“J’aimerais vraiment prendre part à un grand championnat”, Wilm Vermeir (1/2)
Dans les allées des concours, Wilm Vermeir n’est sans doute pas le cavalier qui fait le plus de bruit. Pourtant, ses dernières performances parlent pour lui. Grâce à son extraordinaire Iq van het Steentje, élevé par son père puis formé par son frère, le sympathique Diable Rouge, aussi discret dans la vie que dans ses aides lorsqu’il monte à cheval, a enflammé Malines il y a quelques semaines. Sa victoire dans le Grand Prix de la Coupe du monde Longines de Malines, la plus belle de sa carrière, est venue ponctuer une saison plus que réussie, entre classements dans les temps forts individuels de Saint-Gall, Varsovie et Grimaud, et performances en Coupes des nations, à Falsterbo, Deauville, Aix-la-Chapelle ou Hickstead. L’année 2023, elle, pourrait être synonyme de grand championnat. Premier en tête ? La finale du circuit indoor, prévue à Omaha, au printemps. Pour cela, le quadragénaire devra marquer une quinzaine de points supplémentaires, dès le week-end prochain, à Amsterdam. Sinon, son regard se tournera sans doute vers Milan et ses championnats d’Europe Longines. L’occasion d’évoquer les objectifs, les réussites ainsi que le parcours de ce pilote discret et talentueux, dans un entretien en deux épisodes.
Impossible de ne pas évoquer votre victoire dans le Grand Prix de la Coupe du monde Longines de Malines avec votre cher Iq van het Steentje (Toulon x Kannan). Comment vous sentez-vous depuis ce triomphe, vécu, qui plus est, devant votre public ?
C’était une victoire incroyable. Le premier parcours était déjà bien, mon cheval sautait d’une super manière. Le public était déjà vraiment derrière moi. Il y a eu directement trois sans-faute parmi les sept premiers passages. Ensuite, dans la première moitié de l’épreuve, il y a eu Daniel Deusser. En seconde partie, j’ai été le seul à ajouter mon nom à la liste des barragistes ! Alors, forcément le public a manifesté son enthousiasme en voyant un Belge sans-faute. Au barrage, je suis entré le dernier, et l’Allemagne était en tête. À la fin, peu importe qui gagne, mais tous les gens présents en tribunes me soutenaient et c’était formidable.
Vous avez pu compter sur la complicité de votre cher Iq van het Steentje lors de ce succès, sans doute le plus beau de votre carrière. Pouvez-vous revenir sur l’histoire de ce cheval ?
Mon père a loué la mère d’Iq (Atletha van het Steentje, ndlr) une année. Le propriétaire de la jument nous a offert un super arrangement, alors nous avons conservé l’affixe de son élevage, van het Steentje, et l’avons laissé figurer en tant que naisseur d’Iq, bien que ce soit en réalité mon père qui l’a élevé. À l’époque où nous avons loué la jument, je montais Toulon, donc notre choix d’étalon s’est porté sur lui. Depuis son sevrage, Iq a toujours été dans nos écuries. Nous avons pour habitude de dire que mon frère (Bert Vermeiren, ndlr) est son propriétaire. Il l’a monté à cinq ans, puis j’ai pris le relais à six ans. C’est vraiment chouette. Nous avons beaucoup hésité sur le fait de vendre ou non Iq, mais nous ne l’avons jamais fait. Et vous pouvez imaginer ce que cela signifie ; il a toujours été un bon cheval ! C’est très agréable d’obtenir ce résultat après avoir décidé de le conserver auprès de nous. L’an dernier, il a disputé quatre Coupes des nations au plus haut niveau : La Baule, Aix-la-Chapelle, Saint-Gall et Falsterbo. Nous avons connu une très bonne saison. À Malines, toute ma famille était là, c’était vraiment agréable. Mon frère me soutient énormément, mais il n’est pas toujours là à me dire quoi faire ; je gère Iq comme je l’entends. Il est venu nous voir dans le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, et dans celui de Malines. Je pense qu’il a dû en voir un autre en vrai, mais sans doute pas plus. C’était encore plus sympa de gagner !
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Lors de la conférence de presse qui a suivi la victoire de la Belgique dans la Coupe des nations de La Baule, en mai dernier, vous avez révélé qu’Iq est très sensible, notamment au bruit. Comment gérez-vous cela en piste, d’autant plus lorsque vous évoluez en indoor ?
Tout d’abord, je suis habitué à cela. Déjà parce que je suis un fan inconditionnel de Toulon, qui avait lui-même le même problème, comme nombre de ses produits. En compétitions, et notamment lors des étapes de la Coupe du monde, Iq porte une sorte de masque autour de ses yeux. Cela l’aide à rester concentré. Ensuite, en tant que cavalier, on doit rester très discret et le laisser se calmer. J’utilise ma voix, je lui parle et j’essaye de m’en sortir comme cela.
“J’espère que j’aurai l’occasion de monter autant de Coupes des nations qu’en 2022”
À quoi va ressembler la suite de votre saison ?
Nous allons déjà voir comment se déroulent les prochaines étapes de la Coupe du monde. Je vais prendre part à celle de Leipzig avec Iq (le couple a concédé une malheureuse faute après un parcours d’excellente facture, ndlr), puis à celle d’Amsterdam avec Joyride (Toulon x Pachat II). Si j’arrive à avoir quelques points supplémentaires, alors j'essaierai de me rendre à la finale. Si je décroche mon ticket pour Omaha, je miserai sans aucun doute sur Iq. Ensuite, nous nous dirigerons vers la saison extérieure. J’espère que j’aurai l’occasion de monter autant de Coupes des nations que cette année, mais cela dépendra de la forme du moment. Si je pouvais connaître la même année qu’en 2022 en termes d’opportunités, je serais très heureux ! J’ai beaucoup appris de la saison dernière, alors si je pouvais mettre cette expérience à profit et faire encore un peu mieux, ce serait super. Mais l’année 2022 a déjà été excellente.
Après votre très bon week-end à Saint-Gall, marqué par un sans-faute dans la Coupe des nations et une deuxième place dans le Grand Prix, vous avez confié à Puissance Magazine que cette saison était “à encadrer” pour vous. Depuis le mois de juin, les bonnes performances se sont encore multipliées !
Oui, c’est super ! J’ai commencé 2022 avec quelque chose que je n’ai pas fait cette année : je suis allé à Al Shira. J’ai pris part à trois concours là-bas. Mes chevaux y sont restés un mois. Mes deux meilleures montures du moment, Iq et Joyride, étaient sur place. Désormais, comme je peux prendre part à quelques étapes de la Coupe du monde, je suis resté en Europe. L’an dernier, en janvier, je devais être soixante-dixième mondial ; aujourd’hui, je suis le numéro trente du classement mondial. Par conséquent, je peux choisir un peu plus mes concours. J’espère rester dans cette position et que Joyride et Iq puissent encore sauter de longues années.
À vos yeux, que représente votre position au classement mondial ?
Oh, j’en suis vraiment fier ! Mes chevaux prennent de l’âge, mais j’en suis aussi très fier, parce que cela veut dire quelque chose : que nous avons, évidemment, la patience d’attendre, de les conserver, mais aussi qu’ils sont en excellente santé et qu’ils se sentent bien. C’est aussi une preuve de horsemanship. Ce ne sont pas des chevaux qui ont huit ou neuf ans et dont on ne parlera plus à leurs onze ans. Dans leur cas, c’est un peu l’inverse. Le résultat que nous avons obtenu à Malines était génial, mais Iq se sentait très bien. Le triple était très difficile, mais il l’a franchi avec aisance. Et cela montre qu’il est toujours le cheval pétri de moyens qu’il était à neuf ans.
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“Nous sommes une nation avec une forte culture équestre”
Aussi surprenant soit-il, vous n’avez jamais disputé un championnat majeur en Séniors avec l’équipe belge. Vous ne deviez pas être bien loin dans l’esprit de Pieter Weinberg l’été dernier pour les championnats du monde de Herning. Ambitionnez-vous de décrocher une sélection pour les Européens Longines de Milan cet été ?
Bien que cela soit très difficile, oui, j’aimerai vraiment prendre part à un grand championnat. Cette année est une bonne occasion pour cela, mais cela va dépendre de la Coupe du monde. Si j’arrive à continuer sur ma lancée, que tout se déroule bien et que je peux participer à la finale du circuit, alors la saison va être longue pour Iq, surtout si on ajoute une potentielle sélection pour les championnats d’Europe… Mais, bien sûr, je vais tenter ma chance ! Ne pas aller à Omaha serait presque mieux pour viser Milan et faire un programme aux petits oignons afin qu’il soit en top forme au bon moment. Notre chef d’équipe, Peter Weinberg, fera sa sélection et ne l’annoncera pas longtemps à l’avance, ce qui est normal. Il faut être en forme pour le championnat, pas un an à l’avance.
Les rangs de l’équipe belge sont sacrément bien garnis. Quel regard portez-vous sur votre collectif national ?
C’est super. Nous sommes une nation avec une forte culture équestre, mais nous sommes aussi là les uns pour les autres. J’étais très concentré entre les parcours à Malines, et je n’ai pas parlé avec les autres Belges avant le barrage. Cependant, je sais que si je me tourne vers eux et que je leur demande quelque chose, il y a de grandes chances qu’ils viennent me prêter main forte immédiatement. J’ai également une bonne relation avec Kevin Jochems. Avant de monter mon barrage, il m’a dit quoi faire. Avec mes collègues belges, nous sommes tous sur la même longueur d’onde. Nous n’avons pas de problème entre nous, bien au contraire. Nous sommes une équipe très forte.
Cette année, sur quels chevaux allez-vous pouvoir compter à haut niveau ?
Il y a évidemment Iq, et je pense que Joyride pourra s’inscrire à un niveau similaire dans notre programme de concours. Joyride a beaucoup donné et il gagne énormément. Il est assez rapide. Iq, quant à lui, est parfois un peu sur l'œil. De fait, ils sont plutôt complémentaires. Je pense que Joyride fera les mêmes choses qu’Iq cette année.
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Quid de vos jeunes chevaux ? Certains vous semblent-ils prometteurs pour l’avenir ?
Oui, nous avons de jeunes chevaux intéressants. Nous sommes très fiers d’eux. Pour certains, nous n’hésitons pas à dire “ce sont de très bons éléments”. Nous en avons deux qui prennent huit ans et un qui aura sept ans cette année. C’est de bon augure pour le futur.
La suite de cette interview sera à retrouver ici.
Photo à la Une : Wilm Vermeir et son excellent Iq van het Steentje à La Baule. © Mélina Massias