Qonquest de Rigo, neuf ans. ESI Rocky, dix ans. Tom Wachmann, vingt ans. Seamus Hughes Kennedy, vingt-deux ans. Portée par ses talentueux chevaux et cavaliers, sans oublier l’expérience de Tabasco de Toxandria, Bentley de Sury, Cian O’Connor et Bertram Allen, l’Irlande a planté son Trèfle sur la pelouse de La Baule. Quatorze ans après son dernier succès, l’île d’Emeraude a fait résonner son hymne dans la Coupe des nations Barrière de l’Officiel de France. La Belgique, au coude à coude avec ses homologues à la veste verte à mi-course, s’est finalement inclinée, tandis que la troisième marche du podium est revenue aux Brésiliens, à qui cet écrin de verdure sourit toujours.
Depuis le début de l’année, Michael Blake semble avoir trouvé la recette pour envoyer son équipe droit vers la victoire ! Après Abou Dabi, le Trèfle s’est implanté à La Baule, sur le superbe écrin de verdure du stade François André, vendredi 6 juin. Le succès du collectif de l’île d’Emeraude a été net et tranchant, avec six sans-faute en sept parcours. Grâce au travail de ses équipiers, et une malheureuse faute du fabuleux et métronome Ermitage Kalone, Bentley de Sury, monture de Cian O’Connor, s’est même épargné un second parcours.
“Ma stratégie a bien fonctionné ! Je pense que cette Coupe des nations est l’une des seules que je n’avais pas encore remportées en tant que chef d’équipe. L’Irlande ne l’avait plus gagnée depuis très longtemps. La dernière fois que cela est arrivé, Tom avait six ans, Seamus huit et Bertram seize ! Nous avions une équipe mêlant jeunesse, tant des cavaliers que des chevaux, et expérience. Nous avons donné une chance à ces talents émergents et je suis ravi de ce qu’ils ont fait. Je suis tellement fier de cette équipe”, s’est réjoui Michael Blake en conférence de presse. À quelques semaines des championnats d’Europe de La Corogne, l’Irlande poursuit sa montée en puissance. De l’aveu de leur chef d’équipe, ce sont pas moins de quatorze couples qui peuvent prétendre à une sélection pour l’échéance continentale. Et tous sont, a priori, coutumiers des sans-faute en 5*.
Des sans-faute en 5*, Seamus Hughes Kennedy n’en a pas signé beaucoup. Et pour cause ! Jeune et talentueux, il n’avait participé qu’à… trois concours de ce niveau avant sa virée en Loire-Atlantique. Double sans-faute et quatrième du Grand Prix CSIO 5* de Rome il y a deux semaines, le pilote de bientôt vingt-trois ans a confirmé toute la qualité de son équitation en déroulant, avec la manière, un nouveau double clear round. Dans cette réussite, il était accompagné par son fidèle ESI Rocky, un fils de Stakkato Gold qu’il connaît par cœur, puisqu’il le monte depuis ses quatre ans. Sacrés doubles champions d’Europe Jeunes cavaliers en 2023, tous deux ont gravi les échelons jusqu’au plus haut niveau. De quoi donner le sourire au pensionnaire de la Young Riders Academy. “Je suis très heureux d’avoir eu l’opportunité de prendre part à ma première Coupe des nations 5*. Nous avions couru notre premier Grand Prix 5* il y a deux semaines à Rome, où nous avions déjà obtenu un bon résultat. C’est génial de pouvoir participer à une telle épreuve, mais encore mieux de s’imposer. Rocky a beaucoup de sang et tous les moyens. Il n’aime pas commettre de faute. Il a franchi un sacré cap aujourd’hui à La Baule, ce qui me ravit. Il y a deux ans, à Gorla Minore, je n’avais pas vraiment de cheval pour les championnats d’Europe Jeunes cavaliers. Finalement, Rocky m’y a accompagné, même s’il était encore extrêmement vert, et a répondu présent. Nous avons ensuite passé beaucoup de temps à améliorer son dressage. L’an passé, nous avons pu participer au CHI de Genève grâce à la Rolex Young Riders Academy, sans toutefois prendre part au Grand Prix. Et puis, Rome a été une sacrée étape de franchie. Je dois dire que je vis trois semaines exceptionnelles, sur ces concours Rolex auxquels tout le monde veut participer. Je ne pourrais pas rêver mieux”, a confié le jeune homme, qui pourrait légitimement rêver d’un ticket pour La Corogne tant son mental d’acier et ses qualités de pilote semblent évidentes.
L’autre rookie de l’équipe n’était autre que Tom Wachman. Un brin timide à pied, le disciple de Cian O’Connor s’est montré plutôt à l’aise pour sa troisième épreuve collective au niveau 5*. Deux ans après avoir fait ses débuts ici même, à La Baule, aux rênes d’Icoon VDL, alias Rock of Cashel, disparu des radars internationaux depuis autant de temps, Tom Wachman avait cette fois sellé l’exceptionnel Tabasco de Toxandria, dont le potentiel a été mis en lumière par Kendra Claricia Brinkop. Après avoir lâché deux fautes dans l’acte initial, le duo a immédiatement rectifié le tir pour signer un bon sans-faute en deuxième manche. “Prendre part à ce concours est une opportunité formidable. Être sélectionné dans la Coupe des nations représente bien sûr de la pression, mais gagner est formidable ! Je voulais juste faire de mon mieux. Après les deux sans-fautes de mes coéquipiers seconde manche, je savais qu’un nouveau parcours sans pénalité nous permettrait de faire un grand pas vers la victoire, ce qui m’a donné encore plus envie de sortir de piste avec un score vierge”, a commenté le pilote en herbe, lui aussi en très bonne forme ces derniers mois et en constante progression.
Plus expérimenté, mais faisant encore partie de la génération des moins de trente ans jusqu’au 1er août prochain, Bertram Allen présentait pour la première fois son phénomène Qonquest de Rigo en CSIO 5*. Comme si de rien n’était, la paire a aligné deux prestations sans fausse note. Ouvreuse de l’épreuve, elle a donné le ton pour son équipe, qui a finalement vécu un tirage au sort presque prémonitoire. “J’ai pris les rênes de Qonquest juste avant le début de la saison indoor l’an dernier. C’est un cheval incroyable, qui dispose de tous les moyens et de toute la qualité du monde ! Réussir à l’avoir aux ordres a pris un peu de temps, mais il est très intelligent. Chaque semaine, on constate ses progrès. J’ai eu la chance de passer l’hiver à Wellington, ce qui m’a permis de le faire monter en puissance et gagner en expérience. En revenant à la maison, il était prêt pour les choses sérieuses. Il avait déjà été remarquable à Fontainebleau il y a quelques semaines, puis il a eu un peu de repos. Je savais qu’il serait prêt aujourd’hui, et il l’a été”, s’est félicité Bertram Allen. Né chez Ulrik Goossens puis formé par Tom Verduyn, ce fils de Fantomas de Muze s’annonce déjà comme un futur grand.
Enfin, pour finir le travail, Michael Blake a fait confiance, à raison, à Cian O’Connor, en forme olympique. Aux rênes de Bentley de Sury, avec lequel il semble très en phase, l’Irlandais n’a eu besoin de signer qu’un parcours sans-faute, ses camarades, et en particulier son élève, ayant fait le reste du travail avant lui. “Le CSIO 5* de La Baule est un super concours, je suis très content d’être ici, où nous avons gagné en 2011 ! Mes coéquipiers ont très bien monté”, a-t-il déclaré. Prêt pour un éventuel barrage, le patron des écuries Karlswood n’a même pas eu besoin de ressauter au paddock.
Frustration pour les Belges, remontada pour les Brésiliens
À l’issue de la première manche, et compte tenu de la qualité des couples engagés aujourd’hui, la Belgique semblait insubmersible. Dans l’acte initial de cette compétition, où six doubles zéro se sont enchainés sous les yeux de gradins combles, Nicola Philippaerts, Pieter Devos, Abdel Saïd et Gilles Thomas ont empilé quatre parcours vierges de toute pénalité, aux rênes de Katanga vd Dingeshof, lauréate du Grand Prix de ce même CSIO en 2023, les pépites Casual DV et Bonne Amie, ainsi que le presque parfait Ermitage Kalone. En deuxième manche, Pieter Devos a été le premier à lâcher quatre points, suivi par Gilles Thomas. La perfection n’existant pas (encore ?), son étalon, dont l’expérience au plus haut niveau reste toute relative, n’a pu éviter de renverser une barre, pour sceller le sort du Plat-Pays. Avec une faute de trop, les Diables Rouges ont tiré un trait sur un potentiel barrage, et une hypothétique victoire. Rendez-vous en 2026 pour la revanche ? À moins que dès dimanche, la Brabançonne ne résonne au cœur du stade François André.
Le Brésil, comme dans son jardin à La Baule, où il a déjà remporté la Coupe en 2023 et 2018, a réalisé une très belle remontada. Luciana Diniz, Pedro Veniss et Stephan de Freitas Barcha ont signé trois clear rounds en deuxième manche, sur Vertigo du Désert, Nimrod de Muze*Imperio Egipcio et Chevaux*Primavera*Imperio Egipcio, la seule de son équipe à en avoir fait de même dès sa première apparition en piste. Après un premier parcours à quatre points, Nielsdaka van de Rhamdiahoeve, alias Major Tom, complice de Rodrigo Pessoa, n’a pas sauté la deuxième manche de la Coupe des nations.
Avec seize points chacune au total de leurs deux manches, la Suède et la Grande-Bretagne sont quatre et cinquième et devancent la Suisse d’une petite unité. Malgré le double zéro de Steve Guerdat et Albführen’s*Iashin Sitte, et le très bon second tour d’Adrian Schmid et Chicharito 11, les Helvètes ont souffert de l’élimination de Martin Fuchs, à nouveau victime d’une désobéissance, cette fois avec L&L Upgrade, qui a refusé de franchir le triple en seconde manche. L’Allemagne et la France, qui n’ont enregistré qu’un sans-faute chacune, œuvres de Richard Vogel et Cloudio et Nina Mallevaey et Dynastie de Beaufour, ferment la marche, devant les Etats-Unis et l’Italie, recalées, comme le veut le règlement, à la mi-temps.
Photo à la Une : Seamus Hughes Kennedy et ESI Rocky ont fait partie des six doubles sans-faute du jour pour leur toute première Coupe des nations 5* ! © Mélina Massias
Les épreuves du CSIO de La Baule sont à suivre en direct et gratuitement sur GRANDPRIX.tv.