Gilles Dunon, la persévérence paie ! (4)
La première fois que vous vous mettez sur Wesselina alors qu'elle est déjà passée par plusieurs grandes maisons, comment se motive-t-on ?
G.D. : «C'est un peu mon orgueil je pense à ce moment-là. C'est un peu vouloir prouver qu'on sait mieux monter, sans vouloir viser quelqu'un en particulier. C'est notre motivation de vouloir prouver qu'on sait monter à cheval. »
Wesselina
A quel moment est-ce qu'on peut se faire : là, ça va aller ou alors, là, ça ne sert à rien ?
G.D. : «Je prends mon temps. On fait toujours une évaluation ensemble avec les propriétaires à propos des chevaux. Les résultats ne sont pas particulièrement liés à ce que l'on veut faire car il peut y avoir des moments où les résultats ne suivent pas alors qu'on a le sentiment que cela s'est amélioré. »
Bulgari d'Arsouilles (Baloubet du Rouet x Pachat II)
Avec Wesselina, à partir de quel moment vous dites-vous « Là, ça va aller » ?
G.D. : «Bonne question. Je ne sais pas, c'est venu au fur et à mesure. Elle s'est toujours améliorée et on a toujours monté les échelons, assez rapidement. Lorsqu'elle est arrivée, nous avons débuté sur des épreuves à 1m20 puis 1m30,1m40,1m45. On a fait le championnat de Belgique déjà l'an dernier, c'était un peu trop tôt et ce n'était d'ailleurs pas prévu et nous avons commencé à faire des CSI**, puis *** … et cela a toujours bien marché.
Le déclic est venu côté résultats début de cette saison-ci. C'est à Maubeuge où nous avons fait notre premier sans-faute dans une épreuve 1m50-1m60. C'était un gros Grand Prix, nous avions un point de temps dépassé mais nous étions sans-faute alors que jusque-là, durant l'hiver, nous avions toujours eu quatre points dans tous les Grand Prix et on commençait un peu à douter.
Don Fernantes Z (Douglas x Corrado II)
A Malines, je sentais déjà que ça commençait à changer mais ce n'était pas encore à un haut niveau. Après avoir fait des sans-faute à Maubeuge, on est parti à Munich, Fontainebleau, Canteleu … où on n'a fait que des sans-faute dans les Grand Prix.
Cette année, après mon titre de champion, j'ai également eu l'occasion de faire ma première coupe des nations au Brésil où elle a aussi fait sans-faute ainsi que dans le Grand Prix. Aujourd'hui, la jument est vraiment partie pour faire des Grand Prix. »
Fou de Toi, la première fois que vous le rencontrez, comment est-ce que cela se passe ?
G.D. : «En fait, sa propriétaire Elke Bombaerts prenait des leçons avec moi avec lui et comme avec toutes les personnes à qui je donne cours, je monte le cheval la première fois moi-même pour un peu sentir les choses car avec un cheval, la vue et le sentiment ne sont pas toujours la même chose.
J'ai fait quelques sauts mais dès le premier, je lui ai dit que je voulais monter ce cheval. Elle ne m'a pas tout de suite donné le cheval, cela a pris six mois, il avait 6 ans à l'époque. Quinze jours avant le début du cycle des 7 ans, elle m'a appelé en me disant « tu ne veux pas monter Fou dans le cycle des 7 ans ? » Je lui ai dit « Oui … mais il ne saute que des épreuves à 1m et parfois 1m10 avec toi ! De là, à faire dans 15 jours les 7 ans, c'est peut-être un peu fort … mais je vais essayer ! » On fera un concours 1m20, si ça va, on essaiera une fois sur 1m30 et si ça, ça va, on essaiera les 7 ans.
Il a fait ça comme si de rien n'était. Une faute lors du premier cycle … puis il n'a presque plus fait de faute. Il a fait le championnat de Belgique où il fait 0 puis 4 sur le premier obstacle, autrement il était en finale, il a fait la coupe de Belgique à Gesves où il était 4 ème puis il était parti et à 8 ans, il faisait déjà un Grand Prix*** sans-faute à Bonheiden. J'ai toujours dit depuis le début où je le monte que c'était un crack. Il y a une histoire autour de ce cheval. Ses éleveurs, Candy et son mari, Ronny Bergiers, qui est malheureusement décédé l'an dernier, cherchaient quelqu'un pour monter leurs jeunes chevaux. J'ai monté là Gigolo qui fait aujourd'hui de beaux résultats et ils ont vendu Fou à Elke … qui habite chez eux.
Fou de Toi vd Keihoeve
C'est donc toujours resté dans la même famille et Ronny est toujours resté très intéressé dans l'affaire. Malheureusement, il a eu un cancer très agressif et sept mois seulement après la diagnostic, il a été enterré. Nous avons un accord et j'ai désormais la moitié de Fou avec Elke qui me laisse carte blanche dans la gestion du cheval. Elle me fait confiance à 100% et c'est aujourd'hui une de mes plus grandes supportrices et nous avons tous les deux le même avis sur le fait que le cheval n'est pas à vendre. Ce n'est pas une question d'argent, ce n'est pas que nous sommes riches mais il faut faire des choix dans sa vie et si je vends ce cheval-là, je retourne monter des quatre ans … puis mon sentiment est que mon travail n'est pas encore fini avec ce cheval et d'une autre part, l'occasion que je vais avoir de monter dans les mêmes conditions un tel cheval ne va plus se présenter dans ma vie normalement, alors on se fait plaisir et nous conservons le cheval. »
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Partie 5