Avez-vous regretté la décision d'accepter de vendre les chevaux ?
H.P. : « Non. C'est vrai que je suis le premier supporter de mon frère mais lorsque Bosty est venu ici, à la base, il venait pour ma jument, Nikyta. Il est monté sur Nippon et il a sauté une barre qui devait faire 1m10 au maximum. Il s'est mis à pleuvoir, il est descendu. Il fallait qu'on en vende un.
On lui a mis un prix sur chacun des chevaux et c'est lui qui est revenu quelques semaines après avoir cherché des partenaires qui acceptaient d'investir sur les deux chevaux. Il a finalement trouvé des investisseurs qui voulaient le faire car les chevaux venaient du haras d'Elle et ils voulaient travailler avec les Pignolet. Bosty et son épouse nous ont vraiment dit qu'ils avaient accepté parce que c'était nous et que c'était deux chevaux que nous avions fait naître et fait progresser nous-mêmes. En fait, lorsqu'ils sont venus, c'était la famille Bost et leurs propriétaires proches qui comptaient acheter Nikyta mais finalement, ils nous ont fait une proposition d'un investisseur à l'étranger pour l'achat des deux chevaux. En plus, Nikyta reviendra à l'élevage après sa carrière et nous n'avons vendu que 50% de Nippon. »
Vous vous sentez plus cavalier ou éleveur ?
H.P. : « Pas plus l'un que l'autre. Tout de suite, je dirais un peu plus cavalier, comme c'était le cas de Bertrand lorsqu'il était installé à Cartigny et que papa se plaignait qu'il ne venait pas assez voir les poulains qui naissent en disant qu'il ne s'intéressait pas à l'élevage mais bien uniquement à ses concours. Aujourd'hui, géographiquement, c'est un peu l'inverse car tous les poulains sont à Cartigny. J'essaie donc de passer les voir quand ils naissent mais je ne les vois pas au jour le jour, je ne les vois pas évoluer et même si je ne m'en désintéresse pas, on n'a pas la même passion de les voir évoluer. Par contre, je m'occupe beaucoup plus du saut en liberté que Bertrand suit un peu moins. Par exemple, ici, ce n'est que trois jours avant le concours étalon que j'ai dit à Bertrand ceux que je comptais emmener. Il savait forcément que le Nippon y était mais à part ça, il savait juste que j'en avais préparé plusieurs. Ce n'est pas que ça ne l'intéresse pas, c'est juste que géographiquement, les 2 et 3 ans sont juste à 10 mètres de la maison comme les poulains le sont de la maison de Bertrand. Ce n'est pas pour ça que je me sens moins éleveur, c'est juste une question pratique. »
Les deux activités sont difficiles à concilier pour vous ?
H.P. : « Non. Les deux activités se complètent car on monte les chevaux que l'on fait naître. Si on ne s'intéresse pas à les faire naître comme on le souhaite ou comme on l'imagine, on n'aurait pas envie de monter dessus. Par contre, vu la quantité de chevaux qu'il y a, vu la quantité de naissances et de croisements, c'est dur d'avoir le temps de tout faire. »
Est-ce que l'évolution du sport vous fait évoluer dans vos choix d'étalons ?
H.P. : « Pas spécialement parce que papa nous a toujours appris que ce n'était pas forcément que le modèle et les allures mais qu'il fallait rechercher un type de cheval : un cheval près du sang, qui a un super mental qui a peut-être moins de force que celui qui va tout sauter mais en pousse toujours une ou qui n'a pas l'envie de bien faire. La force de notre élevage a toujours été d'avoir des juments près du sang qui avaient toujours une envie de bien faire et une envie de faire du saut d'obstacles. Nous sommes toujours dans cette optique là d'élever des chevaux qu'on ait envie de monter. Après j'ai un avis un peu plus partagé que Bertrand sur les chevaux étrangers car on les connaît moins bien, on connaît moins bien leur lignée maternelle et au travail tous les jours, on reconnaît quand même le Selle Français du cheval étranger. »
La dernière partie de notre entretien avec les frères Pignolet sera disponible des demain.