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Floyd des Prés, une ascension faite d’amitié, de passion et de talent (1/2)

Avec Antoine Ermann, Floyd des Prés met cette semaine le cap vers La Corogne.
Elevage lundi 14 juillet 2025 Mélina Massias

Après Béryl, Antoine Ermann a trouvé un autre représentant de l’affixe des Prés pour briller. Aux rênes de Floyd, un fils de Vigo Cécé, le jeune homme de vingt-trois ans est parvenu à décrocher sa place aux championnats d’Europe de La Corogne. Alors que le talentueux alezan n’a fait ses débuts en Grand Prix 5* qu’en janvier dernier, son éclosion au plus haut niveau a été remarquée, notamment grâce à son double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Rome. Si ce succès ravit évidemment le Tricolore, qui connaît le Selle Français depuis toujours et le monte depuis ses cinq ans, il fait aussi le bonheur d’Arnaud Bazire, qui l’a vu naître dans la Manche. Il faut dire que cette belle histoire résulte d’une amitié de longue date entre la famille d’éleveurs normands et la famille Ermann. Retour sur l’itinéraire d’un cheval taillé pour les sommets, dont le premier se dresse face à lui, cette semaine en Espagne.

En début d’année, prédire la sélection d’Antoine Ermann et Floyd des Prés pour les championnats d’Europe de La Corogne aurait été audacieux. Pourtant, tous deux ont continué leur progression, concours après concours, jusqu’à convaincre Edouard Coupérie de leur donner leur chance en Espagne. Après une formation linéaire et progressive, le fils du regretté Vigo Cécé a éclaboussé le très haut niveau de toutes ses qualités et, tout comme son cavalier, a plus que mérité de porter le tapis bleu-blanc-rouge de l’équipe de France. 

En mai, à Rome, sur la sublime place de Sienne, Antoine Ermann et Floyd des Prés ont fait une entrée plus que remarquée en CSIO 5* avec l'équipe de France. © Sportfot

Cette consécration, qui pourrait être la première d’une longue série, résulte d’une belle histoire au sens large. Amies de longue date, les familles Ermann et Bazire vivent, au travers de Floyd des Prés, un rêve. “Depuis de nombreuses années, nous travaillons avec Jean-Yves Ermann. À l’occasion de l’un de ses passages en fin d’année à la maison, il a regardé Floyd, alors âgé de six mois, et s’en est porté acquéreur”, raconte Arnaud Bazire, à la tête d’un cheptel d’une petite dizaine de chevaux. “Mon père a créé l’élevage des Prés, et a longtemps travaillé avec Alexis Gautier, qui a mis en valeur et valorisé son travail. Ma mère et lui étaient exploitants agricoles, sur une petite ferme, où se côtoyaient bovins et chevaux. Avec mon épouse, nous pérennisons ce qui a été initié par mes parents dans l’élevage équin. Je travaille dans une compagnie d’assurance et l’élevage constitue une passion. Comme cela nous plaît, nous ne voyons pas les contraintes.” 

Pour le plus grand bonheur de son cavalier et de son éleveur, le Selle Français de dix ans s'inscrit comme l'un des espoirs du clan tricolore pour les années à venir. © Sportfot 

Une histoire de famille et d’amitié

Chez les Bazire, tout est un peu une histoire de famille. Et la naissance de Floyd des Prés ne fait pas exception. Le bel alezan, qui révèle aujourd’hui son talent sur le devant de la scène, est un fils d’Osiris des Prés (Papillon Rouge), elle-même par Rêverie du Lys (Arlequin x Laurier Thym). “La lignée maternelle de Floyd trouve son origine chez une jument normande, Altesse du Lys, élevée par Gérard Richard, que l’un de mes oncles a achetée et emmenée en Charente. Là-bas, il l’a croisée avec des étalons Anglo-arabes et nous avons récupéré deux juments de cette souche, une par Arlequin, Rêverie du Lys, et une autre par Nadjan, Sirène du Lys. Toutes deux ont constitué la principale souche de la maison”, retrace Arnaud. Outre Osiris, Rêverie du Lys a engendré Balto des Prés (Orgueil du Donjon), crédité d’un ISO 150 en 1996, Haldo des Prés (Si Tu Viens), ISO 140 en 2000, ou encore Kitchenette des Prés (Orgueil du Donjon), mère de plusieurs bons produits, dont Senorita des Prés (Cincaba Rouge), ISO 146 en 2012 après une excellente saison des six ans sous la selle de Julien Gonin, couronnée d’une cinquième place lors de la finale bellifontaine. Mais avec Floyd des Prés comme représentant, Osiris a surpassé ses aînées. 

Lancée en compétition en 2006 par Emmanuel Vincent avant de se consacrer à la reproduction, la Selle Français a fait plaisir à son éleveur et propriétaire la saison suivante en suivant, principalement, le circuit Cycle libre deuxième année 5 ans. “Osiris avait été sacrée championne de France des foals. Elle avait une vraie personnalité, mais était très respectueuse de l’homme et ne nous a jamais posé de problème particulier. Elle a été débourrée, puis a participé les concours réservés aux chevaux de trois ans, avant de faire un peu de compétition. Elle présentait certaines qualités, et montrait notamment de la volonté, du respect et de la force. Et puis, elle a été accidentée, ce qui nous a conduit à la vouer rapidement à la reproduction”, expose Arnaud. Croisée à Diamant de Semilly en 2008, la belle donnera son premier produit l’année suivante, Vigilant des Prés (ISO 134), conscrit d’une certaine Virgule des Prés (Quartz du Chanu x Socrate de Chivre), spécialiste des épreuves de puissance sous la selle d’Alexis Bouillot et surtout mère, entre autres produits, du phénomène Haschich d’Albain (Canabis d’Albain), qui poursuit sa route vers les sommets avec Abdel Saïd. Le croisement entre Osiris, entre temps mariée à Kalaska et Rock’n Roll Semilly, et Diamant de Semilly donne ensuite Déesse des Prés, prometteuse jument, compétitive sur le circuit des six puis sept ans avec Antoine Ermann et malheureusement disparue prématurément. En 2015, Floyd des Prés pointe, quant à lui, le bout de son nez. 

Antoine Ermann avait aussi brillé aux rênes de Béryl des Prés, un autre fleuron de l'affixe de la famille Bazire. © Sportfot



“J’avais vu Vigo Cécé lors du championnat des étalons de trois ans. Je l’ai vu sauter en liberté, puis en main, où il m’avait beaucoup plu. Je voulais l’utiliser dans son année de quatre ans, puis nous avions finalement fait un autre choix à l’époque. Un an plus tard, j'ai à nouveau vu Vigo Cécé. J’avais aimé son œil, sa présence. Il en imposait ! Sa locomotion me plaisait aussi et j’ai fait le pari de la jeunesse cette année-là. Aujourd’hui, on est plus que satisfait ! La production de Vigo Cécé, qui n’est pas d’une grande densité numérique, est impressionnante. Le nombre de chevaux issus de cet étalon qui performent à haut niveau est assez incroyable”, explique l’éleveur normand, installé à La Bloutière, dans la Manche, quant à son choix de croisement. Sans lui prédire un tel avenir, Arnaud voyait déjà en Floyd des atouts pour le sport. “Avec du recul, on peut toujours dire qu’on avait perçu telle ou telle qualité. Ce qui est sûr, c’est que Floyd était un poulain très musculeux”, confie-t-il avec honnêteté. “Il était bâti en force et dégageait, parmi les autres, cette impression de puissance. Il avait aussi plus de tempérament que les autres. Sa mère a transmis sa personnalité, sa volonté à ses produits. Je pense que cela est dû à son côté Papillon Rouge, qui ressort dans le caractère et la présence des poulains. Cela étant, même s’il y a toujours une part de rêve, tirer des plans sur la comète avec des foals reste compliqué.”

Le fils de Vigo Cécé n'a pas mis longtemps à montrer de vraies qualités à l'obstacle. © Sportfot

Quand le destin fait des siennes

Grâce à l’expertise, au coup d'œil et à l’amitié de Jean-Yves Ermann, Floyd des Prés a fait, avant même ses un an, un premier pas vers le rêve de son naisseur. “Il y a encore quelques années, nous ne faisions pas naître beaucoup de chevaux et, chaque année, mon papa se rendait en Normandie, où il achetait six ou sept poulains au sevrage. Petit à petit, nous avons moins acheté et davantage élevé, mais nous sommes toujours restés en contact avec l’élevage des Prés, qui sont des amis de mon papa depuis une quarantaine d’années”, explique Antoine Ermann. “J’ai monté d’autres très bons chevaux de leur élevage et nous connaissions très bien la mère de Floyd et sa famille maternelle, qui produit très bien. Alors, tous les ans ou presque, nous avions pris l’habitude d’acheter les produits d’Osiris. De plus, Vigo Cécé était déjà très en vogue à l’époque. Il était très recherché et, sur le circuit jeunes chevaux, il y avait lui et les autres. Toutes ces petites choses nous ont poussé à acheter Floyd.” 

Antoine Ermann connait bien la lignée maternelle de Floyd des Prés et avait notamment monté sa sœur utérine avant lui. © Sportfot

Après avoir grandi tranquillement chez la famille Ermann, et une fois son débourrage achevé, Floyd démarre la compétition à quatre ans, au printemps 2019, aux rênes de Clément Recoules. En attendant qu’Antoine termine son cursus scolaire, l’alezan enchaîne six sans-faute sur huit sorties et achève sa saison en juin. Onze mois et demi plus tard, le Selle Français fait ses débuts avec son plus fidèle cavalier, sur le Cycle classique réservé aux chevaux de cinq ans. “À quatre ans, avec Clément, il sautait déjà vraiment très bien”, se souvient le jeune Tricolore, désormais installé à Toulouse, au sein des écuries Chev’El. “Floyd avait énormément, énormément de sang et était très sensible ! Il faisait beaucoup l’idiot et mettait tout le temps des coups de cul à la maison. Personne ne voulait trop le monter par crainte de tomber ! En concours, il était aussi très sensible aux bruits et, s’il y avait un chien qui courait en bord de piste, il partait toujours en live”, sourit Antoine. Malgré ses gentilles facéties, Floyd signe huit parcours parfaits à cinq ans et attise déjà les convoitises… si bien qu’il s’apprête à quitter la famille Ermann !

Antoine Ermann et Floyd des Prés, six ans, en sortie à Bourg-en-Bresse en 2021. © Jean-Louis Perrier

La seconde partie de ce portrait sera publiée mardi sur Studforlife.com… 

Photo à la Une : Avec Antoine Ermann, Floyd des Prés met le cap vers La Corogne. © Mélina Massias