Généreuse, respectueuse et bondissante. À seulement neuf ans, Foxy de la Roque fait souffler un vent de fraîcheur sur le circuit international. Avec son cavalier, Victor Bettendorf, la jument a remporté, cet été, le Grand Prix Longines Global Champions Tour de Rome, pour sa première apparition dans une épreuve à ce niveau. De sa naissance au Haras de la Roque, à son sacre dans la capitale italienne, le parcours (déjà impressionnant) de la fille d’ Armitages Boy est pavé de rencontres, de succès, et de promesses.
Un talent immense et une précocité flamboyante. Associée au Luxembourgeois Victor Bettendorf, Foxy de la Roque a triomphé dans le prestigieux Grand Prix 5* de Rome, hôte de la quatorzième étape du Global Champions Tour, début septembre. Un premier grand succès arrivé tôt dans la carrière de la jument de neuf ans, qui a éclaboussé la piste italienne de ses nombreuses qualités.
Les prémices d’une future championne
C’est en Normandie, au Haras de la Roque, que Foxy, fille d’Armitages Boy, voit le jour en 2015. “Il y avait assez peu de produits d’Armitages Boy à cette époque, se souvient Alexandrine Bonnet-Dian, naisseuse, et éleveuse de la jument. J’avais souvent vu sauter cet étalon avec Aymeric de Ponnat, et j’aimais beaucoup sa souplesse. Il avait peu de références, mais je pensais qu’il avait pas mal de choses à transmettre, et que ça pouvait très bien matcher avec Samba de la Roque, qui est un produit de Kannan et d’Océane de Nantuel.” ajoute l’éleveuse.
Née et élevée au sein du Haras normand, Foxy de la Roque commence le travail monté à quatre ans, sous la selle du monégasque Wenceslas Thomel, mais reste préservée des terrains de concours. “Dans le système de la Roque, nous sortons très peu les chevaux en compétition à quatre ou cinq ans. Le circuit Jeunes chevaux et les finales à Fontainebleau n’ont jamais été un objectif prioritaire.” confirme Alexandrine Bonnet-Dian.
Associé au Luxembourgeois Victor Bettendorf depuis la fin de sa sixième année, la bondissante baie enchaîne ses premières compétitions à 1,30 et 1,35 m durant l’année 2022. D’abord sur la piste normande de Cabourg, puis, surtout, sous le soleil portugais de Vilamoura, où elle participe à plusieurs épreuves internationales réservées aux Jeunes chevaux. “Sur une telle jument, dès ses six ans, on a de bonnes sensations” reconnaît volontiers le cavalier de 34 ans. “Pour être honnête, je n’ai jamais douté de sa qualité à l’obstacle. Ma principale crainte était qu’elle soit trop respectueuse pour parvenir à sauter les plus grosses épreuves.” confie-t-il.
L’ascension vers le plus haut niveau
Après un retour à Vilamoura pour plusieurs semaines de compétitions convaincantes au printemps 2023, Foxy de la Roque semble franchir un nouveau cap lors du CSI 4* de Fontainebleau, où elle est alignée dans plusieurs épreuves réservées aux chevaux de huit ans. “Nous avons enchaîné trois épreuves en quatre jours, et elle a gagné les trois. À ce moment-là, je me suis dit qu’elle commençait vraiment à être compétitive, c’est un très bon souvenir” relate Victor Bettendorf.
Lancée dans une progression rapide et linéaire, la jument avale les différents paliers qui la séparent du haut niveau, et enchaîne les bonnes performances avec son cavalier. Première apparition dans un Grand Prix 2* en novembre 2023 à Vilamoura, puis dans un Grand Prix 3*, un mois plus tard à Oliva (Espagne), avant une première consécration sur la piste espagnole de Valencia. Parfaitement acclimaté au climat ibérique, le couple s’offre, en l’espace de quinze jours, une deuxième et une première place dans deux Grand Prix 3*, en février 2024. Quelques semaines plus tard, Foxy de la Roque confirme son nouveau statut dans son pays, en remportant l’épreuve reine du CSI 3* de Gassin, sur la Côte d’Azur.
Un été inoubliable
Après deux Coupes des nations 3* disputées sous couleurs luxembourgeoises, à Kronenberg (Pays-Bas), et à Roeser (Luxembourg), Foxy de la Roque s’attaque au plus gros défi de sa jeune carrière au CSI 4* de La Corogne, où elle dispute son premier Grand Prix à 1, 60 m. Une première expérience plus que satisfaisante, puisque la jument s’impose devant 41 concurrents, bouclant un barrage sans faute en 39”28. “Le concours de La Corogne est réputé pour être un CSI 4* assez haut et assez difficile. J’y avais engagé Foxy pour la confronter une première fois à cette hauteur, et elle a sauté formidablement bien.” analyse son cavalier.
Un succès qui en appelle un autre. Au début du mois de septembre, alors que le monde du saut d’obstacle peinait encore à redescendre de son nuage versaillais, Foxy de la Roque et Victor Bettendorf ont illuminé le CSI 5* de Rome dès leur première apparition à ce niveau. Vainqueur d’une épreuve à 1,60 m le samedi, le duo a réitéré le lendemain dans le Grand Prix, infligeant plus de trois secondes et demie de retard à Simon Delestre et Amelusina R 51, deuxième de l’épreuve.
“Quand j’ai reconnu la piste le dimanche, avant le Grand Prix, je me suis dit ‘c’est peut-être un peu gourmand pour une jument de neuf ans.’ J’en ai un peu discuté avec Adeline (Hécart, sa compagne) à la reconnaissance. Elle m’a dit ‘au pire, tu rentres en piste, si tu sens que ça ne va pas, ce n’est pas dramatique, c’est une jument de neuf ans, elle est en formation.’ Mais quand je suis rentré en piste et que j’ai passé le numéro un, j’avais le sentiment que, si je montais bien, ça allait bien se passer. Gagner avec cette jument qui n’avait jamais participé à un CSI 5*, c’est juste exceptionnel…”
Un moment hors du temps qu’Alexandrine Bonnet-Dian a vécu avec intensité, devant sa télévision. “J’ai regardé toute l’épreuve, sauf le passage de Foxy. reconnaît-elle. Comme pour tous les chevaux que je fais naître, le stress fait que, parfois, je ne peux même pas les regarder concourir. Je me cache les yeux ou je sors de la pièce. Bien sûr, après l’épreuve, j’ai dû regarder leur parcours vingt-cinq fois.” développe-t-elle.
“Foxy a une confiance absolue en son cavalier” Alexandrine Bonnet-Dian
Les succès récents de Foxy de la Roque s’expliquent en grande partie par ses qualités indéniables à l’obstacle, mais aussi par la qualité du couple qu’elle forme avec son cavalier. “Je crois que Foxy a une confiance absolue en Victor.” confirme son éleveuse. Une alchimie que le couple a développé, parfois même ajusté pendant ces trois années de collaboration. “Ce qui est assez étonnant avec cette jument, c’est que, quand on la voit en piste, on a l’impression d’être assis sur une bombe à retardement tellement elle a tellement d’envie et d’énergie, alors qu’à la maison, elle est plutôt très faignante. Au début, j’avais un peu de mal, car, à la détente, je voulais la motiver, la rendre plus énergique. Mais, maintenant, j’ai compris qu’il faut que je fasse tout pour qu’elle soit le plus relâché possible. Je la connais, quand elle rentre en piste, elle se transcende.” explique-t-il.
Remarquée pour ses prouesses en piste, la jeune championne se fond dans la masse une fois de retour à l’écurie. “Elle vit avec les autres chevaux au champ quand elle n’est pas en concours. explique Victor Bettendorf. Quand on la voit à la maison, on dirait une ponette du club. Elle a une corpulence impressionnante, assez ronde, avec beaucoup de force. On a du mal à s’imaginer qu’elle est capable de gagner des Grand Prix 5*.” s’amuse-t-il.
Les sabots bien ancrés dans le sol malgré le succès, Foxy de la Roque est encore à l’aube d’une carrière sportive qui s’annonce très prometteuse. Vainqueurs de l’étape romaine du Global Champions Tour, la jument et son cavalier ont obtenu leur qualification pour le Super Grand Prix du circuit fondé par Jan Tops, qui se déroulera à Riyad, en novembre.
Photo à la une : Foxy de la Roque et Victor Bettendorf pendant le Grand Prix Global Champions Tour de Rome. © Sportfot