Fabienne Daigneux-Lange ne sera plus la sélectionneuse adjointe de l’équipe belge de saut d’obstacles. Après avoir fait briller les cavaliers du Plat-Pays aux quatre coins de l’Europe en Coupe des nations, la Belge n’a pas été reconduite dans ses fonctions. Une décision qu’elle regrette et déplore, après quasiment cinq années qu’elle juge positives. Cette éminente passionnée, qui a côtoyé le haut niveau de l’intérieur et vit à cent à l’heure, toujours près des chevaux, revient sur cette décision et ses futurs projets.
Une onde de choc a traversé Fabienne Daigneux-Lange, fin novembre. La Fédération équestre belge l’a remerciée, mettant un terme à son rôle de sélectionneuse adjointe de l’équipe de saut d’obstacles, qu’elle occupait depuis le printemps 2020. “J’ai reçu un coup de téléphone m’annonçant que mon contrat n’était pas reconduit”, relate la Belge. “Ce n’est absolument pas une décision de ma part. J’adorais profondément ce que je faisais. Je me suis donnée corps et âme pour ce poste. J’aimais vraiment la relation que j’avais avec les cavaliers belges. Je n’ai eu aucune explication quant à cette décision. J’ai peut-être commis des erreurs, mais je crois que la plupart des cavaliers était favorable à la poursuite de ma mission de sélectionneuse. Après l’annonce de la non-reconduction de mon contrat, j’ai reçu une multitude de coups de téléphones et autres messages de soutien, de la part des cavaliers mais aussi d’autres coaches. Cela étant dit, je respecte cette décision et n'y peux rien changer.”
Bien que la nouvelle soit encore difficile à digérer, Fabienne Daigneux-Lange ne regrette pas les quatre, presque cinq années écoulées. Bien au contraire. “Pour moi, le bilan est vraiment positif, ce qui est un peu contradictoire avec la situation. Je n’ai jamais eu la prétention d’apprendre aux cavaliers à monter à cheval, mais j’ai le sentiment d’avoir fait mon maximum pour donner une chance à tout le monde. J’ai permis à certains cavaliers de prendre de l’expérience pour passer au niveau supérieur, comme Gilles Thomas, Thibeau Spits, Thibault Philippaerts, Emilie Conter, Frederic Vernaet, Dominique Joassin, Rik Hemeryck, Annelies Vorsselmans, Gudrun Patteet, Anthony Wellens, pour ne citer qu’eux. Chaque année, les cavaliers qui ont intégré l’équipe première de Peter Weinberg ont passé le cap, parce qu’ils étaient prêts. Mon rôle était, chaque saison, de former un ou deux cavaliers pour le plus haut niveau. J’adorais l’équipe que nous formions, Peter Weinberg, Wendy Laeremans (directrice technique de la fédération belge, ndlr), les cavaliers belges et moi. Ce fut une aventure très positive à leurs côtés”, plaide-t-elle. “À travers ce rôle de sélectionneuse, j’ai appris à devenir plus calme, plus diplomate. Mais cela n’est peut-être pas encore suffisant… J’avais peut-être un peu de mal à communiquer, mais certainement pas avec les cavaliers. Mon seul objectif était le sport. J’ai exercé mes fonctions avec passion et amour : cela a été un avantage, mais aussi un désavantage. Quoi qu’il en soit, j’ai sincèrement adoré cette aventure et le fait de voir grandir les cavaliers.”
“Je vis cette décision comme si l'on m’avait volé mes enfants”
La désormais ancienne cheffe d’équipe souligne également l’importance de la filière belge dans son ensemble, permettant aux Diables rouges d’avoir un vivier exceptionnel de talents, de même que celle des CSIO 3 et 4*, extrêmement formateurs. “Je pense que pour beaucoup, l’aspect familial joue un rôle important. La plupart des jeunes belges évoluent dans un cadre très professionnel, qui est mis en place dès leurs débuts. Leur famille leur donne l’opportunité de prendre part à de beaux concours, avec de bons chevaux et de bénéficier d’un suivi de qualité. En tant que sélectionneuse, j’avais pour but de les former au niveau mental, leur permettre d’appréhender au mieux une Coupe des nations, qui n’est pas une épreuve anodine”, développe-t-elle. “De ce fait, j’ai toujours sélectionné beaucoup de jeunes, même lors de certaines étapes qualificatives (sur le circuit de la Fédération équestre européenne, ndlr). Et cela avait bien fonctionné ! Pour moi, ils doivent apprendre en pratiquant, en courant des épreuves de ce genre. Cela leur permet de se rendre compte qu’ils en sont capables, qu’ils sont doués et de gagner en expérience.”
Bien qu’elle regrette son éviction du poste de sélectionneur-adjoint de l’équipe de saut d’obstacles belge, Fabienne Daigneux-Lange n’espère qu’une chose : retrouver un jour ses cavaliers. “Je vais déjà devoir me remettre de cette décision, que je vis comme si l'on m’avait volé mes enfants. À mon âge, je sais toutefois que lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre. Et, si un jour on me demandait de revenir, la porte est grande ouverte de mon côté !”, assure-t-elle, haut et fort. Et si une porte s’ouvrait à l’étranger, serait-elle prête à la pousser ? “Je suis vraiment belge, mais qui sait !”, répond-t-elle. “D’autres chefs d’équipe m’ont confié que je pourrais aussi retrouver mon bonheur en formant un nouveau groupe et de nouveaux cavaliers… Pour l’instant, je ne sais pas trop. Tout est possible !”
“Dans mon esprit, ma vie était autour des cavaliers”
Éminemment passionnée par son sport, Fabienne Daigneux-Lange ne compte pas se laisser abattre pour autant, et encore moins quitter ce milieu qui l’anime profondément depuis toujours. Actuellement blessée à la main après une malheureuse chute survenue à Oliva mi-novembre, la Belge poursuit sa vie à cent à l’heure, au rythme des parcours de ses protégés et leur progression. Médaillée de bronze aux championnats de Belgique en 2016, l’amazone a vécu le haut niveau de l’intérieur, jusqu’en CSIO 5*, grâce à sa chère Venue d'Fée des Hazalles (President x Alcatraz), plus tard vue sur la selle d’Eve Jobs, et poursuit désormais cette belle aventure, en faisant naître et formant les nouvelles générations issues de cette lignée. “J’ai toujours la souche de Venue d’Fée (initialement développée par Dominique Lamette, ndlr). Tous les chevaux que je monte viennent de cette famille maternelle. Ce sont les produits de la propre sœur de Venue (Baby d'Fée des Hazalles, ndlr) ou de l’une de ses filles. J’ai désormais soixante et un ans. Je m’associe donc à d’autres cavaliers en qui j’ai confiance. Je sais que je ne referais pas de très, très grosses épreuves comme des Michel Robert ou des John Whitaker ! Je me concentre sur les jeunes. Et c’est quelque chose que j’adore ! Ils évoluent tous les jours. C’est extraordinaire. Il faut aller à leur vitesse et garder l’esprit ouvert. Les chevaux n’ont aucun vice. Ils ne veulent pas nous embêter, simplement nous faire plaisir. Il faut leur donner le temps dont ils ont besoin. Et cela varie en fonction de chaque cheval”, souligne la représentante du Plat-Pays.
Avec la fin - pour l’heure - de ses missions de cheffe d’équipe, Fabienne Daigneux-Lange, qui avait transmis son enthousiasme au micro de Clipmyhorse.tv l’hiver dernier avec Kamel Boudra, sait qu’elle doit désormais vivre sa passion différemment. “Je sais que quelque chose d’autre va se proposer à moi et le jour où cela arrivera, je saurais saisir cette opportunité. Je n’ai pas de crainte pour le futur : ma vie existait avant cette aventure et elle existera encore après”, relativise-t-elle. “Pour le moment, je ne me projette pas vraiment. Dans mon esprit, ma vie était autour des cavaliers. Cela devra désormais en être autrement… Mais rien n’est terminé et la porte de la Fédération reste grande ouverte.”
Photo à la Une : Fabienne Daigneux-Lange a été la sélectionneuse adjointe l’équipe belge de saut d’obstacles pendant près de cinq ans. © Agence Ecary