Dernière partie de notre rencontre de la semaine avec Grégory Rulquin.
Pour vous, le fait d'avoir développé la marque vous a aussi permis de rencontrer des gens qui vous ont fait évoluer dans votre équitation ?
« Bien sûr, il y a de belles rencontres qui se sont faites. Il y a des gens avec qui j'ai travaillé plus longtemps, d'autres avec qui j'ai été faire des stages et certains avec qui j'ai fait des partenariats comme Markus Fuchs que j'ai beaucoup apprécié tant comme compétiteur que partenaire. J'ai eu l'occasion de faire un stage avec lui qui m'a beaucoup marqué que ce soit en terme d'équitation ou en terme humain. C'est toujours intéressant de discuter avec les gens qui montent au plus haut niveau, cela apporte énormément. Nous avons soutenu pendant quelques temps Marc Boblet chez qui j'ai également été faire un stage. J'ai forcément découvert des choses dans cet univers et c'est vraiment intéressant car cela ouvre l'esprit. »
Quand on passe de responsable de centre équestre à dirigeant de Cheval Liberté, est ce que cela correspond à la vie que vous vous étiez imaginé ?
« Je n'avais pas spécialement de rêve si ce n'est de faire ce qui me plaît et ça je l'ai appris au travers de ma famille. Se lever le matin pour travailler et se donner le maximum de chances de réussir en appréciant ce que l'on a fait en regardant toujours un peu plus loin. C'est ce qui est difficile quand les structures deviennent de plus en plus grosses, il faut continuer à pouvoir regarder plus loin car on ne fait pas des investissements de la même manière dans une petite structure que dans une grande. La gestion d'une petite ou d'une grande entreprise ne sont pas si éloignées car les soucis sont les mêmes et la rentabilité doit être là. Il y a forcément des moments où c'est plus dur, où il y a plus de travail mais j'ai toujours eu la chance de faire à peu près ce qui me plaisait. »
La vie familiale d'un chef d'entreprise est comme celle d'un cavalier, difficile à concilier avec des déplacements réguliers ou pas ?
« Forcément, ma vie d'entrepreneur, je l'ai vécue seule au travers de mes déplacements mais heureusement ma femme étant cavalière amateur montant sur les concours où je monte et nos enfants commençant également à monter à poney, nous sommes tous ensemble au concours et ça maintient ce lien familial. Il est certain que si je ne partageais pas ma passion, ni ma partie entrepreneuriale, je pense que je ne verrais pas beaucoup mes enfants. »
Le fait que cette passion équestre vous la partagez également avec de nombreux employés, c'est un peu plus qu'un hasard ?
« Oui et non car c'est tellement plus facile de former quelqu'un à vos produits lorsqu'il les utilise déjà … ou des produits de la concurrence. Cela donne plus de légitimité à la méthode commerciale. Lorsqu'on a des employés qui utilisent les produits, ont été formés techniquement et connaissent le milieu du cheval quelle que soit la pratique, nous avons des gens qui sont beaucoup plus rapidement efficaces que des gens qui ne sont pas dans le milieu. Nous avons néanmoins des gens dans nos équipes qui n'ont aucun lien avec les chevaux à l'instar de mon bras droit aujourd'hui qui était cycliste professionnel et qui s'occupe de toute la partie commercialisation des vans. Il est tout à fait capable de s'intéresser au besoin des gens mais il sait aussi se séparer de tout ce milieu passionnel car un cavalier est passionné et le côté passionné n'est pas toujours synonyme de raison. J'avoue que c'est assez enrichissant d'avoir différentes personnalités au travail au sein d'une même entreprise. »
Quel est désormais la suite du rêve et du projet ?
« De continuer à faire grandir la marque avec nos familles et pour nos salariés d'autant qu'il y a encore pas mal de marchés et de parts de marchés à conquérir. Il y a encore beaucoup de projets et de développements techniques et technologiques pour toujours faire avancer les produits et en faire bénéficier tous nos clients. »
Approuvé à 3 ans lors des JSF, Sitot Liberté (Le Tot de Sémilly x Presto de Paulstra) a ensuite évolué sous la selle de Gregory Rulquin avant de poursuivre avec Coralie. Quetam des Etisses (Quidam de Revel x Oberon du Moulin) a évolué sous la selle de Grégory Rulquin avant de rejoindre l'équipe du Maroc.
On a vu votre ancienne monture Quetam des Etisses lors des championnats du monde de Caen au sein de l'équipe du Maroc. Vous avez toujours à l'esprit ce besoin de rentabilité quoi que vous fassiez ?
« J'ai formé quasiment l'ensemble des chevaux que j'ai monté jusqu'en Grand Prix pour ceux qui y sont arrivés. Avec Quetam, nous avons fait un bon bout de chemin ensemble puisque nous avons fait six ans en commun mais nous étions arrivés à un niveau où notre compétitivité n'était pas suffisamment importante alors qu'il avait beaucoup à apporter et Marcel et Philippe Rozier ont pu déceler cela. Je suis très fier et heureux de voir Quetam évoluer dans une équipe où il avait véritablement son rôle à jouer dans un team qui arrivait pour la première fois aux championnats du monde et tout le monde a été très heureux de cela. Il faut pouvoir rester réaliste et Quetam fait partie de ces chevaux qui peuvent être des piliers d'équipes sans être des grands gagnants de Grand Prix mais apporter de l'expérience par des capacités et une volonté hors du commun. La partie financière, étant homme d'affaire, il est bien évident qu'il faut pouvoir le vendre au bon moment et je pense ne pas l'avoir mal fait et j'en étais très content. L'espoir sportif est néanmoins toujours bel et bien présent même si après, le temps n'est pas toujours disponible et il ne faut pas se prendre pour quelqu'un qu'on n'est pas. J'ai envie d'aller monter de grosses épreuves, je l'ai fait quand j'étais jeune mais pas extrêmement longtemps car nous avons rapidement bifurqué mais je pense que le jour où je n'espérerais plus faire de belles épreuves, je confierai mes chevaux et l'on passera à autre chose … peut-être d'ici peu si mes enfants ont envie de prendre mes chevaux. »
Grégory Rulquin et Rickitcha (Jason de Carene x Cook du Midour) lors du CSI 4* de Bourg en Bresse.
La famille, c'est important pour vous quand on travaille avec son frère et que l'on a ses enfants derrière soi ?
« Sans mon frère Fabien, mener ce projet aurait été tout à fait impossible. C'est lui qui s'est occupé de développer toute la partie sur les chapiteaux et il gère au quotidien toutes les locations de boxes démontables qu'il a également mis en place. Dans toutes nos affaires nous avons noués une grande complicité et une immense confiance mutuelle qui nous a permis de se reposer l'un sur l'autre depuis toujours et c'est ensemble que nous sommes les chevilles ouvrières de différentes structures qui créent de la valeur. Notre mère est également une personne très importante dans nos entreprises car elle s'occupe du contrôle de gestion qui est un des éléments essentiel de toute entreprise et elle nous assure de ses conseils et de son expérience. Travailler en famille, ce sont des éléments qui vous donnent confiance. C'est plus un fait que quelque chose qui a été recherché. Maintenant, j'ai la chance d'avoir un noyau familial qui est juste exceptionnel où une erreur aurait pu aussi bien être faite par l'un ou l'autre. Mes enfants, c'est un peu tôt pour parler de leur avenir puisqu'ils n'ont que dix ans. Il faut avant tout qu'ils se fassent plaisir au travers du poney aujourd'hui et du cheval peut-être demain tout en apprenant quelque chose car c'est une belle école de la vie. On en apprend tous les jours car chaque cheval est différent. Je ne sais pas quelles seront leurs capacités mais je vais déjà essayer de mettre le maximum de moyens pour qu'ils apprennent car j'ai plus envie qu'ils sachent ce qu'ils font sur leur cheval plutôt qu'ils soient les étoiles d'un jour. L'équitation, c'est le sport d'une vie si on a envie de s'y consacrer et il y a toujours un plus riche et un plus pauvre que soi. L'équitation est un métier de construction. Un cheval a ses capacités mais souvent à force de travail il devient ce qu'on en fait et j'ai envie qu'ils apprennent au travers de ça car je pense que cela peut être une belle expérience tant qu'ils en ont envie. S'ils ont envie de faire autre chose, ce sera à eux de choisir. Dans le domaine des affaires, je les aiderais comme mes parents ont pu le faire avec moi mais on va déjà les laisser aller au collège l'année prochaine et vivre leur vie d'enfant. »