Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

“Il faut faire confiance au travail à long terme pour réussir sur la durée”, Georgia Tame (1/2)

Avec Be Golden Lynx, Georgia Tame pourrait bien retrouver les grands championnats avec l'équipe britannique de saut d'obstacles.
mardi 17 juin 2025 Camille Pineau

À seulement vingt-sept ans, Georgia Tame a déjà parcouru un sacré chemin. Du petit poney offert par son grand-père à ses premières Coupes des nations, la cavalière britannique n’a jamais quitté les terrains de compétition, ni les chevaux. Formée chez Charlotte Platt, révélée chez Shane Breen, passée par la Belgique et les écuries de Scott Brash, Georgia Tame s’est forgé un solide bagage. Aujourd’hui, elle est de retour “à la maison”, au sein de Breen Equestrian, bien décidée à écrire un nouveau chapitre. Dans cet entretien, celle qui se classait deuxième du Grand Prix 4* de Wiesbaden avec le phénomène Be Golden Lynx début juin, revient sur ses débuts, ses chevaux, son ambition intacte... et ce lien unique qu’elle tisse avec chacun de ses partenaires. Parce qu’avec Georgia, tout part du cheval, toujours.

Comment est née votre passion pour les chevaux et pour l’équitation ?

J’ai toujours baigné dans le monde des chevaux. Mon père est maréchal-ferrant et ma mère cavalière de dressage. J’ai donc grandi dans cet univers. J’ai commencé l’équitation vers l’âge de cinq ans. Ce n’était que pour du loisir à l’époque. Mon grand-père m’avait offert mon premier poney, qui s’appelait Ronnie. Il a continué sa carrière ensuite, d’abord chez la famille Charles, puis chez Guy Williams. J’ai vraiment commencé à m’intéresser au saut d’obstacles vers l’âge de onze ans, quand j’ai eu mon premier cheval. C’était un très beau cheval, avec un œil bleu et une grande tête blanche. Il m’a permis de découvrir le saut d’obstacles et de progresser. J’ai fait mes premières épreuves avec lui.

Quand avez-vous su que vous vouliez transformer cette passion en métier ?

Depuis toute petite, je savais que je voulais devenir cavalière professionnelle. J’ai commencé à en parler très tôt à mes parents, et j’ai réussi à les convaincre. Dès mes quatorze ans, j’ai quitté l’école pour me consacrer à cette passion. Même si c’était jeune, ce n’était pas une décision difficile pour moi, car j’ai toujours eu cette idée en tête. Et mes parents ont accepté, même si ce n’était sans doute pas aussi évident pour eux.

Quelle a été la suite de votre apprentissage en tant que cavalière ?

Après avoir quitté l’école, j’ai décroché mon premier poste chez Charlotte Platt et Ronnie Healy. J’y suis restée quelques années et j’ai énormément appris, surtout sur le saut d’obstacles. Grâce à eux, j’ai pu acheter plusieurs chevaux, jeunes et plus expérimentés, ce qui m’a permis de monter des profils très différents. Avec eux, j’ai concouru jusqu’à 1,40, 1,45 m. Puis, vers mes dix-sept ans, j’ai rencontré Shane Breen. J’étais au Sunshine Tour et je suis allée lui demander s’il avait un poste. C’était un modèle pour moi depuis longtemps. Il m’a intégrée à ses écuries en 2015. C’est là que ma carrière a réellement pris son envol.

Qu’avez-vous retenu de ces années passées chez Shane Breen ?

Shane est un cavalier exceptionnel. Rien qu’en l’observant monter, on apprend énormément. Dans ses écuries, il y a des chevaux très variés, des jeunes aux plus aguerris. J’ai tout appris là-bas, des bases jusqu’au très haut niveau. Il m’a transmis tellement de choses qu’il est difficile de ressortir un conseil en particulier. Son enseignement me suit encore chaque jour.

Vous avez aussi monté pour Team Z7. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?

Les chevaux de Team Z7 appartiennent à Sheikha Maitha. J’ai eu la chance de monter des chevaux exceptionnels comme Z7 Cash Up (Cash And Carry x Landgraf I), avec qui j’ai participé aux Championnats d’Europe Jeunes à Fontainebleau et à mes premières Coupes des nations Seniors. Et aussi Z7 Ascot (Nonstop x Voltaire), un étalon avec lequel j’ai couru en Coupe des nations et aux Européens Seniors de Riesenbeck. Il est arrivé chez Shane à six ans. J’ai commencé à le monter à sept ans, puis à huit, je l’ai pris en charge à temps plein. Il a marqué ma carrière. Il était extrêmement respectueux, avec une forte personnalité. Mais à chaque fois que j’entrais en piste, je savais qu’il allait presque toujours faire un sans-faute, à condition que je fasse bien ma part du travail.



Vous avez ensuite intégré les écuries de Karel Cox. Pourquoi ce choix ?

Après huit années chez Shane, je souhaitais continuer d’évoluer et je suis partie m’installer en Belgique pendant deux ans pour travailler chez Karel Cox. C’était une très belle expérience. J’ai pu monter un grand nombre de chevaux et engranger beaucoup de savoir-faire. On était quasiment chaque semaine en concours international. Il m’a beaucoup aidée à intégrer de belles compétitions. Et puis être basée en Europe m’a permis de rencontrer beaucoup de nouvelles personnes dans le milieu.

Vous avez aussi collaboré avec Scott Brash. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Pendant que je travaillais pour Shane, j’ai eu la chance de m’entraîner avec Scott dans le cadre de la Young Riders Academy. Il habite tout près de chez moi en Angleterre, donc on se connaît depuis longtemps. Quand j’ai quitté la Belgique, je n’avais pas encore de projet concret. On s’est croisés à une compétition à Lille, j’ai évoqué ma situation avec lui, et il m’a

proposé de venir monter chez lui. J’ai trouvé que c’était une belle opportunité, alors j’ai accepté. J’ai monté plusieurs jeunes chevaux pour lui, dont un six ans nommé Lucky Chance (né Chance of Picobello, Casall × Indoctro). Il y avait aussi un cinq ans, Hello Northern Star (What A Quickstar R, alias Big Star × Ahorn), ainsi que Hello Vittoria (née Entre Nous, Kannan × Olisco). Lucky Chance était mon préféré. Il était génial. On a fait le circuit d’Oliva et le Sunshine Tour ensemble, en début d’année dernière, et il a enchaîné les sans-faute pendant les deux tournées. C’était un cheval très compétitif, respectueux et agréable à monter. Hello Northern Star, lui, est promis à un bel avenir (le puissant étalon n’est autre que le fils de la grande Ursula XII, ndlr). Il a tout pour réussir, et je pense que c’est l’un des favoris de Scott. Quant à Hello Vittoria, c’est une jument très spéciale. Elle a apporté beaucoup de succès à Scott, et j’ai eu énormément de chance de pouvoir la monter.

Vous êtes aujourd’hui de retour chez Breen Equestrian. Comment avez-vous pris cette décision ?

L’an dernier, j’ai décidé de faire une pause de quelques mois. Depuis toute petite, je n’ai jamais vraiment arrêté. J’avais besoin de souffler un peu dans ma carrière. Mais ma passion m’a vite rattrapée. En septembre, j’ai acheté Be Thiassi (Cuick Star Kervec x Andiamo), une jument de sept ans, lors des enchères organisées par Shane, après en avoir discuté avec lui. Il m’a dit : “C’est une jument exceptionnelle, je pense que vous formerez un bon duo.” Et il m’a proposé de revenir dans ses écuries. Pour moi, ils sont comme une seconde famille, donc c’était une évidence. Depuis, notre collaboration fonctionne à merveille.

Qu’est-ce qui a changé dans votre équitation depuis ce retour ?

Je pense avoir beaucoup mûri depuis mon départ. J’ai monté des chevaux très différents, et cela m’a appris à être patiente et à m’adapter à chacun d’eux. J’ai aussi compris qu’il faut faire confiance au travail à long-terme pour performer sur la durée.

Comment se déroule la saison 2025 jusqu’ici ?

Pour l’instant, tout se passe très bien. Je m’habitue encore aux chevaux, car cela ne fait que quelques mois que je les monte. Mais je suis très contente de nos débuts ensemble.

Vraiment, je ne pourrais pas espérer mieux. J’ai notamment eu de très bons résultats en 5* avec Be Golden Lynx (Golden Hawk x Lux). Nous avons terminé quatrièmes d’un Grand Prix 5* en avril. C’est probablement la performance dont je suis la plus fière depuis un moment. Pourtant, ce niveau est nouveau pour lui, mais il s’en sort à merveille. Je suis très fière de lui. J’ai quelques objectifs pour cette année, et j’espère pouvoir les atteindre. Notamment revenir dans les équipes britanniques et obtenir de bons résultats.

La seconde partie de cet entretien sera disponible mercredi sur Studforlife.com…

Photo à la Une : Avec Be Golden Lynx, Georgia Tame pourrait bien retrouver les grands championnats avec l'équipe britannique de saut d'obstacles. © Jean-Louis Perrier