Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Hatlantika et Nicolas Layec surclassent la concurrence dans un championnat de France des sept ans privé d'une partie de sa splendeur

Hatlantika
lundi 2 septembre 2024 Mélina Massias

Malgré un scénario critiqué, le sport a triomphé dans la finale du championnat de France des sept ans, à Fontainebleau. Sous la selle de Nicolas Layec, l’irréprochable Hatlantika s’est baladée pour s’offrir un deuxième titre de championne de France, deux ans après avoir décroché le premier. La fille de Best of Iscla a conclu une journée de rêve pour la maison Rocuet et a signé le seul triple zéro de ce championnat. Deuxième pour un point de temps, Laps Cool s’est aussi distingué sous la selle de Paul Delforge, qui voit en lui un cheval destiné au grand sport. Les tous bons Hello du Gué et Haddock du Tertre, fille de Bigouden, sacrée dans cette même classe d’âge six ans plus tôt, se sont partagés la troisième place sous les selles de Valentin Besnard et Faustine Laferrerie. 

Comme il en est de tradition, la Grande Semaine de saut d’obstacles de Fontainebleau s’est fermée avec le championnat de France des chevaux de sept ans, épreuve phare du rendez-vous bellifontain. Avant que le premier des douze rescapés des deux manches qualificatives n’entre en piste, le public a manifesté son mécontentement face à un format, choisi par la Fédération français d’équitation (FFE), ayant réduit à peau de chagrin les candidats au titre, dimanche 1er septembre. Depuis deux ans, exit la formule comportant une Chasse en guise de mise en bouche, suivie d’une seconde qualificative et d’une finale, selon le déroulé d’un championnat classique. L’an dernier, quarante-six couples avaient été invités à participer à la finale, soit trente-quatre de plus qu’en 2024. Et alors qu’un barrage était à nouveau programmé pour cette édition, seule Hatlantika, parfaitement guidée par l’équitation impeccable de Nicolas Layec, a rallié la ligne d’arrivée avec un score vierge… À ce scénario critiqué, s’ajoute la question d’une dotation relativement faible pour une épreuve de ce niveau. Au total, seize mille cinq cents euros ont été alloués pour récompenser les meilleurs des trois étapes du championnat, bien loin, par exemple, des sommes versées pour le championnat de France des chevaux de six ans, placé sous l’égide de la Société hippique française et non de la FFE. L’an dernier, le seul classement final des juments de six ans était doté de plus de vingt-neuf mille euros.

Malgré ces questions techniques, qui gâchent forcément la fête en coulisses, le sport a heureusement triomphé, sacrant la phénoménale fille de Best of Iscla, Hatlantika. 

Hatlantika, entourée de Bruno Rocuet, son éleveur et co-propriétaire, et d'Estelle Simonet, sa groom. © Mélina Massias

Hatlantika, un parcours sans faute

Utilisée comme porteuse à deux ans par son éleveur, Bruno Rocuet, championne de France à cinq, cinquième et Elite l’année suivante, puis de nouveau sacrée à sept ans : Hatlantika a connu un parcours sans faute, de bout en bout. Fille de l’étalon maison Best of Iscla, qui fait désormais le bonheur du catalogue de France Etalons, et petite-fille de Chacco-Blue, la baie était la grande favorite au titre. Malgré la pression et les nombreux regards braqués sur eux, ni elle, ni son cavalier, l’excellent Nicolas Layec, n’ont tremblé. Ne pas voir ce duo sur la plus haute marche, ou au moins sur le podium de ce championnat aurait sans doute été la plus grosse anomalie de la journée. 

À Fontainebleau, Hatlantika a signé trois démonstrations. © Mélina Massias



“C’est peu dire qu’elle est au-dessus du lot. On ressent une sérénité totale lorsqu’on la monte. On n’a pas peur de grand-chose. Lorsque je regarde la vidéo, je ne sais pas ce qui aurait pu lui poser un problème. Elle n’a rien effleuré, elle se promène, elle n’a pas de limite !”, lâche Nicolas Layec au sujet de sa star. “Elle n’a jamais rien raté. Elle donne toujours tout. Elle est à deux-cents pourcents avec moi et me fait confiance. Le parcours comportait un triple difficile. J’avais mon plan dès le début et je ne me suis pas posé de question. Je sais qu’elle a le respect, la technique et la force. Elle avait tout pour rentrer et sortir dans ce triple sans problème. Parmi les chevaux que j’ai pu monter et que je monte, Hatlantika est dans le haut du panier. Alors qu’il y avait de la pression et que l’on était dans l’ambiance d’un championnat, j’ai senti qu’elle était bien avec moi dès le premier saut. Au fur et à mesure du parcours, j’étais de plus en plus serein et elle aussi. Je ne dirais pas que cela s’est fait facilement, mais elle s’est sentie très à l’aise et a tout donné. Lorsqu’on la monte, on a toutes les sensations que l’on peut espérer avoir quand on fait du saut d’obstacles ! Tout explose en un saut, et elle le répète sur chaque effort du parcours. Je ne lui trouve pas de défaut (rires).” Une journée plus que réussie pour le discret et humble cavalier de vingt-neuf ans. En à peine quelques années, Nicolas Layec a été propulsé sous le feu des projecteurs mais a su garder les pieds sur terre tout en confirmant, concours après concours, toute l’étendue de son talent.

Nicolas Layec ne trouve pas de défaut à Hatlantika. © Mélina Massias

La mère d’Hatlantika, Velvet du Lyvet, née chez Pascal Boultareau, est, certes, une fille du Mecklembourgeois Chacco-Blue mais provient d’une lignée tout ce qu’il y a de plus française. En effet, la quatrième mère d’Hatlantika n’est autre que Sentinelle, fille de Grand Veneur et Quenotte B, par Nankin. Sentinelle est, entre autres, la mère d’Away Pierreville, à l’origine de l’étalon Luccianno, ISO 177, mais aussi de Galaxie Pierreville, d’où Yandoo Oaks Constellation, vu à la finale de la Coupe du monde Longines de Bercy et aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018 sous selle australienne, et Oaks Milky Way, au départ des derniers Jeux olympiques de Paris avec Hillary Scott. Voilà une belle inspiration pour la grande Hatlantika.

Si la mère d'Hatlantika n'a pas brillé sur les terrains de concours, sa lignée maternelle est à l'origine de très bons chevaux. © Mélina Massias

Si Bruno Rocuet, naisseur et co-propriétaire de la nouvelle championne des sept ans avec Mario Zindel, est habitué à collectionner les titres bellifontains sous toutes les casquettes, son émotion reste intacte. Le Breton a passé une journée de rêve, aux côtés d’une jument de rêve. “Sans être prétentieux, je crois que Hatlantika est un peu au-dessus du lot. Elle a été championne à cinq ans, Elite à six ans, et de nouveau championne à sept ans. Dès qu’elle saute le un, on voit qu’elle a quelque chose en plus. Avec elle, s’est un peu comme avec Azur Gardens Horses, la jument de McLain Ward : il suffit de la voir une fois pour se souvenir d’elle”, loue le Breton. “Elle n’avait plus sauté depuis le Grand Prix des sept ans de Dinard, qu’elle avait conclu à la deuxième place. Elle a été très économisée.” Malgré tout, au soir de la finale, une pointe de déception liée au format du championnat était bien présente. “J’ai gagné, donc je ne suis ni amer, ni aigri. Cependant, gagner moins que dans le championnat des cinq ans est indigne. Le championnat des sept ans est l’épreuve phare de la Grande Semaine, la plus haute, celle pour laquelle les propriétaires ont fait le plus de sacrifices. De très bons chevaux ont été écartés de la finale alors qu’ils auraient dû y prendre part. Ce qui devait être une belle épreuve s’est transformée en épreuve ratée… Cela étant, nous étions au fait du règlement et de la dotation et personne ne nous a obligés à venir”, tempère Bruno Rocuet.



Laps Cool à un point du barrage

Laps Cool est le deuxième cheval du championnat à n’avoir renversé aucune barre. Sous la selle de Paul Delforge, le puissant alezan brûlé né en Belgique chez le Docteur vétérinaire Jean-François Bastin filait tout droit vers un sans-faute et un potentiel barrage, avant qu’une petite incompréhension ne vienne perturber sa ligne finale. Résultat : un point de temps et une deuxième place. 

“Laps Cool a été acheté par René Lopez à trois ans lors des ventes Fences. Il a passé ses saisons de quatre et cinq ans dans ses écuries, avec ses cavaliers, qui ont fait un super travail. J’ai acheté la moitié du cheval dans l’hiver de ses cinq à six ans et nous en sommes aujourd’hui co-propriétaires avec René Lopez, que je remercie pour sa confiance. Depuis deux ans, nous formons Laps Cool tranquillement. Il n’a pas participé à la finale l’année dernière et a été beaucoup protégé cette saison. Nous avions de l’ambition en venant ici et il a répondu présent”, détaille Paul Delforge. “Pour moi, Laps Cool est un crack. Il a énormément de respect, des moyens démesurés et une tête en or. Il n’a pas beaucoup de défauts et je l’adore. J’ai eu un coup de cœur dès que je l’ai essayé. Nous prenons notre temps et avons envie de l’emmener loin. Nous étions cent-quarante au départ de ce championnat et nous sommes vice-champion de France. Je crois que c’est plutôt bien, même si cette petite incompréhension en fin de parcours nous coûte un point de temps. Je suis surtout satisfait de la façon dont il a affronté ces trois parcours. Il devra encore passer les caps, mais il s’agit normalement d’un cheval pour le grand sport.”

Deuxièmes pour un point de temps dépassé, Laps Cool et Paul Delforge ont pris date pour l'avenir. © Mélina Massias

L’entier SBS, qui devrait être approuvé par le stud-book Selle Français, est un fils d’Emerald van’t Ruytershof et d’Ubisca Cool, par U Chin van Schuttershof, issu d’un intéressant croisement entre Chin Chin et une nièce de Kashmir van Schuttershof par Power Light. Côté maternel, la lignée de Laps Cool trouve son origine… en France et renvoie notamment à l’étalon Rosire.



Hello du Gué et Haddock du Tertre partagent le bronze

Avec un parcours à quatre points chacun, Hello du Gué, fille de Cicero van Paemel et l’excellente Bruyères du Gué (Dalton van het Lindehof) et Haddock du Tertre, fils de Nervoso et Bigouden du Tertre (Putch des Isles) et seul Selle Français Originel de cette finale, sont troisièmes ex-aequo, Valentin Besnard et Faustine Laferrerie ayant préféré épargner un parcours supplémentaire à leurs protégés. 

La première citée est née chez Eric Georges Pezet, discret mais brillant éleveur normand, qui a vu non pas un mais deux produits de son élevage se qualifier parmi les douze finalistes du championnat des sept ans ! En effet, Arthur Le Vot, septième, montait le démonstratif Haristo du Gué, différent mais tout aussi talentueux que… sa propre sœur. Sacrée réussite pour l’éleveur, dont l’affixe regorge de pépites. Auteur de deux bons parcours, Robin Le Squeren présentait un autre du Gué à Fontainebleau, Heloy, fils d’Apollon des Baleines et Capsule du Gué (Diamant de Semilly). Hello du Gué appartient à Éric Levallois, qui a d’ailleurs accueilli un fils de la baie par Diamant de Semilly cette année, nommé Omyboy de Beaufour.

La brillante Hello du Gué s'est montrée à la hauteur tout au long du championnat avec Valentin Besnard. © Mélina Massias

Haddock du Tertre, lui, a vu le jour en Bretagne, chez la famille Bourdon. Le hongre est un fils de la toute bonne Bigouden du Tertre, petite-fille d’une Trotteur Français et ancienne partenaire à succès de Mathieu Bourdon et sacrée championne de France des sept ans, exactement six ans plus tôt ! Vendue outre-Atlantique en 2021, la belle s’était ensuite imposée jusqu’en Grand Prix 3*. Haddock du Tertre est le premier de ses deux produits nés en France, la seconde, Joyeuse du Tertre (Untouchable 27) ayant pris la relève à l’élevage tout en continuant sa carrière sportive. La grise était aussi présente à Fontainebleau, mais a été éliminée lors de la finale réservée aux chevaux de cinq ans.

Haddock du Tertre n'est pas passé loin d'imiter sa mère, sacrée six ans plus tôt dans la même épreuve ! © Mélina Massias

De très bons finalistes

Avec cinq points concédés sur leur dernier parcours, Halisco d’Asschaut, Fabian van de Windeweg, Haristo du Gué et Halifax du Barquet n’ont pas démérité aux rênes de Sofian Misraoui, Alice Vancrayelynghe, Arthur Le Vot et Sofian Misraoui à nouveau. Tous quatre représentaient respectivement les élevages d’Anne Muys et Michel Guiot, Luc Deknudt, Eric Pezet et Benjamin Ghelfi, et les étalons Vigo Cécé, For Pleasure, Cicero van Paemel et Lauterbach. 

Fabian van de Windeweg sait comment donner le sourire à sa cavalière. © Mélina Massias

La suite du classement est complétée par les non moins méritants Horacio du Paradis, né chez Vincent Hennette et monté par Arthur Le Vot, Hold Up de Villevert, né chez son cavalier, Allan Pacha, Habibi V’Gas, lauréate des six ans à Equita Lyon en fin d’année dernière, seconde représentante directe de For Pleasure dans cette finale, prunelle de Brigitte et Jean-Luc Boiziau et présentée par Teddy Thellier, ainsi que le plaisant Hitot de Riverland, fruit du travail de Mickaël Varliaud et mis en valeur par François-Xavier Boudant.

Allan Pachat et son produit maison, Hold Up de Villevert. © Mélina Massias

Saison après saison, l'efficace et attachante Habibi V'Gas confirme. © Mélina Massias

Les résultats complets.

Photo à la Une : Nicolas Layec et Hatlantika ont survolé le championnat de France des chevaux de sept ans. © Mélina Massias

Les épreuves de la Grande Semaine de Fontainebleau sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv.