Un retour en équipe de France après 6 ans d'absence ! Gilles Bertran de Balanda en avait fait l'une de ses priorités … Laurent Ellias l'a concrétisé : Eric Navet a fait son retour au sein de l'équipe de France après 6 ans d'absence ce week-end lors de l'étape de Super League de Falsterbo avec une 3 ème place à la clé.
Studforlife : Comment avez-vous vécu votre retour en Coupe des Nations ?
Eric Navet : « Personnellement, j'aurais préféré un meilleur résultat. En fait, Laurent Ellias m'a proposé une place étant donné que le cheval était très performant en France avec deux victoires consécutives dans les Grand Prix ** de Palaiseau et *** de Béthune puis plus récemment lors de l'étape du Grand National de Fontainebleau et après plusieurs classement dans divers CSI.
Voyant le cheval dans cette forme Laurent Ellias m'a proposé de revenir en équipe de France mais je pense que j'aurais dû d'abord faire deux , trois concours de ce niveau là en individuel ou sur des CSI trois ou quatre étoiles pour mettre le cheval à niveau avant de participer à une Coupe des Nations Super League. Même si Falsterbo ne fait pas partie des Super League les plus difficile, la marche est quand même assez haute par rapport à ce que le cheval avait l'habitude de faire.Puis nous avons joué de malchance car mon cheval a trébuché dans la ligne du triple et j'ai été obligé de tourner et cela coûte très cher évidemment. C'était d'ailleurs assez étonnant car j'ai trouvé la qualité du sol vraiment bonne mais c'est un terrain qui est très bosselé. Il n'est pas du tout plat, ce qui arrive sur beaucoup d'autres terrains, mais en fait, c'est plein de trous et de bosses très rapprochés, ce qui est fort différent de dévers progressifs. Certains chevaux sont très mal à l'aise avec cela … dont le mien qui n'arrêtait pas de trébucher.
Studforlife : On voit une équipe de France 2010 qui aligne de très bons résultats, dont cette 3 ème place à Fasterbo, avec un groupe de jeunes cavaliers qui ont grandi avec vos exploits. Comment se passe votre retour dans l'équipe avec ces jeunes autour de vous ?
Eric Navet : « Ils m'ont tous témoigné leur satisfaction de me voir revenir en équipe de France et cela fait plaisir. Je n'ai eu aucun problème à intégrer un groupe qui est très motivé, très soudé, très professionnel… J'ai vraiment beaucoup apprécié me retrouver en équipe avec ces gens là et j'ai également passé un excellent moment durant tout le week-end au contact de Laurent Ellias et d'Henk Nooren. L'ambiance au sein du groupe est à la fois très conviviale et très professionnelle et je m'y suis immédiatement très bien senti. »
SFL : On peut donc espérer que ce soit le début d'un grand retour ?
E.N. : « Je le souhaite. Maintenant, il ne faut pas mettre la charrue avant les b?ufs. Il faut voir si le cheval peut continuer à évoluer à ce niveau là. C'est vrai que j'espérais un meilleur résultat mais il faut évidemment prendre en compte que mon cheval n'était pas du tout à l'aise sur ce sol et ce n'était d'ailleurs pas le seul. C'est vraiment un problème de proprioception sur ce terrain là.
SFL : Vous n'étiez à Falsterbo qu'avec un seul cheval, est-ce que cela ne risque pas d'être un frein à votre retour ?
E.N. : « Non, non. Malheureusement, l'autre cheval que j'avais prévu d'emmener s'était blessé. Rien de grave, mais je ne voulais prendre aucun risque. Derrière j'ai plusieurs très bons chevaux dont un huit ans et deux sept ans qui vont suivre dès l'année prochaine. Je n'ai pas vraiment d'objectif pour cette année en équipe de France … mais pourquoi pas l'année prochaine avec des chevaux qui auront 8 et 9 ans.
SFL : On a appris récemment que vous aviez décidé qu'Hym d'Isigny ne se consacre plus qu'à l'élevage au haras de son propriétaire en Autriche. Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?
E.N. : « En fait, Hym d'Isigny a eu un problème à un boulet postérieur qui a été soigné mais qui restait une fragilité importante. Le choix a donc été facile à faire car nous avions deux possibilités qui s'offraient à nous. Après avoir été soigné, il était parfaitement droit mais les vétérinaires étaient très réticents au fait de le voir revenir en compétition pensant qu'il ne supporterait pas les efforts demandés. Nous pouvions donc soit lui offrir une retraite où il serait en parfaite santé et bien droit ou prendre le risque de le remettre en concours avec la possibilité qu'il boîte à vie. La décision a été facile à prendre. »
SFL : Votre dernière apparition remontait en 2004 avec Dollar du Murier. Comment avez-vous vécu l'annonce de sa disparition ?
E.N. : « C'est vrai que ce ne fut pas mon meilleur souvenir puisqu'il s'agissait des Jeux Olympiques. Pour Dollar, j'ai appris sa disparition par la presse. J'étais vraiment surpris et très étonné… mais un peu désabusé quand même. C'est comme ça, on ne refait pas les gens. Il est propriétaire de son cheval. Il était libre de l'annoncer ou non mais je me dis que pour garder un tel secret aussi longtemps, il a vraiment dû le garder pour lui. J'ai un peu de mal à comprendre mais c'est comme ça. »
SFL : Après la saison très difficile de Kiwi du Fraigneau, c'est fantastique que ce soit lui qui puisse vous ramener en équipe de France. Cela montre-t-il qu'il faut toujours y croire ?
E.N. : Kiwi a été très malade au prinptemps 2009 à tel point qu'il était donné pour mort. Il a eu une entérotoxémie, ce qui est très grave chez un cheval puisque selon les statistiques, 2 chevaux sur 3 en meurent.
Il est passé à travers les mailles du filet. J'ai un vétérinaire qui l'a vraiment sorti de là en restant avec lui jour et nuit pendant plus d'une semaine. Ce cheval est vraiment un guerrier, un vrai battant et à un moment, j'étais au concours à Chantilly et le vendredi matin, mon protable sonne à 5 heure du matin et c'était le vétérinaire pour m'annoncer que le cheval était en train de partir. Il m'a dit « Là, il n'y a plus d'espoir, le cheval se laisse aller, c'est fini. » Puis le cheval a eu un sursaut d'instinct de survie, il s'est redressé puis il s'en est sorti et c'est vraiment formidable de voir un an plus tard une saison comme celle qu'il fait cette année.
SFL : Comment est-il arrivé chez vous et qu'est ce qui vous a plu chez lui ?E.N. : Kiwi est arrivé chez moi jeune puisqu'il n'avait que 6 ans. Cela fait donc 6 ans qu'il est dans mes écuries et il n'était pas très facile au début, c'était un cheval assez chaud avec un bon caractère mais en même temps très affirmé. C'est un battant, un guerrier … dans tous les sens du terme, ce qui fait que cela ne le rendait pas si facile à monter. J'ai eu la chance d'avoir un propriétaire extrêmement patient qui m'a donné toute sa confiance et qui m'a laissé une totale liberté quant à la gestion sportive du cheval. Je n'ai jamais eu la moindre pression de sa part ce qui m'a laissé la possibilité d'être aussi patient que si c'était le mien et je pense qu'aujourd'hui, nous en avons les bénéfices.
SFL : Quels sont vos objectifs aujourd'hui avec lui ?
E.N. : Je n'ai pas d'objectif en terme d'échéance mais en terme de progression, cela m'intéresse de voir jusqu'où ce cheval là peut aller car encore une fois, c'est un cheval battant et guerrier et je pense vraiment que l'on a besoin de ses qualités là pour aller faire du haut niveau. Maintenant, il y a encore du travail à faire et sans avoir d'objectif précis, c'est intéressant de voir la marge de progression qu'il lui reste. Maitenant, je vais d'abord le redescendre au niveau où à eu l'habitude d'évoluer pour qu'il retrouve toute sa confiance avant de repartir sur des CSI 3 puis 4 étoiles à l'étranger.