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Eugène Mathy, la force du caractère

Reportages samedi 24 juin 2017 Julien Counet

Nous voici déjà arrivés à la fin de notre rencontre de la semaine avec cet ultime épisode.

Après toutes les félicitations reçues à Lummen, vous avez bien dormi ?

Oui, très bien même si j'étais un peu fatigué. Cela fait plaisir d'autant que je ne suis pas un habitué des grands concours. Cela a été beaucoup de concentration car j'avais vraiment envie de le réussir. L'objectif a été atteint donc je suis content … d'autant plus que je l'ai fait sans sortir de la manière dont je construis toujours. Ici, j'ai eu l'occasion de construire dans un événement plus médiatisé mais j'ai gardé ma façon de faire.

Steve Guerdat a fait une allusion sympathique à votre âge. La retraite, c'est quelque chose à laquelle vous pensez ou pas du tout ?

Je continuerai tant que j'y trouverai du plaisir … et tant que j'aurai la santé. Je pense que cela maintient le dynamisme et cela maintient aussi la santé puisque quand on construit un parcours, on fait entre douze et quinze kilomètres par jour selon la taille de la piste et cela maintient l'esprit éveillé. Je ne m'imagine donc pas encore à passer tous mes week-ends devant la télévision à regarder les élections en France.

Quand on voit toutes vos activités en plus de votre commerce à l'époque, au niveau familial, cela a parfois été difficile à gérer ?

Il faut vivre dans une famille qui comprend l'objectif et vivre avec un entourage qui a bon caractère puis j'ai eu la chance d'avoir un fils qui s'est lancé dans ce sport-là. J'ai pu le suivre. Maintenant, il est chef de piste et je suis persuadé qu'il est bon chef de piste car il a la bonne façon de voir les choses et j'ai mon autre fils qui est très impliqué dans l'organisation du Jumping de Liège et qui fera probablement en sorte que ce concours puisse continuer après moi.

Vous avez eu peur à un moment que vos enfants ne soient pas intéressés par les chevaux ?

Non car tout le monde ne peut pas monter à cheval. Mon cadet, Frédéric, n'a jamais monté à cheval mais il aime l'organisation et s'est impliqué dans le JIL ce qui est vraiment bien car de ce fait, je ne travaille pas pour rien. La vie a bien tourné et je considère que j'ai beaucoup de chance avec deux fils qui ne m'ont jamais déçu. J'ai aussi eu beaucoup de chance avec ma santé car je suis toujours « bon pied, bon ?il ».

Quel votre rapport avec les chevaux aujourd'hui ?

C'est simple : je n'ai pas de rapport avec les chevaux ! J'ai des rapports avec les cavaliers et les organisateurs et forcément, je suis les chevaux mais personnellement, je n'ai plus de temps pour m'en occuper et Bernard ayant arrêté de monter, je n'ai pas de cavalier. Finalement, ça ne me manque pas spécialement. A partir du jour où j'ai arrêté de monter, je ne suis plus jamais monté sur un cheval. J'ai toujours été plus intéressé par les sportifs et les organisations. J'aurais pu élever, peut-être que j'aurais dû mais je ne l'ai pas fait. Peut-être parce que j'étais déjà trop occupé à l'époque.

Parmi les rapports que vous entretenez avec les sportifs, du niveau régional à l'international, mais aussi avec les instances politiques et autres, qu'est-ce que vous préférez ?

Ce que je préfère, c'est que ça marche. Ce que je ne supporte pas, c'est un cavalier qui brutalise son cheval. Un jeune qui sort de piste en brutalisant la bouche de son cheval parce qu'il a quatre points, je ne supporte pas et je ne tolère pas ! Il y a des cavaliers qui ont été sanctionnés pour brutalité qui ne mettront jamais les pieds à Liège, ou ne les y mettront jamais plus !

Cela vous déçoit que ce ne soit pas le cas dans d'autres concours ?

Oui et ça me déçoit que les officiels qui sont en charge sur les concours ne fassent pas leur boulot. Ce n'est plus tolérable aujourd'hui et c'est une chose que je ne pardonne pas. C'est sûr qu'il y a de l'argent à gagner mais il ne faut pas oublier que l'on est sur un animal qui, s'il est bien traité, peut dans la mesure du possible aider son cavalier. Mais s'il est maltraité … de toute façon, un cheval ne mérite jamais d'être maltraité et les sanctions ne sont jamais assez lourdes.

C'est encore plus dur aujourd'hui en tant qu'organisateurs de savoir dire non avec des gens qui paient pour pouvoir monter ?

La vie, c'est comme ça. Il est sûr que nous avons besoin des gens qui paient pour organiser un concours car les sponsors ne suffisent plus. Mais il y a une différence entre accepter un propriétaire ou un cavalier qui nous aide et exiger qu'il vous aide pour pouvoir monter. Puis il y a des gens qui peuvent payer une fortune, si je n'ai pas envie de les voir, je ne les y verrai pas ! C'est parfois compliqué car il faut pouvoir accepter les sélections des fédérations mais je pense pouvoir l'expliquer, je ne suis pas encore trop vieux pour cela. Si les cavaliers étaient habitués à cela, ils feraient plus attention.

La famille Mathy accompagnée d'Achille Cassart, la famille Guillaume, Valérie Rousselle autour d'Elio Di Rupo à l'occasion du CSI 4* de Mons.

C'est votre force de caractère qui peut aussi vous faire passer pour un ours ?

Oui, sans doute. C'est mon franc parler et c'est trop tard pour changer. Cela m'aurait facilité la vie de changer car on se fait des ennemis mais d'un autre côté, on dit souvent que pour se faire respecter, il faut des ennemis. Je suis comme je suis, un peu rêche. La ligne la plus directe entre deux points, c'est la ligne droite. Si on recule face aux problèmes pour tenter de les contourner, à un moment, on a un gros problème. Alors autant être directement catégorique et dire que ça ne se passe pas comme ça. Je n'ai jamais été quelqu'un qui voulait arrondir les angles car à un moment donné, cela craque quand même … Cela m'a valu quelques engueulades mémorables plus jeune mais on ne change pas, on s'arrange.

La famille, c'est quelque chose d'important pour vous ?

Je pense avoir donné le chemin à mes fils. A eux maintenant de gérer leur vie comme ils l'entendent. Mon but n'est pas de leur tenir la main jusqu'à leur retraite. C'est important d'avoir une vie saine et équilibrée dans tous les sens.

Pour l'avenir, que peut-on vous souhaiter ?

De vivre jusqu'à 100 ans ? Non, sérieusement, de conserver la santé.

Fin !

Crédit photos : Temps de Poses & Studforlife.com