C’est au haras national suédois, à Flyinge, que nous avons rencontré Fredrik Jönsson, vice-champion du monde par équipe en 2018 à Tryon et membre de l’équipe suédoise victorieuse des Coupes de Nations de Rome, Falsterbo et Hickstead en 2019. Le cavalier suédois revient pour Studforlife sur sa carrière, sur son organisation aux côtés de son épouse Piia Pantsu Jönsson, cavalière olympique de complet médaillée de bronze aux Mondiaux de Jerez en 2002, et sur ses débuts difficiles avec Cold Play. Rencontre avec un sympathique Suédois qui, derrière son attitude très relax, a un but bien précis en tête : Tokyo 2020.
Fredrik Jönssen et Cold Play devant les belles installations du haras national de Flyinge.
Votre père était un cavalier de complet reconnu, il a notamment participé aux Jeux Olympiques. Vous avez donc toujours été dans le milieu ?
Oui. Nous avons emménagé en famille dans la région de Flyinge dans les années 1980. J’avais alors 7 ans. Dans ma classe, nous étions trois copains cavaliers. Un ami qui monte à un bon niveau et un certain Peder Fredricson. Nous nous sommes énormément amusés ensemble. Il y avait aussi Jens, le frère de Peder. Nous avons vraiment passé du bon temps avec les chevaux quand nous avions une dizaine d’années. Cela a toujours été très naturel pour moi d’être en selle ou à l’écurie. Pourtant, ce n’était pas très courant à cette époque que les garçons montent à cheval, c’était plutôt un sport destiné aux filles, en Suède. Cela ne nous a pas empêché de beaucoup monter, en voyant les chevaux comme un jeu, puis de participer à plusieurs championnats juniors ensemble.
Mais en concours complet…
Exactement ! On faisait du complet, mais on sautait aussi beaucoup. Jens faisait du saut, donc on le suivait aussi… et il faut dire que je n’étais pas très bon en dressage donc je trouvais plus fun de faire du saut d’obstacles ! En fait, on s’amusait sans se poser trop de questions. On faisait tout et n’importe quoi avec les chevaux, de longues balades, des courses pour savoir qui était le plus rapide et on s’amusait même à nager. Maintenant, c’est plus professionnel dès le début. Mais je pense que c’était une bonne chose pour nous. Nous avons pu développer diverses compétences qui nous servent encore actuellement. Entraîné par mon père, j’ai ensuite continué dans le complet. J’ai pris part aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. Peder, lui, avait participé à ceux de 1992 à Barcelone, également en complet. En 2000, nous étions sélectionnés tous les deux pour les JO de Sydney, mais c’était un peu la bagarre avec notre fédération et il a été décidé de ne pas nous y envoyer. Après cet événement, nous nous sommes dirigés vers le saut. Il se trouve que j’avais aussi à ce moment-là un bon cheval de saut, donc cela m’a aidé à prendre cette décision. Ma femme montait à un haut niveau en complet, donc elle a récupéré mes chevaux... et elle a vite fait de meilleurs résultats que moi ! Je me suis donc mis au saut, et je n’ai plus changé d’avis.
Quand avez-vous rencontré votre épouse ?
Lorsque nous étions aux championnats d’Europe de concours complet juniors à Compiègne. Ensuite, elle est venue s’entraîner avec mon père ici, à Flyinge. C’est là que notre histoire a commencé. Maintenant, elle fait aussi uniquement du saut d’obstacles et elle est professeur d’équitation à Flyinge. Elle a aussi monté à haut niveau en saut, puisqu’elle a participé à des Coupes des Nations avec la Finlande. Fredrik et son épouse Piia.
Quelle est la personne qui vous a le plus influencé durant votre carrière ?
Je dois dire que c’est mon père. Il m’a beaucoup appris. Il m’a énormément enseigné, notamment au début de ma carrière. Il m’a donné l’impression que tout était possible. Je pense aussi que le contact avec tous les bons cavaliers qu’il y a dans la région, et notamment à Flyinge, m’a inspiré… Sans oublier mes amis de toujours, en particulier Peder. Fredrik entouré de son père et de son fils.
Le fait que Peder Fredricson et vous étiez cavaliers de complet, cela vous aide-t-il maintenant ?
Oui, je pense que l’on a appris à entraîner les chevaux différemment, à chercher l’équilibre parfait chez chaque cheval. Je suis convaincu que ce serait bien que tout cavalier de saut d’obstacle apprenne à monter en extérieur et à franchir des obstacles naturels.
Les écuries privées de Fredrik Jönsson, à côté du haras de Flyinge.
Vous n’avez jamais ressenti le besoin de partir à l’étranger pour vous former ?
Non. J’ai bien fait quelques stages, mais jamais de séjour de longue durée. Je pense que c’est bien de partir voir ailleurs ce qu’il se fait, mais l’occasion ne s’est tout simplement pas présentée pour moi. J’ai pu aussi développer de manière optimale mon organisation ici.
Vous avez percé au haut niveau depuis trois saisons, l’un des points forts étant la médaille d’argent par équipe de Tryon en 2018. Quel a été le déclencheur qui vous a permis de vous révéler ?
Avant je montais à un bon niveau national, mais pas plus. Et je vendais les chevaux qui auraient pu m’amener à un niveau supérieur. La grande différence, c’est Cold Play. Nous avons pu le garder, et voilà. C’est aussi simple que cela !
Fredrik Jönsson et Cold Play lors des derniers championnats d'Europe de Rotterdam.
La suite demain !
Crédit photos : Clément Grandjean