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“Excalibur est un cheval que tout le monde rêve d’avoir un jour dans sa vie”, Ramatou Ouedraogo (2/2)

Ramatou
mercredi 31 janvier 2024 Mélina Massias

L’année 2024 s’est ouverte loin de l’Hexagone pour Ramatou Ouedraogo. Juste avant le Nouvel An, la jeune femme a posé ses valises à Naples, en Floride, au cœur des écuries Shore Acres Farm, avec l’ambition de découvrir le système américain et d’apprendre, toujours plus. À l’aube de sa première saison en Sénior, la talentueuse et travailleuse cavalière de vingt et un printemps, qui a disputé deux championnats d’Europe Jeune Cavalier, revient sur son aventure floridienne, sur sa découverte du gigantesque site de Wellington, mais aussi sur sa relation avec Excalibur de la Tour Vidal*GFE, la naissance de l’élevage familial, initié par sa maman, et son organisation, entre le Sud et la Normandie.

La première partie de cette interview est à (re)lire ici.

L’année 2024 marque votre passage dans la catégorie Sénior, même si vous ne soufflerez votre vingt-deuxième bougie qu’en décembre prochain. Comment appréhendez-vous ce nouveau cap dans votre carrière ?

Effectivement. Certes, je suis un peu triste que mes années Jeunes soient terminées, mais le fait d’être désormais Sénior me permet de passer un nouveau cap et d’intégrer la cour des grands. J’espère pouvoir être sélectionnée pour quelques CSIO 3* et m’améliorer petit à petit. Cette nouvelle étape devrait également me permettre de côtoyer de grands cavaliers, de prendre de l’expérience à leurs côtés et de m’inspirer de personnes à l’image de Jeanne Sadran qui, bien qu’encore jeune, fait elle aussi partie de la catégorie Sénior et est déjà rodée au niveau 5*. Pour l’heure, je n’ai pas encore repris les concours en France, alors je ne saurais pas dire ce que cela me fait. Je suis malgré tout assez confiante et j’espère que cela me tirera vers le haut !

Ramatou Ouedraogo et Excalibur de la Tour Vidal*GFE à Equita Lyon, en fin d'année dernière. © Mélina Massias

Vous partagez votre temps entre la Côte d’Azur et la Normandie, où vous avez acheté une écurie. Comment avez-vous trouvé cette structure dans le Calvados et à quoi ressemble votre organisation ?

Ma maman (Brigitte Legout, ndlr) a souhaité acheter une écurie en Normandie, afin de faire un peu d’élevage et de me permettre m’installer par la suite. Nous avons cherché des structures bien situées, et avons trouvé l’endroit où nous sommes actuellement. Nous sommes à vingt minutes de Caen, à Troarn exactement. Nous avons acheté les écuries en 2022. J’alterne encore entre ici et le Sud, où je loue des boxes chez mon coach. Lorsque nous avons besoin de travailler, cela est plus simple pour lui, et je peux également faire étape chez lui afin de peaufiner certaines choses avant d’aller en concours, notamment en Italie. C’est pratique ! Petit à petit, je vais m’installer totalement en Normandie.



En fin d’année, le GFE a officialisé la retraite sportive d’Excalibur dela Tour Vidal, que beaucoup d’éleveurs attendaient à l’élevage. Vous l’avez donc monté pour son ultime saison de concours et semblez avoir tissé rapidement des liens très forts avec lui. Que représente-t-il à vos yeux ?

Excalibur est un cheval que tout le monde rêve d’avoir un jour dans sa vie. Honnêtement, je ne pensais vraiment pas pouvoir monter un tel cheval ! Lorsqu’Arnaud (Evain, ndlr) et le GFE m’ont proposé qu’il intègre mon piquet, j’étais aux anges ! Malgré tout, il reste un cheval imposant, avec beaucoup de force et qui donnait tout pour son cavalier. J’appréhendais un peu de prendre le relais des très bons cavaliers qui l’ont monté avant moi, dont Pénélope (Leprevost, ndlr) et Duarte (Romao, ndlr). Je me suis dit ‘mince, est-ce que je vais réussir à être au niveau ? à trouver les boutons ?’ Finalement, nous nous sommes vite compris et cela a fonctionné rapidement entre nous. Nous avons obtenu des sélections en CSIO et avons pris part aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers. Cela a été une très, très belle aventure et collaboration.

Jeune retraité, Excalibur dela Tour Vidal a achevé sa carrière avec Ramatou Ouedraogo et lui a permis de disputer une deuxième édition des championnats d'Europe Jeune Cavalier. © Sportfot

Comment se porte Jilbert van’t Ruytershof, un autre protégé du GFE qui fait partie de votre piquet et qui n’a plus évolué en compétition depuis août 2022 ?

Jilbert va très bien ! Il reprend gentiment le travail et nous espérons le retrouver en concours cette année. En parallèle, il continue la monte. Il est retourné chez Equitechnic, auprès d’Excalibur, afin d’être prélevé. Ils seront d’ailleurs tous les deux à Saint-Lô et il est possible que Consul et Up To You se joignent à eux.

Le chic et bon Jilbert van't Ruytershof est en bonne voie pour un retour à la compétition cette année. © Mélina Massias

Sur quels chevaux allez-vous miser cette saison pour prendre part à de belles épreuves ?

J’ai Cascos, un autre entier qui n’appartient pas au GFE, mais qui intègrera peut-être un jour leur catalogue. En tout cas, nous l’espérons ! (rires) Il a onze ans cette année. Nous l’avons acheté lorsqu’il en avait huit et nous espérons vraiment pouvoir l’emmener à haut niveau, petit à petit. Nous avons terminé la saison dernière à 1,40 et l’objectif est d’aller jusqu’à 1,45m cette année, en disputant, pourquoi pas, quelques Grands Prix 2*. Dans tous les cas, nous voulons vraiment prendre notre temps et comptons sur lui afin qu’il prenne la relève. En parallèle, nous gardons l'œil ouvert pour une potentielle monture qui pourrait l’épauler à 1,50m. Ce serait idéal d’avoir un autre cheval à côté de Cascos, mais c’est plus facile à dire qu’à faire ! (rires)

Cette saison, Ramatou Ouedraogo espère continuer à faire progresser son plaisant Cascos. © Sportfot

Votre piquet compte également quelques jeunes chevaux, dont Gontendro (Contendro x Miami Semilly), Hacuna Matata (Up To You x Quick Star) ou encore Happiness du Ter (Comme Il Faut x Corrado I). Qu’appréciez-vous le plus dans le fait d’assurer leur formation ?

Parmi les jeunes chevaux que je monte, j’ai notamment une fille d’Up To You, Hacuna Matata. Cela fait quelque chose de pouvoir monter un produit de mon ancien cheval de tête. Cela permet aussi de voir comment les étalons produisent et les caractéristiques qu’ils transmettent. Le fait de monter des jeunes chevaux permet d’apprendre à les former et d’essayer de les emmener jusqu’au haut niveau. Mais cela n’est pas tout simple. J’ai la chance de pouvoir compter sur une super équipe dans cette tâche. En Normandie, nous avons deux cavalières qui s’occupent des chevaux de trois et quatre ans, que je récupère dans un deuxième temps. Ce système fonctionne bien. Il y a encore deux ans, je n’avais jamais assuré le travail de jeunes chevaux. Je commence tout juste dans ce domaine, pour lequel je n’avais pas vraiment l’expérience nécessaire avant. J’espère que tout cela va continuer dans cette voie.

Fille d'Up To You, Hacuna Matata fait partie des jeunes recrues de la Française. © Sportfot



Vous montez ou avez monté de nombreux étalons, appartenant notamment au GFE, poursuivez désormais l’aventure avec certains de leurs produits et avez investi dans une structure vous permettant de développer une activité d’élevage, récemment initiée par votre maman. Comment s’intègre l’activité élevage au sein de votre système ?

Ma maman s’appuie beaucoup sur Arnaud, auprès de qui elle prend beaucoup de conseils. Ce n’est pas elle qui gère tout de A à Z. Arnaud nous aide à choisir les bons croisements en fonction de nos juments. Yannick Fardin nous aide aussi beaucoup, d’autant plus que Jilbert et Consul ont fait la saison de monte chez lui (au haras du Rouet, ndlr) l’an dernier. Il sait donc très bien quelles juments correspondent à ces deux étalons. Ma maman discute beaucoup avec Arnaud et Yannick pour faire les bons choix pour nos futurs poulains.

D’un point de vue personnel, quel intérêt portez-vous à l’élevage ?

Il faut dire que nous commençons à peine l’élevage. C’est tout récent. J’aime bien l’élevage, mais je ne suis pas à fond dedans. C’est davantage ma maman qui gère cela, avec Arnaud. Toutefois, je reste à l’écoute et j’écoute les conseils. Plus tard, j’aimerais bien essayer de continuer l’élevage, en essayant d’avoir de bonnes pouliches à associer à Jilbert, Up, Consul ou Excalibur. Hacuna Matata, la fille d’Up To You, a une mère par Quick Star, dont elle a hérité du sang. Mais elle a vraiment le physique d’Up. Lorsqu’on les regarde tous les deux, on dirait deux copies conformes. Cela montre qu’Up produit bien et à son image.

Ancien cheval de tête de Ramatou Ouedraogo, Up To You s'illustre désormais à travers sa production. © Sportfot

Avez-vous, par exemple, songé à procéder à des transferts d’embryons avec cette jument ?

Nous avons acheté Hacuna Matata aux ventes Fences, à Bois-le-Roi, sur conseil d’Arnaud (dont l’épouse, Henriette Evain, est l’éleveuse d’Hacuna Matata, ndlr). Elle est issue d’une bonne souche (celle de Royaltie III, qui a notamment fait le bonheur de l’élevage de Nantuel avec, entre autres, Candy de Nantuel, ndlr), mais je ne sais pas vraiment si nous la ferons reproduire plus tard. Elle prend sept ans cette année et nous n’avons pas encore discuté de cela ; ce n’est pas prévu au programme pour l’instant.

Sur quelle jumenterie s’appuie votre élevage familial ?

Nous avons beaucoup de juments ! (rires) Nous avons plusieurs origines, des filles de Kannan, de Flipper d’Elle, etc. En fait, il s’agit des juments retraitées que montaient mes autres frères et sœurs en concours. Elles sont donc assez nombreuses. Nous avons la chance qu’elles remplissent assez facilement, ce qui n’est pas toujours le cas. Je touche ma tête, mais pour l’instant cela fonctionne bien.

Fille de la grande Nasa, Une Star de la Roque, qui a accompagné Ramatou Ouedraogo en compétition par le passé, se consacre désormais à l'élevage. © Agence Ecary



Vous êtes très active sur les réseaux sociaux, notamment sur votre compte Instagram où vous partagez votre quotidien avec vos abonnés, en particulier depuis votre arrivée aux Etats-Unis, qui a coïncidé avec la création d’un canal Instagram. Qu’appréciez-vous le plus dans le fait de partager vos aventures quotidiennement ?

J’aime beaucoup partager ce que je fais, même lorsque je suis dans mes écuries en France. J’apprécie le fait de pouvoir montrer à quoi ressemble la vie de mes chevaux, aux côtés de mon équipe. J’ai également de nombreuses personnes qui me posent des questions, sur le travail de mes chevaux ou sur d’autres choses. J’aime discuter et être au contact des autres. Je sais que plein de cavaliers ne gèrent pas leurs comptes eux-mêmes, mais c’est quelque chose qui me plaît. J’ai plein d’amis qui rêvent de venir à Wellington, alors je me suis dit que c’était l’occasion de faire mon maximum pour qu’ils soient un peu avec moi d’une certaine manière. Parfois, il m’arrive d’oublier de donner des nouvelles au fur et à mesure de la journée, mais j’arrive à rattraper le fil assez vite ! Cela représente pas mal d’occupation, mais c’est quelque chose qui me tient à cœur. J’espère pouvoir faire évoluer mon compte Instagram et continuer à tout le monde de me suivre où que je sois.

Ramatou Ouedraogo n'hésite pas à partager son quotidien avec ses fans sur les réseaux sociaux, un bon moyen de promouvoir son sport. © Sportfot

Enfin, en dehors des chevaux, avez-vous d’autres passions, d’autres occupations ?

Pas du tout ! Je suis en deuxième année d’école de commerce à distance, à SCEMA. Je suis en section internationale et ai donc tous mes cours en anglais. Cela m’a d’ailleurs grandement aidée pour venir à Wellington, même si j’avais déjà des bases avant. Sinon, à part monter à cheval, étudier et gérer mon compte Instagram, je ne fais rien d’autre de particulier. (rires)

Photo à la Une : Ramatou Ouedraogo et Cascos, sur qui elle fonde de bons espoirs pour l’avenir. © Sportfot