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“Essayer de faire mieux chaque jour, en tant qu’athlète et humain, est ce qu’il y a de plus important”, João Victor Castro (2/2)

Avec Cashpaid comme locomotive de son piquet, João Victor Castro peut rêver d'un avenir radieux, et pourquoi pas des championnats du monde d'Aix-la-Chapelle !
jeudi 29 mai 2025 Mélina Massias

De ses terres natales brésiliennes, qu’il a quittées à l’adolescence, à la Belgique, João Victor Castro Aguiar Gomes De Lima a traversé un océan, au sens propre comme figuré. Rapidement remarqué pour son aisance et son talent en selle, le jeune homme a fait le grand saut afin de s’offrir toutes les chances de vivre pleinement son rêve. Et le destin lui a donné raison. Treize ans après avoir foulé le sol européen pour la première fois, le souriant jeune homme semble comblé et en passe de se faire une place définitive au sein de son escouade nationale. Après ses premiers pas au niveau 5* en 2017, l’Auriverde a retrouvé les sommets au printemps, à Fontainebleau. Cette semaine, il poursuit sa montée en puissance au CSIO 5* de Saint-Gall, qu’il avait découvert il y a huit ans. Rencontre.

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

“Cashpaid est un cheval qui a une forte personnalité. Je compare toujours notre relation à celle de deux amoureux. Parfois, nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde ou dans le meilleur état d’esprit. D’autres, tout est merveilleux. Il faut s’habituer à cela”, sourit João Victor Castro Aguiar Gomes De Lima au sujet du couple qu’il forme avec le brillant fils de Casall depuis un an et demi. “En le regardant, je sais lorsqu’il est ennuyé par quelque chose, un peu plus stressé ou, au contraire, détendu. Cashpaid est un cheval dont on apprend beaucoup et qui procure énormément de bonheur, notamment par sa qualité, qui sort de l’ordinaire. On ne sait jamais ce qui peut arriver, mais j’espère pouvoir continuer à le monter. C’est en tout cas le plan. Nous espérons poursuivre sur notre lancée, profiter au maximum, tout en montrant de quoi nous sommes capables.”  

Depuis son retour en Europe et son arrivée sous la selle de João Victor Castro, Cashpaid J&F refait parler de lui. © Mélina Massias

Si le bai est la star du groupe de chevaux dont le Brésilien a la charge au quotidien, il n’en est pas le seul excellent sauteur et compétiteur. Ce week-end, Cashpaid ne sera d’ailleurs pas de la partie au CSIO 5* de Saint-Gall, son voisin Kenzo Quality, en grande forme ces dernières semaines, ayant pris le relais. Très bien né, le bai est un fils de Kannan et Concordia, une sœur utérine de… Casall par Con Air ! Après l’avoir monté en 2023, le natif de Manaus l’a retrouvé avec bonheur en début d’année. Tous deux ont rapidement repris leur rythme de croisière, se classant notamment troisième du Grand Prix CSIO 3* de Kronenberg la semaine dernière. “Kenzo est un très bon cheval, qui est revenu des Etats-Unis. Il aide Cashpaid dans les épreuves majeures, et j’ai également une bonne jument en Provence van het Bovenlos, qui était troisième du Grand Prix CSIO 3* de Lierre en avril”, détaille le Brésilien, qui peut aussi s’appuyer sur de très bons chevaux de vitesse, à l’image de l’ultra compétitive Babacool (Dollar dela Pierre x Urbain du Monnai). 

L'excellent Kenzo Quality porte assurément bien son nom ! © Sportfot

L’équipe brésilienne et les grandes échéances en ligne de mire

Depuis plusieurs semaines déjà, le CSIO 5* de Saint-Gall est le grand but de João pour cette première moitié d’année 2025. “Ensuite, nous aurons peut-être une chance d’aller à Aix-la-Chapelle, sait-on jamais… Mais cela dépendra de nos performances en équipe”, se projette-t-il aussi. “Ce serait un rêve, et nous allons continuer à rêver ! L’an prochain, les championnats du monde (qui se dérouleront à Aix-la-Chapelle, ndlr) seront notre objectif principal.”

Après le départ de Philippe Guerdat en fin d’année dernière, les Auriverde vont ouvrir une nouvelle page de leur histoire avec leur nouveau chef d’équipe, Piet Raijmakers. Cette perspective semble enthousiasmer et motiver tout le clan brésilien, à en croire les dires de João. “On a envie d’obtenir de bons résultats, de faire nos preuves. Ensuite, c’est à lui de décider qui sont les meilleurs cavaliers selon les échéances et les enjeux”, souligne-t-il. 

Porte la veste verte de son équipe nationale revêt toujours une saveur particulière pour le jeune homme de bientôt vingt-huit ans. © Sportfot



Et le jeune homme a de nombreux atouts à mettre en avant pour se faire une place auprès de ses compatriotes. “Dans ce sport, on progresse quotidiennement. Il est difficile de pointer un point en particulier à améliorer, car même lorsqu’on pense tout bien faire, il y a toujours des détails que l’on peut perfectionner. Dans un couple cavalier-cheval, on peut sans cesse trouver des éléments sur lesquels travailler pour être encore meilleur”, philosophe l’intéressé. “En tant que cavalier, je pense que ma plus grande qualité est ma capacité à me montrer rapide, sans être excessif. J’ai confiance en moi et mes capacités, ce qui est un avantage.”

En parallèle de cette quête de la veste verte de l’équipe brésilienne, et malgré un emploi du temps bien chargé, João prépare aussi la relève. Pour la famille Cook et d’autres, il est chargé de la mise en valeur de plusieurs jeunes pépites. Parmi celles-ci, la pétillante et bien nommée Spice Girl K van’t Kattenheye (Apardi x Taloubet K), sept ans, ainsi que les trois bons Selle Français Giulia Hoy (Litchie Hoy x Dollar dela Pierre) et Georges de Beaufour (Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensy x Diamant de Semilly), neuf ans, et Heores Kervec (Contendro I x Conrad), d’un an leur cadet. Ce dernier, propriété de Signe Ostby, a d’ailleurs terminé cinquième des Mondiaux de Lanaken en septembre dernier. “Ce n’était que ma deuxième participation à cette échéance. J’ai vraiment beaucoup aimé mon expérience là-bas, car j’ai ressenti la pression d’un championnat. Cela m’a donné encore plus envie d’être sans-faute et de décrocher une médaille. Evidemment, passer aussi près du podium - à une fraction de seconde - est un peu frustrant, mais j’étais ravi de la performance de mon cheval et de notre résultat !”, glisse le Brésilien.

À sept ans, Spice Girl-K van't Kattenheye semble pleine de promesses pour l'avenir. © Sportfot

“Nelson Pessoa m’a aussi forgé en tant qu’homme”

Aujourd’hui encore, l’esprit de Nelson Pessoa, premier grand mentor de João, plane sur son quotidien et sa façon de travailler avec ses complices à quatre jambes. “Je pratique ce sport parce que j’aime les chevaux. Ma philosophie avec eux est grandement inspirée de ce que m’a transmis Neco. Il ne m’a pas seulement fait progresser en tant que cavalier ; il m’a aussi forgé en tant qu’homme et m’a appris à appréhender tout un tas de choses dans la vie”, confesse le cavalier de Cashpaid. “Mes chevaux sont ma priorité absolue. Être en contact avec eux au quotidien est ce que j’aime le plus, ce que j’ai voulu toute ma vie. Je veille à ce qu’ils soient heureux et en bonne forme. Pour le reste, et notamment le travail, je m’adapte au cas par cas. Les chevaux sont évidemment différents des humains, mais il m’arrive de dresser un parallèle entre eux et nous. Par exemple, lorsqu’on ne fait que monter à cheval, encore et encore, sans avoir aucun autre passe-temps, on devient fatigué et moins performant. On ne se donne pas à cent pour cent dans ces conditions. Il en va de même avec les chevaux. Alors, parfois ils travaillent sur le plat en carrière, d’autres ils vont galoper ou se promener en extérieur. J’essaye de varier leurs activités afin qu’ils gardent une fraîcheur, tant d’esprit que physique. Je pense que cela est primordial.”

Toujours positif et souriant, le Brésilien est persuadé qu'un tel état d'esprit ne peu qu'être bénéfique. © Mélina Massias

En tant que représentant de la nouvelle génération, et à l’heure où la remise en question paraît indispensable pour la survie de sports équestres plus justes pour les chevaux, João est conscient du rôle qu’il a à jouer. “Nous, la nouvelle génération, devons continuer à améliorer notre sport, à évoluer et à grandir à mesure que la société et la vie changent. Il ne s’agit pas de dire que l’ancienne génération a tout faux, mais de prendre nos responsabilités. Si les habitudes et les regards changent en dehors du monde équestre, nous devons en faire autant. Nous avons le devoir de faire mieux, de faire grandir la sphère équestre”, souligne le jeune homme avec honnêteté. 



Le positif attire le positif

Son état d’esprit et sa bonne humeur lui ont déjà donné raison par le passé et semblent bien partis pour en faire de même dans le futur. Lorsqu’il se retourne, pour jeter un œil sur le chemin parcouru, le Brésilien a toutes les raisons d’être fier et satisfait. Pensait-il vivre tout cela en débarquant en Belgique en 2012 ? “Jeune, on nourrit toujours de grands rêves. Quand j’ai été sacré champion du Brésil et sud-américain, je me disais que j’allais aller aux Jeux olympiques. Et puis, avec le temps, on réalise combien il est difficile d’atteindre ces rêves, on prend conscience de ce que cela demande. Tout ne dépend pas de soi-même, il faut aussi prendre en compte son cheval, les propriétaires qui nous font confiance, les éleveurs, etc. Il y a plein de variables qui entrent en compte. Parfois, on a le bon cheval, mais il se blesse. Pour l’heure, je suis ravi de la période que je vis dans ma carrière. Chaque mois, je progresse au classement mondial. J’ai de bons partenaires, de super chevaux, qui me permettent de me faire plaisir en concours et d’être compétitif”, répond-t-il.

L’histoire et le destin de João ont tous les ingrédients pour créer de belles vocations. D’ailleurs, pour lui, rien n’est impossible et chaque ambition peut devenir réalité. “Je pense qu’il y a encore de la place pour des histoires similaires à la mienne, oui. Parfois, il y a même des exemples encore plus stupéfiants que le mien, avec des gens que rien ne prédestinait à briller au plus haut niveau. Je pense que tout est une question de travail, de détermination et de talent”, réfléchit-il. “D’ailleurs, le travail paye parfois plus que le seul talent. Si on se montre positif, qu’on croit dur comme fer qu’on va atteindre ses objectifs et que l’on ne baisse pas les bras, on a plus de chance de réaliser ses rêves. Les choses ne deviennent pas plus faciles, mais elles ont une plus grande possibilité de se concrétiser que lorsqu’on a un état d’esprit négatif.” 

En avril dernier, dans le cadre du Printemps des sports équestres, Cashpaid a couru son tout premier Grand Prix 5*, conclu avec trois fautes. © Mélina Massias

Devenir une meilleure version de soi même

Entre deux concours et une visite à sa famille au Brésil, João apprécie passer du bon temps avec ses proches. Un élément indispensable à son équilibre de vie. “Je me considère comme quelqu’un de très sociable. J’aime énormément sortir pour dîner, avec ma petite amie ou avec des amis. Lorsque j’ai du temps, je vais au bar ou à une petite soirée pour m’amuser. Les chevaux occupent vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans nos journées, sept jours sur sept. Je trouve qu’il est important de pouvoir décompresser, oublier la pression des concours et la charge mentale qu’impliquent les chevaux. Chaque jour, on pense à eux, on établit les programmes des uns et des autres, etc. On ne s’arrête jamais et on doit tout gérer de front. Alors, je pense qu’il est très important de se vider la tête de temps en temps”, conseille le jeune homme. 

Mais, très vite, après s’être échappé quelques instants de la frénésie de la vie qu’il s’est créée, João Victor Castro Aguiar Gomes De Lima se remet à rêver. Le premier qui lui vient en tête ? Participer aux prochains championnats du monde, sur la mythique piste d’Aix-la-Chapelle. “Au quotidien, j’aspire à devenir un meilleur cavalier, une meilleure personne. J’ai envie de progresser. Pour moi, c’est ce vers quoi nous devons tendre chaque matin en nous réveillant”, concède-t-il. “Parfois, on échoue, parfois on réussit, mais essayer de faire mieux chaque jour, en tant qu’athlète ou humain, est ce qu’il y a de plus important.”

"Mes chevaux sont ma priorité absolue. Être en contact avec eux au quotidien est ce que j’aime le plus, ce que j’ai voulu toute ma vie", assure João, qui veille aussi à se vider la tête de temps en temps afin d'être toujours à cent pour cent ! © Sportfot

Photo à la Une : Avec Cashpaid comme locomotive de son piquet, João Victor Castro peut rêver d'un avenir radieux, et pourquoi pas des championnats du monde d'Aix-la-Chapelle ! © Mélina Massias