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“J’aime résoudre des puzzles et pour moi, chaque cheval en est un”, Tessa Falanga (2/3)

Tessa Falanga
mardi 28 janvier 2025 Mélina Massias

Passionnée par le karaté depuis sa plus tendre enfance, Tessa Falanga écrit la plus belle page de son histoire aux côtés des chevaux. Depuis avril 2021, la jeune femme de trente-deux ans prend soin des montures de l’Américain Karl Cook. Ensemble, tous deux ont gravi les échelons quatre à quatre, jusqu’à toucher le Graal du doigt, aux Jeux olympiques de Paris, l’été dernier, en compagnie d’une certaine Caracole de la Roque. Au détour d’un entretien réalisé à Genève, la groom, originaire de New York et désormais installée la plupart du temps en Californie, se raconte, évoque son métier, sa philosophie et certaines de ses expériences marquantes, dont celle vécue auprès d’Éric Navet. Une rencontre à découvrir en trois épisodes. 

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

Connu pour son perfectionnisme, ce que sa groom, Tessa Falanga, ne peut que s’empresser de confirmer, Karl Cook constitue une forme d’OVNI dans le monde équestre. Ouvert à une multitude d’autres choses, en lien étroit ou non avec les chevaux, l’Américain est en quête perpétuelle d’améliorations. Si ses pairs ne comprennent pas toujours ses prises de position, force est de constater que sa vision des choses est plus qu’intéressante. En tout cas, Tessa semble plus qu’apprécier la mentalité de son cavalier. “Il est effectivement très perfectionniste”, rigole-t-elle. “Mais j’apprécie ce trait de caractère, car je peux être exactement pareille ! Travailler avec lui est formidable, vraiment. Pour la façon dont son esprit fonctionne, son éthique de travail et le fait qu’il s’évertue toujours à être meilleur. On peut dire cela de tous les excellents cavaliers, c’est vrai, et chacun a sa propre façon de faire à ce sujet, mais je sais que Karl se surpasse vraiment. Il lit beaucoup, passe du temps aux écuries, essaye de nouvelles choses avec les chevaux et lorsqu’il rencontre un problème, il ne se dit pas ‘faisons cela parce que les autres le font’. Non. On sort des sentiers battus, on utilise les ressources à notre disposition et on trouve quelque chose qui fonctionne vraiment, même s’il s’agit de quelque chose dont personne n’a jamais entendu parler. Karl est ouvert à toutes les options. Et peu importe qui est à l’origine d’une idée ; il n’y a pas besoin que ce soit la sienne. Si l’idée est bonne, que ce soit celle d’un groom ou du vétérinaire, il est prêt à essayer. J’adore cela chez lui. Il est très inclusif, avec tout le monde. Avoir cette forme de liberté est très appréciable.”
Avec sa groom ou les personnes qui l'entourent, Karl Cook se montre particulièrement ouvert d'esprit. © Mélina Massias



Travail d’équipe

Si les déplacements en concours impliquent une certaine part de stress, de la rigueur et de la précision, afin de garantir que chaque détail soit parfait et maximiser les chances de réaliser une bonne performance, l’ambiance est beaucoup plus détendue au quotidien. “À la maison, nous avons une super équipe. Nous avançons tous ensemble au fil de la journée et c’est très chouette ! Nous sommes plus relax, écoutons de la musique, mais nous nous donnons tous à fond. C’est très plaisant”, confirme Tessa. Et d’ajouter : “J’aimerais vraiment souligner à quel point Pomponio est une structure incroyable. Il y a Karl, mais il y a surtout tout le monde et le programme qu’il a mis en place avec Éric, Philippe, notre vétérinaire, tous les grooms, managers, etc. Tout le monde s’allie pour rendre les rêves et les objectifs de Karl possibles. Faire partie de ce projet est très spécial et je suis très reconnaissante d’avoir trouvé ce poste ; je me sens comme chez moi. J’adore travailler pour cette écurie. Les gens ont beaucoup d’avis au sujet de Karl, et il partage le sien ouvertement. Je ne pense pas que ce soit un problème ; les gens devraient être ouverts sur leurs systèmes, leurs programmes, sur ce qu’ils font. Nous n’avons rien à cacher et plus on partage de connaissance, mieux c’est. Peu importe si certains pensent que c’est bête ou fou : il y a quelqu’un, quelque part, qui apprend grâce à ce partage. Essayer des choses différentes peut avoir du bon. Je ne peux que conseiller aux gens d’avoir une vraie conversation avec Karl et ils verront qu’il est extraordinaire. Il travaille tellement dur ! Je suis heureuse de faire partie de cette équipe et nous avons tous à cœur de soutenir Karl autant que possible.”

Tessa Falanga reconnaît l'importance de toute l'équipe de Pomponio Ranch dans son métier et la réussite de Karl Cook. © Mélina Massias 

Avec quatorze ans d’expérience à son actif, Tessa est plus que chevronnée. Pour autant, la jeune trentenaire aime garder les choses aussi simples que possibles dans son rapport avec les chevaux, qu’elle apprécie découvrir, comprendre et décrypter. “J’aime résoudre des puzzles et pour moi, chaque cheval en est un. Lorsqu’un nouveau cheval intègre notre piquet, on ne le connaît pas très bien. D’une certaine façon, c’est un puzzle. Et il faut comprendre où va chaque pièce pour que tout fonctionne, pour moi, pour Karl, pour le vétérinaire, pour tout le monde. J’adore cet aspect de mon travail. Il n’y a pas meilleur sentiment que de finir le puzzle ! C’est très gratifiant, même si, évidemment, une pièce peut tomber de temps à autre. Je dirais que c’est ce que je préfère dans mon métier”, sourit l’Américaine.

Caracole, une jument au tempérament de feu à apprivoiser

Avec Caracole de la Roque, Tessa a dû assembler un certain nombre de pièces avant d’aboutir à une relation “quasi-parfaite”. Avant que la fille de Zandor ne devienne sa protégée, la soigneuse savait déjà quelle formidable compétitrice elle était. Alors, son arrivée outre-Atlantique a forcément induit une forme de pression. “C’était forcément un peu stressant, parce qu’elle avait connu beaucoup de succès et qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver quand un cheval comme elle arrive dans un nouveau programme. Et même plus que ça : à l’autre bout du monde, dans un climat différent, un tout différent ! Cara avait l’habitude de vivre dehors, avec ses copains. Elle passe beaucoup de temps dehors chez nous, mais son espace est plus réduit et ce n’est pas pareil”, expose-t-elle. “Depuis son arrivée, je l’ai toujours adulée. L’idée était vraiment de prendre notre temps au début, s’assurer d’apprendre à bien la connaître. Nous savions que Cara est une dame à fort caractère ! (rires) Nous n’allions pas lui dire quoi faire, c’était plutôt elle qui allait nous dire ce dont elle avait besoin ! Je pense que le plus important était de rester ouvert d’esprit, de l’écouter et d’apprendre au fil du temps.”  Caracole de la Roque est parvenue à s'adapter à un tout nouveau système après avoir brillé avec Julien Epaillard. © Mélina Massias 



Si Tessa reconnaît encore aujourd’hui avoir quelques “discussions” avec sa chère Cara, avec laquelle elle partage le fait de pouvoir avoir un caractère bien trempé, toutes deux semblent presque inséparables. Entre siestes côte à côte au pré et performances XXL, le binôme fonctionne à merveille. “Parfois, je dois encore la faire revenir sur terre. Elle aime avoir la tête dans les nuages”, s’amuse-t-elle. “En fait, elle a deux facettes complètement opposées. À la maison, elle est douce, détendue. Elle a de l’énergie au travail, mais rien qui sorte de l’ordinaire. Elle est montée et passe sa journée dehors, ce qui lui convient bien. Elle est assez simple à gérer. En revanche, en concours, elle a cette énergie inépuisable ! C’est incroyable car elle peut prendre part à ces semaines de championnats sans problème, mais si on ne gère pas cet excès d’énergie correctement, cela peut devenir une entrave pour elle. Son énergie peut la propulser sur une autre planète ! (rires) Et dans ces cas-là, la ramener à la réalité est presque impossible. Sa personnalité est le mélange entre un agneau et un dragon !”

Tessa Falanga et Caracole de la Roque, les deux amies, profitent d'un moment de repos au pré. © Collection privée

Un cadeau d’anniversaire précieux

Au-delà de l’apprivoisement mené à pied avec Caracole de la Roque, Tessa a aussi participé à son travail sous la selle, en la montant régulièrement, prenant notamment le relais de son cavalier lorsque ce dernier est absent ou doit consacrer davantage de temps à d’autres montures. “Je prends beaucoup de plaisir à la monter. J’ai apporté ma pierre à l’édifice à son intégration au sein de notre système et la monter aujourd’hui est très satisfaisant. Elle n’est pas la plus simple, mais je la connais tellement bien que cela paraît désormais presque facile”, savoure-t-elle. 

Preuve de la confiance qu’il lui accorde, Karl Cook a offert un joli et symbolique cadeau d’anniversaire à celle qui prend soin de ses cracks au quotidien. Mardi 29 octobre 2024, alors que Tessa soufflait sa trente-deuxième bougie, elle s’est offert un tour à dos de Caracole… et quelques sauts ! Elle raconte, dans un rire : “On est arrivé au concours le lundi, jour de repos de Cara. J’ai envoyé un message à Karl le mardi, le jour de mon anniversaire, pour savoir si je pouvais la monter pour l’occasion. Habituellement, en compétition, Karl la monte davantage. Il m’a dit qu’il n’y avait pas de problème et m’a dit de profiter. Ce jour-là, Cara était très fraîche ! (rires) Elle ruait, et exprimait sa joie, mais je m’y attendais et je passais un bon moment malgré tout. Et puis, Karl est descendu de cheval et m’a dit ‘allez, passe ces barres au sol’. Je lui ai demandé s’il était sûr, puis je les ai passées quelques fois, avant qu’il n’installe un obstacle ! Je lui ai dit ‘vraiment ?’ ce à quoi il a répondu ‘je me fiche de comment tu te sens, saute cet obstacle’ (rires). Alors je l’ai fait ! Cara a été un ange. C’était un tout petit obstacle, je ne veux pas exagérer, mais c’était génial.”

Pour son anniversaire, Tessa Falanga a pu franchir quelques obstacles avec sa chère Cara, qu'elle a l'habitude de faire travailler sous la selle. © Sportfot

La troisième et dernière partie de cet article est à découvrir ici.

Photo à la Une : Tessa Falanga et Caracole de la Roque à La Baule. © Mélina Massias