Si beaucoup de regards étaient braqués sur Paris et le Saut Hermès ce week-end, un autre CSI 5* était programmé, au Mexique, et quatre (!) CSI 4* étaient également au menu. Dans le superbe écrin de Live Oak International, Daniel Coyle a remporté sa troisième étape de la Coupe du monde, cette fois aux rênes de sa nouvelle monture, le bien nommé Incredible, tandis qu’Ingrid Gjelsten a enregistré sa première victoire en Grand Prix 4* du côté de Thermal, grâce à VDL Edgar M. À Vejer de la Frontera, Sanne Thijssen et son roi Con Quidam RB ont ajouté un quatorzième Grand Prix à leur palmarès, tandis que McLain Ward et Manuel Gonzalez Dufrane ont levé les bras à Wellington et Coapexpan, en selle sur Contagious et Hortensia van de Leeuwerk.
Contrairement à Julien Anquetin, Daniel Coyle n’a pas célébré la plus belle victoire de sa carrière ce week-end - l’Irlandais comptant déjà quelques solides lignes à son palmarès -, mais s’est bien offert un triomphe de choix, dimanche 18 mars, dans le superbe écrin de Live Oak International. Sur la vaste piste en herbe floridienne, au sein des charmantes et bucoliques installations de la grand-mère de l’amazone à succès Chloe D. Reid, le représentant du Trèfle présentait pour la première fois en Grand Prix 4* le bien nommé Incredible. Le gris de onze ans, fils de Clinton et Unbelievable, une fille de Heartbreaker, a intégré ses écuries il y a quelques semaines à peine, après avoir été repéré par son entraîneur privilégié, Jeroen Dubbeldam. Exclusivement monté par le Néerlandais Eric Ten Cate depuis ses débuts internationaux en juillet 2020, le KWPN prenait part à sa deuxième épreuve à 1,60m et s’est imposé pour la première en solo.
En plus de ce premier succès, le bien nommé Incredible a permis à son nouveau cavalier de décrocher… sa troisième étape Coupe du monde de la saison ! “J’ai déjà vécu de très bons moments sur ce circuit, mais je crois que c’est la première fois que je remporte trois étapes la même saison. Je suis très, très content”, a d’ailleurs réagi Daniel Coyle, qui restera, pour l’heure, le dernier vainqueur d’une étape Coupe du monde à Live Oak International. En effet, le Fédération équestre internationale (FEI) a préféré au charme et à la tradition de ce somptueux terrain en herbe le gigantesque complexe sportif du World Equestrian Center (WEC), qui, en plus de ses multiples événements tout au long de l’année, organisera donc une étape de la Coupe du monde dès l’an prochain… “À chaque fois que j’entre en piste, je découvre de nouvelles choses sur Incredible. C’est génial que je puisse le faire tout en concourant à haut niveau. Incredible était incroyable avant que je l’aie. C’est bon de savoir qu’il était un bon cheval avant, que j’étais un bon cavalier et de pouvoir dire aujourd’hui que nous sommes très bons ensembles. Incredible n’était pas vraiment dans la lumière jusqu’à présent. Il avait déjà fait quelques Coupes des nations et d’autres bonnes choses, mais son cavalier n’avait pas la chance de pouvoir évoluer à haut niveau tous les week-ends. Jeroen a suggéré que nous allions l’essayer. Nous avons immédiatement vu qu’il nous conviendrait et qu’il pourrait aider Legacy (née Chavantele, ndlr). Il l’a fait, et bien plus encore. Je suis heureux de pouvoir compter sur quelqu’un comme Ariel Grange, qui peut acheter des chevaux pour moi et d’avoir un mentor en la personne de Jeroen, qui peut trouver des chevaux pour moi. Dénicher des chevaux est difficile lorsqu’on se concentre sur le fait de monter les chevaux que l’on a déjà. Nous avons une super équipe.”
Profitant de sa situation géographique idéale et d’une organisation très bien maîtrisée, Live Oak avait encore réussi à réunir quelques jolis noms du saut d’obstacles, en plus de celle venue pour les épreuves d’attelage, également organisée sur place la semaine dernière. Sur un tracé délicat, trois autres couples ont rejoint Daniel Coyle au barrage. Tellement rapide, l’Irlandais, parti en dernier, n’a laissé aucune chance à ses concurrents, pas même à Kent Farrington, pourtant connu pour son sens du rythme. Premier à réaliser un double zéro, l’Américain s’est finalement contenté du deuxième rang, aux rênes de sa géniale Toulayna van het Bloesemhof, qui avait impressionné l’Europe en remportant le Trophée de Genève, épreuve majeure du jeudi soir au prestigieux CHI de Genève. Deuxième, avec plus de deux secondes de retard sur la tête, la paire a devancé celle formée par Dermott Lennon et Millview Cicero, un hongre irlandais, comme son cavalier, par Cicero van Paemel. Avec quatre points et un barrage réalisé sans prise de risque, l’Américaine Jessica Leto a accroché une bonne quatrième place sur Cimbura, un hongre par le regretté Calido I. Après avoir terminé quatrième lors d’un Grand Prix 3* organisé à Wellington en 2021, puis de l’épreuve reine du CSI 5* de Saugerties en 2022, le duo a ajouté une nouvelle performance à son palmarès.
Con Quidam RB, roi de Vejer
Sur les pistes en herbe, Con Quidam RB est souvent redoutable. Il l’a encore été dimanche 17 mars, du haut de ses dix-huit printemps. Plus en forme que jamais, l’étalon, qui a bien failli ne jamais retrouver la compétition après s’être blessé en 2017 et avoir été tenu écarté des terrains de compétition pendant près de deux ans, a mis tout le monde d’accord à Vejer de la Frontera, en achevant son barrage avec plus de deux secondes et demie d’avance. Le fils de Quinar né chez la famille Bröcking a célébré sa quatorzième victoire en Grand Prix, trois jours après avoir aussi remporté une épreuve à 1,50m sur le même terrain, toujours en compagnie de sa fidèle cavalière, Sanne Thijssen.
“Con Quidam connaît son travail et aime ce qu’il fait. C’est sans doute pour cela qu’il continue à sauter à son âge ! Le barrage est toujours le meilleur moment avec lui. Plus il va vite, plus il se bat et est concentré. Plus on le laisse faire, plus il apprécie”, a souri Sanne Thijssen après sa victoire. Présent en Espagne pour “garder la forme” son étalon prendra l’avion direction Miami, pour l’étape du Longines Global Champions Tour, puis sera aussi de la partie à Mexico… sur une autre piste en herbe.
Le week-end dernier, le couple a supplanté Pedro Veniss, deuxième et double zéro avec son meilleur complice et espoir olympique, Nimrod de Muze*Imperio Egipcio. Classée au-delà de la mille-deux-centième place au classement mondial des cavaliers, la jeune Leonie Böckmann s’est offert une belle troisième place en compagnie de Carter 10. Née au sein d’une famille de passionnés, tant d’élevage que de sport, la talentueuse allemande connaît bien son complice, puisqu’il est né au sein du haras familial. Et bien qu’il ait été formé par Jonathan HvalsØe Saul puis Christine Gjerstad sur la scène internationale, il a offert à la fille de ses naisseurs le meilleur classement de sa jeune carrière.
Sous les selles de Guy Williams, Eiken Sato, Duarte Seabra et Ismael Garcia Roque, Ernie of Greenhill, Chadellano, Van Halen et Tirano ont signé les quatre autres doubles sans-faute du Grand Prix, pour se classer du rang quatre à sept.
Ingrid Gjelsten et Edgar à la fête
À Thermal, en Californie, Ingrid Gjelsten a planté le drapeau norvégien. Samedi 16 mars, la jeune femme a remporté son premier Grand Prix 4* aux rênes de l’expérimenté VDL Edgar M, que ses parents avaient longtemps confié au Brésilien Marlon Modolo Zanotelli, avec lequel il avait notamment participé aux Jeux olympiques de Tokyo et brillé jusqu’au plus haut niveau. Présente à Thermal pour une série de concours, la jeune amazone a pris du galon. Trois semaines après son premier triomphe en Grand Prix 3*, déjà avec son hongre alezan de quinze ans, elle a récidivé, cette fois au niveau supérieur. De quoi lui donner le sourire !
“Edgar est simplement incroyable”, a réagi l’heureuse lauréate. “Il veut juste faire son travail. Je l’aime beaucoup, il est mon meilleur cheval. Il me donne tellement confiance en moi ! Avec lui, j’ai le sentiment de pouvoir tout faire. C’est le meilleur. Mon objectif est de prendre part au grand sport, de faire quelques Coupes du monde et de continuer dans ce sens.” Après avoir également essayé la bouillonnante Like A Diamond van het Schaeck, finalement de retour chez Marlon Modolo Zanotelli après quelques parcours infructueux, Ingrid s’est offert, en tout début d’année, le tout bon I Know, ancien complice du marchand danois Andreas Schou. Avec ce dernier, l’alezan aux grandes marques blanches avait réalisé un barrage extraordinaire dans le Grand Prix du CSIO 3* de Deauville, organisé par GRANDPRIX Events, pour s’offrir la victoire, avant de se classer troisième de l’épreuve reine du Longines Global Champions Tour de Rome, en septembre dernier. Le fils de… Arezzo VDL, né Amant M, et donc demi-frère de VDL Edgar M, a fait connaissance avec sa nouvelle cavalière en Californie, sur des épreuves à 1,40 et 1,45m.
Pour s’offrir la plus belle victoire de sa jeune carrière, Ingrid Gjelsten a réalisé le meilleur barrage… malgré une faute. Sa seule et unique concurrente dans cette finale au chronomètre, la Canadienne Ali Ramsay, en a fait de même, mais a coupé la ligne d’arrivée avec deux secondes de débours, en selle sur Bonita vh Keizershof, une fille de Bustique régulièrement au premier rang d’épreuves jusqu’à 1,50m.
Après avoir concédé un point de temps lors de l’acte initial du Grand Prix, le très en forme Mathijs van Asten a complété le trio de tête aux côtés de son fidèle Sirocco, quinze ans et déjà troisième d’épreuves de même niveau il y a quelques semaines à Thermal ainsi qu’en novembre à Maastricht.
McLain Ward et Manuel Gonzalez Dufrane font parler l’expérience
À Wellington, McLain Ward a emmené un beau podium dans un nouveau Grand Prix 4*. Associé à son partenaire olympique Contagious, fils du sous-côté Contagio âgé de quinze ans, l’Américain a signé le meilleur des deux doubles clear round de la soirée, samedi 16 mars. Tous deux ont coupé la ligne d’arrivée en 43’’24. “Contagious est un super partenaire et je suis très reconnaissant envers Beachwood et Lise Revers de m’avoir permis d’avoir ce cheval à mes côtés pendant toute sa carrière. Il prend de l’âge et demande un peu plus de travail mais a un cœur immense. Il était un peu abonné aux parcours à quatre points ici. Il a réalisé deux super Grands Prix avec une faute, mais a très bien sauté ce soir”, a réagi McLain Ward. “Nous nous concentrons sur Paris. Je pense que Contagious est un peu âgé pour un autre championnat, mais Callas en a encore sous le pied et est dans le radar. Nous avons également un nouveau cheval très excitant, Ilex, que nous pensons capable de réaliser de grandes choses. Nous avons quelques options et un plan pour chacune d’entre elles. Nous espérons être sélectionnés au sein de l’équipe et ramener une nouvelle médaille.”
Deuxième, Nicola Philippaerts a arrêté la montre en 44’’19 sur le génial Derby de Riverland et a devancé Lucy Davis, juchée sur son nouveau complice, Ben 431, un habitué des remises des prix. Le couple prenait part à son deuxième Grand Prix 4* et y a réalisé son meilleur résultat. Avec deux points de temps concédés avec Stakan 4, Spencer Smith est resté aux portes d’un barrage très sélectif. L’Américain a, par ailleurs, récemment fait l’acquisition de la brillante Casablanca H, révélée par le Britannique Samuel Hutton, bras droit d’Abdel Saïd, et cédé à Cian O’Connor l’année dernière. L’Irlandais s’en est donc séparé et l’a annoncé sur ses réseaux sociaux. Avec son ancien pilote, la fille de Conteur avait pris la troisième place du Grand Prix CSIO 5* de Dublin l’été dernier.
En plus des multiples CSI 4* organisés à travers le globe la semaine dernière, les cavaliers pouvaient également choisir de concourir au niveau supérieur, à Paris, au Saut Hermès, ou à Coapexpan, au Mexique. Comme nombre de ses compatriotes, Manuel Gonzalez Dufrane ne s’est pas fait prier pour évoluer à domicile… et s’imposer ! Face à une concurrence plutôt faible, le Mexicain a su jouer de son expérience avec sa chère Hortensia van de Leeuwerk, double sans-faute à Barcelone en 2022 et deuxième d’un Grand Prix 4* joué à Coapexpan déjà la semaine passée. Malgré une faute au barrage, la paire a devancé ses seuls concurrents : Francisco Pasquel Vega et Dominant 2000, un étalon de quatorze ans issu du même croisement que Dominator 2000 ou encore Dynastie de Beaufour, entre Diamant de Semilly et une fille de Cassini I. Tous deux ont renversé deux barres au barrage. Avec une faute lors de l’acte initial mais un parcours rapide, Nicolas Pizarro et Atlantica du Soleil ont pris la troisième place.
Photo à la Une : Daniel Coyle et sa nouvelle recrue, le bien nommé Incredible, en route pour leur première victoire. © Shannon Brinkman / FEI
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