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Galopin du Biolay et Made In Semilly se sont envolés

Elevage vendredi 4 mars 2022 Mélina Massias

Cette fin d’hiver n’épargne définitivement pas les étalons. Après Diamant de SemillyCicave du Talus ou encore Canturo, Galopin du Biolay et Made In Semilly ont, à leur tour, rejoint le ciel. Nés respectivement chez Albert Moissonnier et Richard et Germain Levallois, Galopin et Made In ont tous deux été performants jusqu’en Grands Prix 5*, avant de transmettre leurs gènes à l’élevage. 

Il y a des chevaux qui marquent des vies d’éleveurs. Galopin du Biolay était de ceux-là. L’étalon Selle Français, fruit du croisement entre Butin d’Elle et Tanagra du Biolay, une fille du Pur-sang Pontoux, a vu le jour chez Albert Moissonnier, à Lent, tout près de Bourg-en-Bresse. “Pour mon père, Galopin était la concrétisation de tout ce qu’il a fait”, confesse Bertrand Moissonnier, le fils d’Albert. À soixante-treize ans, ce dernier aimait toujours autant prendre soin de son protégé et tenait à le conduire lui-même au paddock tous les jours. “La veille de sa disparition (survenue mardi 1er mars, ndlr), Galopin était encore en train d’hennir, avec mon père qui le tenait du bout de la longe pour le rentrer dans les écuries. Le lendemain, il est parti au paddock à neuf heures et a fermé les yeux à midi pile, juste à côté de nous. Nous l’avons vu vieillir physiquement, mais il était toujours en pleine forme et n’a jamais boité”, reprend celui qui a formé l’étalon sur le Cycle classique.

Après avoir suivi un parcours somme toute classique à quatre, cinq, six puis sept ans sous la selle de Bertrand Moissonnier, Galopin du Biolay est vendu à huit ans, après un passage par les écuries de Laurent Guillet. Georgina Forbes, éminente propriétaire de chevaux, qui a notamment soutenu Roger-Yves Bost jusqu’à son avènement aux Européens de Herning, en 2013, avec la généreuse Castle Forbes*Myrtille Paulois, fait l’acquisition du bai. Ce dernier évolue alors aux rênes du Suisse Pierre Kolly. Ensemble, le duo participe à quelques épreuves Coupe du monde et s’impose notamment dans le Grand Prix 5* de Gijon. Confié à l’Irlandaise Jessica Kürten dans un deuxième temps, Galopin connaît ses plus belles heures de gloire. Il décroche notamment le Grand Prix 4* de Birmingham, au Royaume-Uni, et s’illustre sur le circuit du Global Champions Tour. En 2007, ses performances valent au fils de Butin d’Elle un ISO 171. “Galopin avait souvent un rôle de deuxième cheval. Il était un peu dans l’ombre de Libertina et Quibell. Il sautait souvent le Grand Prix du samedi, et plus rarement celui du dimanche”, complète Bertrand.

Galopin du Biolay ici dans son paddock. © Collection privée

En 2008, Galopin effectue son dernier tour de piste sous la selle de Jessica Kürten, à l’occasion des Equita Masters, épreuve phare du samedi soir au CSI 5*-W de Lyon. L’étalon retrouve alors ses prairies natales pour couler une heureuse retraite et débuter sa carrière d’étalon. “J’ai beaucoup de souvenirs magnifiques avec lui. Nous l’avons vu concourir à La Baule, à la télévision, il est venu faire un sans-faute dans le Grand Prix de Bourg-en-Bresse, sur ses terres natales avec Jessica Kürten, etc. Mais le souvenir le plus marquant reste le jour où il est revenu à la maison, dans le box dans lequel il a toujours été. Le dimanche soir, avec mon père, nous le regardions, la larme à l'œil", se remémore le cavalier. Dans sa carrière de reproducteur, Galopin a honoré un petit nombre de juments. Malgré tout, sur ses soixante-six produits enregistrés au SIRE, l’étalon a donné quelques bons chevaux, dont deux ayant tourné à 1,40m avec Bertrand. Surtout, Galopin a engendré Gorille Doral, en lequel Max Thirouin fonde de grands espoirs. “Par rapport au nombre de produits et à la jumenterie qu’il a servie, Galopin a quand même été très améliorateur”, souligne Bertrand. “Il avait une bonne génétique : tous ses frères et sœurs avaient de l’aptitude, mais certains ont été vendus à des Amateurs et, de fait, n’ont pas toujours été valorisés au mieux. Sa mère aurait sans doute mérité d’aller à des étalons plus cotés.” Séducteur Biolay, propre frère de Tanagra du Biolay et oncle de Galopin, a notamment participé aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 en concours complet, et été crédité d’un ICC 174.

Mais au-delà des performances et de la génétique de Galopin, c’est avant tout son caractère qui a marqué son propriétaire. “Je parle vraiment de Galopin comme du cheval de ma vie. On pouvait le laisser à côté d’une jument sans souci. On aurait même pu laisser un berceau avec un bébé près de lui sans crainte ! J’ai fait naître un certain nombre de chevaux, mais jamais avec un caractère comme le sien. Il était d’une telle gentillesse ; c’était hors norme”, relate Bertrand. “Pendant longtemps, nous l’avons monté pour entretenir sa musculature. À l’époque, ma fille avait huit ou neuf ans. Elle montait déjà un petit peu à cheval et elle pouvait partir seule en balade avec lui. J’étais serein et je savais que rien ne pouvait arriver avec ce cheval. Ce qu’il faut retenir de lui, c’est vraiment son caractère exceptionnel. Tous les gens qui l’ont connu retiennent ça.”

Made In Semilly rejoint Diamant au paradis 

À vingt-deux ans, Made In Semilly s’est aussi éteint, dans la nuit de mercredi 1er à jeudi 2 mars. “Nous ne nous attendions pas à ce que son cœur lâche ainsi, tranquillement dans son sommeil. Notre réveil a donc été brutal, mais, en même temps, nous sommes apaisés de savoir qu’il n’a pas souffert”, a écrit la famille Levallois sur les réseaux sociaux. “C’était un étalon au grand cœur, toujours prêt à faire de son mieux. Un battant ! Il laisse derrière lui plein de bons souvenirs, d’une magnifique carrière sportive sous la selle de Florian Angot.” 

Né de l’union entre Allegreto et Ébène de Semilly, une fille de Le Tôt de Semilly, le bai clair a débuté la compétition en 2004, sous la selle de François-Xavier Boudant, avant de passer aux rênes d’Olivier Martin. Le Selle Français a ensuite rejoint Florian Angot, avec qui il a écrit les plus belles pages de sa carrière. Le duo a ainsi remporté plusieurs épreuves à 1,45m et s’est classé jusqu’en Grands Prix à 1,60m, en CSIO 3 et 4*. En tout, les deux complices ont engrangé plus de cent-vingt classements et vingt victoires en Grands Prix. “Un gentil cheval très courageux rejoint le paradis des chevaux. C’est toujours douloureux pour moi, cavalier, d'apprendre la fin de vie d'un cheval comme Made. J’ai eu tellement de résultats et de victoires avec lui. Cheval de cœur de monsieur Germain Levallois, il l’aura fait vibrer jusqu’en Grand Prix 4* et laisse derrière lui des produits à son image. Repose en paix, mon compagnon de route”, a salué Florian Angot.

Made In Semilly et Florian Angot. © Scoopdyga

“Malgré ses excellents résultats sportifs et son pedigree issu de l’alchimie de deux souches Selle Français Originel d’exception ayant fait leurs preuves au plus haut niveau international sur plusieurs générations, Made In Semilly était resté dans l’ombre de Diamant en matière d’étalonnage et sa production n’est donc pas très importante en nombre”, note le haras de Semilly. L’étalon compte ainsi un peu plus de cent-cinquante produits enregistrés en France, parmi lesquels trois ont été indicés à plus de 140 : Utem de Quintin, USA Normandie et Urbain des Noes. “La qualité de ses produits est excellente. Ils sont volontaires, avec une excellente galopade, puissante et en équilibre, beaucoup de réactivité sur les barres, de l’influx et des modèles harmonieux. Leur facilité et leur courage a permis à plusieurs jeunes cavaliers de se classer en CSI. Nous leur souhaitons de continuer à honorer la mémoire de cet étalon très attachant, qui, personnellement, va nous manquer”, loue la famille Levallois. Après Diamant de Semilly, parti mi-février, Cicave du Talus ou encore Canturo, le paradis des chevaux accueillent deux nouvelles têtes, qui auront, eux aussi, laissé leur empreinte dans le cœur de leurs proches.

Photo à la Une : à gauche, Galopin du Biolay sous la selle de Jessica Kürten. À droite, Made In Semilly avec Florian Angot. © Scoopdyga