Après des années passées au plus haut niveau, marquées notamment par le Graal olympique, décroché en 2008 aux rênes de l’inoubliable Hickstead, Éric Lamaze range sa veste de compétition au placard. Dans un communiqué, l’attachant Canadien, qui se bat depuis de longs mois contre une tumeur au cerveau, a fait part de sa décision. Nommé chef de son équipe nationale en février dernier, le quinquagénaire continuera à assurer ses fonctions, qu’il semble particulièrement apprécier.
Depuis 2017, Éric Lamaze se bat tous les jours contre une tumeur au cerveau. Courageux, le Canadien de cinquante-trois ans était parvenu à poursuivre sa carrière de cavalier malgré la maladie, allant jusqu’à s’offrir une ultime victoire collective, sur la piste en herbe de Calgary, en Alberta. Lors du CSIO 5* de Spruce Meadows, en septembre 2021, le pilote s’était imposé avec son escouade nationale dans la Coupe des nations. Après ce succès, Éric avait fait part de sa décision de prendre du recul et avait confié la plupart de ses montures à sa coéquipière, Beth Underhill. Jeudi 31 mars, la sentence est tombée : Éric Lamaze raccroche définitivement les bottes. Le sympathique cavalier ne pouvait sans doute pas espérer meilleure sortie, sur son terrain fétiche, où il demeure le meilleur gagnant de tous les temps, avec plus de six millions de dollars de gain !
“C'est avec une grande tristesse que je prends cette décision”, a réagi Éric Lamaze, qui partage son temps entre Wellington, en Floride, et Bruxelles, en Belgique. “Il y a une partie de moi qui se sent vraiment bouleversée par le fait que je me suis battu contre le cancer dans l'espoir de remonter à cheval et je suis anéanti par le fait que ce ne sera pas le cas. J'ai toujours dit que je prendrai ma retraite selon mes propres conditions lorsque le moment serait venu. Mon état de santé m'a obligé à prendre cette décision plus tôt que je ne l'avais envisagé, mais le bon côté des choses est que j'ai toujours la volonté de gagner et que je peux apporter ma contribution l'équipe canadienne et au sport que j'aime grâce à mon nouveau rôle de chef d'équipe.” En effet, en février Éric Lamaze avait été nommé à la tête de son escouade nationale, après le départ de Mark Laskin, qui a désormais rebondi au Mexique.
“Maintenant, je dois me concentrer sur la transmission de mes connaissances à mes collègues cavaliers”, a repris le Canadien. “J'ai toujours aimé enseigner et préparer les chevaux et les cavaliers pour les grands championnats. Je vais donner à ces cavaliers toutes les chances que j'ai eues moi-même et j'ai de grandes idées pour l'avenir. Je veux que chaque cavalier canadien sache que ses rêves sont aussi les miens. Quand ils gagnent, je gagne.” À l’image de ses réussites personnelles dans le sport, Éric Lamaze n’a pas mis longtemps avant de trouver la recette du succès dans son nouveau costume de chef d’équipe. Ainsi, les troupes canadiennes ont décroché deux deuxièmes places, lors du CSIO 4* de Wellington, d’abord, puis à Coapexpan, il y a une dizaine de jours. Autour d’un tel champion, les cavaliers se trouvent forcément extrêmement motivés pour accomplir de grandes choses.
Une icône au palmarès remarquable
“Ce nouveau rôle me prend beaucoup plus de temps que je ne l'avais imaginé, mais j'aime l'énergie que nous créons et la voie que nous suivons”, savoure Éric Lamaze. “L'excitation parmi les cavaliers canadiens et le soutien qu'ils m'ont apporté ont contribué à rendre ma décision beaucoup plus facile. Ce que j'abandonne personnellement en ne concourant pas, je le gagne dix fois en guidant d'autres Canadiens sur la voie du succès. Oui, c'est un peu amer, mais le fait de savoir que je peux encore apporter d'énormes contributions au sport dans un autre rôle me laisse en paix avec ma décision.”
Particulièrement brillante, la carrière d’Éric Lamaze fait de lui l’athlète équestre le plus décoré du Canada. Véritable icône à travers les frontières, il a engrangé de multiples réussites à travers le globe, remportant trois médailles olympiques en autant de participations. Ses trente ans passés au plus haut niveau resteront forcément marqués par ses médailles d’or et d’argent individuelles, aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008, aux côtés de la légende Hickstead, puis à Rio, en 2016, avec la généreuse Fine Lady 5. À cette collection, s’ajoute une breloque argentée, empochée par équipe, déjà à Pékin. En outre, entre 1994 et 2018, le pilote n’a pas manqué la moindre édition des Jeux équestres mondiaux ! Numéro un mondial à plusieurs reprises, Éric Lamaze compte aussi six participations à la finale de la Coupe du monde et d'innombrables victoires internationales. En 2021, il a reçu l'Ordre du sport, la plus haute reconnaissance qu'un athlète puisse recevoir de son pays, et lui et Hickstead ont été intronisés au Panthéon des sports canadiens.
“Il y a tellement de personnes à remercier pour ma carrière, en particulier les propriétaires que je remercierai personnellement pour m'avoir fait confiance avec leurs chevaux”, a complété le champion. “Je suis tellement triste de faire cette annonce, c'est l'une des choses les plus difficiles que j'ai eu à faire, mais je suis en même temps excité de pouvoir encore jouer un rôle dans le sport que j'aime.”
Et Meg Krueger de conclure : “Au nom de Canada équestre (EC), je tiens à féliciter Éric pour sa retraite en tant que compétiteur et à le remercier pour son dévouement indéfectible et sa passion pour le sport équestre au cours des trois dernières décennies. Ses nombreux succès inégalés constituent un héritage durable pour l’histoire du saut d’obstacles canadien. Nous sommes attristés de ne plus connaître la joie et l’excitation de voir Éric concourir en tant qu’athlète, mais nous nous réjouissons de ses contributions et de son succès à la tête de notre équipe canadienne de saut d’obstacles.”
Éric Lamaze précise qu’il continuera à faire tourner ses écuries, Torrey Pines, et que ses montures seront montées par “deux excellentes cavalières”, Beth Underhill et Nina Mallevaey, jeune amazone française récemment débarquée aux côtés du Canadien, après avoir performé au sein des écuries Chev’El.
Avec communiqué.
Photo à la Une : Éric Lamaze à Genève, en 2019. © Sportfort