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Henri Kovacs, cavalier de tête de l' écurie Godignon.

Interviews mercredi 30 novembre 2011
Henri Kovacs, cavalier de tête de l ' écurie Godignon.

Les victoires du Hongrois Henri Kovacs (666 ème mondial) dans les Grand Prix du une et deux étoiles à Strazeele auront pu surprendre d ' autant que sous sa selle, on aura reconnu la grande promesse d' Hervé Godignon, Carolus Z (Canabis Z). Le crack est-il vendu ? Non ! Le multi-médaillé français a-t-il décidé de raccrocher les bottes ? Non, plus … mais il a décidé de changer le fonctionnement de sa structure en engageant le jeune cavalier hongrois pour le haut niveau alors que lui-même continuera la formation de ses jeunes chevaux.

Quelques jours après la victoire de son nouveau protégé, Hervé Godignon a accepté de nous expliquer son nouvel organigramme.

Studforlife : Comment avez-vous repéré Henri Kovacs ?

H.G. : « En fait, suite à l ' affaire de La Baule, j ' ai prévenu tout le monde que je cherchais un cavalier en disant que je commençais à me préparer à une évolution dans mon système de travail. Le bouche à oreille a fait son travail et Romain Duguet, qui est un ami et que je fais travailler de temps en temps, m ' a conseillé de me renseigner sur ce cavalier hongrois qui avait travaillé pour Henri et Kathie Prudent. Durant cette période, il a participé aux championnats d ' Europe de Windsor ainsi qu ' aux championnats du monde de Lexington mais était ensuite rentré dans son pays et n ' avait pas trop de chevaux. Je me rappelle l ' avoir vu à cette époque et avoir gardé le souvenir d ' un super cavalier. Dans mon fort intérieur, je me suis toujours dit que je trouverai la personne qui correspondrait au profil exact que je cherchais car pour moi, dans le monde, il y avait plus de jeunes cavaliers extrêmement talentueux qui n ' ont rien à se mettre sous les fesses que de bons chevaux sans cavalier.

Henri Kovacs & Carolus Z Nous sommes entrés en contact mais il m ' a de suite prévenu qu ' il devait terminer la saison où il était car il avait pris des engagements pour participer aux championnats du monde de Lanaken avec de jeunes chevaux. Nous sommes restés en contact et il est ensuite venu me voir et nous nous sommes mis d ' accord. Je lui apporte à la fois une infrastructure et un piquet de chevaux confirmés qui existe réellement, ce n ' est pas comme si j ' arrivais avec un piquet de chevaux de 4 ans en disant dans 6 ans, on fera de grosses épreuves. Aujourd ' hui, j ' ai une usine de fabrication qui fonctionne avec une vocation de formation de chevaux … mais derrière, il faut des cavaliers pour les monter. Personnellement, je me partage entre l ' enseignement, la formation, le management … et je n ' arrête pas de monter … mais dans cet esprit de formation. Je reste persuadé qu ' à un moment donné quand un cheval arrive vers 8 ans, on rentre dans la vie active … et là, il faut rentrer en piste pour gagner. Seulement pour atteindre le haut niveau, il faut avoir un rythme de concours important et c ' est vrai que ce rythme ne me plaît plus vraiment … d ' autant moins suite aux événements de La Baule où je me suis senti un peu rejeté, un peu agressé … etc. J ' ai passé 35 ans aux services de l ' équipe de France, visiblement l ' équipe de France n ' a plus besoin de moi … c ' est en tout cas ce que j ' ai ressenti. Nous allons dès lors faire ça d ' une autre manière. C'est-à-dire qu ' aujourd ' hui, il y a d ' une part le sport, d ' autre part le business … et moi, je ne voulais pas qu ' ils jouent avec mon argent. Oui, c ' est un sport mais on a une entreprise à faire tourner. Il y a formation des chevaux, les engagements en vue du projet sportif qui doit déboucher à terme sur un projet commercial car les chevaux seront à vendre, comme beaucoup. La seule différence, c ' est que je ne suis pas marchand de chevaux et donc je veux amener les chevaux à leur meilleur niveau comme je l ' ai fait en vendant Obelix après avoir fait un championnat du monde, j ' ai vendu Diams III après avoir gagné des Grand Prix CSIO et de coupe du monde. L'acheteur y trouve son compte car on ne va pas lui vendre le super 7 ans qui pourrait gagner dans deux ans des Grand Prix coupe du monde ou CSIO … etc. J ' ai ce côté-là du sportif qui va jusqu ' au bout de ses rêves et de ses ambitions … mais à un moment donné, il faudra les vendre car je ne suis pas mécène et c ' est pour ça qu ' il faut en amont une fabrique de chevaux de qualité pour que le jour où le cheval de tête est vendu, il y en ait un qui suive derrière dans la foulée. C ' est mon fond de commerce, c ' est ce que je sais faire de mieux … et c ' est ce que j ' aime donc tout le monde est content. »

Studforlife : En décidant de prendre du recul par rapport à la compétition pour vous concentrer sur la formation, v ous enlevez-vous une certaine pression et retrouvez-vous le plaisir de monter ? Comment vivez-vous cela ?

H.G. : « Oui, en fait, je continuais à monter avec cet état d ' esprit de formateur … et à un moment donné, il faut en sortir et c ' est vrai que c ' est dur d ' être à la fois formateur et compétiteur. D ' abord parce qu ' il y a le temps qui est important. Lorsqu ' on doit aller monter le Global, les Coupes des nations, c ' est dur d ' aller monter aussi les 4,5,6, 7 ans, voire un 8 ans qui a besoin de refaire un petit concours de détente … Là, on met en place une structure où je suis toujours capable d ' aller faire des 2 étoiles comme je l ' ai fait à Valkenswaard pour monter mon petit 7 ans, mon 8 ans en parcours de travail et à côté, il y a le cavalier de compétition qui rentre dans la piste pour aller gagner. »

Studforlife : Seul l'événement de La Baule est à la base d ' un tel bouleversement ? H.G. : « Je ne peux pas dire cela … mais ça a été une grosse goutte d ' eau qui a fait déborder le vase. Ce n ' est pas le seul élément car finalement, cela me parait une suite logique dans la vie d ' un cavalier mais c ' est l ' élément déclencheur. D ' un autre côté, je ne peux pas dire que je me retrouvais dans le projet sportif de l ' équipe de France, ni de la fédération. Je ne peux pas dire que c ' était une ambiance formidable dans laquelle je me sentais très bien. C ' est un mélange d ' un peu tout cela. Avec The Real Deal aux JEM de Lexington Si je reviens sur l'événement de La Baule, je ne veux pas me réentendre dire que mon cheval n ' est pas prêt et que je devrais faire ci ou ça car j ' estime avoir largement plus d ' expérience ou de compétence que ceux qui me donne des leçons. C ' est là où je dis que je ne veux pas qu ' ils jouent avec mon argent. C ' est moi qui décide si un cheval est prêt ou pas. Si je fais une demande, c ' est que je pense que mon cheval est prêt, même s ' il n ' a pas bien fait la semaine d ' avant parce que je ne suis pas un kamikaze et que je sais ce que c ' est que d ' amener un cheval prêt à une échéance parce que j ' en ai couru un certain nombre et que j ' ai toujours amené mes chevaux dans leur forme optimale le jour J. »

Studforlife : Pourquoi vouloir continuer absolument la formation des jeunes chevaux malgré toutes les demandes de coaching dont vous faites l ' objet ?

H.G. : « Parce que j ' aime ça ! (rires) J ' aime monter à cheval, j ' aime avoir cette sensation d ' avoir le cheval qui vient, qui passe un palier … donc je ne vais pas me priver de mon plaisir ! Je ne raccroche pas les bottes. Ma petite Kannan que j ' adore, Queen d ' Authuit, restera quant à elle dans mon piquet pour son année de 8 ans dans un esprit de formation jusqu ' à un bon niveau.  » Studforlife : Comment avez-vous vécu Strazeele ? H.G. : « En fait, j ' étais à Abu Dhabi où je coachais mon élève, Sheikh Shakhboot  Bin Nahyan Al Nahyan. Strazeele était une belle répétition avant de participer aux deux étoiles du Gucci Masters de Paris la semaine prochaine où je serai, cette fois, présent. Henry a gagné le Grand Prix une étoile avec un cheval de mon élevage, Offset (Royal Feu) ainsi que le deux étoiles avec Carolus alors qu' il montait également une autre 7 ans avec laquelle il était sans faute tous les jours. Je suis évidemment très satisfait puisqu ' il n ' a pas fait une barre du concours avec mes chevaux d ' autant qu ' il les montait quasiment au pied levé puisqu' il n' est installé aux écuries que depuis 3 semaines. » Vainqueur du GP* avec Offset Studforlife : Quand vous dites « cavalier de concours », vous êtes-vous fixé des objectifs en terme de résultats ? H.G. : « Non. Moi, je veux qu' il remonte dans la hiérarchie mondiale. Je veux qu ' il amène mes chevaux au niveau qu' ils méritent. Mon objectif est de permettre à ce garçon de rentrer à terme dans les 30 premiers pour qu ' il puisse participer à ces échéances du Global et pourquoi pas représenter son pays sur un championnat. » Studforlife : Pour anticiper sur les mauvaises langues qui tireront à boulet rouge en disant qu ' après avoir confié Obelix en Allemagne, vous avez choisi une nouvelle fois de travailler avec un cavalier étranger ? H.G. : « Oui … mais justement, je ne voulais pas, compte tenu de tout ce que j ' avais évoqué précédemment me retrouver dans la situation où j ' allais faire une demande pour tel et tel concours et on allait me dire NON pour telle et telle raison. Je veux pouvoir gérer mon écurie avec mes chevaux, mes chevaux de propriétaires , au mieux de leur intérêt car c' est à la fois un sport et un métier. Aujourd ' hui, je rentre aussi dans une phase où j' embauche un sportif … pour faire mon métier. » Hervé Godignon, désormais patron.