Une nouvelle Grande Semaine de l’élevage s’est achevée à Fontainebleau. Avec elle, de nouveaux champions ont été sacrés, à commencer par la génération 2018, âgée de cinq ans cette année. Encore toutes jeunes, ces pépites en devenir arpenteront peut-être un jour les plus belles pistes du monde. Pour l’heure, leurs titres et honneurs suffisent à combler leur entourage, leurs naisseurs, cavaliers et propriétaires. À la veille de la rentrée scolaire des écoliers, Cinto de la Buissonne, Idagio d’Ellipse et Izalia Mouche ont montré la voie en achevant leur année de formation premiers de la classe.
Les cinq ans Autres Studbooks (ASB) ont ouvert cette dernière journée de l’édition 2023 de la Grande Semaine de Fontainebleau, dimanche 3 septembre. Avec nombre de parcours sans pénalité, il fallait compter sur un bon classement au Top 100 de la Société hippique française (SHF), afin de se voir rappeler à la remise des prix de ce championnat. La catégorie des ASB semble décidément bien convenir à Thomas Lévèque, déjà deuxième de la finale des six ans avec Ruby of the Paddocks la veille. Cette fois-ci, Thomas s’empare de la première place dans les cinq ans, grâce à Cinto la Buissonne, deuxième au Top 100 avant la finale. “Cette année j’ai vraiment eu la chance de travailler deux excellents chevaux étrangers“, introduit le cavalier rhônalpin. “J’ai récupéré Ruby à cinq ans. Nous avons fait dix parcours, récompensés de dix sans-faute, avant de la remettre au pré. Les choses sérieuses ont débuté à six ans. Elle a été très régulière durant toute la saison. Cinto la Buissonne est un hongre que l’un de mes propriétaires a acheté durant l’hiver. Il qui est né dans le Clunysois, chez Jean-François Fichet. Il n’est pas sorti à quatre ans, ce qui nous a permis d’aller crescendo cette année. Il a répété les sans-faute, pour en totaliser dix-sept sur autant de parcours. C’est un cheval avec une excellente tête et un très bon équilibre. Il est aussi très respectueux. Sincèrement, je ne lui trouve pas trop de défauts, car pour moi il représente le vrai cheval de sport recherché. Maintenant, nous allons leur accorder à chacun un peu de repos avant d’envisager la suite avec leurs propriétaires respectifs“. Cinto la Buissonne est un fils du Holsteiner Casall et de Geraldine van’t Lozerhof, elle-même par Malito de Rêve et ayant couru sur des épreuves à 1,40 m avec Bernard Lefèvre.
Deuxième de ce championnat, Silka Naembi M s’est distinguée. Cette jument, inscrite au studbook BWP, est une fille de l’étalon Chapeau TN, lui-même fruit du croisement Clearway x Quitero La Silla et sorti jusqu’à 1,55m par Kars Bonhof, et d’une mère par Amor de Kalvarie. Montée par Reynald Angot, gagnant des six ans mâles et hongres Selle Français la veille, Silka termine son championnat sans aucune pénalité.
Carlina de Gallet (Chance de Hus x Larimar), montée par Faustine Laferrerie et Candice VD Celiebruge (Candy de Nantuel x Lupicor), associée à Stéphanie Hennequin, terminent ce championnat côte à côte et se partagent la troisième place.
Izalia fait mouche chez les femelles !
Trente juments sur les quarante-et-unes au départ de ce dernier chapitre jugé au barème A sans chronomètre, réussissent à signer un sans-faute. Hélas pour Iryna Nalière Ac (Diamant de Semilly x Zandor), sa première faute de la saison survient lors de cette finale. Elle et son cavalier, Maxime Rigomier, sixièmes au provisoire, se voient reléguer à la trente-deuxième place…. Et les deux autres quatre points de cet ultime acte pour les femelles de cinq ans vont coûter encore plus chères ! Ainsi, Isora de Riverland (Untouchable M x Vigo d’Arsouilles), leader du Top 100 et championne du Concours Inter-Régional (C.I.R) de Pompadour associée à Marie Demonte et Isabella du Ry (Bella Baloubet x Toulon) perdent leurs mentions ”Elite” pour avoir elles-aussi faites tomber leur unique barre de la saison lors de cette finale. Isabella du Ry, évoluant sous la selle d’Alix Ragot, aura tout de même effectué une excellente année de formation, réalisant douze parcours sans fautes en douze sorties.
La nouvelle championne se nomme Izalia Mouche et était déjà sacrée vice-championne du C.I.R de Rosières-aux-Salines. Elle était également la seule à attaquer cette finale créditée d’un score mélioratif de -0,4625 du fait de ses trois points de régularité et un point de bonification glané lors du C.I.R, de scores vierges aux obstacles et de ses excellentes notes au modèle (16,8) et de manière et aptitudes. Née chez la famille Bellet au même titre qu’Illico Mouche, également labellisé ”Elite” dans le championnat des cinq ans hongres et entiers, Izalia est une fille de Candy de Nantuel*GFE et de Valeska Mouche, par Quartz de Chanu ; Valeska étant elle-même la sœur utérine de Tower Mouche, vu jusqu’à 1,60m sous selle italienne. Interrogé en sortie de piste, Matthieu Schmitt, le cavalier et co-propriétaire d’Izalia, a livré ses impressions : “Izalia a déroulé une saison parfaite. N’ayant pas concouru à quatre ans, il s’agissait de sa première année de compétition, où elle a signé treize sans-faute sur les treize parcours disputés. C’est une jument qui a un mental exceptionnel. De plus l’histoire est belle car nous l’avons acheté, des amis et moi, chez Julien Bellet, à trois ans. C’est une jument débordante d’énergie et le contrôle n’est pas toujours optimal mais ce sera un atout pour la suite. Notre but aujourd’hui est de faire vieillir Izalia, pour l’emmener le plus loin possible, après les six et sept ans. Ce n’est pas une jument qui est censée être commercialisée pour le moment.”
Idylle de Vesquerie et Jérôme Coulombier, quant à eux, s’emparent de la deuxième place. Auteure de quinze sorties, toutes sans-faute cette saison, Idylle pointait à la quatrième place du Top 100. Il s’agit d’une fille de Scendro, étalon hannovrien noir qui fut lui-même champion de Belgique à cinq ans. Tanelle de Vesquerie, sa mère, est une fille d’Ogrion des Champs gratifiée de cinq points PACE et d’un ISO 135, obtenu en 2018.
En troisième position, s’illustre une nouvelle fois une monture de Nicolas Layec, appartenant à son naisseur Bruno Rocuet : Indochine, par I’m special de Muze. Avec onze parcours sans-fautes sur treize sorties, Indochine peut se targuer d’avoir pour mère l’excellente La Luna du Thot, qui s’illustra sur des épreuves de type Grand Prix à 1,45m, d’abord sous la selle de Bruno Rocuet, puis de Thomas Rousseau, obtenant une ISO 159 en 2006, avant d’être mise à l’élevage. Là aussi la protégée de Bruno Rocuet a rencontré du succès ; La Luna est ainsi la mère d’Uppy Gril (par Huppydam des Horts) ISO 146, Victoria Barcelona, propre sœur d’Uppy Girl, gagnante du Derby de Dinard avec Margaux Rocuet en 2019, ISO 144 ou encore la fantastique Gigi (par Aktion Pur), ”Elite” à six ans en 2022 et encore au rendez-vous à sept ans.
Quant à Nicolas Layec, avec pas moins de seize chevaux engagés et un nombre conséquent de places d’honneur décrochées, il se voit remettre, pour la deuxième année consécutive, le trophée du meilleur cavalier de ces finales réservées aux jeunes chevaux de quatre, cinq et six ans de saut d’obstacles.
Née chez Didier Turpin et montée par Julien Renault, Icetea du Cordel s’offre le quatrième rang du classement final, au profit d’un triple zéro. Icetea est une fille de Balou du Rouet et de Déesse de Kreisker, par Goldfever, qui évolua aussi avec Julien sur des épreuves à 1,35m. Il s’agit de la souche prolifique d’Ifrane (Château du Diable x Oita AA), Jifrane de Chalusse (Papillon Rouge x Fury de la Cense) étant sa deuxième mère.
Enfin, cinquième, Iluna du Fresne (Emerald van’t Ruythershof x Utrillo van de Heffinck) est la dernière jument de cinq ans à se voir récompenser de la mention “Elite”, sous la selle de Jérémy Le Roy.
Les résultats complets des juments de cinq ans ici.
Adagio d’Ellipse, le prestige de Robin Le Squeren
À la suite des juments, les hongres et entiers de cinq ans Selle Français et Anglo-Arabe sont entrés en jeu, pour conclue une belle matinée bellifontaine. Vingt-sept mâles seront sans-fautes sur les quarante-et-uns à s’aligner au départ. Le Top 10 de cette épreuve ne se verra que peu chamboulé, la majorité des candidats alignant les sans-faute. Ce qui n’aura cependant pas été le cas d’un des grands favoris, Ichai de Reile. Deuxième au classement provisoire de ce championnat, déjà labellisé “Elite” à quatre ans en 2022, vainqueur du championnat national réservés aux chevaux de quatre ans se déroulant à Equita’Lyon cette même année, avant de se voir sacré vice-champion du C.I.R de Saint-Lô et de pointer à la deuxième place du Top 100, Ichai commet une faute sur le vertical numéro huit, lui coutant sans appel une place en haut de tableau et le rétrogradant au vingt-huitième rang. La loi du sport est impitoyable.
Finalement, Idagio d’Ellipse s’impose dans cette catégorie. Monté par Robin Le Squeren, qui présentait également Invincible Riverland (Untouchable M x Lifestyle) dans cette finale, Idagio est un fils de Prestigio La Silla et d’une mère par le très en vogue Untouchable M. Avec cet étalon, le discret cavalier des écuries d’Ellipse avait déjà connu bien du succès, avec un certain Dorado de Riverland, qui fait désormais le bonheur de Nayel Nassar. Ne pouvant retenir sa joie à la réception de l’ultime vertical du parcours, Robin a lâché les rênes de son jeune prodige. “Je suis hyper content. Le cheval est super. En plus, cette victoire a une saveur particulière, car nous l’avons fait naître. Nous avions acheté sa mère, Antigua de Nantuel (Untouchable M x Apache d’Adriers, sur la souche de Chalusse de Solange Planson, ndlr), car j’avais sauté avec elle de belles épreuves comme le Derby de Dinard et plusieurs Grands Prix du Grand National à 1,50m. C’est une jument que j’aimais beaucoup. Le père d’Idagio est Prestigio La Silla, que nous avions également, avant de le vendre à Philippe Rozier et Christian Baillet. Donc Idagio est un cheval cent-pour-cent maison. Il avait fait quelques parcours l’année dernière avant de retourner au champ. Cet hiver, nous l’avons préparé pour attaquer la saison de cinq ans. Étant donné que c’est un cheval qui a besoin que son cavalier lui donne confiance en lui, j’ai d’abord préféré l’engager sur un parcours de Formation 2 avant d’attaquer réellement les épreuves du Cycle Classique, où il a totalisé quatorze sans-faute pour quatorze sorties. On peut vraiment compter sur lui. Il a énormément de respect et un énorme rebond. C’est une véritable petite balle. Pour le moment, il a amplement mérité ses grandes vacances, avant de préparer dans l’hiver sa saison de six ans. Évidemment, la question de sa commercialisation se pose, étant donné que nous sommes une écurie de commerce avant tout, mais ce point sera à rediscuter le moment venu, à tête reposée”, a précisé le nouveau champion de France des cinq ans.
Pour s’emparer du deuxième rang, Itoki de Riverland aura déroulé le parcours parfait, terminant son championnat avec seulement 0,575 points de pénalités. Co-propriété du Groupe France Élevage, représenté sur place par son Directeur, Brice Elvezi, et de Mickaël Varliaud, son naisseur, le puissant alezan a su se faire remarquer très tôt. Dès son plus jeune âge, il se voyait sacré champion de France des étalons de deux ans Selle Français puis champion de France des étalons de trois ans avant de terminer troisième et labellisé “Elite” à quatre ans. Itoki est un fils de Candy de Nantuel et d’une mère par Action Breaker, sur la souche de Javotte D. Outre Itoki de Riverland, à noter la présence de deux autres fils du prolifique Candy de Nantuel dans les dix premiers de ce championnat, à savoir Iglou de Beugner, huitième et Indy d’Ovalie, neuvième. Candy est également le père de la championne des cinq ans, Izalia Mouche.
Idéal Ste Hermelle, Selle Français né en Belgique, à l’élevage de la famille Lefèvre, se glisse à la troisième place. Idéal est un fils de l’étalon-maison, Eras St Hermelle marié à Roanne du Rouet, une fille de Baloubet du Rouet née chez la famille Fardin et elle-même bonne compétitrice, créditée d’un ISO 141 en 2014 et de 8,5 points PACE à l’élevage.
Nicolas Layec se retrouve une nouvelle fois aux honneurs, cette fois-ci associé à Indy de Liam, l’un des nombreux protégés de Bruno Rocuet. Le couple, champion du CIR de Saint-Lô, termine quatrième. Né chez Amélie Quéguiner, Indy est un fils d’Emerald van’t Ruytershof et de Frivole du Houssoit par Baltik Sitte, sur la souche d’Exocet du Hussoit.
Pour finir, après Izalia Mouche, Illico Mouche a lui aussi représenté la production de la famille Bellet, en obtenant une cinquième place sous la selle de Jérémy Floch. Douzième au Top 100 avec quatorze sans-faute enregistrés sur seize sorties, ce fils de Kannan avec une mère par Calvaro est aussi le gagnant CIR du Lion d’Angers. Anecdote des plus intéressantes, il est à signaler qu’Illico s’était déjà illustré à quatre ans, l’an passé, à Fontainebleau, en décrochant le titre de champion de France de … Hunter (!) sous la selle d’Alice Princelle. Une polyvalence qui mérite d’être soulignée.
Les résultats complets des mâles et hongres cinq ans ici.
Photo à la Une : Robin Le Squerren et Idagio d'Ellipse lors de leur tour d'honneur. © Thomas Danet Tribut
Les épreuves de la Grande Semaine de Fontainebleau sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv.