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François Mathy fait déplacer les foules.

Sport lundi 7 mars 2016
Loncin 2016 « Si vous êtes ici, c'est que vous élevez des chevaux : vous êtes donc tous des rêveurs ! » François Mathy aura rapidement planté le décor de sa présentation. Le double médaillé de bronze des Jeux Olympiques aura ensuite exposé son avis sur l'élevage de manière sobre comme il sait le faire avant d'aborder les questions-réponses en laissant parler ses expériences et ne maniant pas la langue de bois avec la subtilité que l'on lui connait. Le double médaillé de bronze des Jeux Olympiques devenu depuis l'un des plus grands marchands de chevaux au niveau mondial sait toujours captiver les foules avec des paroles justes et toujours avec passion.

Les éleveurs liégeois s'étaient tous donnés rendez-vous à Loncin où les affixes très connues de la région se côtoyaient : du Toultia, de Longchamps, de l'Enclos, Chavanais, du Château Hollogne mais également de petites et jeunes affixes comme celles de la Préalle, JC, de la Croix Renard, de Bettincourt, d'Harduémont mais également de plus loin avec celles du Tintia, du Pachis, D et bien d'autres étaient présents.

Cette réunion était également l'occasion d'une présentation du PAX, programme créé par le GFE, par le Dr vétérinaire Christian Liégeois de l'élevage de Septon. Une belle occasion pour revenir sur ce programme avec l'un de ses concepteurs, Brice Elvezy qui n'avait pas pu se libérer pour cette réunion à l'initiative du comité BWP Wallonie qui organisait ce jour là sa traditionelle assemblée générale en première partie de soirée.

Comment vous est venue l'idée du PAX ? Pourquoi avoir pris la décision de le développer ?

Brice Elvezy : « Je pense que cela fait partie de la problématique d'un étalonnier de pouvoir répondre à l'attente de ses éleveurs, qui lui expliquent comment sont leurs juments. Cela permet de mieux connaître un étalon et de voir si le croisement qu'il envisage de faire correspond à son objectif. Souvent, les éleveurs se méfient en disant que chaque étalonnier va dire que son étalon est le meilleur. Le Groupe France Elevage a la chance de pouvoir proposer un panel d'étalons suffisamment large pour dire que Kannan ne correspond pas à toutes les juments, comme Air Jordan ou Contendro non plus. Lorsque l'on va chez un éleveur qui a utilisé plusieurs de nos étalons, il y a parfois des croisements que nous n'aurions pas faits ou nous aurions plutôt fait l'inverse. Partant de ce constat-là où le conseil de croisement est une problématique pour tous les étalonniers, nous nous sommes dit qu'il fallait que l'on développe un conseil de croisement plus abouti que juste des qualificatifs disant que notre étalon est le meilleur. C'est parti du constat que beaucoup d'éleveurs ne connaissent pas vraiment l'étalon, d'autant que maintenant beaucoup d'éleveurs reçoivent des publicités en étant bombardés de vidéos. Il nous semblait intéressant de remettre un langage technique entre l'étalonnier et l'éleveur. »

Est-ce que l'éleveur est apte à utiliser ce langage technique ?

B.E. : « Je pense qu'au départ, l'éleveur peut être un peu perdu. C'est un phénomène de société, on veut la solution magique parmi tous les étalons proposés à travers le monde. Le Pax est souvent utilisé comme moyen de vérification par les éleveurs pour se conforter ou non dans le choix qu'ils ont effectué. C'est un peu utopique de croire qu'un étalon convient à toutes les juments. L'objet du Pax, c'est plutôt de dire qu'on va réfléchir au croisement et que l'étalon va apporter telle, telle ou telle qualité mais qu'il faut aussi faire attention à telle ou telle chose. La conclusion du Pax, c'est d'apporter un certain nombre de feux verts, feux oranges ou de feux rouges. »

Comment avez-vous sélectionné les critères de caractérisations que vous vouliez intégrer dans ce programme ?

B.E. : « On pourrait définir 200 critères mais c'est là où notre démarche se rapproche d'une démarche de terrain un petit peu scientifique. Nous avons essayé de réunir de grands éleveurs, des cavaliers, des vétérinaires tout en s'appuyant sur le CIRALE et le professeur Denoix pour prioriser les critères qui nous semblaient les plus importants. Chaque studbook possède une grille de critères et assez naturellement, on va choisir l'orientation, la longueur de l'encolure, l'orientation de la ligne du dessus, les aplombs, l'ossature … Tous ces critères, nous avons essayé de les caractériser. Nous avons fait un gros travail avec l'équipe du professeur Denoix et le CIRALE pour qu'ils nous valident les critères que nous avions sélectionnés avec les éleveurs et les cavaliers. Notre objectif est de rapprocher deux mondes qui ont parfois du mal à communiquer. Il nous semblait intéressant d'avoir l'avis du professeur Denoix qui est spécialisé dans les pathologies locomotrices et de voir pour lui quels sont les critères qui sont importants tout comme ceux qui sont importants aux yeux d'un éleveur ou pour un cavalier qui est plus utilisateur. »

Le Pax commence aujourd'hui à être même un programme qui s'exporte ?

B.E. : « Nous l'avons créé avec Arnaud Evain il y a deux ans. Nous l'avons présenté en France dans un premier temps, où ce programme a été bien accueilli. Nous avons néanmoins été fort occupés par nos autres activités et il faudrait que l'on passe plus de temps avec les éleveurs pour leur expliquer véritablement comment fonctionne ce programme. Le premier retour que nous avions était que pour les éleveurs amateurs, cela semblait compliqué et c'était un programme pour les professionnels alors que pour les professionnels, c'était réservé aux amateurs. Nous avons donc rôdé ce programme pendant un an et demi en le présentant en France et à l'international. A l'étranger, nous avons quelques clients avec des cheptels de juments importants où nous avons vendu une copie du Pax dédié pour eux afin qu'ils puissent y insérer leurs juments mais également leurs étalons. VDL ou Paul Schockemoehle se sont montrés intéressés par le système même si chacun a sa méthode. Nous avons fait un gros travail pour le formaliser et c'est à l'international que nous avons eu les meilleurs retours et le plus d'intérêt. »

Ce programme est encore soumis à évolution ?

B.E. : « Oui bien sûr. C'est la force du programme. Entre la version 1, il y a un an et demi et la version actuelle, il y a déjà pas mal d'évolutions. On a simplifié, nous étions parti sur 44 critères, nous sommes passés à 40 critères et nous souhaitons encore le simplifier. Nous travaillons actuellement avec le studbook Selle Français qui fait aussi pas mal de caractérisations et avait créé un programme de caractérisation pour leur cheptel de juments. Il y a eu une réunion sur la caractérisation en Allemagne avec une quinzaine de studbook présents où nous avons présenté le Pax. Tout le monde trouve ce programme très intéressant. Chacun fait des caractérisations et adapte le programme selon ses problématiques. Je pense néanmoins que la caractérisation des reproducteurs est quelque chose qui existe depuis la nuit des temps et il y a encore matière à se développer et progresser. Si on compare par rapport à d'autres races animales, nous sommes quand même très en retard. Nous, c'est certes plus compliqué car on recherche la performance qui demande une relation entre le cavalier et le cheval. Ce n'est néanmoins pas parce que c'est plus compliqué dans notre filière qu'il ne faut rien faire pour autant. »

Vu les coûts de développement que cela engendre, est-ce important de le faire utiliser par d'autres ou est-ce intéressant que cela reste un outil du GFE ?

B.E. : « La notion de coût est importante et c'est un investissement important pour le GFE qui fait partie des leaders mondiaux en tant qu'étalonnier mais on a le sentiment que cela fait partie de nos missions de participer au développement et aux conseils de croisements en aidant à l'amélioration de la production de nos éleveurs. Nous essayons donc de mieux les aider à utiliser nos étalons. »

 

Cela permet aussi de faire travailler des étalons qui auraient peut-être moins sailli sans ce programme ?

B.E. : « Complètement. Cela fait partie de nos objectifs. Nous n'avons pas besoin du programme pour vendre Kannan ou Contendro I. Maintenant, nous avons caractérisé l'ensemble de nos étalons, on incite l'éleveur à décrire au mieux sa jument. Il y a 40 critères mais le programme fonctionne à partir de 5 critères. On invite l'éleveur à décrire sa jument sur des critères assez simples et à partir de là, on lui propose de regarder la compatibilité avec nos étalons. Nous avons fait cela de manière très studieuse et méthodique avec l'ensemble de nos étalons. L'objectif est de proposer une liste de 10 étalons parmi les 40 de notre catalogue qui sont les plus compatibles. Ensuite, on propose à l'éleveur de regarder pourquoi on lui propose ces 10 étalons et de se concentrer sur quelques étalons où il y a évidemment les plus célèbres mais également des étalons moins connus ou moins sous les feux des rampes médiatiques. On peut également limiter les choix à un type de monte, en frais par exemple. Notre objectif est vraiment d'ouvrir l'éventail d'utilisation des étalons. Kraque Boom a justement été placé cette année en Belgique car il plaisait à Ludo Philippaerts qui aimait bien le cheval et qui pense qu'il correspond à une certaine jumenterie autour de chez lui. Kraque Boom est un étalon que nous aimons et considérons intéressant mais qui n'est pas nécessairement très populaire et c'est important que via ce système, les éleveurs puissent voir que certains étalons peuvent sortir du lot dans certains cas de figure et qu'il serait peut-être plus judicieux de les utiliser par rapport à un autre. »

Pourquoi avoir créé également un livre à côté du programme ?

B.E. : « Il y a un réel intérêt des éleveurs pour cette démarche où l'on explique pourquoi on a créé ce programme et comment l'utiliser. Il y a une méthode et on veut aider l'éleveur a bien définir chaque critère que l'on veut caractériser. Je pense que cela permet aux éleveurs de se poser des questions sur leurs juments et d'apprendre parfois à mieux les connaître. Cette année, nous avons également créé le Pax inversé qui est spécifiquement dédié aux éleveurs professionnels avec plusieurs juments et qui peuvent se dire « Tiens, cette année, le GFE a intégré Cornet Obolensky ou Balou du Rouet à son catalogue, j'ai envie de l'utiliser sur une de mes juments. Quelles sont mes juments qui lui correspondent le mieux selon le GFE ? Le GFE utilisait depuis très longtemps une table de croisement. Sur l'abscisse et l'ordonnée, on regardait si les juments avaient plus ou moins d'étendue et à l'intérieur, on plaçait tous les étalons. Le choix se faisait en fonction de si la jument était plus ou moins compacte, plus ou moins courte, plus ou moins lourde. On était dans les extrêmes avec des petits pictogrammes de couleurs où l'on notait ce que les étalons pouvaient apporter mais cela devenait tellement chargé que nous avons décidé de passer à l'étape supérieure avec l'élaboration de ce programme qui va permettre de mieux conseiller l'éleveur dans son choix même si cela n'a aucune prétention et certainement pas de remplacer le choix et l'instinct de l'éleveur. »

Fiche de présentation du PAX