationale cette année. Il est naturellement très rapide. Il n’est peut-être pas aussi spectaculaire que Comthago dans sa technique de saut, mais il me donne un très bon sentiment. Il est très intelligent et mesure parfaitement ses efforts, ce qui est gage de qualité. À Aix-la-Chapelle, il n’a pas non plus été impressionné par la piste, ce qui est encourageant pour la suite”, apprécie Hessel.

“J’aime aller dans le sens de mes chevaux”

Capable de s’adapter à plusieurs types de chevaux, des plus jeunes ou plus âgés, le jeune homme aime décrire son style en selle comme naturel. “J’aime vraiment aller dans le sens de mes chevaux, les laisser dans l’attitude qui leur plaît, sans leur mettre trop de pression”, glisse-t-il. Et de reconnaître : “Au plus haut niveau, je manque peut-être un peu d’expérience. Comthago n’avait jamais sauté ce genre d’épreuve avant d’intégrer mes écuries. J’avais, de mon côté, participé à quelques beaux concours, mais pas énormément. Je rêvais de concourir à Aix-la-Chapelle et d’en profiter. C’est quelque chose de très spécial.” 

D’Aix-la-Chapelle aux prés de son patron, Hessel s’intéresse à tous les maillons de la chaîne. “J’adore l’élevage. Je n’ai pas de poulinières, mais Éric en a. Et puis, en montant des étalons, cela m’attire forcément. J’aime voir les poulains de mes étalons. C’est vraiment très chouette ! Nous avons pas mal de produits de Comthago, qui me paraissent intéressants. Il a été très demandé par les éleveurs ces deux dernières années. Ses descendants les plus âgés ont sept ans. Il donne de bons chevaux, qui sont courageux et plutôt faciles à monter”, complète-t-il.

S’il devra encore patienter quelques années pour briller au sommet avec un ou des poulains de son cher Comthago, Hessel poursuit sa progression avec sérieux, ambition et détermination. “Il n’est pas vraiment mon entraîneur, mais Jeroen Dubbeldam m’aide beaucoup. Si j’ai besoin de quoi que ce soit, je peux toujours l’appeler et il me conseillera”, se réjouit le Néerlandais de vingt-cinq ans, qui aime, comme beaucoup de jeunes de son âge, profiter de moments avec ses amis, mais aussi s’aérer l’esprit avec une partie de football. De ses parents, qui l’ont toujours soutenu et encouragé dans sa carrière auprès des chevaux, en passant par Éric Wiefferink et les équipes VDL, Hessel Hoekstra peut compter sur un entourage solide pour continuer d’écrire sa belle histoire.

Photo à la Une : Hessel Hoekstra et Comthago VDL porteront-ils à nouveau la veste orange des Pays-Bas l'an prochain à Aix-la-Chapelle ? Affaire à suivre. © Dirk Caremans / Hippo Foto