Edouard Schmitz surclasse les Irlandais à Dublin pour décrocher sa plus belle victoire
Edouard Schmitz pouvait-il rêver mieux ? En moins d’un mois, le jeune suisse a célébré son vingt-troisième anniversaire, pris part à ses premiers championnats du monde et remporté son premier Grand Prix 5*. Souvent dépeint comme l’un des grands espoirs du clan helvète, le jeune homme a définitivement transformé l’essai. Sur la grande piste de Dublin, celui qui poursuit des études d’informatique en parallèle de sa carrière de cavalier a tenu tête à deux Irlandais, déjà auréolé de succès vendredi dans la Coupe des nations : Conor Swail et Shane Sweetnam. Grâce à un superbe barrage déroulé aux rênes de Gamin van’t Naastveldhof, le Genevois est définitivement passé au niveau supérieur.
Quel mois d’août pour Edouard Schmitz ! Alors qu’il honorait avec la manière sa première sélection dans un grand championnat Séniors la semaine dernière, à l’occasion des championnats du monde de Herning, le Suisse, qui a célébré son vingt-troisième anniversaire le 12 août dernier, s’est offert sa toute première victoire en Grand Prix 5*, dimanche 21 août. Et quel Grand Prix : celui de Dublin. Après une bonne performance dans la Coupe des nations, le jeune homme a conduit son plaisant Gamin van’t Naastveldhof avec brio sur la vaste piste en herbe irlandaise. Tentant crânement sa chance, à coup de virages serrés et de grandes galopades, l’élève de Thomas Fuchs a mis tout le monde d’accord, avec un second parcours parfait.
“Cette victoire signifie beaucoup pour moi. Il s’agit de mon premier succès à ce niveau. Je me suis dit que j’allais être un peu insolent en entrant en piste pour le barrage. Cela a payé et je vais profiter de la remise des prix autant que possible. Et après avoir volé ce Grand Prix à deux Irlandais, je comprends encore plus ce qu’il représente”, a rigolé le représentant Helvète, toujours partant pour un brin d’humour. “On ressent l’histoire qui entoure le concours, ici à Dublin, et le public a été dingue toute la semaine. Je n’aurais pas pu rêver meilleur endroit pour célébrer mon premier succès en Grand Prix 5* ! J’ai pris un énorme risque pour le dernier demi-tour du barrage, et je dois vraiment remercier mon cheval pour cela. Il a une très grande amplitude, ce qui est profitable au barrage. J’espère que cette victoire est la première d’une longue série.”
Pourtant, avant d’inscrire son nom au palmarès de ce Grand Prix historique, Edouard Schmitz a dû attendre le passage de quelques Irlandais surmotivés. Victorieux collectivement vendredi dans la Coupe des nations Longines, et soutenus par un public survolté, les hommes en vert ont bien failli signer un triplé. Deuxième à entrer en piste, Shane Sweetnam s’est prêté au jeu de la vitesse avec son jeune James Kann Cruz, véritable génie de sa discipline. De retour sur ses terres, pour le plus grand bonheur de ses éleveurs, la famille Connolly, présente ce week-end à Dublin, et de son ancien cavalier, Francis Connors, lui aussi sur place, le gris, fils de Kannan a ajouté une nouvelle performance de très haute volée à son jeune palmarès, en signant un excellent double zéro pour terminer troisième. À neuf ans, le hongre, qui a découvert les grandes joutes internationales en début d’année seulement, n’a rien manqué, ou presque. De quoi ravir son cavalier et co-propriétaire, Shane Sweetnam. “Gizmo (le surnom de son gris, ndlr) a été fantastique. Il doit encore progresser sur la vitesse ; je crois qu’il passe trop de temps dans les airs ! Il a été super et c’est chouette qu’Edouard ait gagné. C’est un rêve de gagner la Coupe des nations ici et l’ambiance a été incroyable cette semaine, grâce aux meilleurs fans du monde”, a déclaré le jeune quadragénaire.
À sa suite, Edouard Schmitz a abaissé le chronomètre, proposant un sacré défi à Conor Swail, qui en avait déjà relevé un similaire vendredi pour permettre à son escouade de soulever le trophée Aga Khan. Mais cette fois, malgré les efforts de son formidable Count Me In, anciennement piloté par Beth Underhill, l’actuel quatrième meilleur cavalier du monde s’est incliné. “Je m’en veux un peu de ne pas avoir été plus vite, malheureusement. Mon cheval a été incroyable toute la semaine. C’était un bon week-end pour les Irlandais. J’étais très fier de remporter le trophée Aga Khan avec notre équipe. Aujourd’hui, je suis un peu déçu d’être deuxième, ce qui est terrible à dire ! Mon cheval méritait cette victoire plus que moi”, a commenté à son tour Conor Swail. Nul doute que la paire qu’il forme avec son bai sera redoutable à Calgary, lors du Masters de Spruce Meadows, en septembre, pour son prochain grand objectif.
Dernier à s’élancer au barrage, Andrew Bourns n’est pas parvenu à renverser la vapeur en faveur de l’Irlande. Mais le local, établi la plus grande partie du temps outre-Atlantique, était aux anges avec le double clear round de son Sea Topblue, un autre représentant du stud-book ISH. Très compétitif aux Etats-Unis, le fils de Chacco-Blue, déjà neuvième à Hickstead, s’est cette fois hissé au quatrième rang, juste devant deux vaillants mousquetaires, Mégane Moissonnier et Edward Levy, ainsi que Laura Kraut, qui s’est intercalée entre les deux frenchies. Associée à son exceptionnel Cordial, l’amazone tricolore a réalisé une très belle prestation, mais son chronomètre ne lui a pas permis de rivaliser. Il faut dire que son étalon est si puissant qu’il perd du temps à chaque saut. Mais quelle impression laissée par le fils de Casall qui, à treize ans, a obtenu son premier classement en Grand Prix 5* après une brillante saison.
En concédant une faute sur le généreux Confu, Laura Kraut a été relégué en sixième position, juste devant Edward Levy, qui a tenté le tout pour le tout avec son tout bon Uno de Cerisy, frère utérin de Rosée de Cerisy, qui a notamment engendré le complice de Steve Guerdat, Vénard de Cerisy. Avec sept barragistes, un second parcours passionnant et de nombreux parcours à quatre points en première manche, Allan Wade, le chef de piste du week-end, a largement rempli son contrat et mis le sport à l’honneur à Dublin.
Crédit photo : © Mélina Massias. Photo à la Une : Edouard Schmitz et Gamin van’t Naastveldhof, ici à Aix-la-Chapelle, en juillet dernier.