Championnat de France jeunes chevaux
Grande semaine de Fontainebleau 2008
Nectar des Forêts, en toute décontraction.
Il était le grand favori, il l'a assumé et a remporté le titre des 7 ans sans aucune contestation possible : Nectar des Forêts, champion de France des 7 ans sous la selle de Jérôme Hurel.
Pourtant la concurrence était bel et bien présente et même si la domination du fils de Diamant de Sémilly pourrait faire penser le contraire : la qualité était bel et bien présente.
On retrouvait pas moins de 40 partants samedi dès 16 heures mais il faudra néanmoins attendre le 9 ème partant et le frère utérin d'Idéal de Prissey, Nice de Prissey (Rosire *HN) pour voir enfin le premier sans faute de l'épreuve alors que les barres s'accumulaient de toute part.
On pense alors que les autres vont suivre et ce fut presque le cas pour Nougat du Vallet (Schérif d'Elle) mais la monture de Sandy Kofmehl fautera sur la rivière avant d'écoper d'un demi-point de pénalité.
Alexandra Francart se fera quant à elle piéger à mi parcours avant de doubler la mise sur le dernier obstacle avec la sbs Rush d'Hoogpoort (For Pleasure x Almé).
Si la liste continuait à défiler, les surprises arrivaient également. Déjà malchanceux avec Nina des Hayettes (Aiglon Rouge), Cédric Angot récidivera cette fois avec Ninaricci'Jac (Cumano) qui sorti de piste avec trois barres et du temps alors qu'il pointait à une très bonne 10 ème place. Ce ne devait malheureusement vraiment pas être le jour de Cédric Angot, également deuxième au provisoire avec Natacha Delaunay (Cumano) mais qui manquera la finale après une ultime faute sur le dernière obstacle ! Catastrophe !Ce ne sera pas le seul. Très en verve lors des deux premières étapes, Norton d'Eole passera également à côté de son sujet avec une faute en milieu de triple ainsi qu'une faute en fin de parcours.
Désillusion également pour Hubert Pignolet qui se fera piéger en fin de parcours avec Naika d'Elle (Flipper d'Elle) loupant la seconde manche par la même occasion.
Catastrophe également pour Nicolas Delmotte très bien placé avec l'étalon Noam de la Bouverie … qui explosa littéralement.
En sursis dès le premier jour où son cavalier jouera sur toute sa souplesse, Lauterbach (Landor S) ne réussira pas son pari. Quatrième au provisoire, décomposant toujours ses sauts au ralenti avec un gros coup de rein assez impressionnant pour passer de l'autre côté de l'obstacle mais plus l'on se rapproche des limites, plus on a de chances de les outre passer et Lauterbach ne peut éviter la faute dès le troisième obstacle avant de doubler la mise sur le dernier. Son cavalier préfèrera ne pas prendre part à la seconde manche. Peut-être pour le préserver en vue des finales du circuit SHF qui ont lieu une petite semaine plus tard dans le prestigieux cadre de Chantilly ou simplement parce que la machine était quelque peu enrayée, mystère.
Ils ne seront dès lors que 19 à prendre part à cette seconde manche et cette fois, les sans fautes s'enchainent.
Après deux fautes en première manche, Uriander (Koriander) rectifie le tir sous la selle de Valérie Rohmer. Dans la foulée, Alexandre Sueur réussira le premier double sans faute de l'épreuve avec Nice de Prissey qu'il montait au pied levé pour Bruno Brouqsault.
Après une faute en première manche, Neptune du Chalet (Royal Feu) et Simon Delestre signeront le troisième sans faute d'affilée laissant à penser que ce parcours ne va pas nous offrir beaucoup de changements dans le classement.
Mais comme souvent, il suffit de le penser pour que l'inverse se produise et c'est ce que démontrera Nougat du Vallet (Schérif d'Elle) en fautant dès le deuxième obstacle aux couleurs des Haras Nationaux pour plonger dans les profondeurs du classement avec 8,25 en sortie de piste.
Ce ne sera guère mieux pour Thierry Rozier et Barco vd Waterschans (Darco) qui faute à l'entrée de la combinaison mais réussi néanmoins à se sortir du triple malgré une entrée quelque peu hasardeuse.
Vice champion l'an dernier, Norway de la Lande (Narcos II) aura une nouvelle fois prouvé l'étendue de son tallent. Sautant magistralement dans les qualificative, l'étalon SF ne réussi néanmoins pas à retrouver toutes ses sensations lors de cette finale. Après une faute en milieu de triple et un pied dans la rivière, Norway se fera cette fois piéger sur l'entrée du triple. « Le cheval était un peu plus contracté et j'avais un peu moins de précisions dans les abords. Je l'ai travaillé beaucoup durant l'année ce qui me permet aujourd'hui de pouvoir le monter en filet simple qui lui convient très bien … mais pour la finale, c'est vrai que j'ai regretté quelque peu ma petite bride. » expliquait Franck Schillewaert.
Après deux fautes au premier tour et un virage tellement serré pour arriver sur la rivière qu'il en frôla quelques photographes, Max Thirouin renoua avec le sans faute mais se fera piéger par le chronomètre en écopant d'un quart de point de temps avec Nabab de Belou (Damiro B).
Triple fatal pour Marc Dilasser et Urano (Heartbreaker) qui s'arrêtera sur le deuxième élément du triple après avoir fauté sur le premier … avant de se ré arrêté sur le premier entrainant la chute de son cavalier. Moins spectaculaire, mais aussi malchanceux, Bertrand Pignolet sortira de cette finale avec deux parcours à 4 points de Notrestar de la Nutria (Quick Star).
Très impressionnante par contre la prestation de Number One d'Iso (Baloubet du Rouet) sous la selle de Guillaume Foutrier. Un premier tour quelque peu musical à 4 points avant de boucler son championnat par un sans faute mais quelle démonstration de force pour le protéger du haras des Princes. « Le deuxième jour, mon cheval fait faute sur le numéro 1 en se déferrant et lors du premier tour de la finale, je viens un peu près de l'oxer sur bidet et mon cheval manquant encore un peu d'expérience mais je pense qu'il ne se fera plus avoir sur ce genre de faute dans le futur. Je suis très heureux de la réaction de mon cheval en final car on l'a beaucoup préservé jusqu'à présent et c'était intéressant de le voir pour la première fois sur de gros parcours dans un contexte de championnat. Les premiers enseignements sont de voir que le cheval tient la distance et que techniquement, il a fait des choses très intéressantes. Je pense donc que c'est vraiment un cheval prometteur qui a encore besoin d'être discipliné et avec lequel il faut prendre son temps. Mon objectif est de commencer les Grand Prix lorsqu'il aura 9 ans, mais pas avant. Le cheval va très bien sur la hauteur, mais je pense qu'il ne faut pas se laisser griser. » racontera Guillaume Foutrier très déterminé dans la construction d'une écurie de haut niveau de pointe. Christian Hermon présentait quant a lui l'entier Almira La Silla, fils d'Alcamera de Moyon et de Renata La Silla, grande gagnante internationale et mère des étalons Nelson La Silla Z (par Nurejev) et Rebozzo La Silla (par Tlaloc M). Almira présente beaucoup moins de force que son frère tournant sous la selle de Richard Davenport mais l'envie de bien faire et un style bien plus classique, même si ça ne l'empêchera pas de faire une faute dans chacune des deux manches. Même malheur pour Nobless de Tess (Cumano) qui ajoutera un quart de temps de dépassement dans la seconde manche après avoir retrouvé son cavalier Simon Delestre depuis seulement quelques mois. «L'an dernier, nous l'avions vendue à Hubert Bourdy. Elle n'était pas à vendre mais il y a des offres qu'il est parfois difficile de refuser. Hubert l'a revendue à Bertrand Darier qui a fait quelques tours avec elle en début d'année mais l'a rapidement trouvée trop forte pour lui et m'a proposé de la remonter, ce que j'ai évidemment tout de suite accepté car j'aime beaucoup cette jument. J'ai alors tenté de la qualifier pour venir à Fontainebleau car je pense que ce championnat est vraiment intéressant pour situer le niveau de nos chevaux tout en leur donnant du métier. Par contre, je préfère ne pas l'emmener avec moi à Lanaken car cette jument a déjà donné beaucoup en peu de temps. » Surprise de la journée, Nereides et Jean Luc Dufour signe le double sans faute avec un quart de point de dépassement … en s'emparant de la tête du championnat au passage. « Au début je n'avais vraiment aucun contrôle, je sautais le numéro un et la jument m'échappais totalement donc j'ai beaucoup travaillé dessus. Je n'ai jamais passé autant de temps sur un cheval. J'ai également fait des stages, comme celui de Thomas Fuchs, parce que la jument a beaucoup de qualité, une puissance folle et est très respectueuse. Pour moi, je pense qu'on est seulement à 50% de son potentiel. Après deux années difficile en 5ans B et 6ans B j'ai commencé cette année par des épreuves 1m25, puis elle a vite progressé jusqu'aux 140, et 10 jours avant fontainebleau elle a terminé 2 ème d'une épreuve des 7ans à Auvers donc j ?étais un peu plus en confiance pour ces championnats qui étaient inespérés en début d'année." Expliquera son cavalier sans détour.Alexandre Sueur ne réussira pas la passe de deux. Après avoir remporté le critérium des 6 ans l'an dernier, Ninno (Quick Star) fautera à deux reprises en fin de parcours.
Pas de sans faute, mais que de spectacle pour Nuidivine (Shogun II). Les spectateurs de Fontainebleau frissonnent toujours de ses parcours à 100 à l'heure sous la selle d'un Jérôme Chartier très kamikaze. Malheureusement après une faute en milieu de triple lors du premier tour, le couple se fera cette fois piéger sur un obstacle isolé même si leur prestation aura marqué les esprits.
Après un parcours sans faute en première manche, Nectar du Plessis (Carnute) se fera piéger dès le vertical des HN placé en numéro 3 avant de doubler la mise juste après le triple. Même score pour Untouchable *alia (Quick Star) sous la selle d'un étonnant Adnan Al Baitony qui aura monter à merveille l'étalon gris dans la première manche avant de baisser quelque peu le pied en seconde manche. Néanmoins le temps passe et la fille de Cumano, Nereides pointe toujours en tête du classement. Après un beau sans faute en première manche, Olivier Jouaneteau ne réussira pas le doubler et fautera à deux reprises avec Nina du Lunain (Quick Star). Il n'en reste dès lors plus qu'un : Nectar des Forêts (Diamant de Sémilly), grandissime favori qui compte désormais plus d'une barre d'avance sur la fille de Cumano. L'étalon des Haras Nationaux ne trahira pas ses supporters et bouclera un nouveau parcours sans faute sans encombre. « Cela fait au moins deux mois que Nectar n'a plus fait de barres en concours. Il a été d'une régularité exemplaire durant toute la saison faisant au moins 90% de parcours sans fautes. C'est un cheval très concours qui veut toujours bien faire en piste. Il est parfois un peu fainéant à la maison et je ne suis d'ailleurs pas certain que si Eugénie Angot l'avait essayé en piste, il serait arrivé jusque chez moi mais il est clair que si nous avons su si bien nous entendre cette saison, c'est avant tout parce que j'ai récupéré un cheval qui avait été parfaitement dressé. Jusqu'à présent, je n'ai pas encore vu ses limites, nous verrons dans le futur jusqu'où nous pourrons aller. » expliquait très calmement Jérôme Hurel très heureux de sa victoire même s'il sait que la suite de la carrière de sa monture dépendra surtout de la qualité de sa semence qui ne semble pas congelable jusqu'à présent. « Mon but était de bien me placé le premier jour puis de gérer mon championnat. Je trouve que les parcours étaient plus aérés que l'an dernier et que, du coup, les chevaux se sont mieux exprimés. » Mais même s'il n'avait pas pu accroché la victoire, un homme rayonnait en bord de piste. Journaliste dans la manche, éleveur amateur, Patrick Gourdin semblait avoir un peu de mal à réaliser la performance que sa jument venait de signer en s'adjugeant cette fabuleuse seconde place. « Lorsque je suis venu pour la première fois à Fontainebleau, c'était l'année des génération OPQ de Papillon Rouge, Quito de Baussy, Quidam de Revel … et sur la route, je me suis arrêté chez une jeune cavalière que j'avais repéré : Alexandra Leedermann. Je lui ai confié ma jument, Sonate de la Valette (par Livarot *HN) qui prenait 5 ans et venait juste d'être sevrée d'une pouliche de Jabad. Après avoir tourné jusqu'au niveau Grand Prix, je l'ai remise à la production. J'ai d'abord utilisé Narcos II pour sa fertilité puis quand j'ai vu arrivé Cumano en France sous la selle de Julien Epaillard, je l'ai trouvé fantastique : un grand cheval, plein de force et d'amplitude. Néanmoins, contrairement à la plupart des normands qui l'ont utilisé sur des petites juments, je l'ai mis à ma jument qui toisait déjà 1m75 et j'ai eu une pouliche. Comme sa mère, je l'ai faite saillir à 3 ans par Kannan avant de la mettre en compétition. Je l'ai alors confiée à Jean Luc que je connaissais. Comme tous les cavaliers, il a un peu testé la jument et dès le départ, il m'a dit qu'il n'avait jamais eu un cheval comme ça. En fin de compte, cela n'a pas été si facile car il a fallu travailler et faire beaucoup de dressage. Une fois qu'elle a compris quelque chose, il n'y a pas besoin de lui répéter 100 fois, mais c'est un type de cheval que nos cavaliers n'ont pas l'habitude de monter. Nous n'avons néanmoins jamais paniqué car notre but a toujours été de la faire tourner en Grand Prix donc nous n'étions pas pressé par le temps. Je pense aussi que cette histoire, c'est avant tout une histoire de couple : Jean Luc adore la jument, il a une totale confiance en elle et aujourd'hui, elle lui rend bien. »