La semaine aura été difficile pour les organisateurs du jumping international du Loiret qui auront enregistré au début de celle-ci de nombreux forfaits dont plusieurs de leurs têtes d'affiches et de nombreux belges. « On se sent avant tout incompris de la FEI. Pour nous, c'est un véritable manque à gagner alors que l'on a déjà du mal à trouver des sponsors. Cette année, il nous manque pas moins de 60 chevaux par rapport à nos espérances. Si une telle mésaventure se répétait encore l'an prochain, elle pourrait signifier la fin de notre concours. », expliquera sans détour Charles Pillon.
Heureusement, le temps aura été de la partie pour faire oublier ces mésaventures et le public régional aura rejoint les écuries Pierre de France pour assister au Grand Prix regroupant 43 partants dans une ambiance décontractée.
Premier à s'élancer, Leon Thijssen annonce directement la couleur en signant d'emblée le sans faute avec son étalon Tinky Winky (Numero Uno). C'est une bonne chose sauf lorsque 4 des 6 premiers en font de même. On s'attend dès lors à un barrage fleuve nettement plus ennuyeux que prévu.Mais au contraire, les suivants auront enchainé les erreurs, à l'exemple de Jaime Guerra avec Grupo Prom Royal Vickenburg (Burgraaf) qui fautera sur l'oxer 7 en forme de château, cher à la région.
Nouveau cavalier des écuries François Mathy, l'Allemand Marc Bettinger se fera piéger sur l'oxer 9 dos au paddock avec une faute de postérieur du puissant Quannan R (Kannan).
Régional de l'étape, Olivier Tharreau se fera avoir sur l'oxer Carrefour mis en bout de seconde ligne avant que Lover de Pastis (Alfa d'Elle) ne double la mise sur le second obstacle. Le second cavalier de la région, Walter Lapertot finira également avec 8 points, conséquence d'une faute sur l'entrée du triple ainsi que sur cet ultime oxer avec Wodan. Vainqueur du Grand Prix de Canteleu la semaine dernière, Xavier Vacher et son fidèle Haram d'Auvers (Si Tu Viens) avait toutes les cartes en main… mais c'était sans compter sur une faute sur l'oxer 5 en bout de ligne puis une seconde faute sur les délicates palanques placées en avant dernière position. Pas plus de chance côté belge avec deux fautes pour Rik Hemeryck et son Papillon Z (Perhaps vh Molenvondel) qui fauteront sur le vertical sur bidet ainsi que sur la sortie du triple … en plus d'un point de dépassement de temps. François Mathy avait quant à lui opté pour l'ancien champion de Belgique des 5 ans, D'Atlantique Royal (Darco) âgé désormais de 8 ans qu'il lançait pour la première fois à ce niveau d'épreuve. Malgré une faute sur l'oxer en bout de ligne et le vertical en fin de la ligne suivante, l'aisance du puissant bai laisse présager une belle année 2012 au solide Liégeois. 8 ans, c'est également l'âge de l'impressionnant Cassydy (Corrado I) qui s'est promené sur tout le parcours sous la selle de Markus Renzel en fautant uniquement sur l'avant dernier obstacle. Trappist (Hamlet) s'était également joué des difficultés du Grand Prix sans trop de problème avec Philippe Rozier à l'exception de la sortie du triple qu'il démontera tout simplement. C'était très bien fait, mais c'est manqué pour Igor Kawiak sur Centino du Ry (Cento) et Christian Weier sur Carisco (Chamberlin), tous deux auteurs d'un parcours sans faute mais avec un point de dépassement de temps. Pas de chance non plus pour Reynald Angot et sa prometteuse 8 ans, Palawane de Sully (Rosire) qui sortira avec 8 points du triple en faisant faute sur les deux derniers éléments. Avec le petit Nagir (Le Tot de Sémilly), Edouard Mathé se fera piéger sur l'entrée du double, oxer sur bidet, placé en 4 ème position, mais réussira néanmoins à se classer avec le meilleur temps des 4 points. Même mission pour la vedette du concours, Simon Delestre avec Vancouver DML (Pacific VDL) qui, désuni, repassera au trot à quelques foulées de l'oxer massif n°7 et malgré la réaction rapide du n°10 mondial, pas moyen de le couvrir. Dommage. Ils ne seront dès lors que 7 à s'élancer pour le barrage mais cette fois Leon Thijssen ne parviendra pas à rester sans faute et sortira avec 8 points de Tinky Winky. « Je ne voulais pas me contenter d'assurer le sans faute, je voulais mettre la pression sur mes poursuivants mais ça n'a pas marché, dommage. » L'Espagnol Eduardo Alvarez Aznar tentera d'en faire de même mais c'était sans compter sur une faute de son selle français, Odiel (Kannan) sur le dernier obstacle malgré un bon chrono de 50''37. Yannick Gaillot et son étalon Manoir des Peux (Drakkar des Hutins) voudront également mettre la pression sur les suivants, mais ils fauteront sur un vertical en milieu de barrage ! 51''09, deuxième place provisoire. Nous sommes déjà à la moitié des barragistes lorsque le Belge Maurice van Roosbroeck entre en piste. Son étalon Cabriolet Z (Calvaro) est sur une pente ascendante et même s'il ne fait pas partie des chevaux les plus rapides du circuit, son cavalier utilise sa grande galopade et joue le jeu. Le puissant bai réagit et signe un chrono de 49''98 … tout en étant le premier sans faute de l'épreuve ! « L'année dernière, Cabriolet n'était pas en forme mais nous ne trouvions pas ce qu'il avait puis nous avons finalement décelé des problèmes de dos. Nous l'avons redébuté en avril et depuis, il est très régulier. Il a été classé dans presque tous les Grand Prix où il a participé en faisant au maximum une faute comme à Alost. Je pense que j'aurais pu aller plus vite mais étant cavalier « amateur », je ne fais qu'un à deux Grand Prix par mois et donc j'ai préféré garder une certaine marge de sécurité. Jusqu'à présent, j'ai été discret car je voulais avant tout être certain que mon cheval avait retrouvé sa forme mais maintenant, cela ne fait plus aucun doute, alors si Philippe Guerdat a besoin de nous pour l'une ou l'autre coupe des nations, nous sommes disponibles. » Mais derrière lui, la concurrence est rude notamment avec le vainqueur de l'édition 2010, Pedro Veniss et Amaryllis (Cumano). Le Brésilien sait ce qu'il veut : le doublé et il attaque. Un peu trop et le numéro 15 s'effondre malgré un très bon temps de 48''24, meilleur temps de l'épreuve ! « Je suis venu un peu près. Cette année, nous avions vraiment décidé d'accorder un long repos à Amaryllis avant de recommencer la saison. L'objectif étant de la remettre en condition pour les Jeux Panaméricains où elle pourra aider l'équipe à faire un bon résultat. Je suis content malgré tout, même si je passe à deux doigts du doublé d'autant que c'est un concours sympathique avec des organisateurs tellement gentils. » Dernier Français à s'élancer, Franck Schillewaert a à c?ur de confirmer sa prestation de Copenhague devant son public. Marquis de la Lande (Quito de Baussy) l'a compris. Il galope et ne touche aucun obstacle sur son passage : 49''50, c'est la première place provisoire. Mais il en reste encore un pour le priver de cette victoire et ce n'est pas n'importe lequel : Connor Swail et son jeune 8 ans Landsowne (Guidam) qui a impressionné la semaine dernière à Fontainebleau. L'Irlandais n'est pas venu pour compter les cerises, il attaque. Le chronomètre ne résistera pas, c'est certain mais à l'abord de la dernière ligne, ça cafouille, Landsowne ne peut éviter la faute sur l'ultime obstacle malgré un chrono de 48''42. « Mon cheval n'a rien à se reprocher, c'est le cavalier qui a monté comme un pied ! » lança l'Irlandais. « J'ai acheté Landsowne en début d'année avec un propriétaire. Il nous a coûté beaucoup d'argent mais il confirme aujourd'hui son potentiel. Je suis vraiment content de la manière dont il s'est comporté à Fontainebleau et ici. La semaine prochaine, je ferai encore un CSI** pour redescendre de niveau et bien remettre mon cheval en confiance. Notre sélectionneur nous avait demandé de faire partie de l'équipe pour Falsterbo mais je pense que c'est encore trop tôt pour lui. Je veux refaire du haut niveau mais pas à n'importe quel prix. » La victoire sera belle et bien française avec une année formidable pour le « cavalier jeunes chevaux » de toujours, Franck Schillewaert. « Demain, je serai bien au concours jeunes chevaux. Je veux évidemment conserver cette activité mais ne plus m'y limiter comme j'y ai été contraint par le passé. Je monte Marquis depuis qu'il a 3 ans et demi et c'est évidemment une fierté que d'avoir pu l'amener jusqu'à ce niveau grâce à la famille Leconte. J'étais très heureux la semaine dernière que Pierre Leconte, son naisseur et propriétaire, vienne le voir dans le Grand Prix **** de Fontainebleau. Pour lui aussi, à 84 ans, c'est une belle récompense. Ca ne me dérange pas de manger les restes mais il y a un moment dans la vie où on a envie de manger le plat principal. La victoire de Copenhague reste ma plus belle victoire mais Sanillon est un très beau concours et je suis très content aujourd'hui. 2011 est la consécration de 20 années de travail et cette réussite me procure une grande fierté. »