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Du Rustick à Solma, l'aventure passe par Rubis.

Interviews mercredi 23 septembre 2015
Du Rustick à Solma, l'aventure passe par Rubis. par Damien Kilani Marc Le Berre est un des Bretons en vu de ses dernières semaines. Sur son fils du Dollar du Murier, qu'il a vu naitre et dont il est resté le seul propriétaire, Rubis du Rustick, le Morbihannais peut parfois paraitre sûr de lui.  Au fond, l'homme se nourrit d'ambition, de rêve de gosse, mais aussi d'une réussite due à sa propre adversité. S'il ne regarde pas trop dans son rétroviseur, il voit l'avenir en Rubis. De l'affixe Rustick à Solma, il y a un homme et dans l'ombre… souvent une femme.

À 25 km au nord-ouest de Vannes, Plumergat accueille les écuries de Solma. Fabriquée de toute pièce sur des terres agricoles, la structure de Marc et Anne-Solenn Le Berre est encore en plein travaux « d'ici cet hiver, nous allons construire un manège en plus de l'infrastructure existante. Aujourd'hui, nous avons 28 boxes pour une quarantaine de chevaux dont 20 au travail ». Des améliorations constantes qui prennent du temps, un temps précieux que le cavalier partage entre élevage familial et compétition.

Pour comprendre, il suffit de regarder la petite famille en reconnaissance. Tout d'abord, il y a Marc, le père, crâne dégarni plus tout à fait jeune comme il dit, cavalier professionnel depuis la fin de sa scolarité, à ses côtés, Anne- Solenn, sa femme, ostéopathe équin et cavalière pro depuis cette saison avec Sublignais, et avec eux le plus souvent possible, il y a Tom, le petit gars de la famille qui parcourt les concours par monts et par vaux. Ensemble, ils ont posé leurs valises au c?ur du Morbihan à Plumergat, après avoir commencé leurs activités sur les écuries de Marc à Cléguer. Voilà le décor est planté, et la famille au complet. » Rubis est mon meilleur cheval. Au complet ? Pas tout à fait, car Marc est un cavalier encore à l'heure des pétrodollars et des « grosses » machines, propriétaire de son cheval de tête. « C'est sans doute le meilleur que j'ai eu avec Jean's Glove Varnel. Aujourd'hui, je ne fais aucune démarche pour le vendre, mais après on ne sait jamais. Je ne cours pas après cela, peut être ai-je tort, mais je ne fais aucune démarche. Si le cheval évolue, on verra bien. Il est étalon, j'ai fait une quinzaine de saillies cette saison, mais je ne me mets pas dans le rouge pour essayer de le vendre. Nous évoluons ensemble et à son rythme. » Après un début de saison 2014 un peu accrochée l'étalon de 10 ans, fils de Dollar du Murier et Jean's Glove Varnel (avec qui il se classait à Lanaken) semble prendre son envol. « La saison 2014 a débuté difficilement sur le grand national, nous n'avions aucun résultat en 1,50m et le circuit est exigent, il a fallu apprendre ensemble et nous sommes devenus plus réguliers, parfois à 4 points mais au fur et à mesure les choses nous ont semblé plus simples. » Nous, car sans Rubis Marc sait ô combien il n'en serait pas là « Rubis est sans doute le meilleur cheval que j'ai eu. L'an passé, l'objectif des championnats de France était de découvrir, nous avons fait un week-end à 4 points et nous aurions même pu passer en tête à l'issue de la 3è manche, mais je finis 6è et heureux, mais je me suis aperçu que le cheval pouvait gagner. Cette année, les choses sont différentes, j'aimerais vraiment pouvoir m'y imposer, car c'est la porte ouverte aux CSI5*. » Un nouvel objectif après avoir réalisé un rêve de gosse : « Depuis l'an passé, je souhaitais aller en coupe des nations pour vivre un autre truc, pas que personnel, mais plus en équipe, je ne suis pas le plus jeune, et le sélectionneur rentre pas mal de cavaliers de la nouvelle génération. Le cheval devait être régulier pour pouvoir intégrer le groupe, il n'a pas forcément été gagnant, mais vraiment de mieux en mieux et après la 3è place au Celtik, il a enchainé les très bons résultats. En début de saison, j'ai commencé à travailler avec Bruno Rocuet, et depuis, c'est Jean Maurice Bonneau qui me suit. On travaille essentiellement par téléphone et nous débriefons régulièrement. Quand cela est possible avec nos emplois du temps, nous essayons de bosser ensemble de visu, c'est important pour moi. Après le Touquet, je suis revenu vers Philippe Guerdat qui continuait de me suivre, et c'est avant Canteleu que ma sélection est tombée. » Une sélection qui couronne un rêve de gosse « L'esprit d'équipe à Bratislava a été vraiment présent, j'ai découvert la personnalité du sélectionneur, une personne très ouverte et avec qui tu peux parler de tout. C'est un vrai homme d'équipe. C'était un rêve de gosse, mais surtout une envie de goûter à cela, je suis issu d'une famille qui n'a pas de financier derrière, je ne suis plus junior donc moins mis en avant, et je voulais découvrir. »

Consacrée par une Marseillaise en coupe des nations, le Morbihannais va devoir renoncer au Grand Prix. « Rubis n'a pas du tout été à l'aise en seconde manche, loin de son habitude, il semblait boiter, nous avons donc préféré le retirer, et nous nous sommes arrêtés sur le retour dans une clinique en Belgique… Pour un abcès. » Une pause qui devrait permettre aux nouveaux tricolores de nourrir de nouvelles ambitions : « j'aimerais faire les championnats de France, et repartir en équipe de France, mais surtout, j'aimerais me retrouver sur des CSI5*. Aujourd'hui, j'essaye de le monter dans le relâchement le plus possible. Je lui laisse un temps de pause régulier, j'essaye de faire du long terme, l'objectif-là, c'est Valence, après les championnats de France et puis on verra si Philippe Guerdat me rappelle pour autre chose. Je ne veux plus faire comme en saison dernière, de pousser le cheval dans ses retranchements pour obtenir quelquechose. »



De Rustick à Solma.

Car le cavalier le sait bien, le plus dur, c'est de durer dans le temps. « Cette saison, j'ai fait moins de Grand National parce qu'il est difficile de tout courir, je suis déçu pour Christophe ( Le Garrec, ndlr ), qui lui voulait le courir, mais la saison était différente des précédentes. Le cheval évolue avec moi, je ne regarde pas les autres. En plus, j'en suis propriétaire donc je n'ai pas de conséquences, et donc forcément une pression moins importante. Maintenant, j'ai des objectifs qu'il faut atteindre. » Et à cette mi-saison, la naissance des nouveaux produits de l'élevage en est un parmi d'autres « Je fais des poulains, car j'ai une bonne mère sans cela, je n'en ferais pas. Je ne fais pas cela pour avoir des chevaux qui ne soient pas bons, je sais ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas. » De sa première jument Jean's Glove Varnel, deux produits en transfert d'embryons sont nés : Quovadis du Rustick (Calvaro) et Rubis. « Quovadis est aujourd'hui à l'élevage, c'est une bonne mère qui a donné comme produit Upssala de Solma qui est très concours mais qui n'a pas tous les moyens, mais surtout Alkoumi (Diamant de Semilly) en qui je crois beaucoup et qui montre pour le moment un très beau potentiel même si ce n'est que sa première saison. Cette saison, je voudrais encore faire un transfert d'embryon avec Quovadis mais je ne sais pas avec quel père. Je veux mettre des chevaux qui me plaisent, chevaux de concours, Quovadis apporte du sang, il faut des chevaux qui apportent de la force, j'aurais bien remis Dollar, mais le transfert, il faut que ce soit garanti, car ce n'est pas simple d'investir sans rien derrière.». Un élevage au tracé plus qualitatif que quantitatif « On achète aussi de temps en temps, et j'ai une s?ur de la mère de Sublignais qui est poulinière, Maeva de la Fosse, produit de Jeff d'Or, et elle a eu un produit de Rubis cette année. C'est une famille très concours. Je fais des produits non pas par plaisir, mais bien pour faire des chevaux de concours. Aujourd'hui, je n'ai pas d'investisseur, les choses pourraient changer, mais pour le moment, ce n'est pas le cas. » Jeune génération et avenir. Et si aujourd'hui Marc sort des chevaux issus de l'élevage, il n'en continue pas moins de valoriser des chevaux extérieurs : « cette saison j'ai entre autre pu sortir Violette d'Adelys, une 6 ans, fille de l'Arc de Triomphe (par Opaline de Si (Narcos II), propriété de Marie Bel qui semble aussi très prometteuse. C'est vrai que durant longtemps, J'ai beaucoup tourné en 130, 135, mais aujourd'hui, c'est Rubis du Rustick qui sort du lot. Après il y a Pampa de Gerdi qui sort en 135 ? 140. Anne-Solenn, elle, monte Sublignais avec qui elle a pris sa licence pro cette saison pour évoluer encore plus. Elle participe en 130, 135. » Une famille de compétiteurs donc, qui ne se fait pas de cadeau « il n'y a aucune réelle concurrence entre nous, j'étais ravi à Lamballe quand elle est passée devant moi. Après si je peux la battre, je le fais et vice-versa. Nous sommes là pour faire du concours ! » Un esprit qui aux regards extérieurs peut parfois laisser paraître un Marc Le Berre jaloux « Je ne regarde pas les autres, j'ai envie de réussir pour moi. Je n'ai pas de jalousie pour les autres contrairement à ce que pensent certains. Quand un Breton gagne, je suis content. Je ne suis pas en concurrence, par contre je n'aime pas être comparé aux autres, nous sommes tous différents. On a été à Bourg-en-Bresse ensemble, on était comme en coupe des nations entre Bretons, Tony, Thibault, moi et Louis, on se soutenait. Je suis content quand ils gagnent, mais on n'a pas le même vécu.  C'est difficile de gérer un seul cheval, aujourd'hui, je ne veux pas faire quatre concours pour être pris dans quelquechose, je veux marcher, mais je ne veux plus forcer mon cheval pour réussir. » Et si l'hiver Marc réalise des stages, ses propriétaires le poussent aujourd'hui à organiser des concours «à la maison». « C'est en projet, cela va arriver, et avec le manège ce sera plus simple, mais je ne veux pas faire un gros concours, après on ne sait jamais, mais c'est une envie de le faire.» Et de conclure « Aujourd'hui, J'ai réalisé mon rêve, du coup, les choses sont moins importantes, je me rends compte qu'être en équipe de France c'est un joli rêve, mais maintenant, j'ai envie de pouvoir faire du CSI5*, je suis touché par la reconnaissance du milieu, je ne veux pas collectionner les titres, je veux juste pouvoir affronter des choses encore plus dures. Je n'ai pas envie d'argent, je n'aime pas cette mentalité, je veux vivre l'adrénaline de mon sport. Je veux faire du concours contre Staut, Beerbaum, Brash et peut-être prendre une tôle, et si je vais accepter au début, je veux surtout progresser. En ce moment, j'ai un cheval pour le faire, et je suis sûr de pouvoir être régulier encore plus haut. Je préfère que mon cheval rate un championnat, mais qu'il fonctionne toute l'année. » Fin.