En ce week-end du sport au féminin, la victoire de Félicie Bertrand en selle sur sa jument de 13 ans Sultane des Ibis ne pouvait pas être plus féminine. La jeune femme de 36 ans, qui a explosé l’an dernier au niveau international, remporte au Jumping International de Bordeaux, un fief habituellement masculin, son premier Grand Prix 5*.
Une première victoire de ce calibre, c’est un grand moment dans la vie d’un cavalier. Et que cette victoire ait été décrochée dans son propre pays, devant l’un des meilleurs publics du circuit, donne à cet exploit une dimension encore plus particulière. Alors, on peut comprendre que c’est en pleurs que Félicie Bertrand répondait à sa première grande interview : « Je vais me réveiller et me rendre compte que ce n’est pas vrai. Je sais que Sultane des Ibis est naturellement rapide, je sais que je dois la laisser faire, que je n’ai pas besoin de prendre plus de risques. C’est une jument incroyable, tellement attachante, tellement petite, précieuse, tellement… pffffff, on ne s’imagine pas qu’elle puisse sauter des trucs comme ça. C’est incroyable cette envie de tellement donner … elle est magique ». Des propos et des larmes qui amènent un grand vent de fraîcheur sur le saut d’obstacles et qui fait du bien à tout le monde et surtout au staff de l’équipe de France, soulagé par cette première et unique victoire tricolore dans ce concours emblématique.
Félicie Bertrand est issue du sérail, petite-fille d’éleveur (la famille Lécuyer) et fille de cavalier et directeur de centre équestre (Gilles Bertrand), elle s’est établie en Normandie, près de Deauville, où plusieurs propriétaires lui confiaient leurs chevaux. En général de jeunes chevaux à valoriser, c’est à dire à travailler, entrainer pour les mener vers le haut niveau, moment où ces chevaux étaient vendus. Mais ces derniers temps, elle a pu compter de nouveau sur le soutien du haras de Clarbec et à petit pas, depuis septembre 2017, avec son « amie » Sultane des Ibis, une jument qu’elle a elle-même fait progresser, elle était déjà en train de gravir tous les échelons vers les cinq étoiles : équipe de France en 5*, médaille d’or individuelle aux Jeux Méditerranéens et une dixième place, un peu annonciatrice de cette victoire bordelaise, au Longines Grand Prix de Paris en décembre dernier. Une progression fulgurante !
Aujourd’hui, dans ce Grand Prix Land Rover de Bordeaux, elle bat des cavaliers nommés Bertram Allen (deuxième à 29 centièmes avec GK Casper), Simon Delestre (très beau troisième avec Chesall Zimequest) ou encore la légende Ludger Beerbaum (cinquième avec Cool Feeling). Et l’histoire de Félicie ne risque pas de s’arrêter ici puisque le soutien de la famille Megret est total : « C’est une histoire de famille », souligne sa propriétaire. « Nous comptons aller loin, tous ensemble avec Félicie. C’est une affaire d’équipe et de plaisirs partagés ».
Et ce n’était pas la seule bonne nouvelle pour la cavalerie française : deux autres cavaliers faisaient partie des neuf barragistes du jour. Guillaume Foutrier prend la quatrième place avec Valdocco Des Caps et Nicolas Dezeuses la sixième avec Ulloa du Trefle. Tout est bien qui finit bien comme dirait Ludger Beerbaum, affidé des locutions françaises populaires lorsqu’il utilise la langue de Molière ! Une superbe conclusion pour ce week-end de sport de haut niveau au Jumping International de Bordeaux. Rendez-vous l’année prochaine du 6 au 9 février !