Quatre ans après Aix la Chapelle, Hervé Godignon est de nouveau présent aux Jeux Equestres Mondiaux … mais en tant que coach. En effet, depuis le début de l'année, le multi-médaillé français est l'entraineur du jeune cavalier des Emirats Arabe Shakhboot Al Nahyan qualifié avec l'étalon approuvé au BWP ; Muscaris d'Ariel (Diamant de Sémilly). Il a donc troqué sa veste bleue pour la casquette noire en tant que coach privé aux côtés d'Eric Levallois, entraineur de l'autre pilier de l'équipe, Latifah Al Maktoum et Kalaska de Sémilly, autre fils de Diamant de Sémilly.
SFL : Que retenez-vous de cette nouvelle expérience aux Jeux Mondiaux ? Hervé Godignon : « C'est vrai que finalement, cela ne fait que 4 ans puisque j'étais à Aix la Chapelle en tant que cavalier. Cela fait du bien de se replonger comme cela dans la grande compétition car il n'y a qu'en étant vraiment en situation extrême que l'on peut résoudre les problèmes que l'on a identifié. A ce titre-là, pour moi, c'est une formidable expérience ainsi que dans la relation que j'ai avec mon cavalier. Je venais d'ailleurs ici avec lui uniquement dans cette idée qu'il emmagasine de l'expérience même si lui se mettait sans doute un peu plus de pression en pensant que … mais en même temps, il ne faut pas rêver, à ce niveau-là, il faut vraiment du métier et des chevaux avec de l'expérience. Nous, nous avons fait quelques Global cette saison mais avec 4 points par-ci, par-là … mais qui se transforment en 8-12 aux championnats du monde, ce qui est tout à fait normal. Néanmoins, au fur et à mesure des jours, il monte de mieux en mieux ce qui prouve qu'il apprend à gérer la pression et à en faire une amie et non une ennemie puis il a montré qu'il avait le niveau. Si il continue sur cette voie, je pense que c'est un cavalier qui va percer et qui va faire partie des très bons cavaliers mondiaux. Il en a le potentiel : il a beaucoup de talent, un très bon feeling et il n'a que 20 ans. Moi, à son âge, je venais à peine de débuter à monter en concours … »SFL : Justement, est-ce un avantage ou un inconvénient d'être jeté si jeune dans une telle compétition alors que ce serait impossible dans nos pays ?
H.G. : « Un avantage, bien sûr ! L'exemple qui me vient de suite en tête, c'est celui de Rodrigo Pessoa ! C'est inestimable ce que cela peut apporter, comme dans n'importe quel sport, d'être plonger comme cela directement dans le grand bain. »
SFL : Durant cette saison, que pensez-vous qui a le plus évolué chez lui ?
H.G. : « On a beaucoup travaillé sur l'attitude, sur le calme car il pouvait être un peu chaud dans la piste en voulant être trop compétitif. Ce qui est une bonne chose en soi mais il faut apprendre aussi à être patient, à gérer, à préparer une épreuve ou une échéance… et on ne prépare pas une échéance en gagnant des épreuves même si parfois, c'est difficile à faire admettre à un jeune cavalier qui a envie de gagner. »
SFL : En tout début d'année, il y avait eu une très belle performance avec une 4 ème place à Abu Dhabi derrière les équipes européennes … H.G. : « Tout à fait, c'est d'ailleurs là que nous avons commencé à travailler ensemble puisque nous avions débuté notre collaboration une semaine avant le début du concours. C'est d'ailleurs grâce à cette performance que nous avons décidé d'engager l'équipe à ces championnats du monde, ce qui n'était au départ pas prévu puisque nous pensions plus aux Jeux Olympiques de Londres puis les choses se sont précipitées avec les bons résultats. Cette équipe est d'autant plus prometteuse que deux des cavaliers n'étaient pas aussi bien équipés en chevaux que Shakhboot et Latifah et ont fait des tours avec une très belle équitation… mais je pense aussi à d'autres pays qui arrivent au haut niveau. Il faut faire attention : rien n'est acquis et la donne peut changer. » SFL : D'ailleurs, c'est un jeune cavalier mais qui évolue avec un cheval qui n'a pas non plus une très grande expérience … H.G. : « Pas énormément non plus, mais par contre, c'est un cheval d'un tempérament exceptionnel. C'est un brave parmi les braves ! Non pas avec la connotation péjorative que « brave gars » peut avoir mais brave dans le sens où il donne tout ce qu'il a. Cela dit le cavalier ne se trompe pas : il y a encore des imprécisions mais rarement des erreurs d'abord. Là où il va avoir besoin de progresser, c'est dans le dosage : de la jambe par rapport à la main ou le contraire ou le dosage dans un virage pour aller sur un oxer certes très large mais très haut devant … et à ce niveau-là, les centimètres comptent double. Entre 1m50 et 1m60, ce n'est plus une marche, c'est un étage. » SFL : Lorsque l'on fait son premier championnat en tant que coach, on n'a pas peur que la page cavalier se referme ? H.G. : « Non ! D'abord parce que l'envie est là, ensuite parce que j'ai quelques chevaux qui trainotent dans mon écurie qui me font encore un peu rêver et que je pense qu'il est tout à fait possible de joindre l'utile à l'agréable… même si je trouve d'ailleurs que les deux sont agréables autant par les moyens qui peuvent être mis à disposition que sur le potentiel du cavalier lui-même. Actuellement mes chevaux sont déjà au Maroc et m'attendent … donc je vais repartir pour deux semaines de concours, avant de me rendre en Chine pour les Jeux Equestres Asiatiques qui est notre prochain objectif avec l'équipe des Emirats Arabes Unis. Pour la suite, je suis en train d'hésiter à envoyer quelques chevaux là-bas pour les concours comme Abu Dhabi, Dubai et d'autres … ce qui me permettrait à la fois de monter et de coacher. »SFL : Au niveau de la santé, comment va votre bras ?
H.G. : « Très bien. Je peux de nouveau le mobiliser comme je l'entends. J'ai une belle cicatrice mais je suis de nouveau à cheval et surtout je peux rejouer au golf ! »