Clap de fin sur la Grande semaine de Fontainebleau. Et quel dénouement ! Comme son père, il y a vingt-six ans, Falko de Hus*GFE a été sacré champion de France des chevaux de sept ans. Au terme d’un championnat maîtrisé de bout en bout, le grand étalon alezan a offert à François-Xavier Boudant, son cavalier, son premier titre dans cette épreuve et récompensé la patience et le travail de toute une équipe. Deuxième, l’exceptionnel Fancy de Kergane n’a pas démérité avec Arthur le Vot, confirmant toutes les qualités qu’il laisse entrevoir depuis maintenant plus de trois ans. Seul cheval à n’avoir commis aucune faute cette semaine, Fitch a complété le podium, sous la selle d’Éric Lelièvre. Retour sur une folle après-midi.
En regardant Falko de Hus*GFE survoler chacun des obstacles dressés sur son chemin à Fontainebleau, quelques nostalgiques ont dû se rappeler les grandes heures de son père, Baloubet du Rouet. Presque identiques physiquement, ces deux grands alezans ont désormais un titre en commun, celui du championnat de France des sept ans. Dimanche 4 septembre, François Xavier Boudant a conduit son protégé, propriété du Groupe France Elevage (GFE), sur la plus haute marche du podium. Il reste encore quelques marches à gravir pour le petit-fils de Vivaldi du Seigneur pour égaler son illustre géniteur, mais rien ne semble hors de sa portée.
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“Nous croyons en lui depuis toujours. Il y avait pas mal de travail à effectuer. Cette année, il est en train de passer beaucoup de caps. J’avais fait de ce championnat un objectif, afin qu’il fasse comme son père, et que je remporte ce titre que je n’avais jamais gagné. J’avais fait à peu près toutes les places, deuxième, troisième, etc, mais jamais premier. Je suis vraiment content”, s’est réjoui le pilote normand. “Falko est vraiment la copie conforme de son père. Il a des moyens hors norme, du sang et est courageux. Il a tout ! Il fallait simplement qu’il utilise son énergie dans le bon sens. Je crois que les erreurs les plus dures sont derrière nous. Maintenant, nous allons pouvoir nous amuser. Il va aller en vacances, et faire congeler sa semence. C’était prévu avant la finale, puisqu’il avait déjà fait assez pour cette année. Ensuite, nous allons continuer à préparer les échelons supérieurs. Il a tout dans la caisse. Il ne nous reste plus qu’à prendre notre temps. Pour l’instant, je n’ai pas vu d’obstacles qui lui faisaient peur.”
Né au haras de Hus de Xavier Marie il y a désormais sept ans, Falko de Hus*GFE vient d’imiter son père, primé il y a vingt-six ans déjà. Il a été le premier produit de sa mère, Venise de Hus, elle-même descendante de l’excellente Banda (ISO 163, Argentinus), partenaire de Kevin Staut jusqu’au plus haut niveau. Cette dernière compte sur une excellente fratrie, avec en tête de file Cool Down 7 (Catoki), ancien partenaire de Ludger Beerbaum plus vu à l’international depuis fin 2021, et Lima 47 (Lucky Boy), classée jusqu’en Grands Prix 5* avec l’Américaine Alison Robitaille. La production de Banda est tout aussi performante, à l’image de Farouk de Hus (ISO 160, For Hero), Uranhus (ISO 149, Lamm de Fétan), ou encore Eiffel de Hus (ISO 153, Con Air), que le GFE avait acquis en même temps que son précieux alezan.
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“Ce titre était espéré, bien sûr, mais il fallait le faire. Chapeau FX (François Xavier Boudant, ndlr). Il faut le cheval pour, les circonstances, mais aussi les nerfs. Il en a plus que moi”, a confié un Arnaud Evain, fondateur du GFE, au bord des larmes. “Il n’y a pas besoin de faire de test ADN tant Falko ressemble à Baloubet. Nous pensions d’ailleurs qu’il nous faudrait plus de temps pour tout mettre en place. Il a vraiment connu une progression fulgurante ces deux derniers mois. Il est devenu un vrai cheval de concours. Je l’ai vu à deux ans, au concours étalons. Il montrait de la personnalité et une force hallucinante, comme on ne voit qu’une fois tous les deux ou trois ans. Je me suis dit qu’un jour, il serait à nous. Mais cela a pris du temps ! Nous l’avons acheté à quatre ans, avec Eiffel de Hus, et l’avons directement confié à FX. Nous nous sommes montrés très patients. Il avait un galop compliqué au début. Nous avons pris notre temps et ne nous sommes pas fixé d’objectif, en nous disant qu’à neuf ans, nous allions nous régaler. Depuis deux mois, il met vraiment son énergie au service du concours. Avant, dès qu’on lui en laissait la possibilité, il faisait des bonds impossibles. L’an dernier, c’était spectaculaire, mais ce n’était pas du concours. Il vient de faire trois parcours à Gijon car FX ne voulait pas qu’il soit trop frais ici. J’avais un peu la trouille, mais il a encore montré toute son énergie aujourd’hui. Je suis content aussi pour FX, qui avait fait de ce championnat un objectif. C’est un formateur et un cavalier hors pair.”
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Fancy de Kergane, confirmation après confirmation
Jugé sur un barème de grande échéance classique, avec une Chasse, une deuxième manche, puis une finale en deux actes, le championnat de France des chevaux de sept ans a réservé son lot de surprises. Si Falko de Hus*GFE, dixième jeudi soir avec quatre points, puis triple sans-faute sur les autres parcours, qui ont piégé de nombreuses paires, n’a pas franchement stupéfier les connaisseurs, qui s’attendaient à le voir figurer tout en haut du classement, un autre étalon de sept ans a confirmé tout son talent : Fancy de Kergane. Troisième à cinq ans, deuxième à six, et de nouveau deuxième cette année, le sublime et si attachant bai est passé à un rien de l’or. Même si son pilote, Arthur Le Vot, qui avait laissé place à Jonathan Chabrol l’an passé pour quelques parcours, était un peu déçu de ne pas compléter la collection de son protégé par le titre suprême, l’aisance, les moyens, la force et l’écoute montrés par le Selle Français ne pouvaient que le ravir. “Il répète toujours ce genre de performances, depuis déjà pas mal de temps. Je suis un peu déçu, mais tout de même content d’être deuxième avec un tel cheval, qui a cette qualité là. Je suis heureux de participer à sa formation”, a réagi le Breton. “Je ressens surtout de la facilité en piste. C’est mon sentiment le plus flagrant. Il est tellement disponible que tout se fait avec aisance. À la fin, le saut est toujours là. Il mérite d’être sur le podium, c’est super.”
Pourtant, le dernier championnat de France en jeunes chevaux de celui qui terminait sixième des Mondiaux de Lanaken l’an passé n’avait pas commencé de la meilleure des manières. Après avoir concédé une faute sur l’oxer numéro 7, après une option osée et une belle georgette, le couple avait été interrompu en plein parcours par un chien, venu jouer les trouble-fête à l’abord du double numéro 9. Fort heureusement, cela n’avait pas entravé les deux complices, repartis de plus belle pour rester au contact pour la suite du championnat.
Débuté par Marine Roque et Victor Jégu, puis principalement monté par Arthur Le Vot pour le reste de sa formation, Fancy de Kergane fait le bonheur de ses éleveurs, Louis Menier, Victor Jégu et Sandrine Gallou, qui avaient imaginé un cocktail made in Kergane pour concevoir leur superbe étalon. Berdenn de Kergane (Quincy x Flipper d’Elle), son père, n’est sans doute pas le plus connu, ayant été débaptisé et renommé Casco Bay, exporté à l’étranger, où Laura Kraut l’avait fait briller au plus haut niveau avant qu’il ne disparaisse prématurément à neuf ans seulement, et peu utilisé à l’élevage. Pourtant, sa souche maternelle recense plusieurs bons chevaux, à l’image de Temis de Kergane (ISO 137, Quincy), Eliskell de Kergane (Kannan), Akistane de Kergane (Hornet Rose) ou encore Vassily de Kergane (Quincy). Côté maternel, même constat. Vita de Kergane (Cor de Hus), elle-même vue jusque sur le circuit des sept ans, a produit quelques bons chevaux, tandis que sa sœur, Aquarelle de Kergane (Luccianno), a suivi une trajectoire similaire. On retrouve également Quasi de Kergane (ISO 159, Elan de la Cour) ou encore Maeva de Kergane (ISO 148, Elan de la Cour). Pour autant, les premières années de monte de Fancy ont été timides. Là où Falko de Hus*GFE a déjà engendré plus de cent quarante poulains, Fancy n’en compte qu’une quinzaine. Toutefois, ses statistiques ont explosé en 2021, où il a servi quarante-sept juments, contre quatre et neuf les années précédentes. Espérons que sa précieuse génétique, et ses nombreuses qualités, se retrouveront dans sa progéniture dans le futur.
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Fitch, le métronome
Troisième, Fitch, a été le seul et unique cheval à ne pas commettre la moindre faute et à ne pas renverser la moindre barre de tout le championnat ! Parti avec quelques rangs de retard après la Chasse, le complice d’Éric Lelièvre est remonté, place après place, pour figurer sur le podium de cette épreuve d’envergure. Le temps n’a jamais été un problème pour le bai, ni les obstacles, qu’il a tous franchi sans montrer le moindre effort. S’il est peut-être moins connu que ces conscrits, médiatisés du fait de leur statut d’étalon, le hongre n’a rien à leur envier. “Fitch nous appartient à moitié, à Bernard Schotsmans, son naisseur, et à moi. C’est un cheval très doué, qui a beaucoup de qualités. Il avait un peu de tempérament mais entame une bonne ascension. Je n’étais pas trop inquiet pour la deuxième manche ; il a du sang et peut courir tous les jours s’il le faut. Il est également très respectueux. Je suis content, c’est une bonne prestation. Fitch a suivi une bonne évolution, c’est super”, s’est satisfait le pilote, qui a enchaîné les parcours de toute part cette semaine. “Je l’ai acheté à cinq ans. Il était compliqué. À six ans, il a commencé à bien aller, à se mettre dans le rail, et puis, cette année, c’est de mieux en mieux. Je pense qu’il fera du haut niveau, mais, à mon avis, il va probablement avoir un nouveau propriétaire.”
Issu d’une souche maternelle belge peu garnie, Fitch a montré toutes ses qualités et surtout fait honneur à son père, Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky, qui, une fois encore, a été fort bien représenté sur le site du Grand Parquet. Après Groovy des Brimbelles, championne des six ans, Huricane de Champloué, sacré chez les cinq ans, voilà un nouveau représentant du gris récompensé pour ses performances. Le père d’E’Djinn, la mère de Fitch, a été moins en vue à la grande semaine. Il n’empêche que nombre de ses produits brillent à l’international, à commencer par les champions du monde H&M All In de Vinck et H&M Indiana, ou encore Theodore Manciais, Gazelle et Dubaï du Bois Pinchet. Le Selle Français a toutes les cartes en main pour percer au niveau supérieur.
Reste à savoir, comme pour Fancy de Kergane, si la suite de sa carrière s’écrira en France, ou à l’étranger. Comme toujours, ou presque, le commerce a battu son plein à Fontainebleau. Dimanche, en début de soirée, des essais étaient toujours en cours, notamment pour certaines montures bien classées dans ce championnat de France des chevaux de sept ans. Qui de l’Irlande, la Belgique, ou de la France empochera la mise ? Affaire à suivre… Il faudra aussi garder un œil sur Fleur d’Oz (Olimbos Merzé x Papillon Rouge - éleveur : Olivier Gaillard) et Fiesta de Pleville (Windows vh Costersveld x Dollar de la Pierre - éleveur : Marc Spalart), quatre et cinquièmes, sanctionnées d’une unique faute dans la Chasse, puis impeccable aux obstacles ensuite mais piégées par le temps sous les selles d’Alexa Ferrer et Mélanie Cloarec.
Les résultats complets du championnat de France des sept ans ici.
Crédit photo : Mélina Massias. Photo à la Une : lors du tour d'honneur, François Xavier Boudant ne s'est pas fait prier pour déployer la foulée monstrueuse de son champion, Falko de Hus*GFE !