Gilles Dunon, la persévérence paie ! (6)
Aujourd'hui, l'objectif pour vous il est uniquement sportif ou le fait d'être papa vous oblige aussi à certaines contraintes financières ?
G.D. : «Je pense que, dans la vie et de manière bien plus générale que juste les sports équestres, ce qui compte c'est de trouver un équilibre entre la famille, le boulot et le plaisir. Il faut savoir combiner les choses et trouver l'équilibre, c'est le plus grand exercice pour moi. Actuellement, par exemple, j'ai beaucoup de chevaux à monter en étant seul, cela fait beaucoup d'heures où je ne suis pas à la maison. J'assume également ma tâche de père à la maison.
Fou de Toi, Gilles Dunon et ses enfants
Le matin, c'est moi qui m'occupe des enfants et les emmène à l'école pour que ma femme puisse partir travailler plus tôt pour pouvoir finir plus tôt et prendre le relais avec les enfants le soir. C'est pour ça aussi que quand je pars en internationaux, il faut s'organiser. Cet hiver, j'ai eu plusieurs fois la possibilité d'aller sur de beaux concours en recevant un coup de téléphone le lundi mais où il faut partir deux heures plus tard.
Malheureusement, dans ma situation, je ne peux pas faire cela en hiver. Je peux m'organiser une semaine à l'avance pour que tout soit en ordre pour les enfants et les chevaux qui restent à l'écurie mais ma vie ne me permet pas de tout chambouler en si peu de temps. Ma vie, c'est de trouver un équilibre entre ma famille, mes chevaux et l'argent.
L'aspect sportif, j'ai envie de découvrir jusqu'où je peux aller car c'est facile de dire je veux monter Aix-la-Chapelle et faire les Jeux Olympiques, tout le monde peut le dire mais le faire, c'est encore autre chose. Lors du championnat de Belgique, je savais que j'avais autant de chance qu'un autre sans pour autant être favori. Le championnat n'est pas venu par hasard, ceux qui ont vu ma saison n'ont pas été étonnés.
Les personnes proches de moi savaient que j'avais une chance d'être en finale et quand on est en finale, il faut le brin de chance et cette fois, il était de mon côté. Ce n'est pas un hasard, ce titre vient du travail que j'ai fait et des bons chevaux que j'ai. Wesselina a fait toute la saison et c'est grâce à elle si j'ai pu monter le championnat et Fou a bien concrétisé l'affaire.
Le fait que votre femme ait un métier totalement en dehors des chevaux, c'est aussi important pour votre équilibre ?
G.D. : «Ma femme est cavalière de dressage. Elle a travaillé durant 5-6 ans en Allemagne avec comme but de devenir également cavalière professionnelle. Malheureusement, pour une femme en Belgique, vivre du dressage sans sponsor, c'est difficile. Pour nous deux, c'était trop difficile. Elle a donc fait cela longtemps à mi-temps puis lorsque nous avons fait notre choix d'avoir des enfants car c'est aussi un choix qui n'est pas évident avec notre façon de vivre où nous n'avons pas de week-end, pas de jours fériés, où l'on n'est jamais à temps à la maison… ce n'est pas si évident que cela d'avoir des enfants, il vaut mieux bien y penser avant qu'ils ne soient là. Nous y avons pensé mais ce n'est pas toujours évident pour la cause avec un papa qui n'est pas là cinq jours toutes les deux semaines. Il faut donc vraiment s'organiser. Le meilleur scénario serait que l'on ait notre maison et nos écuries au même endroit et qu'elle puisse avoir un ou deux chevaux à elle à monter et que j'aie un piquet pour faire les beaux concours, ce serait l'idéal … peut-être qu'un jour, on aura ça mais actuellement, ce n'est pas le cas. »
Elle vous aide dans le travail de vos chevaux ?
G.D. : «Non, je ne peux pas lui demander de m'aider alors que nous habitons à une demi-heure de mes écuries, qu'elle travaille à temps-plein, qu'elle s'occupe des enfants, elle s'occupe du ménage et qu'elle a encore quelques chevaux pour elle près de la maison où il y a une bonne piste extérieure et où elle peut monter son cheval et des jeunes. Je ne peux pas en plus lui demander encore de m'aider dans mes chevaux, ça ne va pas. Il n'y a que 24 heures dans une journée. »
Gilles Dunon et Sophie Verlinden, accompagnés de leurs enfants.
Vos enfants, vous comptez les pousser un peu à se mettre à cheval ? Vous serez heureux s'ils montent ?
G.D. : « Non, je ne les pousserai pas. Je serai content s'ils veulent le faire et si c'est le cas, je vais les aider car c'est ce que je connais le mieux mais si mon fils veut aller jouer au foot et que ma fille veut faire autre chose, je les supporterai autant que je le peux. Je suis quelqu'un qui a fait beaucoup de sport dans ma vie, des sports complètement différents, je suis très sportif de nature et tous les sports m'intéressent.
Alors si ma fille veut faire de la danse, de la natation ou du tennis, je vais la suivre et je l'aiderai où je peux l'aider. S'ils montent à cheval, tant mieux mais sinon ce n'est pas si grave que ça. Par contre, je pense que c'est important qu'ils fassent du sport. Pas que pour le sport en lui-même même si je pense que physiquement, une personne a besoin de ça mais je pense surtout que ça apporte des valeurs qu'on sait utiliser dans la vie.
L'équitation, ça apporte des valeurs : on ne sait pas forcer les choses, on n'est jamais plus fort qu'un cheval, il faut aussi savoir perdre dans le sport, il faut savourer les bons moments mais aussi rester les pieds sur terre car sinon le moment d'après quand ça ne va pas, on n'est plus le cavalier du championnat mais on n'est que le cavalier du dernier concours ! Ca vous aide à être dur dans la vie aussi. Le sport, ou tout ce qu'on veut bien faire, c'est quelque chose d'assez dur. Il faut savoir supporter, il faut savoir se remettre des chutes … etc. C'est une bonne leçon pour la vie. »
Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?
G.D. : «D'abord que ma famille et moi-même puissions garder une bonne santé. Je pense que c'est primordial et surtout les enfants car c'est incroyable comme ça change la vie tout de même. On est tous un peu égoïste dans sa vie, de nature, mais une fois que les enfants sont là, ça change quand même. Je ne pense pas avoir été vraiment la personne centrale dans ma vie mais maintenant ce sont vraiment mes enfants et ma famille.
Ensuite que l'on trouve un équilibre entre travail, famille et argent et que tout continue à aller crescendo pour que l'on puisse un jour aller à Aix-la-Chapelle par exemple. Cela n'a jamais été vraiment un rêve … mais c'est un rêve qui commence à grandir dans ma tête. Je n'en avais jamais rêvé, ni même d'être champion de Belgique mais ce sont des choses qui m'arrivent … J'ai la chance d'avoir des chevaux pour l'instant, j'ai le bon âge aussi. Je suis assez mature pour pouvoir relativiser cela et voir où l'histoire s'arrête… si elle s'arrête. »
Partie 5
FIN