Troisième partie de notre rencontre avec Fredrik Jönsson. Le Suédois nous raconte l'histoire de Cold Play et leurs débuts difficiles.
Racontez-nous l’histoire de Cold Play…
Cold Play vient de la famille Ingvarsson, avec qui nous travaillons depuis 1989 ou 1990. Je montais déjà un cheval qui leur appartenait lors des championnats d’Europe juniors de complet à Vittel. Yvonne élève des chevaux de dressage tandis que son mari Lars, lui, achète des poulains de saut. Cold Play est arrivé chez moi lorsqu’il avait 4 ans. A 3 ans, il a participé à un concours de saut en liberté, dans lequel il s’était révélé très bon.
Cold Play lors du test de saut en liberté à trois ans.
Au début, c’était difficile de le faire travailler avec nous. Il était peureux et n’avait pas beaucoup de bonne volonté. Il nous a fallu trouver le bon système pour lui. Donc à 4 ans, nous n’avons pas été en compétition, nous l’avons seulement travaillé. Quand il a eu 5 ans, il a fait quelques concours, mais nous avons vite rencontré des problèmes avec les bidets : soit il sautait trop haut, soit il s’arrêtait. A 6 ans, c’était un peu mieux, mais toujours problématique avec l’eau. Lors d’un concours où, une fois encore, il s’était arrêté sur la rivière, j’ai attendu la fin des parcours pour aller m’entraîner sur la piste. J’ai ensuite acheté différents bidets pour poursuivre l’entraînement à la maison. A 7ans, il a commencé à être bon, mais en indoor seulement. On a continué à s’exercer pour l’eau, encore et encore. Différents types de saut avec de l’eau, placés dans différents endroits. Il faut dire que j’avais vraiment un très bon sentiment lors des concours en indoor. Il a sauté quelques Grand Prix, mais dès qu’il y avait une grande rivière, il disait systématiquement non. Et il partait à l’opposé. J’ai commencé à me dire qu’il fallait peut-être abandonner et le vendre. Je me suis confié à mon père, qui m’a demandé de le laisser s’occuper de ce problème, car il trouvait qu’il sautait vraiment très bien. Durant 3 mois, tous les jours, il l’a pris à la main et est passé dans tous les endroits où il y avait de l’eau. Chaque jour, durant 3 mois ! Parfois il restait tranquille, parfois il faisait des sauts. A la fin, on pouvait le laisser rênes longues, il n’avait plus peur. J’avais mis des bidets partout, il était presque impossible de s’entraîner car il n’y avait plus que ça, partout ! Ensuite, pendant 1 mois, j’ai sauté tous les jours des bidets. De l’eau, de l’eau, de l’eau ! Le printemps suivant, j’ai été à Arezzo. Il n’ y avait pas eu de grande rivière dans la qualificative, mais elle était dans le Grand Prix. Je me suis dit : « On verra si notre travail a payé. » Il a pointé les oreilles en avant, j’ai mis un peu de jambe… et il a sauté ! Pour ne rien gâcher, nous nous sommes classés dans le Grand Prix. A ce moment, j’ai réalisé qu’il fallait vraiment que nous le gardions pour essayer d’aller plus haut. C’était en 2017. La saison qui a suivi a été excellente, et depuis, Cold Play n’a jamais plus posé problème sur l’eau.
Cold Play lors des Européens de Rotterdam cet été.
Après les saisons exceptionnelles que vous avez vécues, vous avez eu des offres pour Cold Play ?
Oui. J’en suis propriétaire à 50% et Yvonne et Lars Ingvarsson possèdent l’autre moitié. Ils ont décidé de le garder et j’en suis heureux, mais s’ils avaient préféré le vendre, je n’aurais pas pris la responsabilité de leur dire non. Nous travaillons ensemble depuis tellement longtemps. Nous avons vraiment envie d’aller aux Jeux Olympiques, et c’est en vue de cet objectif que nous avons décidé de le garder.
Quels sont vos meilleurs souvenirs ? La victoire à Falsterbo cette saison lors de la Coupe des Nations à domicile ? La médaille aux Mondiaux de Tryon ?
Falsterbo, c’était fantastique, mais Tryon reste assurément mon meilleur souvenir. C’était incroyable.
Après votre médaille à Tryon, votre vie quotidienne a-t-elle changé ?
Il y a eu plus d’interviews, plus de soutien des partenaires, de la fédération, du comité olympique, mais de manière générale, non, mon quotidien n’a pas vraiment changé.
La suite et fin demain !
Crédit photos : Clément Grandjean