Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Ils réagissent à l’engouement retrouvé du championnat de France Pro Élite

Sport samedi 30 avril 2022 Mélina Massias

Sylvie Robert et ses équipes ont largement remporté leur défi, en organisant le Printemps des Sports équestres, une première édition qui se voulait être une grande fête du cheval. Sur le site du Grand Parquet, à Fontainebleau, tout a été parfaitement orchestré, de la mise en scène visuelle, en passant par les épreuves sportives, mais aussi les activités annexes et les conditions climatiques, idéales pour un grand spectacle. Pour la première fois depuis bien longtemps, les championnats de France, et notamment ceux de la catégorie reine, la Pro Élite, ont attiré les meilleurs Tricolores. Après deux ans de disette, la Fédération française d’équitation a gagné son pari de faire de cette échéance un passage obligatoire pour la suite de la saison. Unanimes, les cavaliers ont également salué le travail de l’organisation, des chefs de pistes et de toutes les petites mains ayant œuvré pour le succès de cet événement. Pour l’occasion, StudForLife a recueilli les impressions de plusieurs acteurs de ces Masters Pro nouvelle génération.

Sophie Dubourg, Directrice technique nationale de la Fédération française d’équitation

“Nous avons mené une réflexion ces trois dernières années pour redonner de l’engouement aux championnats de France, annulés par deux fois en raison de la crise sanitaire. Nous sommes ravis de nous être associés à GL Events et toute l’équipe de Sylvie Robert pour ce projet. Nous avons également fait le choix de fusionner la date de l’international à celle du Master Pro. Dans un premier temps, cela nous a un petit peu inquiété, et, finalement, tous les cavaliers ont été fortement intéressés. Le challenge était de réunir tous les cavaliers. Les sélections pour le CSI 4* étaient d’ailleurs liées à leur participation au championnat de France. Cela n’a pas été trop contraignant et tout le monde a bien accepté ce choix. Dans un deuxième temps, les cavaliers ont dû bien répartir leur piquet de chevaux, afin d’avoir une monture compétitive pour le championnat. Nous avons eu un plateau de soixante-dix couples plutôt homogènes, bien que certains pilotes aient choisi des chevaux en devenir, en laissant leurs meilleures cartouches dans le 4*. Nous sommes ravis, autant pour eux que pour nos partenaires, la Fédération et le public. Pour le staff, cela permet une revue des troupes en outdoor, avant les grandes sélections. Nous avons décalé la sélection pour le premier CSIO, cela de La Baule (qui se tiendra du 5 au 8 mai, ndlr) à lundi matin (25 avril, ndlr) pour nous servir du championnat de France comme supportJe pense que c’est un joli pari, déjà bien gagné.

Dans la réflexion que nous avons eue il y a trois ans, nous pensions ne proposer que deux jours de championnat, à la suite. Finalement, comme l’événement s’intègre dans le 4*, nous avons inclus une journée de repos. Cela faisait partie de la volonté des cavaliers. Avec un championnat plus court, le temps de repos des chevaux sera moins long et permettra aux cavaliers d’enchaîner rapidement avec les Coupes des nations. Dans quinze jours, ce sera déjà La Baule. L’idée est d’observer les chevaux, de décerner un titre honorifique, qui ressemble à quelque chose, avec une vraie épreuve de championnat, sans fatiguer les chevaux. Si nous continuons sur ce format-là pour la suite, avec un international en parallèle, nous resterons sur deux journées d’épreuve. En revanche, peut-être que nous élaborerons un format sportif différent. Dans le cas présent, la finale se jouait sur un format de Grand Prix en deux manches, sans barrage, afin d’inciter les couples à sauter les deux parcours. Dans tous les cas, nous tirerons un bilan de ce championnat.

Le choix de ne pas utiliser le terrain d’honneur relevait plutôt de l’organisateur que de la Fédération. La question de la stabilité de ce terrain en herbe s’est posée. Nous avons écouté les cavaliers : ils pouvaient nourrir de petites craintes concernant de potentiels giboulés au mois d’avril, qui auraient rapidement dégradé le terrain.”

Henk Nooren, le sélectionneur de l'équipe de France de saut d'obstacles, et Sophie Dubourg, en pleine discussion.

Kevin Staut, meilleur cavalier du classement national Pro Élite avant le début de ces championnats

“Je pense que cet événement est un ensemble. Forcément, l’organisation est tellement au point et optimisée qu’elle redonne de l’intérêt au championnat de France et à toute cette semaine de compétition. Il y a différentes catégories de championnats, des épreuves réservées aux jeunes chevaux, un CSI 4* ; tout ce dont les cavaliers ont besoin pour être intéressés par ce profil-là. Sylvie (Robert, ndlr) et toute son équipe savent parfaitement organiser de tels concours. C’est du velours. Et en plus, tout est en harmonie : il devait pleuvoir mais ce n’est pas le cas, il y a du public et une bonne fréquentation. C’est chouette !”

Kevin Staut et Iliade KDW Z, lors de la première manche du Master Pro.

Sylvie Robert, Directrice des événements équestres GL Events et cheffe d’orchestre du Printemps des Sports équestres de Fontainebleau

“Je crois que les cavaliers ont été satisfaits. Nous avons réussi à mener à bien ce double concours, entre le Master Pro de la Fédération française d’équitation et un CSI 4*. Les cavaliers étaient contents de pouvoir monter jusqu’à cinq chevaux sur le concours : un dans le Master Pro Élie, deux dans le CSI 4* et deux jeunes, de sept et huit ans. Tous les cavaliers de l’élite française ont répondu présent. Nous sommes ravis de ce projet. Initialement, nous devions organiser deux concours à la suite, un 4* puis les Masters Pro. Finalement, nous nous sommes dit qu’il serait peut-être judicieux de faire un seul événement, un peu plus long, qui soit une vraie fête du cheval, pour tout le monde. En outre, les cavaliers ont besoin d'engranger des points pour le classement mondial et n’ont pas perdu un week-end en venant à Fontainebleau, d’autant plus qu’il n’y avait pas d’autre concours de ce niveau-là, si ce n’est le CSI 4* d’Hagen, en Allemagne (Deurne accueillait également les championnats nationaux des Pays-Bas, ndlr). Nous avons eu la chance d’accueillir de très bons cavaliers. Nous avons l’habitude d’organiser des concours avec beaucoup de chevaux, de labels et d'épreuves. Tout s’est bien déroulé et a donné lieu à une semaine sympathique.

Je ne voulais pas prendre le risque de faire courir les chevaux sur l’herbe et d’avoir des soucis. Tant que le Terrain d’honneur n’est pas refait, que ce soit en sable ou en herbe, je préfère ne pas l’utiliser. L’avenir de cette piste repose sur des décisions qui ne sont pas encore prises.

Le public a été incroyable. Nous avons eu environ 10.000 visiteurs aujourd’hui (dimanche 24 avril, ndlr). C’est un beau succès pour cet événement, mais aussi pour le Grand Parquet, qui est un site magnifique. Il a été refait et mérite d’être l’hôte d’événements de grande importance. Les institutions locales ont déboursé beaucoup d’argent dans sa rénovation, et cela est très important pour elles.

Nous aimons attirer tous les publics et que toutes les tranches d’âges puissent trouver un intérêt et être occupées sur nos événements. Les baptêmes à poneys ont pu bénéficier aux enfants de la ville de Fontainebleau, dès mercredi et ce week-end. Nous avons proposé d’autres initiations, notamment avec les balades sur les chevaux Henson de la famille Bost. Roger-Yves et Cyril Bost ont lancé cette activité le 1er avril et je trouvais cela vraiment important qu’ils puissent faire partie de cette grande fête avec nous. Pendant longtemps, la famille Bost a organisé les championnats de France. J’étais très heureuse de pouvoir faire cela pour eux. Nous avons également eu les ânes, le petit manège T’Choupa, la Garde Républicaine, etc. Il était important de bien gérer ce premier événement extérieur de grande importance. Les gens semblaient contents, et la météo nous a bien aidés.

Je tiens à remercier toutes les équipes qui ont œuvré sur cet événement. Nous avons monté ce concours rapidement et elles ont toutes été formidables. Nos partenaires, qui nous ont tous suivis, l’ont aussi été. C’est une grande chance d’avoir bénéficié de leur soutien et je les remercie pour leur confiance. Je voudrais également remercier la Fédération française d’équitation, pour son soutien et sa confiance, et je ne peux que féliciter nos chefs de piste et leurs équipes. Grégory Bodo sur le CSI 4, Cédric Longis sur les Masters Pro et Jean-François Gourdin pour les épreuves Jeunes chevaux, Amateur et 1* ont fait du très bon travail, avec des parcours très cheval. Ils nous ont livré un beau spectacle.”

Sylvie Robert aux côtés de Lily Attwood lors de la remise des prix du Grand Prix 4*.

Alexandra Ledermann, championne d’Europe en 1999 avec Rochet M et cinquième du championnat de France avec Requiem de Talma

“Je n’ai pas eu de reproche à faire. Le concours était sympathique. Il y a beaucoup de monde et c’est un grand rassemblement, aux allures de fête du cheval. Un championnat disputé sur trois jours peut permettre davantage de changements et des remontées spectaculaires, mais, mon cheval ayant dix-sept ans, ce format en deux journées me convenait plutôt bien. J’ai longtemps hésité à engager Requiem dans le 4*, ce qui était ma première idée. Finalement, le format du championnat m’a convaincue. Cela l’a moins fatigué. Dans le CSI, si j’avais commis une faute le premier jour, j’aurais dû le faire sauter de nouveau dans la deuxième qualificative [pour espérer disputer le Grand Prix]. À son âge, chaque parcours compte. J’essaie de le protéger au maximum. Il a été magique ce week-end. Il est exceptionnel, merveilleux. Sauter comme cela à dix-sept ans… C’est un peu ma marque de fabrique d’avoir des chevaux qui vieillissent bien : Rochet a été champion d’Europe à dix-sept ans. J’espère participer au 4* de Bourg-en-Bresse dans un mois, mais, de nos jours, les sélections ne sont pas acquises. Tout le monde a envie d’aller au même endroit (rires). Pour la suite, je n’ai pas d’objectif précis : nous voulons simplement maintenir Requiem en bonne santé, en bonne forme, comme il l’est en ce moment, le plus longtemps possible. J’adore sauter avec lui, nous nous entendons à merveille et je n’ai pas envie que le rêve s’arrête.”

Alexandra Ledermann et Requiem de Talma.

Cédric Longis, chef de piste du championnat de France Pro Élite

“Tout d’abord, cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu soixante-dix chevaux au départ du championnat de France. Ces dernières années, ils étaient plutôt entre quinze et vingt. Cette année, nous avions tous les meilleurs cavaliers français. Certains chevaux étaient encore en formation, donc il fallait s’adapter à tout le monde. Avant-hier (interview réalisée dimanche 24 avril, ndlr), la Chasse était assez ouverte. Comme tous les chevaux étaient dans le coup, nous avons proposé une bonne finale, plus délicate que grosse. Ce n’était pas énorme dans les côtes, mais le tracé était technique. La deuxième manche était complètement différente et a tout remanié. À la fin, il y a eu deux couples qui ont achevé la finale avec un total de un point (Pénélope Leprevost sur Texas, sacrée championne de France, et Philippe Léoni, en compagnie de Miss Marie v’t Winnenhof, ndlr), mais personne n’a réussi le double zéro. Les meilleurs ont gagné et nous avons assisté à du beau sport : c’était magnifique. Le scénario était rêvé, et le contexte était encore plus beau, avec la victoire d’Éden, puis celle de Pénélope. Elle a monté de façon magnifique, c’était un régal.”

Cédric Longis.

Iris Bigote, groom d’Arqana de Riverland, sixième du championnat de France sous la selle de Juliette Faligot

“Tout a été très bien : les pistes étaient de bonne qualité, et en plus il a fait beau ! Arqana a bien performé, donc forcément, cela fait encore plus plaisir. Elle est parfaite ! (rires) Nous espérons toujours gagner en venant à un championnat, mais faire partie des huit meilleurs est déjà très plaisant. Ne faire sauter les chevaux que deux jours est mieux pour eux, d’autant plus qu’ils ont un jour de repos entre les deux épreuves. Je trouve cela plutôt bien, notamment par rapport à la Pro 1 où le Critérium se déroule en trois étapes, avec une journée de repos. Franchement, je n’ai rien à redire : j’ai trouvé cet événement bien organisé.”

Iris et Arqana.

Philippe Léoni, médaillé de bronze dans la catégorie reine avec Miss Marie v’t Winnenhof

“C’était vraiment fantastique. J’étais trente-quatrième ce matin (interview réalisée dimanche 24 avril, ndlr). Ma jument a gagné la finale ex-aequo avec Pénélope et je suis monté sur le podium. C’est extraordinaire. Pour conclure mon dimanche, je suis cinquième du Grand Prix 4*. C’est une journée formidable. Je monte Miss Marie depuis huit mois. Je pense qu’elle est hors norme et l’une des meilleures juments que j’aie montées dans ma carrière. J’espère que le meilleur reste à venir. C’est la première fois que nous disputons de nouveau un championnat avec beaucoup de monde, avec tous les Français. C’est exceptionnel. Le terrain était idéal, le chef de piste a été extraordinaire, donc c’était super !”

Philippe Léoni et Miss Marie.

Crédit photo : © Mélina Massias. Photo à la Une : Le podium du championnat de France Pro Élite.