Lauréate du mythique Grand Prix 5* d’Aix-la-Chapelle en 2017 avec le Belge Grégory Wathelet, la géniale Corée tire un trait définitif sur sa carrière sportive. À seize ans, la Westphalienne, propriété de Judith Goelkel, via la société Nybor Pferde, et de son cavalier, profitera d’une nouvelle vie en Belgique. Excellente jument, la grise, blessée en 2018, n’aura jamais retrouvé son niveau d'antan, malgré de nombreux efforts. Désormais, la star des écuries Wathalet va se concentrer davantage sur ses devoirs de reproductrice, tout en continuant à travailler régulièrement.
Le CSI 2* de Courrière, organisé par les deux homonymes, Grégory Wathelet et Watelet, sera le théâtre d’un moment qui s’annonce riche en émotions, dimanche 10 juillet. Avant le Grand Prix dominical, Corée (Westph, Cornet Obolensky, ex Windows vh Costersveld x Liberty Life) effectuera un dernier tour de piste, pour dire au revoir à ses fans. Blessée en 2018, après un dernier parcours dans le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, qui l’avait vue triompher un an plus tôt, la grise, propriété de Judith Goelkel - qui confie également certains de ses protégés à Marcus Ehning -, n’a jamais retrouvé les sommets, malgré les innombrables efforts consentis par son entourage. “Corée a seize ans. Elle est en pleine santé, mais je trouve qu’elle n’a plus le punch qu’elle avait avant sa blessure. Il est évidemment hors de question pour nous de la pousser pour concourir à un niveau qui n’est pas le sien. Nous avons essayé quelques mois, tant qu’elle était contente et qu’elle avait plaisir à aller en concours. Depuis quelques semaines, je me posais des questions. Je me suis demandé si nous allions parvenir à la ramener à son niveau. J’ai eu l’impression que ce ne serait pas le cas et il était inenvisageable de la mettre dans le rouge ou de risquer une blessure et de devoir mettre fin à sa carrière pour cette raison. Elle m’a tellement donné qu’elle ne méritait pas ça. Je pense que le moment était venu de prendre cette décision”, explique Grégory Wathelet.
Montée par Gilles Botton, cavalier pour le haras de Hus, au début de sa carrière internationale en 2013, la grise, acquise pour 3.500 euros par Guillaume Ansquer, a rejoint celui qui aura été son dernier complice de jeu en fin d’année suivante. Les deux complices ont trouvé leurs marques, jusqu’à atteindre les sommets de leur discipline. Pour autant, cette jument de caractère n'aura pas rendu la tâche facile à celles et ceux qui ont œuvré à ses côtés. “Chez moi, elle fait partie des chevaux qui ont demandé le plus de travail à notre équipe. Elle n’est pas comme Nevados (S, Calvados x Romualdo, le cheval de tête du pilote, ndlr), par exemple, qui m’accompagne aujourd’hui et qui est beaucoup plus simple à faire travailler au quotidien. Elle demandait beaucoup. Peu de personnes arrivent à la faire travailler comme il faut. Elle est un peu raide, avec du tempérament, notamment dû à son origine et à Cornet Obolensky. On ne pouvait pas la forcer à faire les choses. Il fallait l’appeler Madame !”, sourit le pilote de quarante et un ans.
Avec patience et écoute, ce véritable diamant brut a fini par briller de mille éclats. “Corée est une jument qui a tout gagné, bien que sa carrière ait été assez courte, du fait qu’elle se soit blessée assez tôt, à douze ans. Elle avait également commencé sur le tard, en raison de son côté précieux et délicat. Concrètement, elle a fait deux grosses années à haut niveau”, reprend Grégory. “Elle m’a déjà apporté la meilleure victoire de ma vie : à Aix-la-Chapelle. Je crois que cela veut déjà dire beaucoup. Elle a aussi gagné en Coupe du monde (à Leipzig, en 2017, ndlr), sur le Global Champions Tour (à Shanghai, en 2018, ndlr), obtenu de nombreux classements, couru un championnat d’Europe (à Göteborg, en 2017, ndlr), été double sans-faute à Barcelone et en Coupes des nations, terminé troisième du Grand Prix de Genève… Dans tous les Grands Prix les plus importants, elle était-là. Pour cela, elle était vraiment impressionnante. Elle m’a beaucoup apporté. Elle était, et est toujours, la star de notre écurie.”
Désormais, l’attachante grise, qui avait retrouvé la compétition à l’été 2021, après trois ans d’absence et disputé quelques parcours entre 1,30 et 1,40m, va poursuivre sa vie de reine dans les installations de son fidèle cavalier. “Corée va rester dans mon écurie. Je n’ai pas envie de l’arrêter complètement et de la laisser au pré à rien faire. Depuis deux ans, nous la montons en premier le matin, puis elle passe toute la journée au paddock, avec un poney. Nous allons conserver ce rythme-là, la garder au travail et en mouvement. Elle va être un peu privilégiée”, sourit le Belge.
Sans obligation sportive, la Westphalienne, née chez Sabine, Susanne et Heinrich Kessler, va pouvoir se concentrer davantage sur sa seconde carrière, celle de mère. Du côté de sa souche maternelle, la fille de Cornet Obolensky a été la meilleure réprésentante de sa lignée, bien qu'Acajou 51 (Asti Spumante), un de ses oncles, ait concouru jusqu'à 1,60m sur la scène internationale. Déjà à l’origine de onze produits, selon Horsetelex, dont trois ont tourné à 1,40 ou 1,45m, Corée va s’inscrire dans le programme d’élevage développé depuis quelques années par Grégory Wathelet. Si les précédents étalons choisis pour croiser la grise n’ont pas forcément été idéaux, son cavalier a de grands espoirs pour la suite. “C’est sûr que nous allons mettre un peu plus l’accent sur le côté élevage. Avec une jument comme elle, si on ne le fait pas, on ne le fera pas souvent. Elle a eu quelques produits avant de venir chez moi, mais je trouve que les étalons ont été choisis un peu bizarrement. Les croisements ne me semblent pas avoir été les plus intéressants. Pour l’heure, nous avons une pouliche de deux ans par Casall (Holst, Caretino x Lavall I, star de Rolf-Göran Bengtson, ndlr). Nous avons commencé à la faire sauter en liberté justement, et elle nous semble assez exceptionnelle. Nous avons également une pouliche de un an par Nevados. Il s’agit d’un croisement plus familial, disons. Nous sommes également en train d’essayer avec Conrad (Con Air x Locato, ancien crack du Diable Rouge, ndlr) également. Nous allons continuer dans cette voie et essayer de lui donner sa chance”, développe Grégory. “Elle appartient toujours à ma propriétaire. Mais Corée comme ma propriétaire font partie de la famille. En somme, c’est comme si la jument était la mienne.” Alors, même si le volet sportif de la vie de Corée se referme, l’histoire continuera de s’écrire pour la grise, Judith Goelkel, Grégory Wathelet et tout leur entourage.
Crédit photo : © Scoopdyga. Photo à la Une : Grégory Wathelet et sa chère Corée, dans le mythique Grand Prix 5* d’Aix-la-Chapelle en 2017, année de leur sacre.