“J’ai commencé l’année 2025 sans penser aux championnats !”, Nadja Peter Steiner
Très compétitive sur le circuit du Longines Global Champions Tour, Nadja Peter Steiner a aussi fait son grand retour en équipe première suisse cette année. Rencontrée lors du CHI Longines Equita Lyon, dont elle avait déjà fréquenté le CSI 2* il y a une quinzaine d’années, le jeune quadragénaire, qui se plaît en France, a évoqué son organisation et son piquet de chevaux, qui lui a permis ce retour au premier plan. Elle entend bien faire perdurer sa réussite, avec les Play-Offs de Prague en ligne de mire.
Vous êtes installée à Bois-le-Roi, au sein de l’écurie créée par Marcel Rozier. Pourquoi avait fait ce choix ?
J’avais déjà passé huit ans à Bois-le-Roi. Alors, après un petit tour dans des écuries en Suisse puis près d’Auxerre (son compagnon, Nils Vilain, est originaire du nord de la Bourgogne, ndlr), je suis revenue à Bois-le-Roi. Cela s’est toujours bien passé et j’apprécie énormément la famille Rozier, qui m’a toujours bien accueillie. C’est presque une deuxième famille ! Nous louons une maison tout près, et nous ne sommes pas très loin de la Suisse. Et puis, il n’y a pas de problème à ne pas être en Suisse pour faire partie de l’équipe nationale !
Avec qui vous entraînez-vous ?
Je n’ai pas d’entraîneur officiel. Aux écuries, nous sommes plusieurs à faire du haut niveau et s’il y a un conseil à se donner entre soi, on est toujours preneur. Si j’en ressens le besoin, je peux par exemple solliciter Philippe (Rozier, ndlr), ou son père, Marcel, qui est toujours présent. Il connaît très, très bien son métier et ses conseils sont toujours judicieux. Quand j’étais jeune, j’ai passé quelques années en Allemagne chez Lars Nieberg et c’est la personne qui m’a le plus apporté au niveau dressage et pour mon équitation. Chaque cheval que l’on monte apporte des éléments pour progresser. J’essaye d’être très à l’écoute de chaque cheval et de trouver des solutions pour emprunter le bon chemin avec lui. De fait, j’adapte le travail aux besoins individuels.

En plus de Mila, Nadja Peter Steiner peut compter sur la toute bonne Nice van't Zorgvliet, très typée par son père, Emerald van't Ruytershof. © Mélina Massias
Combien de chevaux avez-vous ?
J’ai deux juments qui tournent très bien à haut niveau : Mila (née Mank, Monte Bellini x Linton, quinzième des Européens de La Corogne et classée dans cinq Grands Prix 5* cette année, ndlr), treize ans, et Nice van’t Zorgvliet (Emerald van’t Ruytershof x Heartbreaker, troisième du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de New York en septembre, ndlr), douze ans. Je peux aussi compter sur trois chevaux de neuf ans très prometteurs, avec lesquels je prends mon temps pour former la relève. Il s’agit de Quarantinette vh Hazelarenhoekje (Urano de Cartigny x Colman), Tailormade Fia Conthara (Casallco et Pia Contra par Conthargos, récente deuxième du Grand Prix 5* de Monterrey avec Nicolas Pizarro et gagnante d’un Grand Prix 4* sur la même piste, ndlr) ainsi que Clearround Il Mondo (Comme Il Faut x Clearway), que je monte depuis quelques mois (jusqu’à cet été, le gris était monté par la Britannique Millie Allen, ndlr).
L’arrivée au sein de votre piquet en début d’année de Mila, cadeau de votre maman, a fait sensation. Ressentez-vous une pression particulière en montant cette jument, ancienne complice de Ludger Beerbaum et autrice d’un excellent championnat d’Europe sous la selle d’Eoin McMahon à Milan, en 2023 ?
Non, pas particulièrement. Ce qui a vraiment été impressionnant a été l’arrivée de Ludger en personne au paddock pour me faire détendre lors de mon premier parcours avec elle ! (rires) Cela s’est très bien passé et Ludger m’a beaucoup aidée car Mila est un peu spéciale : elle a peur des autres chevaux au paddock. Elle est un peu délicate dans cet environnement là pour cette raison, mais en piste, elle est toujours présente et fait tout pour bien faire. Au box, c’est un des chevaux les plus gentils qui puissent exister sur terre ! Elle est attachante et a toutes les qualités. Au travail, elle est peut-être un peu plus raide que d’autres, mais je n’ai pas essayé de la changer. À la maison, comme les autres, elle alterne entre balades et travail. Chaque cheval a un programme adapté. Mila est une vraie jument de concours : en piste, elle rend la vie facile à son cavalier et est très agréable à monter. Nice (qui est aussi passée par les écuries Beerbaum, ndlr), elle, est assez différente. Elle est presque l’opposé de Mila à la détente. Elle n’a pas peur des autres et irait presque les attaquer ! (rires) C’est une vraie battante.
Avec Mila, l'amazone helvète a signé une semaine remarquable en Galice pour son deuxième grand championnat Sénior. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Vous avez obtenu de bons résultats avec l’étalon No-Comment de Septon (Jenson van’t Meulenhof x Couleur Rubin) entre avril 2024 et juin 2025. Il évolue désormais avec le cavalier turc Hasan Senturk. Sa commercialisation était-elle un objectif ?
Non, pas vraiment, mais une opportunité s’est présentée. Avec quatre juments, gérer un étalon était compliqué, tant à la maison qu’en concours. Mila et Nice se sont imposées comme mes juments de tête au niveau 5* et la vente de No-Comment s’est faite. Je pense que c’est une bonne chose pour tout le monde. No-Comment m’a énormément aidée pour revenir à haut niveau. Jusqu’à l’année dernière, j’avais surtout des jeunes chevaux et quelques autres montures, mais aucune pour prendre part à des grands concours.

Cet été, la jeune quadragénaire s'est séparée de son étalon No-Comment de Septon. © Mélina Massias
En 2017, associée à Saura de Fondcombe (Balou du Rouet x Paladin des Ifs), vous avez décroché une médaille de bronze par équipe aux championnats d’Europe de Göteborg. Cet été, à La Corogne, pour votre deuxième grand championnat, vous vous êtes classée quinzième en individuel, trois rangs derrière Steve Guerdat, douzième, tandis que la Suisse a terminé cinquième La saison de la Ligue des nations Longines n’a pas non plus été une franche réussite pour vos compatriotes. Que se passe-t-il au sein du collectif helvétique ?
Je ne sais pas vraiment : c’est aussi le bon côté d’être en France ! (rires) Cela étant dit, tous les pays connaissent des années creuses, où il y a moins de chevaux et où l’état de forme général est moins bon. C’est ce que j’ai vécu moi aussi ces dernières années. La Suisse est un petit pays, qui ne dispose pas d’un immense réservoir. Certains cavaliers ont aussi pris des décisions pour des raisons qui leurs sont personnelles (Martin Fuchs et Steve Guerdat ont notamment refusé de participer à la Ligue des nations Longines cette saison, ndlr). Je n’ai pas à les commenter.

Nadja Peter Steiner avait déjà vécu de belles heures au plus haut niveau, notamment grâce à Saura de Fondcombe. © Jean-Louis Perrier
Vous avez réussi votre retour en Coupe des nations lors du CSIO de Saint-Gall, en juin, tout en ayant répété les classements sur le circuit du Longines Global Champions Tour (LGCT). Comment parvenez-vous à trouver le bon équilibre entre les différents circuits ?
L’an dernier, je ne suivais que le circuit du Global. J’ai commencé l’année 2025 sans avoir d’objectif d’équipe. Mila venait juste d’arriver donc je ne pensais pas du tout aux championnats ! Puis on m’a demandé de participer à quelques Coupes des Nations et j’ai regardé ce qui était possible de faire avec mon planning du Global, afin de garder un bon programme pour chaque cheval. Cela s’est fait automatiquement.
Le LGCT et sa Ligue divisent parfois les cavaliers, entre détracteurs et fervents défenseurs. Quel regard portez-vous sur ce circuit ?
Chacun a le droit d’avoir son avis. Pour moi, ce circuit a été extrêmement positif. Si je n’avais pas pris part aux étapes du Global ces deux dernières années, je ne serais pas allée aux championnats d’Europe ! J’ai intégré l’équipe des Rome Gladiators, où il y a des cavaliers très expérimentés comme John Whitaker et Emanuele Gaudiano, mais aussi des jeunes, à l’image du Belge Roy van Beek, huitième du Grand Prix à Valkenswaard et vu à son avantage au CSIO 5* de Calgary.
Grâce au Longines Global Champions Tour et à sa Ligue, Nadja Peter Steiner a pu retrouver la veste rouge de l'équipe suisse. © Sharon Vandeput / Hippo Foto
La saison prochaine sera marquée par les championnats du monde, qui se tiendront à Aix-la-Chapelle. Cette échéance est-elle un objectif pour vous ?
Pour l’instant, pas forcément. Après Prague (où se déroule les Play-Offs du LGCT et de sa Ligue, du 20 au 23 novembre, ndlr), je vais faire une pause. Je reprendrai la compétition début 2026, à Doha, avec le même état d’esprit que cette année : sans pression ! Je verrai ensuite comment les choses se déroulent. Les championnats du monde sont encore loin. Si mes chevaux et moi sommes en forme, nous serions honorés d’y aller, sinon, nous nous ferons plaisir sur d’autres concours !
Vous avez évolué sur des terrains très différents, tant sur de petites pistes, comme celle de Monaco, que sur de vastes étendus d’herbe, comme à Saint-Gall. Avez-vous une préférence ?
C’est très agréable de monter sur des grands terrains en herbe et mes juments réussissent bien sur tous les types de surface, mais j’ai une petite préférence pour le sable, qui garantit des conditions identiques pour tous les concurrents, quelle que soit la météo.
Nadja Peter Steiner fera du CSI 5* de Prague son dernier grand objectif de l'année. © Sharon Vandeput / Hippo Foto
Votre carrière internationale a décollé grâce à deux juments : Celeste 26 (Casall x Landgraf I) et Saura de Fondcombe. Que deviennent-elles ?
Elles vont bien ! Je ne suis pas une grande éleveuse, mais on essaye de faire quelques poulains. Pour l’instant, elles n’ont pas été très généreuses… Elles sont au haras de Talma, avec leurs poulains qui sont nés par transfert d’embryons. J’ai aussi eu recours à l’ICSI. Celeste a une fille de trois ans par Mylord Carthago, un fils de Kashmir van’t Schuttershof qui a un an, et elle a eu un poulain par Balou du Reventon (né Cornet’s Balou, ndlr) cette année. Saura, elle, a deux produits par Mylord Carthago. Je choisis les étalons par sentiment ; l’élevage n’est pas mon fort, mais je connais mes juments par cœur. Je mise donc sur des étalons qui me plaisent et qui ont performé à haut niveau, afin de leur amener quelque chose de plus. Pouvoir monter des produits de mes juments serait beau !
Comme Saura de Fondcombe, Celeste 26 se consacre désormais à l'élevage. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Photo à la Une : Cet été, à La Corogne, Nadja Peter Steiner a vécu un excellent championnat d'Europe grâce à Mila. © Dirk Caremans / Hippo Foto






