Vice ?président de la Fédération Royale Belge des Sports Equestres, Président de la Ligue Equestre Wallonie Bruxelles, membre de la commission d'obstacle, chef de piste international, Organisateur du Jumping International de Liège après avoir été cavalier international, de nombreuses casquettes qu'il a longtemps cumulées avec son métier de marchand d'aliments pour animaux, Eugène Mathy est l'un des personnage clé du monde équestre belge depuis plusieurs décennies. Nous vous proposons cette semaine son interview à l'image de l'homme peu avare de grands discours mais toujours clair et précis sur ses objectifs et ses volontés.
Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ?
Je monte depuis que je suis tout petit. Mon père avait des chevaux. Nous avons donc très jeunes été sur des poneys et nous partions en promenade. Nous avons commencé à faire du concours hippique quand j'ai eu 17 ans et mon frère 14. Nous avons toujours monté ensemble. Mon père nous a acheté des chevaux qui étaient comme ils étaient mais qui nous ont permis de faire de petits concours puis nous avons continué à évoluer. Notre père tenait un commerce de grains basé à Liège et pendant la guerre, quand il n'y a plus eu d'essence, il faisait son commerce avec trois poneys attelés. Il était connu dans toute la ville de Liège car à cette époque, tous les autres utilisaient des chevaux de trait. Nous avions une maison de campagne à Beaufays où nous avions des chevaux de promenade puis après la guerre, nous sommes venus nous établir ici à Aywaille où nous montions vraiment en amateurs jusqu'au moment où nous en avons eu marre de faire 3-4 heures de promenade tous les week-ends et que nous nous sommes tournés vers la compétition.
A 17 ans, quand on débute dans la compétition, est-ce que l'on imagine la place que cela va prendre dans sa vie ?
Absolument pas ! Nous faisions ça vraiment en amateur au départ puis ça a évolué tranquillement durant quelques années puis François a débuté son commerce de chevaux. Notre père était un commerçant dans l'âme qui était toujours en train d'acheter ou de vendre quelque chose mais c'est François qui a véritablement mis en place le commerce de chevaux. Pour ma part, j'ai repris le commerce de grain de mon papa et je ne me suis pas occupé de celui des chevaux. Je n'étais et je ne suis toujours pas commerçant assez pour me lancer dans ce commerce où il y a plus à perdre qu'à gagner quand cela ne se passe pas comme on l'espère, il valait donc mieux que je ne le fasse pas. J'ai continué à faire de la compétition par amour de cela, conjointement à mes activités du commerce de grains.
Comment avez-vous suivi le parcours de votre petit frère ?
Comme tout le monde car il a eu une très belle carrière sportive avec trois titre de champion de Belgique, deux médailles de bronze des Jeux Olympiques de Montréal . J'ai vécu cela avec beaucoup de plaisir en regardant en direct à la télévision. Nous avons toujours monté ensemble et j'ai évolué au haut niveau avec quelques coupes des nations à mon actif mais François est parti vers une autre carrière que moi et c'était agréable. Chacun a continué de son côté … tout en étant ensemble et en habitant dans la même propriété. Nous sommes toujours restés en parfaite concordance en ayant chacun une belle réussite dans notre secteur. Je pense que le fait d'avoir chacun ses affaires était une très bonne décision. Je suis un grand-frère fier de son petit frère.
Comment passez-vous de statut de cavalier à vos fonctions actuelles au sein de la Ligue Equestre Wallonie Bruxelles ainsi que de la Fédération Royale Belge des Sports Equestres ?
Nous étions tous les deux beaucoup en concours. Mon frère et moi étions au top niveau. Moi, jusqu'à un certain point alors que mon frère a continué mais nous étions dans tous les grands concours. Depuis tout petit, j'aimais ce qui était bien fait. Je détestais ce qui est mal fait, fait avec des bouts de ficelles ou qui n'est pas en ordre. Nous étions à Faulx les Tombes et c'était le tout début du championnat de Belgique des jeunes chevaux qui était à l'époque organisé par Paul Daout. En discutant avec lui, j'ai exprimé quelques idées pour améliorer le concours mais il m'a répondu : « Organise d'abord quelque chose et ensuite, on discutera. Ça m'avait vexé. J'ai laissé passer du temps puis comme il n'y avait pas grand-chose dans ma région, nous avons décidé d'organiser un premier concours au Sart-Tilman sur le site du Blanc Gravier. J'ai toujours aimé qu'il se passe des choses dans ma région. Il y a très longtemps, j'ai été délégué aux cavaliers au sein GHBRU ( Groupement Hippique Belge de cavaliers Ruraux et Urbains) puis j'y suis devenu administrateur… c'est comme cela que tout a commencé. Je suis ensuite rentré à la fédération puis à la ligue quand la scission a eu lieu.
Du coup, vous avez endossé un rôle plus administratif que sportif … c'était après votre carrière ?
J'ai arrêté de monter quand mon fils Bernard a débuté à poney. Je me suis occupé de lui et je l'ai trimballé un peu partout comme chaque père qui a un enfant qui débute en concours fait. En même temps, j'ai commencé à monter des pistes. C'est une véritable passion. J'aime organiser et gérer. J'ai toujours été intéressé de voir le sport évoluer dans la bonne direction. Chef de piste est devenu un véritable hobby et cela m'a aussi permis de rester dans le milieu. Il faut aussi savoir que tous les mandats que j'exerce, que ce soit à la ligue ou la fédération sont des mandats bénévoles ! Il faut donc du temps pour le faire alors que ça n'apporte rien … à part des coups de gueule et des emmerdements. Néanmoins, je trouve que l'on peut être heureux de la manière dont le sport a évolué en Belgique.
Justement ces coups de gueule que vous avez dû supporter alors que vous aviez votre commerce à gérer à côté, ça a été compliqué ?
Il y a des jours où il y a évidemment des coups de fatigue … mais quand vous ne faites rien, on dit que vous ne faites rien et quand on fait, on est toujours critiqué. Néanmoins les choses ont évolué dans le bon sens et j'ai toujours aimé faire les pistes et j'éprouve toujours le même plaisir à m'en occuper même si c'est devenu plus compliqué et plus pointu. Alors je n'ai pas de regret.
La suite demain !
Crédit photos : Julien Counet