“J’aimerais pouvoir, un jour, monter et présenter des parcours à 1,60m !”, Côme Couturier

Installé depuis toujours aux écuries de La Vayrie, structure familiale fondée par son père Sébastien Couturier en 1994, Côme Couturier a décidé de prendre son destin en main. Le Breton d’origine navigue désormais entre sa terre natale et la Normandie pour concrétiser ses ambitions professionnelles. Victorieux en novembre dernier du Grand Prix Pro 1 à 1,45m de Saint-Lô aux rênes de sa talentueuse A La Miss de Busséol, le cavalier de saut d’obstacles est aujourd’hui accompagné de quatre chevaux et fourmille de projets : élevage, compétition, narration… Au tour du speaker, une autre des cordes présentes à son arc, de passer de l’autre côté du micro ! Entretien.
Comment allez-vous et comment se déroule votre période estivale ?
Je vais très bien ! Je suis en direction de Deauville pour être speaker au Jump’Estival by ESSEC (l’interview a été réalisée le 24 juillet, ndlr), un concours national. N’ayant actuellement plus de chevaux d’âge pour être compétitif, j’ai décidé de prendre le micro pour continuer à m’occuper le week-end. Cela me permet de rester présent en compétition d’une autre manière qu’en tant que cavalier.
Vous êtes installé à La Vayrie, près de Rennes. Quelle est l’histoire de cette écurie familiale, qui a fêté ses trente ans l’an dernier ?
Mon père en est l’instigateur. Son affaire, initialement orientée dans le commerce de chevaux, avait pris de l’ampleur, et il disposait donc d’un stock important de montures. Mais n’ayant pas la capacité financière d’embaucher une équipe dédiée au travail de la cavalerie, il a eu l’idée d’utiliser cette dernière pour créer un centre équestre et une écurie de propriétaires. Aujourd’hui, cette structure est polyvalente et organise également des concours.
Là-bas, c’est chacun son poste ! Vous concernant, il s’agit de la partie dédiée à la valorisation et au commerce. Pour quelles raisons ?
Nous avons naturellement réparti les postes en fonction de nos qualités personnelles. Mon père est un excellent gestionnaire, il peut tout faire. Avec ma sœur, disons que nous avons chacun nos spécificités. Elle présente un super relationnel avec la clientèle, en plus d’être très pédagogue. De mon côté, j’ai toujours eu l’esprit de compétition, en cherchant à vivre pleinement l’instant présent. J’ai connu les terrains de concours très jeune et l’envie de gagner de m’a jamais quitté. Par la suite, j’ai fait mes classes chez Bruno Rocuet, ce qui a été une expérience décisive dans mon choix de carrière. Grâce à lui, j’ai appris à comprendre les chevaux, leurs points forts comme leurs points faibles, et ce qui fait leurs spécificités. À son contact, j’ai eu la chance de monter d’excellents chevaux et me suis nourri d’une incroyable expérience professionnelle, ce qui m’a permis de prendre mon envol.
Quel a été votre parcours de compétiteur ? Était-ce une évidence de rejoindre l’entreprise familiale?
Mon parcours est assez classique. Comme de nombreux de cavaliers, j’ai débuté avec, en ligne de mire, les championnats de France annuels de Lamotte-Beuvron grâce à nos chevaux de club. J’ai franchi un cap lorsque mon père m’a acheté ma première jument, Pirouette des Parts (Verdi*HN x Laeken), avec laquelle je suis passé du niveau Amateur aux épreuves à 1,30m. Elle a ensuite été vendue et j’ai alors évolué avec une autre jument jusqu’à 1,40m, Starlette Lover (Drakkar des Huttins x Galoubet A). Par la suite, j’ai eu la chance de rencontrer les deux chevaux qui, à ce jour, m’ont offert les plus beaux parcours et les plus belles victoires de ma carrière. Il s’agit de Top Star du Park (Lando x Apache d’Adriers), un produit de l’élevage de Corinne Accary, en Bretagne, et d’A La Miss de Busséol (Norway de la Lande x Subis), avec qui j’ai sauté mes premiers Grands Prix 3*, le circuit du Grand National et des épreuves à 1,50m.
Pour l’heure, je navigue entre la Bretagne et la Normandie pour la formation de mes chevaux et mon activité de speaker qui se développe. Cela me permet d’être accompagné de mon ami et cavalier Valentin Besnard, installé du côté du haras de la Vallée, à Notre-Dame-d’Estrées, que j’apprécie beaucoup. J’ai pris cette décision dans la continuité de la formation des chevaux et pour privilégier la qualité à la quantité. J’ai eu envie de vivre et de faire autre chose, avec pour objectif de me perfectionner pour tendre vers le haut niveau. Être au contact des bonnes personnes ne peut que me faire progresser, et migrer en Normandie permet de côtoyer les meilleurs cavaliers français. À Notre-Dame-d’Estrées, notamment, il est possible de partager la piste avec Julien Épaillard, Kevin Staut, ou encore Pénélope Leprevost. De quoi s’inspirer !
Pouvez-vous nous présenter votre piquet ? Avez-vous déjà construit votre saison à venir ?
Mon piquet se compose de Kalifornium de Vayrie (Untouchable x Norway de la Lande), un gris foncé de cinq ans, fils de ma jument A La Miss. J’ai également Kimiko (Diamant de Semilly x Heartbreaker), que j’ai acheté à un an, et sa propre sœur Kiara d’Arcadie pour laquelle j’ai eu un véritable coup de cœur et en qui je crois énormément. Je peux également compter sur Kidaho d’Arcadie (Mylord Carthago x Old Chap Tame). Comme ils ont tous cinq ans, la saison à venir sera tranquille. Kidaho et Kalifornium avaient participé à la finale des quatre ans à Fontainebleau. Ayant été à la hauteur de mes espérances, j’ai décidé de programmer une année plus light afin de les préserver. Ils sont actuellement au pré pour profiter de leur été et continuer de grandir. L’an prochain, ils participeront aux épreuves réservées aux chevaux de six ans et, pourquoi pas, à des épreuves Pro si elles s’y prêtent.
Ici à Dinard, Côme Couturier et À la Miss avait remporté le Grand Prix 2* de Montfort-sur-Meu en 2024.© Maïon Noone
Vous vous êtes illustré à de nombreuses reprises sur les terrains de concours. Pourquoi vous être orienté vers le saut d’obstacles ?
C’est dans cette discipline que je me suis formé et que j’ai toujours évolué. C’est une discipline très inspirante qui m’a toujours fait rêver. Quand j’étais plus jeune, j’adorais me rendre au jumping de La Prévalaye, à Rennes, pour admirer les cavaliers sur la piste en herbe, notamment à l’occasion du Grand Prix à 1,50m. Je les idolâtrais en m’imaginant un jour à leur place. Je suis heureux de mon parcours, mais il n’est pas terminé et il me reste encore du chemin à parcourir.
Comment l’idée d’un élevage est-elle née ?
Je suis un passionné d’élevage ! Si je ne retenais pas grand-chose à l’école, cela n’a jamais été le cas au sujet des origines d’un cheval. Une fois en tête, elles sont ancrées dans mon disque dur ! (Rires) Mon père a fait naître des chevaux tout au long de sa carrière, avec environ deux saillies par an. Aujourd’hui, pour dénicher les perles rares, il faut avoir soit de la chance soit de l’argent. Acheter un bon cheval coûte très cher, et faire naître des chevaux à la maison engendre l’espoir de peut-être détenir la perle rare dans son champ ! Il y a sans doute une petite part de rêve : celle de me dire que j’ai fait naître mon futur cheval de Grand Prix. Pour mes chevaux, je fais attention à sélectionner une génétique qui me plaît, issue de bonnes lignées. J’ai actuellement quatre poulains, et ma jument de Grands Prix réalise des transferts d’embryons. À La Vayrie, l’espace manquait et nous ne sommes pas éleveurs, c’est un loisir. De fait, pour élever mes poulains, je me suis associé à Julie Papazian, de l’écurie des Lunes, dont c’est le métier.
Vous êtes également speaker lors d’évènements équestres. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette activité ?
J’ai commencé à présenter des épreuves pour trouver un équilibre financier et temporel. J’ai débuté il y a bien dix ans, à l’occasion d’un concours organisé à la maison où se tenait un Grand Prix à 1,40m. Mon père ne recrutait jamais de speaker, car cela représentait un budget supplémentaire. À l’issue de cette première expérience, les retours furent positifs ! Connaître les cavaliers et les chevaux en piste rend l’exercice très naturel, d’autant que j’ai le verbe facile. Je m’étais déjà prêté à l’exercice une ou deux fois il y a quelques années. Il y a eu un tel engouement que, petit à petit, les organisateurs m’ont appelé. Aimant cet exercice, j’ai saisi chaque opportunité et, aujourd’hui, je prends le micro régulièrement. Je m’y consacre davantage en ce moment, car j’ai du temps. Côté financier, cela me donne une plus grande liberté, car les chevaux sont très chronophages et demandent beaucoup d’investissement. En ce moment, je suis pas mal sur les routes, entre Deauville, Dinard et Notre-Dame-d’Estrées. Je roule ma bosse en attendant de voir où cela me mène !
En dehors de la sphère équestre, comment aimez-vous occuper votre temps ?
J’aime faire ce qui me plaît, comme pêcher ou me promener. Habitant à la campagne, j’apprécie aussi de me rendre en ville de temps en temps. Il était important pour moi d’avoir une vie en dehors des chevaux. C’est pourquoi j’ai pris le temps de voyager pendant trois mois en Australie, où j’ai remis ma vie en question. Je me suis retrouvé à être barman en haut d’un rooftop. C’est là que j’ai pris conscience des choses à voir et à faire, et de la possibilité de modifier ma trajectoire de vie par mes choix. J’en ai aussi profité pour apprendre l’anglais. Je suis arrivé à la conclusion que je ne veux pas me poser de limites : j’aspire à continuer de rêver et à me donner les moyens d’y arriver.
Quelles sont vos ambitions, personnelles et professionnelles ?
Mes objectifs sont clairs : réussir à valoriser quelques bons produits de mon élevage, et continuer à avancer et progresser avec les chevaux, que ce soit pour le commerce ou le sport. J’aimerais pouvoir, un jour, monter et présenter des parcours à 1,60m ! (Rires) Et, enfin, que toutes les personnes que j’aime s’épanouissent dans leurs activités et que l’on puisse continuer à travailler ensemble, de près comme de loin.
Photo à la Une : Côme Couturier et A la Miss de Busséol au CSI 3* de Megève en 2023. © Lamapix
En plus d’être éleveur et cavalier, Côme Couturier est également speaker sur de nombreux concours. © Côme Couturier