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Grâce à Leone, Martin Fuchs complète son palmarès et s’offre le prestigieux Top Ten Rolex IJRC

Leone Jei
samedi 14 décembre 2024 Mélina Massias

La cinquième fois fut la bonne ! Après ses tentatives en 2018, 2019, 2021 et 2022, Martin Fuchs, repêché de dernière minute après le forfait de Conor Swail, a décroché la vingt-troisième édition du prestigieux Top Ten Rolex IJRC, sur ses terres, à Genève. Le Suisse avait sellé son excellent Leone Jei, à qui la piste de Palexpo avait déjà réussi par le passé. Grâce à deux très bons doubles sans-faute, Kent Farrington et Ben Maher l’ont accompagné sur le podium, grâce à Toulayna van het Bloesemhof et Point Break.

Déjà bien garni, le palmarès de Martin Fuchs ne comptait pourtant pas de victoire dans le prestigieux Top Ten Rolex IJRC, traditionnel rendez-vous de fin d’année à Palexpo. Pour le petit prince suisse, vendredi 13 rimait avec bonheur. Alors qu’il ne devait pas participer à cette épreuve, réservée aux dix meilleurs cavaliers du classement mondial de novembre, il y a encore moins d’une semaine, l’Helvète a saisi sa chance, et des deux mains. Aux rênes de son tentaculaire Hay El Desta Ali, alias Leone Jei, né chez Gjis van Mersbergen, l’actuel numéro neuf mondial a ouvert l’épreuve tout en maîtrise, avant de signer une deuxième manche remarquable de prise de risques et de détermination. “J’ai vécu une semaine intéressante !”, s’est exprimé l’heureux lauréat en conférence de presse. “Dimanche, Conor Swail m’a appelé. Il m’a informé que le vol de ses chevaux pour l’Europe avait été annulé et que je le remplaçais pour le Top Ten. Il m’a dit ‘vas-y, gagne’. Je crois que ses mots me sont restés en tête. J’ai emmené mon meilleur cheval, Leone, en particulier pour cette épreuve, que j’avais à cœur de gagner. C’était un vrai objectif dans ma carrière. Je suis heureux que cette soirée fut la bonne.” 

Photo d'équipe autour des gagnants de la vingt-troisième finale du Top Ten Rolex IJRC. © Mélina Massias

Entouré de sa compagne, la dresseuse australienne Simone Pearce, de son fidèle groom, Sean Vard, de la fille et la petite-fille du propriétaire de son bai brun, Adolfo Juri, et de multiples membres de son équipe, dont l’indéfectible famille Roze, Martin Fuchs a savouré, sur son nuage, se prêtant à une séance photo improvisée au milieu du paddock, avant un tour d’honneur où il a figé le temps. Cette piste de Palexpo, qui revêt chaque hiver son habit de lumière, avait déjà réussi à Martin Fuchs, lauréat du Grand Prix Rolex à deux reprises, en 2019 et 2021, mais ne lui avait jamais permis de s’imposer un vendredi soir. Bien lancé cette semaine, puisque vainqueur du Trophée de Genève la veille de son triomphe avec Conner, et pour la première fois de sa carrière, le cavalier de trente-deux ans, qui semble libéré, décomplexé, depuis plusieurs mois, marche sur l’eau à Genève. En sera-t-il de même dimanche ? “Leone a beaucoup de sang, d’énergie. Cela ne lui pose pas de problème de sauter deux grosses épreuves dans un week-end. Je pense qu’il ne sera pas fatigué. Il aura une journée plus tranquille samedi, travaillera sur le plat et sera prêt dimanche !”, a-t-il prévenu.

Martin Fuchs a savouré son moment de gloire, face à ses (nombreux) fans. © Mélina Massias



Seul au monde

En ralliant la ligne d’arrivée en 47’’02 lors de leur second parcours, Martin Fuchs et Leone ont annihilé toute concurrence. “La deuxième manche convenait bien à mon cheval, qui a une grande action, un super coup de saut et est très respectueux. Je me suis dit qu’il fallait aller à fond, d’autant plus en connaissant l’identité des cavaliers à venir derrière moi. J’ai mis la pression aux autres, tout en déroulant mon barrage comme je l’avais imaginé. J’étais content de notre prestation, mais je n’étais pas sûr que cela tienne jusqu’au bout. L’attente fut longue !”, a-t-il confié. Si lui et son KWPN gris de douze ans par Baltic VDL, né Bears, n’en étaient pas à leur premier succès de prestige, Toulayna van het Bloesemhof et Point Break ont passé un nouveau cap dans leur jeune, mais déjà brillante, carrière.

L'agile et spectaculaire Leone Jei. © Mélina Massias

L’an passé, la fille de Toulon avec une mère par Parco, avait déjà conquis Genève, en offrant une énième victoire dans l’épreuve majeure du jeudi soir à son cavalier. Cette fois, la fusée américaine a renoncé à ce Trophée de Genève qu’il aime tant, et a concentré ses efforts sur le Top Ten. Un choix payant, puisque l'actuel numéro quatre mondial s’est hissé au deuxième rang de cette épreuve de prestige, avec un chronomètre de 48’’05. La baie de dix ans, qui a malheureusement vu son affixe de naissance, signe de reconnaissance du travail de Jasper Doucé, lui être retiré, avait déjà remporté deux Grands Prix, de niveau 4 et 5*, aux Etats-Unis, mais cette deuxième place marque un nouveau tournant dans sa carrière. “Toulayna a sauté de manière incroyable ses deux parcours. Je crois que son premier tour était très spécial. Elle avait très bien réussi ici l’an dernier, donc j’avais envie de revenir avec elle cette année, pour le Top Ten. C’est une super épreuve, une belle façon de conclure l’année, face aux meilleurs. Toulayna a performé de façon incroyable. J’aurais certainement pu dérouler un meilleur barrage, mais Martin a été exceptionnel. Quoi qu’il arrive, il aurait été difficile à battre”, a analysé Kent Farrington, qui n’aura pas fait le déplacement pour rien.

Nouvelle prestation impeccable pour Toulayna. © Mélina Massias

Point Break, quant à lui, a commencé à sortir de l’ombre en début d’année, puis cet été, où son cavalier, Ben Maher, avait initialement choisi de le monter aux Jeux olympiques, avant de lui préférer Dallas Vegas Batilly. Le fils d’Action Breaker et petit-fils de Balou du Rouet, né en Suède, a décroché un Grand Prix 4*, au CSIO de Wellington en mars, puis a signé sa première réussite à 1,60m à Lyon, avant de signer deux sans-faute à la même hauteur du côté de Riyad, support des Play-Offs du Longines Global Champions Tour. Ce double zéro, conclu en 48’’59, confirme la montée en puissance du styliste SWB, dont le geste postérieur semblait plus extravagant qu’à l'accoutumée… “Point Break m’a offert une formidable soirée. Je suis très fier. Ses propriétaires sont là et ce résultat est une belle récompense pour les quatre dernières années que nous avons passées à le former”, s’est satisfait le Britannique. “J’avais un bon numéro de passage au barrage, ce qui m’a permis de suivre mon plan. Je ne le dis pas souvent, mais je crois que je n’aurais pas pu aller plus vite à ce moment précis de sa carrière et sa progression. Le parcours de Martin n’était pas loin d’être imbattable ce soir.” 


Le très - trop ? - démonstratif Point Break s'est emparé de la troisième place du Top Ten. © Mélina Massias




Les favoris King Edward Ress et United Touch S manquent le coche

Derrière le trio de tête, personne n’est parvenu à résoudre toutes les équations du tracé imaginé par Gérard Lachat et Grégory Bodo. Au mérite d’un parcours parfait et d’un autre à quatre points, Christian Kukuk, McLain Ward et Max Kühner ont tiré leur épingle du jeu sur leurs plus ou moins expérimentés mais remarquablement talentueux Just Be Gentle, Ilex et EIC*Cooley Jump The Q. L’Allemand, l’Américain et l’Autrichien ont devancé… le numéro un mondial, Henrik von Eckermann. Dernier à tenter sa chance en seconde manche, le Suédois, solidement accroché à son rang depuis vingt-neuf mois, avait une véritable carte à jouer avec son crack King Edward Ress. Mais comme une semaine plus tôt, le multi-médaillé alezan n’a eu d’autre choix que de dérober un obstacle, pris en étau entre le rythme soutenu imposé par son cavalier et les efforts fournis sur les sauts précédents. Aussi intarissable semble-t-elle être, sa générosité aurait-elle trouvé sa limite ? En tout cas, depuis la désillusion des Jeux olympiques, la flamme entre King Edward Ress et Henrik von Eckermann ne semble plus briller aussi fort qu’auparavant. Après plusieurs saisons passées en orbite autour d’une autre planète, le duo légendaire est revenu sur terre.

Henrik von Eckermann et King Edward Ress ne sont pas infaillibles. © Mélina Massias

Avec huit points au total de leurs deux manches, Julien Epaillard et Donatello d’Auge, Steve Guerdat et Albführen’s Iashin Sitte et surtout Richard Vogel et son phénoménal United Touch S, ferment la marche. L’Allemand et son étalon, lauréat du Grand Prix Rolex l’an passé sur cette même piste, faisaient leur entrée en scène pour cette soixante-troisième édition du CHI de Genève et ont commencé de la pire façon possible : en renversant le numéro un de l’acte initial. S’en est suivie une autre faute, puis un clear round pour leur second parcours. Une revanche est encore possible pour le duo, dimanche après-midi, à partir de 14h30.

Cette fois ne sera pas la bonne pour Richard Vogel et United Touch S en finale du Top Ten. © Mélina Massias

Les résultats complets.

Photo à la Une : Martin Fuchs et Leone Jei ont remporté la vingt-troisième finale du Top Ten Rolex IJRC, vendredi 13 décembre 2024. © Mélina Massias