Passionné de sports équestres et plus précisément de saut d'obstacles, François Buzon se retrouve aujourd'hui à la tête de la première édition du CSI 2* de Palaiseau. Agé de vingt-deux ans, compétiteur amateur depuis de nombreuses années et passionné d'élevage, il possède cette qualité que certains définissent comme un défaut : vivre ses rêves même s'il faut parfois se battre contre des préjugés. Le monde et l'équitation ne progresseront que si l'on cherche à le faire évoluer et en l'adaptant aux besoins du moment sans oublier les bases du passé, il l'a compris et durant une année et il s'est battu pour que, le temps d'un week-end, on puisse juger son travail et celui de son équipe. L'occasion pour nous de rencontrer ce jeune passionné idéaliste et avant-gardiste.
Pourquoi avez-vous décidé d'organiser un CSI 2* après 25 ans de concours nationaux ?
Dans un premier temps parce que l'on avait besoin d'apporter de la valeur à l'évènement ce qui nous permet de justifier les travaux conséquents que l'on a réalisé sur le terrain puisque c'était l'un des gros inconvénients de notre concours. On a effectué des travaux pour près de 50.000 euros. Il fallait que le concours soit plus porteur en terme de communication. Comme notre école s'internationalise, il nous a semblé intéressant de faire coïncider ce concours avec l'évolution de notre école puisque sur une promotion de 500 élèves, on retrouve 100 élèves étrangers issus de 26 pays différents.
D'où vient cette tradition équestre à l'école polytechnique ?
En fait, c'est une école militaire qui a été crée par Napoléon juste après la révolution française afin de former de nouvelles élites militaires et dirigeantes pour la France. La formation militaire à l'école comprenait l'équitation pour l'artillerie. Une épreuve d'équitation était d'ailleurs intégrée aux examens d'admission de l'école jusqu'en 1930.
C'est votre première expérience comme président, qu'est ce qui vous a poussé à prendre cette fonction ?
Depuis mon plus jeune âge, lorsque l'on me demandait le métier que je voulais faire, j'ai toujours répondu que je voulais être cavalier international, alors à défaut d'y être parvenu jusqu'à présent, j'organise.
En marge du CSI, les élèves des grandes écoles françaises ont pu participer au trophée des Jumps. Chaque équipé étant coachée par un cavalier professionel. François Buzon a pu profiter des conseils de l'élève de Patrick Caron : Nicholas Hochstadter pour représenter l'école de l'X.
Qu'est ce qui a été le plus difficile pour vous lors de l'organisation de ce concours ?
Je ne vais pas me faire que des amis, mais il faut bien avouer que ce sont les relations avec notre fédération. Ensuite, c'est certain qu'il y a eu beaucoup de choses difficiles, mais j'ai eu la chance de pouvoir compter sur une équipe vraiment performante, des partenaires qui nous ont aidé financièrement et aussi trois parrains: Patrick Caron pour les travaux, Marwan Lahoud , polytechnicien président directeur général de MBDA, pour le financement et aussi Dominique Berger , polytechnicien président directeur général d'Aéroconseil qui nous a aidé à porter le projet devant le Général Directeur de l'Ecole et des partenaires. Ca a été un gros challenge tout au long de l'année en passant des travaux aux engagements des cavaliers internationaux en passant par l'avant programme et la mise en place de toute les infrastructures. On a vraiment été toujours sous pression tout au long de ce challenge.
Et quelle est votre plus grande satisfaction dans l'organisation de ce challenge ?
Mon équipe, sans aucun doute. Ils ont tenu jusqu'au bout, ils sont encore là, ils sont archi motivé, ils ont toujours répondu présent tout au long de l'année alors que certains d'entres eux ne sont absolument pas cavalier et que certains d'entres eux n'avaient jamais assisté à un concours hippique et ma plus grande joie, c'est ça.
On a beaucoup parlé de cette piste remise à neuf, mais il y a eu d'autres innovations comme l'organisation d'épreuves internationales pour amateur. C'est une grande nouveauté dans le paysage français ?
Oui, c'est vrai. Je pense bien que nous sommes les premiers à faire cela sous ce label en France. Cela nous a posé beaucoup de problème car la fédération française nous a complètement lâché. Les cavaliers étrangers se sont inscrits par leurs fédérations comme pour les cavaliers internationaux alors que pour les français, j'ai été obligé de faire moi-même un petit formulaire d'engagement pour permettre aux français de s'inscrire directement auprès de notre comité organisateur. Cela n'a pas été facile. A la base, c'était pour permettre à certains de nos partenaires de monter, cela ne s'est pas fait, mais cela permet aux cavaliers professionnels de venir avec des propriétaires ou des élèves. Ca donne un aspect assez sympathique au concours avec des cavaliers plus détendu et je trouvais ça assez intéressant pour le concours, mais également pour les professionnels. Cela semble répondre à leurs attentes puisque le chilien Tomas Couve Corea, par exemple, est venu avec 4 élèves pour ces épreuves, donc je pense que pour lui, c'est intéressant de pouvoir faire cela. On a pu constater une forte demande des cavaliers même si la fédération ne nous a vraiment pas facilité la tâche.
Est-ce que cette aventure a changé votre vision du milieu équestre ?
Changé, non ; mais un peu précisé. J'ai été particulièrement surpris de voir les engagements des cavaliers et de me rendre compte que des cavaliers internationaux ne savent pas ce qu'ils font le week-end qui suit, que des cavaliers oublient de s'engager ou encore que de grands cavaliers français téléphonent le vendredi soir pour savoir si ils peuvent encore venir alors qu'il faut mettre la liste des cavaliers engagés sur le site de la fédération. Je trouve ça assez étonnant. Après, il y a aussi les cavaliers qui ne viennent pas sans même le dire aux organisateurs, ce qui est particulièrement regrettable car pour moi, 3 chevaux absents, c'est un trou de 1.000 euros dans mon budget. Je ne sais pas si ils se rendent compte du tord qu'ils peuvent causer aux organisateurs.
Que peut on vous souhaiter au niveau équestre pour le futur ?
Peut-être plus d'organiser, mais de concourir. On ne sait jamais comment la vie évolue, mais j'aimerais bien.